Antonin Peretjatko – en revenant du cinéma http://enrevenantducinema.fr Tue, 24 Apr 2018 20:15:36 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=4.9.8 Vincent n’a pas d’écailles de Thomas Salvador http://enrevenantducinema.fr/2015/02/24/vincent-na-pas-decailles-de-thomas-salvador/ http://enrevenantducinema.fr/2015/02/24/vincent-na-pas-decailles-de-thomas-salvador/#respond Tue, 24 Feb 2015 18:04:41 +0000 http://enrevenantducinema.fr/?p=2108 De corps et d’eau

Vincent quitte la ville pour partir dans le Verdon. Il semble fuir quelque chose. On découvre qu’il  paraît dans son élément quand il est dans l’eau, … Lire la suite...

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vincent3De corps et d’eau

Vincent quitte la ville pour partir dans le Verdon. Il semble fuir quelque chose. On découvre qu’il  paraît dans son élément quand il est dans l’eau, cette eau qui lui donne des pouvoirs particuliers.
Dès le départ, un rythme est donné, peu de dialogues, des plans souvent larges, le dépouillement du héros fait écho à un dépouillement de la mise en scène. La nature est filmée simplement, sans artifice, rappelant par là la manière d’un Alain Guiraudie ou d’une Kelly Reichardt, ces cinéastes qui aiment la campagne et savent qu’elle se suffit à elle-même, qu’il ne faut pas chercher à l’embellir mais surtout arriver à la capter, prendre le temps de filmer ses bruissements. Il faut une certaine confiance dans son regard pour imposer ainsi des choix forts, radicaux qui peuvent dérouter mais sans jamais que ce soit voyant, sans jamais écraser le spectateur.
On trouve dans Vincent n’a pas d’écailles tout un travail sur la matière liquide, les textures, les miroitements, la luminosité, les différentes opacités, un travail impressionnant sur le son, et cela suivant les types de plans d’eau, rivières, lacs, piscine, océan, lacs sous la pluie, rues sous la pluie, torrents dans un fossé, baignoire, etc. Une mise en scène qui épouse cette fluidité et que contredit le corps du héros qui, sur terre, semble sans cesse statique, figé, mutique, paraissant ne pas savoir comment se mouvoir dans l’espace, pas très à l’aise dans le monde normal, en retrait. Mais sa rencontre avec Lucie (Vimala Pons, au jeu clair et mutin, qui incarnait La Fille du 14 juillet d’Antonin Peretjatko) va le changer, elle apporte du mouvement à son corps, elle l’entoure, le regarde, elle se transforme en un courant d’eau douce qui irait dans le sens inverse du corps du héros pour « la caresse la plus longue du monde ».
Dans la vie, c’est Lucie la super héroïne, c’est elle qui a un super pouvoir d’enchantement du monde.
Lui, son pouvoir le handicape, ne le rend pas heureux, l’oblige à fuir sans cesse, comme dans ces scènes d’actions efficaces et ludiques où le héros fuit la gendarmerie et où se pose sans cesse la question sur comment trouver de l’eau dans chaque nouvel espace.
L’eau envahit ainsi presque tout et pourtant le plan le plus beau se déroule de nuit, sur la terre ferme, éclairée d’une lampe de camping qui, d’une lumière blanche éblouissante, illumine la scène où l’on devine des feuillages, on ne voit pas bien où on est, ils sont tous les deux, elle disparaît dans le plan et réapparait en haut d’un arbre, il la rejoint puis decend, elle l’embrasse, la tête en bas, les pieds accrochés à une branche rappelant une scène du Spiderman de Sam Raimi. Cette scène est magique, nous plonge dans une ambiance onirique grâce à un jeu sur la lumière, une simple lampe de camping, pas  besoin de grands mouvements de caméras, de millier de plans pour émouvoir. Tout est là.
Un film très cohérent d’un cinéaste qui va devenir important dans le paysage du cinéma français.
Vincent n’a pas d’écailles de Thomas Salvador, France, 2014 avec Thomas Salvador, Vimala Pons, Youssef Hadji…

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Bilan de l’année 2013 http://enrevenantducinema.fr/2014/01/15/bilan-de-lannee-2013/ http://enrevenantducinema.fr/2014/01/15/bilan-de-lannee-2013/#respond Wed, 15 Jan 2014 16:52:36 +0000 http://enrevenantducinema.fr/?p=1839 La France en force

Le titre ne doit pas faire croire que En revenant du cinéma verse tout d’un coup dans un nationalisme rance mais mettre en avant qu’après une … Lire la suite...

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L-Inconnu-du-lacLa France en force

Le titre ne doit pas faire croire que En revenant du cinéma verse tout d’un coup dans un nationalisme rance mais mettre en avant qu’après une année 2012 plutôt terne, l’année 2013 du cinéma nous paraît plus excitante et en particulier en ce qui concerne les productions françaises.
Ainsi le système de financement de ce cinéma qui donne des ulcères aux ultralibéraux et aux réactionnaires de tout poil continue de montrer une certaine efficacité (étonnant que le gouvernement actuel et sa logique de droite ne l’attaque pas plus comme il le fait pour les autres systèmes de solidarité). Bien sûr ce système peut être amélioré (par exemple la trop grande importance du scénario pour recevoir l’avance, l’absence de courage artistique des diffuseurs publics comme France2 ou France 3, la médiocrité de son cinéma grand public, etc.) mais il permet encore au cinéma français de survivre, et de belle manière, face à l’hégémonie étasunienne.

Donc commencer par l’Inconnu du lac, un des chocs de l’année.
On aimait déjà les films d’Alain Guiraudie, sa façon de filmer les corps, tous les corps, de les rendre sensuels, sa façon de mêler le politique à l’intime, la tristesse et la drôlerie.
En resserrant son cinéma sur un seul lieu, en bridant sa fantaisie, sa puissance explose. Un huis-clos en pleine nature, un lieu de drague homosexuel, un homme est tué, un héros se prend d’attirance pour le tueur. Un parking, une plage, la forêt, le lac, un jeu sur la répétition des plans qui transforme la beauté, la douceur de ce coin de nature en un endroit étouffant. Le désir pour les corps nus se mêle petit à petit à l’effroi, et cela par petites touches subtiles, jamais démonstratives, un changement de lumière sur l’eau, un léger décalage du plan, une serviette qui reste sur la plage et que personne ne prend la peine d’enlever, le regard des dragueurs qui au départ amusant devient angoissant, nous transforme comme le héros en proie, la présence de telle ou telle voiture sur le parking.
Un dispositif d’une grande simplicité qui permet d’aborder des sujets importants, qu’est-ce qui excite, comment faire durer le désir, la vie, le sexe, l’ennui, la mort. Rien que ça. Un petit bout de terrain où se croise le Cronenberg de Crash (la compulsion de répétition qui mène à la pulsion de mort) et l’étrangeté du Tropical Malady de Weerasethakul (la partie de la chasse au tigre dans la forêt surtout, deux des cinéastes qui savent le mieux filmer la nature)
Assurément un des films de l’année.

Un cinéaste comme Guiraudie arrive à une grande maturité mais on voit aussi la relève, de nombreux premiers films intéressants par leur liberté, excitants par leur ton novateur, leur forme.
Dans ces nouveaux auteurs, on trouve Justine Triet avec la Bataille de Solférino et son sens de la durée des plans, de leur respiration, sa capacité à nous mettre mal à l’aise sans nous provoquer, sans utiliser d’artifices faciles, avec une mise en scène précise alors qu’elle paraît très lâche, très ouverte. Où comment un homme, par certains côtés sympathiques, prend possession de l’espace et colonise la vie d’une femme, avec un regard qui ne surplombe jamais.
La fille du 14 juillet de Antonin Peretjako, un film branque qui part dans tous les sens, avec différents niveaux d’humour, burlesques, absurdes, lourds, poétiques, politiques, mises en abîmes, etc. Juste pour voir un enfant déguisé en cafard de Kafka gueuler contre l’endormissement général et se faire tirer dessus, pour voir Vincent Macaigne, égérie de ce nouveau cinéma, boire et fumer au volant, en envoyant chier la bienséance. Une forme foutraque et en même temps très précise qui donne un sentiment d’euphorie plutôt bienvenue. La joie est encore possible.

laviedadeleRevenir aussi sur la Vie d’Adèle (chapitres 1 et 2), passionnant et problématique. Abdellatif Kechiche sait filmer le trouble d’une jeune femme, comme dans la scène du coup de foudre qui nous saisit comme le personnage, ou le rougissement d’Adèle qui se fait embrasser par une fille pour la première fois, ce plan qui dure, à l’affût des émotions, curieux du visage d’Adèle Exarchopoulos, de voir comme il réagit et qui semble réellement réagir ainsi pour la première fois. Très belle aussi est la scène de retrouvailles entre Adèle et Léa dans un bar, scène non réaliste peut-être mais où on sent toute la force d’un amour physique, le désir qui les envahit, le personnage joué par Léa Seydoux se lâche enfin, l’amour et la souffrance la submergent, Kechiche nous emmène alors.
Sens du détail, de la captation de la peau, d’une aisselle, d’une cigarette tenue avec grâce, la gaucherie d’Adèle réajustant son pantalon en allant au lycée. La frontalité du style de Kechiche est alors à son meilleur.
Par contre comment a-t-il pu rater à ce point la scène de sexe ? Cette longue scène qui est censé être l’acmé du film, comment a-t-il pu à ce point refuser l’obstacle qu’il s’est lui-même fixé ? Alors que la puissance de son cinéma vient d’être littéralement du côté de l’héroïne, d’être sans cesse proche d’elle, avec elle, dans ses sensations, pourquoi lorsqu’il filme cette scène de sexe, il se met à distance, cadre plus large, enchaîne des positions figées pendant plusieurs minutes sans grâce, filme cela comme une performance, nous met soudain en position de voyeurs extérieurs, gênés d’être là. Pourquoi surtout il n’a plus eu confiance en son cinéma lorsqu’il nous plonge là où ça se passe ? Une soudaine pudeur malvenue ? Il veut tout nous montrer mais en restant à distance, on a alors l’impression paradoxale que la pudibonderie de Kechiche transforme la scène en exhibition. Ce ratage se répercute sur la suite du film, comment croire à la passion charnelle qui lie les deux personnages quand celle-ci sonne tellement faux. Heureusement le cinéaste nous rattrape ensuite mais la question de la représentation de la sexualité au cinéma reste ouverte et Kechiche n’apporte par les bonnes réponses.
lajalousie1L’année s’achève avec la Jalousie de Philippe Garrel et montre ainsi la diversité du cinéma français. Du jeu sur le trop de Kechiche (durée des plans, débordements émotionnelles, sensualité maximale, fluides de toutes sortes) on passe à l’épure de Garrel qui sait nous captiver par des ellipses sèches et la beauté intense des plans, par leur lumière, leur grain, par le regard du cinéaste sur Anna Mouglalis, qu’on retrouve grande actrice sans fard, et Louis Garrel. Des mains qui se touchent, une gare, la nuit, un appartement en haut d’un escalier, la blancheur des murs. Une séparation en quelques mots, en quelques plans. Un homme quitte une femme, en rencontre une autre, se fait quitter. S’engager dans une relation, ou non, la possession, l’indépendance, le dépouillement, le poids de la pauvreté sur la relation amoureuse, où le romantisme est porté par l’homme et la rationalité sexuelle par la femme. Tout est dit sans pathos, sans en rajouter. La puissance formelle de Garrel donne une ampleur à ce travail sur la simplicité, on a l’impression d’être proche de l’os. D’aller à l’essentiel.

Bien sûr, il n’y a pas que le cinéma français, même si avec le beau Frances Ha de Noah Baumbach, on y est toujours un peu, du titre du film à la scène d’hommage au Mauvais sang de Carax (s’il est de bon ton de détester le cinéma français par ici, il suffit d’aller voir ailleurs pour comprendre l’influence du cinéma français et sa place dans le cinéma mondial.) Woody Allen, Joon-ho, De Palma, James Gray et tant d’autres nous le prouvent mais on peut attendre le bilan de Guillaume pour avoir une vision moins francocentré du cinéma de 2013.

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Tip top de Serge Bozon http://enrevenantducinema.fr/2013/09/20/tip-top-de-serge-bozon/ http://enrevenantducinema.fr/2013/09/20/tip-top-de-serge-bozon/#respond Fri, 20 Sep 2013 07:34:38 +0000 http://enrevenantducinema.fr/?p=1760

Éloge de l’incongruité

Un bon spectateur ne choisit pas un film par hasard. Ça serait vraiment n’importe quoi. Déjà, celles et ceux qui se déplacent pour un acteur ou parce … Lire la suite...

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tiptop03Éloge de l’incongruité

Un bon spectateur ne choisit pas un film par hasard. Ça serait vraiment n’importe quoi. Déjà, celles et ceux qui se déplacent pour un acteur ou parce que l’affiche est jolie, je ne vous raconte pas. Mais il y a pire, ceux qui se pointent la gueule enfarinée devant la caissière de leur cinéma préféré en lançant : « Salut Laure, je voulais voir Les amants du Texas parce que le titre est chouette » « Ah oui ? J’ai cru comprendre que c’était du sous-Terrence Malick » « Mince. Et tu passes quoi d’autre à 14h ? » « Tip top. Ça a l’air plus rigolo déjà » « Ah. Tu l’as pas vu du coup ? » « Non, pas encore. Tiens ta place, c’est la salle 2 ». Oui, je sais, vous êtes en train de vous dire que je suis quelqu’un de très influençable. Mais vous pourriez également interpréter cet épisode comme une sorte de « lâcher-prise cinéphilique », une volonté inconsciente de bousculer les lignes de la critique moderne en prenant des risques…
Et pour aller dans ce sens, figurez-vous que Tip top est un espèce de machin totalement azimuté et honnêtement, je ne sais pas par quel bout le prendre. Bon, ben commençons par l’histoire, on verra où ça nous mène. À Lille – qui comme chacun le sait s’est exilé au Luxembourg pour des raisons fiscales évidentes – un indic algérien est retrouvé assassiné dans un quartier populaire. La police des polices, craignant une dénonciation interne, dépêche sur place son plus fin limier (Isabelle Huppert) en lui collant dans les pattes une adjointe un peu nunuche (Sandrine Kiberlain). Leur enquête les pousse à s’intéresser aux trois flics référents de la victime dont Robert Mendes (François Damiens), un drôle de personnage. Tous les éléments sont réunis pour nous proposer un polar bien plombant dans la grande tradition du genre, avec contexte politique tendu – les émeutes en Algérie – et cadre social délabré – tout se passe dans un quartier populaire de la ville. Sauf que l’intrigue n’est qu’un prétexte et la composante politique est totalement désamorcée par une séquence d’ouverture d’anthologie : Damiens débarque dans un bar fréquenté par des algériens en insultant tout le monde et déclenche une bagarre générale traitée de manière burlesque. Ça calme. Quant au cadre social, personne ne s’attarde vraiment dessus. Attention, hein ? Ces éléments existent concrètement tout au long du film, que ce soient l’enquête avec ce qu’il faut de meurtres et de résolutions, l’Algérie qui s’invite frontalement via la retransmission des émeutes à la télévision ou la précarité de certains protagonistes englués dans la misère. Non, c’est juste que ça n’intéresse absolument pas Serge Bozon en tant que moteur narratif. Super. Passons à la mise en scène alors. Eh bien, c’est plat. Mais pas plat du genre « je ne sais pas donner de relief à ce que je filme », non. C’est volontairement plat. Et c’est volontairement moche, au niveau des décors, des costumes, de la musique… Il n’y a rien à quoi se raccrocher. C’est bien beau, mais qu’est-ce qu’il reste alors ? Les acteurs peut-être (rires) ?! Eh bien oui, les acteurs qui s’amusent comme des petits fous. Il faut dire que le réalisateur leur a taillé des rôles sur mesure, à la limite de la caricature afin qu’ils se sentent à l’aise et se fassent plaisir. Damiens, par exemple, n’a jamais été aussi bon et retrouve le temps d’une séquence surréaliste où il se trompe de mots en parlant arabe ce qui faisait le sel de ses caméras cachées : jouer avec le point de rupture du spectateur en lui faisant quitter sa « zone de confort ». Huppert est juste parfaite en flic psychorigide obsédée par le protocole mais qui prend son pied en se bastonnant avec un mari violoniste vaguement consentant – Samy Naceri (re-rires). Et Kiberlain, en godiche lunaire placardisée parce que c’est une « grosse mateuse » tout à fait consciente de son vice, comme elle l’avoue elle-même, est excellente. On sent que ça pourrait déraper à chaque instant, mais tout reste sous contrôle. Avec ce trio remonté à bloc, le réalisateur va exploiter la moindre possibilité, le moindre interstice de l’histoire, pour créer un décalage comique qui provoquera chez le spectateur un tant soit peu ouvert d’esprit – pas un lecteur du Figaro, donc – une jouissance délectable. C’est en cela que les critiques ont évoqué le cinéma de Jean-Pierre Mocky, dernier dinosaure de la vieille garde, malheureusement aphone aujourd’hui, capable de détourner les codes étriqués du cinéma traditionnel pour s’adjuger, via la comédie et l’incongruité, la complicité d’un spectateur blasé. Plus proche de nous, on pense au Mouret des débuts ou encore à La fille du 14 juillet d’Antonin Peretjatko. Et si ces films ouvraient la voie à une nouvelle vague de contrebandiers prêts à exploiter la moindre faille d’une production tellement sclérosée et convenue qu’elle a réussi à faire disparaître chez le spectateur quelque chose d’aussi essentiel que la joie de se laisser surprendre ? Avouez que ça serait pas mal, quand même…

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