Alejandro González Iñárritu – en revenant du cinéma http://enrevenantducinema.fr Sat, 18 May 2019 21:31:20 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=5.0.8 Birdman de Alejandro González Iñárritu http://enrevenantducinema.fr/2015/02/25/birdman-de-alejandro-gonzalez-inarritu/ http://enrevenantducinema.fr/2015/02/25/birdman-de-alejandro-gonzalez-inarritu/#comments Wed, 25 Feb 2015 17:48:35 +0000 http://enrevenantducinema.fr/?p=2115 La critique d’un connard paresseux

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_AF_6405.CR2La critique d’un connard paresseux

Birdman est un film construit pour qu’on admire sa virtuosité, comme un solo de guitare qui durerait deux heures, et ça marche, on couvre ce film d’oscar, de nombreux critiques applaudissent la performance. Parce que c’est de performance dont on parle pour ce film, pas de cinéma, d’émotion, de regard, non, juste de performance. Est-ce ça que doit devenir le cinéma ? Un cinéma où tout est en force, où on montre sa puissance à chaque moment ? Où on doit gagner en écrasant le spectateur ? Un cinéma du mépris.
Le dispositif est un long plan séquence (avec quelques coupures discrètes et quelques plans se succédant pour une séquence de rêve) dans un théâtre, ses loges, sa scène, l’extérieur, etc. Le jeu est de compliquer le plan le plus possible avec des sauts dans le futur dans le même mouvement, l’acteur qui apparaît à un endroit et ensuite à ailleurs à un autre moment de la journée, la caméra virevolte dans les couloirs, sort dans la rue où se presse la foule, s’envole, traverse les vitres, virevolte encore, tourne autour des acteurs, etc. comme s’il fallait sans cesse trouver un nouveau défi, un nouvel obstacle à gravir. On applaudit comme on applaudirait en étant sur un grand huit, ou en regardant le saut à la perche d’un Lavillenie. On se dit « mais comment fait-il ? Quel travelling compliqué ! » ou « Il a dû en chier pour faire ça » et puis on se dit « mais est-ce que j’en ai quelque chose à faire ? » On assiste à un spectacle de sport. Toujours un truc en plus pour donner à voir, un effet qui surajoute et empêche toute respiration, toute vie.
On comprend l’idée du film sur le narcissisme et le délire des acteurs, l’impression de labyrinthe du théâtre renvoyant au labyrinthe mental du héros, mais est-ce vraiment neuf ? L’auteur n’a pas grand chose à dire d’original non plus sur l »affrontement entre les franchise de films de super héros contre un théâtre plus « intellectuel ». Avec la mise en abîme de Michael Keaton (tellement bien pourtant à l’époque des Batman de Tim Burton et du savoureux Multiplicity de Ramis) jouant cet ancien acteur de super héros essayant une reconversion.
Il y a un hiatus entre le propos du film et cet exercice de style vain et prétentieux, ça pourrait ressembler à un hommage ironique à l’acteur, qui a un ego démesuré, qui est jaloux, un peu fou, a peur de vieillir, a peur qu’on l’oublie mais qui sacrifie sa vie pour son art, pour trouver la vérité avec un grand V. Mais l’acteur est filmé comme une marionnette faisant son numéro, rien n’est vivant, il est juste un élément du décor, mal aimé, mal regardé par un metteur en scène préférant faire joujou avec sa caméra, prenant plus de temps à se regarder filmer, ivre de sa propre maîtrise. Chaque échange entre les acteurs est aussi un coup de force, les dialogues doivent percuter, comme un ping-pong incessant et lassant, rien ne se passe entre les personnages, tout est surligné, les acteurs cabotinent pour exister dans cette machinerie, surtout Keaton et Norton, les actrices s’en sortent un peu mieux ainsi que Zach Galifianakis qui a l’intelligence de ne pas rajouter du sucre sur du sucre et joue plutôt en retrait.
Ainsi par exemple la scène de rapprochement entre Sam et Mike pourrait être troublante, mais Iñárritu met une couche de musique, et dès que les corps se touchent, la caméra les surplombent pour ensuite plonger sur la pièce qui se joue en contrebas, parce que ces corps qui se rapprochent ne l’intéressent pas.
Alors oui, il y a quelque plans dans les couloirs du théâtre qui sont efficaces, fluides, il y a une scène qui est plutôt belle où Michael Keaton redevient pour quelques instants Birdman/Batman et se révèle enfin léger mais c’est bien peu.
Les effets, le dispositif doivent aller dans le sens du film, de ce qui est filmé, de ceux et celles qui sont filmés, Bonnello, Dolan ou Anderson en 2014 ont montré qu’on pouvait avoir une vision très forte des cadres, du style, en faisant en sorte que cette mise en scène sublime le propos, le mystère de ce qui se passe entre les êtres.
Dans une scène grotesque, le personnage joué par Michael Keaton s’en prend à une critique et lit le papier qu’elle est en train d’écrire puis s’énerve. « Vous êtes une connasse paresseuse (…) Je ne vois rien sur la technique, la structure, l’intention. » On imagine que Iñárritu n’est pas paresseux, que ce film a dû être compliqué à tourner, qu’il a dû finir en sueur, épuisé mais tant qu’il pensera que l’important c’est uniquement la technique, la structure, l’intention et non l’émotion, le partage, l’ouverture vers quelque chose de non prévue, de non maîtrisable, on n’aimera pas le même cinéma. On préférera toujours un plan vivant de Vincent n’a pas d’écailles par exemple à ce cinéma mortifère et impérialiste.
Birdman de Alejandro González Iñárritu, EU, 2015 avec Michael Keaton, Edward Norton, Zach Galifianakis, Emma Stone, Naomie Watts…

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