Emma Stone – en revenant du cinéma http://enrevenantducinema.fr Tue, 24 Apr 2018 20:15:36 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=4.9.8 Le Blues du critique (épisode 11) http://enrevenantducinema.fr/2017/03/02/blues-critique-episode-11/ http://enrevenantducinema.fr/2017/03/02/blues-critique-episode-11/#respond Thu, 02 Mar 2017 14:42:02 +0000 http://enrevenantducinema.fr/?p=2224

Le Facteur humain

Au risque de passer pour une midinette en mal de glamour, j’éprouve une sincère affection pour la Cérémonie des Oscars, et ce depuis une certaine nuit de … Lire la suite...

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Le Facteur humain

Au risque de passer pour une midinette en mal de glamour, j’éprouve une sincère affection pour la Cérémonie des Oscars, et ce depuis une certaine nuit de mars 1995. Au-delà du frisson de la compétition, des aspects politiques qui accusent systématiquement un train de retard, et du côté grand-messe cathartique célébrant dans une parfaite indécence l’entre-soi et la consanguinité d’un milieu un tantinet détaché des réalités, ce qui m’avait fasciné à l’époque, et qui me pousse encore à m’intéresser à l’événement, c’est l’inévitable facteur humain.

Revenons en 1995, si vous le voulez-bien. Je me revois encore, à 3 heures du matin, les yeux au milieu de la figure, attifé comme l’as de pique, une canette de Coca dans une main et mes pronostics dans l’autre, terrifié à l’idée qu’un insomniaque squatte la salle télé de la résidence universitaire, à siroter de la mauvaise bière devant une rediffusion d’Histoires Naturelles. Ah, quelle époque ! J’étais jeune, j’étais beau, et je découvrais ma cinéphilie. Au-delà de la terrible bataille entre Zemeckis et Tarantino, qui tourna rapidement en eau de boudin pour le réalisateur de Pulp Fiction, le moment fort de la soirée fut sans conteste le discours de Martin Landau, oscarisé dans la catégorie du Best Supporting Actor pour Ed Wood – le meilleur film de Tim Burton avant sa tragique disparition artistique à l’orée des années 2000. C’est que je l’avais totalement oublié celui-là, alors que minot, je dévorais religieusement les épisodes de Cosmos 1999 chaque samedi. Quel plaisir de retrouver cet émouvant soixantenaire, s’efforçant de remercier toutes celles et ceux qui l’avaient accompagné tout au long de sa carrière ; parce qu’à son âge, recevoir ce prix, c’était un peu l’équivalent d’un Oscar d’honneur. Mais voilà que retentit l’insupportable musique, ce garde-fou imbécile dressé contre ces foutus saltimbanques, incapables de respecter le minutage imposé avec leurs remerciements à rallonge et leurs débordements lacrymaux. « Eh Coco, t’es bouché ou quoi ? On a dit : ‘coupez !’ Le credo de l’industrie, c’est : le temps, c’est de l’argent ! Y’a les annonceurs qui trépignent en coulisse, et vu les taraux mon petit pote, t’es gentil, tu prends ton jouet et tu dégages fissa de mon plateau que je lance la pub ! ». À l’époque, j’ai trouvé ça d’une violence inouïe, mais comme je vous l’ai avoué plus haut, c’était ma première fois. Là où on a touché au sublime, c’est un peu plus tard dans le déroulé de la retransmission. Comme vous le savez sans doute, la remise des prix est suivie pour les lauréats d’un photoshoot officiel dans les coulisses, histoire de ne pas parasiter le déroulement du show. Et pour ne rien gâcher, ça permettait de meubler les temps-morts du direct avec des inserts glamour sur des reines de beautés se pavanant avec l’équivalent du PIB d’Haïti sur le dos. Et là, moment magique entre tous, la caméra y retrouve l’ami Landau, micro en main, fier comme Artaban au pied du podium, à terminer tranquillement son discours de remerciement devant un parterre de journalistes.

Cette année, la cérémonie avait lieu dans la nuit du 26 au 27 février, mais j’ai sagement attendu quelques jours avant de la visionner. Vous comprenez, à mon âge, ça n’aurait pas été raisonnable de m’infliger les commentaires lénifiants d’un Laurent Weil, épaulé cette fois par un déplorable sociétaire de la comédie française, le définitivement-pas-drôle Jérôme Commandeur qui eut l’insigne honneur de présenter les Césars deux jours plus tôt. Que voulez-vous, on a les maîtres de cérémonie qu’on mérite… Passons rapidement sur les généralités attendues : Rectification du tir au niveau de la représentation des minorités, volée de bois vert à l’encontre du nouveau chef du monde libre, et blagounettes entre le présentateur Jimmy Kimmel et son souffre-douleur favori, l’acteur Matt Damon1. Je ne vais pas non plus détailler le palmarès, si vous tenez vraiment à savoir qui de Robert McKenzie ou de Sylvain Bellemare à remporté la statuette du meilleur montage son, Internet est votre ami. Je vais me contenter de revenir sur trois moments que j’ai trouvé particulièrement… humains.
Commençons par l’acteur Mahershala Ali, premier récompensé de la soirée dans la catégorie Best Supporting Actor. Il concourait avec deux cadors de la profession, desservis cette année par des films médiocres : l’immense Michael Shannon et cette vieille baderne de Jeff Bridges. Lorsqu’Alicia Vikander annonce son nom, l’acteur de Moonlight, assis au premier rang, se lève pour rejoindre la scène sous un tonnerre d’applaudissements. Quand il arrive à la hauteur de Jeff Bridges, ce dernier lui claque amicalement l’épaule avec un franc sourire. Mahershala met un instant à réaliser, rebrousse chemin et échange avec l’acteur de Comancheria une poignée de main empreinte d’un profond respect. Un geste d’une grande classe.
Autre moment
en apesanteur, la remise de l’Oscar pour le meilleur mixage son. Alors oui, je sais, présenté comme ça, mais jugez plutôt : Cette année, le lauréat n’était autre queKevin O’Connell, récompensé pour son travail sur Tu ne tueras point, la dernière folie de Mel Gibson. Comment, vous ne connaissez pas Kevin O’Connell ? C’est pourtant une légende vivante à Hollywood ! On le considérait jusqu’ici comme le membre le plus poissard de l’Academy. Rendez-vous compte : il a fallu qu’il attende sa 21ᵉ nomination pour enfin décrocher sa statuette ! Je vous laisse imaginer l’émotion du bonhomme au moment des remerciements.
Et
comment ne pas évoquer le dénouement abracadabrantesque de la soirée ? Si vous avez manqué l’épisode, voici un rapide résumé des faits : Sur scène, Warren Beatty et Faye Dunaway, choisis pour célébrer le cinquantenaire de Bonnie & Clyde, doivent remettre l’Oscar du meilleur film. En décachetant l’enveloppe, Beatty hésite. Il montre le carton à Faye Dunaway qui croit à une mauvaise blague de son petit camarade. Elle lui prend des mains et annonce le vainqueur : La La Land. Standing ovation dans la salle, l’équipe du film monte sur scène pour récupérer son prix, sauf qu’on commence à voir débarquer sur le plateau des officiels venus des coulisses. Quelque chose ne tourne pas rond et tout à coup, le producteur Jordan Horrowitz interrompt le discours de son collègue pour annoncer, preuve à la main, que ce n’est pas son film, mais Moonlight qui a remporté l’Oscar. On se retrouve donc avec une bonne vingtaine de gens totalement éberlués sur scène, et un public médusé qui ne panne rien à rien. Warren Beatty insiste pour reprendre le micro et s’expliquer : on ne lui aurait pas remis la bonne enveloppe en coulisses, son carton indiquait « Emma Stone, La La Land ». En fait de grain de sable, c’est carrément une tempête saharienne qui s’est abattue sur le Dolby Theatre.

Que retenir de ce qui restera sans-doute comme la plus belle bourde de l’histoire des Oscars ? Déjà, qu’il vaut toujours mieux tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de… commencer à vomir son fiel sur les réseaux sociaux. Nous vivons décidément une époque formidable, où les gens se sentent obligés de s’emballer sur tout et n’importe quoi sans que quiconque leur ait demandé leur avis, en moins de 140 caractères et à la vitesse de l’éclair. Ainsi, j’ai pu lire des commentaires parfaitement odieux sur le site d’un certain Mark Z., du genre : « C’est ce qui arrive quand on confie un boulot sérieux à un vieux pas fichu de lire correctement un nom sur un carton. » Que la douce Emma, à chaud en coulisses, explique naïvement aux journalistes que ça ne pouvait pas être son enveloppe puisqu’elle l’avait gardée, insinuant par-là que Beatty avait raconté n’importe quoi, passe encore. Elle est beaucoup trop jolie pour que je lui en veuille et visiblement, elle ignorait qu’il existe des enveloppes de secours, au cas où. Mais toi, le facebookien anonyme à l’incontinence verbale assassine, tu n’as pas la moindre excuse et je te maudis sur cinq générations. T’attaquer ainsi à Warren Beatty, figure incontournable du Nouvel Hollywood, réalisateur passionnant et engagé s’il en est, sans avoir eu la décence d’attendre que les explications tombent, je trouve ça d’une dégueulasserie sans nom. Ah, mais voilà que j’entends la musique honnie, il faut donc que je me dépêche de conclure cette chronique sous peine de me faire sauvagement couper. Au-delà des théories plus farfelues les unes que les autres qui ont fleuri un peu partout pour expliquer l’incommensurable bévue et qui, je dois l’avouer, m’ont bien fait rigoler2, j’ai surtout éprouvé un immense soulagement en apprenant cette mésaventure. Je m’explique : jusqu’ici, j’étais persuadé que c’était du chiqué, que les lauréats étaient prévenus avant la cérémonie et devaient feindre la surprise. Oh, pas forcément tous, hein, mais au moins les protagonistes du Big Five 3. Eh bien, non, et c’est une sacrée bonne nouvelle. Et puis ce genre de tuile, ça nous rappelle que malgré l’obsession du contrôle chère à Hollywood, l’industrie du cinéma reste humaine, donc faillible. Et ça aussi, c’est foutrement rassurant. Enfin, pas pour tout le monde, hein, le stagiaire chargé de remettre les enveloppes aux intervenants et qui, parait-il, était en train de twitter au lieu de faire son job, risque d’avoir un peu de mal à décrocher un CDI à la Cité des Anges

Pendants ce temps-là, dans les locaux de la rédaction…
— « Tiens, salut Baptiste ! Alors, vieux camarade, ça biche ?
— Oui, oui , « ça biche », comme tu dis. Je vois que tu as un écrit un nouvel article, et sans attendre six mois ?
— Ouais, hein ? Je me sens motivé ces derniers temps, un truc de dingue !
— C’est bien, c’est bien. Mais tu n’aurais pas oublié un truc ? Voire deux ?
— (…) Ah oui, d’accord ! Je vois ce que tu veux dire. La suite de mon bilan 2016, c’est ça ?
— C’est ça.
— Alors, tu vas rire, mais j’avais tout bien préparé, et vachement en avance, sauf que…
— … Sauf que quoi ? Le chien de ta mamie a mangé la clef USB, c’est ça ?
— Euh, comment tu as dev… ? Ah, d’accord… Je te l’ai déjà sortie, celle-là ?
— (…)
— Bon, promis-juré, je… Ben, pourquoi tu lèves les yeux au ciel ?
— Et si tu t’activais un peu, au lieu de promettre des trucs ? Je sais bien qu’on est en période électorale, mais franchement…
— OK patron, message reçu, je m’y colle de suite. »

(To be continued…)

1 Cette fausse rivalité entre l’acteur et le présentateur dure depuis plus de dix ans. Évidement, dans la vraie vie, ce sont les meilleurs potes du monde.
2 Allez, je ne résiste pas au plaisir de vous livrer la mienne, de théorie fumeuse : En fait, c’était un coup monté par Warren Beatty et les producteurs de La La Land. Ces derniers ont promis d’éponger l’ardoise de l’acteur-réalisateur après le plantage en règle de son dernier film au box-office étasunien en échange de ce coup de com’ improbable. Parce que bon, soyons honnêtes, hein ? De vous à moi, dans cinq ans, qui se rappellera de Moonlight autrement que par « Mais si, tu sais bien, le film qui a eu l’Oscar alors qu’on l’avait d’abord donné à La La Land ! » ?
3 On surnomme ainsi les cinq catégories reines de la cérémonie : Meilleur Film, Meilleur Réalisateur, Meilleur Acteur, Meilleure Actrice et Meilleur Scénario (subdivisé en deux : Meilleur Scénario Original et Meilleure Adaptation)

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L’Homme irrationnel de Woody Allen http://enrevenantducinema.fr/2015/10/14/lhomme-irrationnel-de-woody-allen/ http://enrevenantducinema.fr/2015/10/14/lhomme-irrationnel-de-woody-allen/#respond Wed, 14 Oct 2015 16:33:40 +0000 http://enrevenantducinema.fr/?p=2135

L’alibi de la légèreté

Un prof de philo dépressif vient enseigner dans une université ou il est attendu comme une personnalité brillante et atypique, une étudiante, en couple avec un … Lire la suite...

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L’alibi de la légèreté

Un prof de philo dépressif vient enseigner dans une université ou il est attendu comme une personnalité brillante et atypique, une étudiante, en couple avec un charmant et fade étudiant, s’intéresse à lui. On rentre dans le film d’une façon très directe, Woody Allen ne s’embarrasse plus de la question de l’exposition de l’histoire. Abe, Joaquin Phoenix, est en voiture, on voit différents profs et élèves parler de son arrivée et décrire en même temps son background, c’est simple, efficace, la situation de départ est posée.
Le problème avec Woody Allen, c’est qu’il a fait tellement de films, avec un ton si personnel que parfois on l’entend comme on entend son personnage d’Harry dans tous ses états, lorsqu’il présente chaque idée d’histoire. Ainsi pendant qu’on regarde L’Homme irrationnel, c’est comme si on entendait la voix de Woody Allen raconter « alors ce serait l’histoire d’un homme totalement déprimé qui arrive dans une université huppée… », on l’imagine même surgir de l’écran. Surtout que le film est très distancié, très écrit, avec une voix off qui raconte la situation au passé, une musique jazz discrète… il y a de plus en plus quelque chose de méta. Dans ses meilleurs films, cette impression disparaît, on oublie tout ça et on est happé, là ce n’est pas totalement le cas.
On devine qu’il s’amuse à expédier certaines scènes, comme celle de l’ouverture, comme cette scène où tout bascule, où Abe a une révélation, comme la scène où il met en évidence cette lampe de poche pour qu’on sache qu’elle aura un rôle et montrer comment le hasard change l’existence, ainsi aussi celles où Abe enseigne et survole en quelques phrases lapidaires Kant, Kierkegaard et les existentialistes, etc. Il ne veut pas s’arrêter sur ces passages obligés, ces nœuds scénaristiques ne l’intéressent pas et peu lui importe de les amener sans chercher la subtilité.
L’impression de distance vient de là et du fait que ce film est une sorte de somme de tous les thèmes Alleniens, l’étudiante amoureuse de son prof plus mûr, le fait de se créer des illusions, de se raconter des histoires pour accepter l’absurdité de la vie (comme dans Meurtres mystérieux à Manhattan, Magic in the moonlight, Blue Jasmine…), le crime et la culpabilité, ou l’absence de culpabilité (de Crimes et Délits à Match point) qui nous fait nous mesurer à Dieu ou à son absence, et surtout comment la philosophie, l’intelligence, la compréhension du monde n’aide pas à vivre mieux.
Ainsi on part sur un carré amoureux (où ce sont les femmes qui ont l’initiative, draguent, montrent leur désir, choisissent, ce qui est un des aspects réjouissant du film), on croit que l’enjeu est là puis on bifurque de façon artificielle sur une affaire policière tout en gardant le même ton un peu badin, ce qui est intéressant c’est comment il passe de l’un à l’autre, comment l’intrigue amoureuse cède la place à l’intrigue à la Dostoïevski (et à la Hitchcock dans sa mise en place, on pense à La Corde, au Crime était presque parfait) avec ses questions de morale individuelle. Si Jill vit une histoire amoureuse, lui ne sort avec elle que pour asouvir son sentiment de toute puissance. Le fait qu’il y ait deux voix off qui se confrontent et ne racontent pas la même histoire illustre cet entrelacs de façon habile.
Le problème est que la greffe ne prend pas vraiment parce que Joaquin Phoenix ne s’intègre pas idéalement dans l’univers de Woody Allen, on est indifférent à son sort. Joaquin Phoenix, son corps massif, son visage fatigué n’est pas à sa place dans cet univers propret mais il ne semble pas tout à fait à sa place dans le film non plus. On sent l’ironie sur cet homme que tout le monde vénère mais qui est finalement assez crétin (« du style mais pas de fond » comme dit la mère de Jill). En creux émerge ainsi une critique d’une certaine vulgarité. Le hiatus entre cet homme qu’on dit brillant et les banalités qu’il peut raconter est au centre du film, cet homme qu’on voit en partie avec les yeux voilés de l’amoureuse Jill. C’est intelligent mais on se souvient de la violence du meurtre de Scarlett Johansson dans Match Point, ça nous prenait au ventre, et pourtant on continuait d’éprouver de l’empathie pour le tueur, alors qu’ici, le sort d’Abe, et aussi du coup l’histoire d’amour qu’il a avec Jill, nous indiffère.
Heureusement les personnages féminins sont forts et portés par des actrices magnétiques de Jill, Emma Stone, (révélée dans Supergrave), mutine, fébrile, tout en mouvement, et Rita, Parker Posey, à la présence sûre, ce sont elles qui portent le film, et Woody Allen les filme avec talent, les plus beaux plans sont sur elles, Jill devant la lumière d’un lac, Rita pleurant dans une voiture en rompant avec son mari.
Ce qui est dommage, c’est qu’on voit le canevas d’un grand film s’il y avait eu plus d’implications, il y a une facilité à ainsi baigner dans quelque chose que Woody Allen connaît, l’univers de la fac, un milieu bourgeois et intellectuel, une mise en scène fluide et élégante, à la lumière douce, sans âpreté.. On assiste à une variation agréable sur les thèmes Alleniens, en espérant que dans le prochain le cinéaste se mettra un peu plus en danger (il faut agir comme dit le héros, se confronter, prendre des risques).
L’Homme irrationnel de Woody Allen, États-Unis, 2015 avec Joaquin Phoenix, Emma Stone, Parker Posey…

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Birdman de Alejandro González Iñárritu http://enrevenantducinema.fr/2015/02/25/birdman-de-alejandro-gonzalez-inarritu/ http://enrevenantducinema.fr/2015/02/25/birdman-de-alejandro-gonzalez-inarritu/#comments Wed, 25 Feb 2015 17:48:35 +0000 http://enrevenantducinema.fr/?p=2115 La critique d’un connard paresseux

Birdman est un film construit pour qu’on admire sa virtuosité, comme un solo de guitare qui durerait deux heures, et ça marche, on couvre ce … Lire la suite...

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_AF_6405.CR2La critique d’un connard paresseux

Birdman est un film construit pour qu’on admire sa virtuosité, comme un solo de guitare qui durerait deux heures, et ça marche, on couvre ce film d’oscar, de nombreux critiques applaudissent la performance. Parce que c’est de performance dont on parle pour ce film, pas de cinéma, d’émotion, de regard, non, juste de performance. Est-ce ça que doit devenir le cinéma ? Un cinéma où tout est en force, où on montre sa puissance à chaque moment ? Où on doit gagner en écrasant le spectateur ? Un cinéma du mépris.
Le dispositif est un long plan séquence (avec quelques coupures discrètes et quelques plans se succédant pour une séquence de rêve) dans un théâtre, ses loges, sa scène, l’extérieur, etc. Le jeu est de compliquer le plan le plus possible avec des sauts dans le futur dans le même mouvement, l’acteur qui apparaît à un endroit et ensuite à ailleurs à un autre moment de la journée, la caméra virevolte dans les couloirs, sort dans la rue où se presse la foule, s’envole, traverse les vitres, virevolte encore, tourne autour des acteurs, etc. comme s’il fallait sans cesse trouver un nouveau défi, un nouvel obstacle à gravir. On applaudit comme on applaudirait en étant sur un grand huit, ou en regardant le saut à la perche d’un Lavillenie. On se dit « mais comment fait-il ? Quel travelling compliqué ! » ou « Il a dû en chier pour faire ça » et puis on se dit « mais est-ce que j’en ai quelque chose à faire ? » On assiste à un spectacle de sport. Toujours un truc en plus pour donner à voir, un effet qui surajoute et empêche toute respiration, toute vie.
On comprend l’idée du film sur le narcissisme et le délire des acteurs, l’impression de labyrinthe du théâtre renvoyant au labyrinthe mental du héros, mais est-ce vraiment neuf ? L’auteur n’a pas grand chose à dire d’original non plus sur l »affrontement entre les franchise de films de super héros contre un théâtre plus « intellectuel ». Avec la mise en abîme de Michael Keaton (tellement bien pourtant à l’époque des Batman de Tim Burton et du savoureux Multiplicity de Ramis) jouant cet ancien acteur de super héros essayant une reconversion.
Il y a un hiatus entre le propos du film et cet exercice de style vain et prétentieux, ça pourrait ressembler à un hommage ironique à l’acteur, qui a un ego démesuré, qui est jaloux, un peu fou, a peur de vieillir, a peur qu’on l’oublie mais qui sacrifie sa vie pour son art, pour trouver la vérité avec un grand V. Mais l’acteur est filmé comme une marionnette faisant son numéro, rien n’est vivant, il est juste un élément du décor, mal aimé, mal regardé par un metteur en scène préférant faire joujou avec sa caméra, prenant plus de temps à se regarder filmer, ivre de sa propre maîtrise. Chaque échange entre les acteurs est aussi un coup de force, les dialogues doivent percuter, comme un ping-pong incessant et lassant, rien ne se passe entre les personnages, tout est surligné, les acteurs cabotinent pour exister dans cette machinerie, surtout Keaton et Norton, les actrices s’en sortent un peu mieux ainsi que Zach Galifianakis qui a l’intelligence de ne pas rajouter du sucre sur du sucre et joue plutôt en retrait.
Ainsi par exemple la scène de rapprochement entre Sam et Mike pourrait être troublante, mais Iñárritu met une couche de musique, et dès que les corps se touchent, la caméra les surplombent pour ensuite plonger sur la pièce qui se joue en contrebas, parce que ces corps qui se rapprochent ne l’intéressent pas.
Alors oui, il y a quelque plans dans les couloirs du théâtre qui sont efficaces, fluides, il y a une scène qui est plutôt belle où Michael Keaton redevient pour quelques instants Birdman/Batman et se révèle enfin léger mais c’est bien peu.
Les effets, le dispositif doivent aller dans le sens du film, de ce qui est filmé, de ceux et celles qui sont filmés, Bonnello, Dolan ou Anderson en 2014 ont montré qu’on pouvait avoir une vision très forte des cadres, du style, en faisant en sorte que cette mise en scène sublime le propos, le mystère de ce qui se passe entre les êtres.
Dans une scène grotesque, le personnage joué par Michael Keaton s’en prend à une critique et lit le papier qu’elle est en train d’écrire puis s’énerve. « Vous êtes une connasse paresseuse (…) Je ne vois rien sur la technique, la structure, l’intention. » On imagine que Iñárritu n’est pas paresseux, que ce film a dû être compliqué à tourner, qu’il a dû finir en sueur, épuisé mais tant qu’il pensera que l’important c’est uniquement la technique, la structure, l’intention et non l’émotion, le partage, l’ouverture vers quelque chose de non prévue, de non maîtrisable, on n’aimera pas le même cinéma. On préférera toujours un plan vivant de Vincent n’a pas d’écailles par exemple à ce cinéma mortifère et impérialiste.
Birdman de Alejandro González Iñárritu, EU, 2015 avec Michael Keaton, Edward Norton, Zach Galifianakis, Emma Stone, Naomie Watts…

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