en revenant du cinéma» Francis Ford Coppola http://enrevenantducinema.fr regards croisés sur le cinéma Thu, 09 May 2013 18:16:32 +0000 fr-FR hourly 1 http://wordpress.org/?v=3.5.1 Twixt de Francis Ford Coppola http://enrevenantducinema.fr/2012/04/15/ceux-qui-revent-eveilles/ http://enrevenantducinema.fr/2012/04/15/ceux-qui-revent-eveilles/#comments Sun, 15 Apr 2012 17:06:26 +0000 Guillaume Pic http://enrevenantducinema.fr/?p=904 Ceux qui rêvent éveillés…*

C’est bien la première fois qu’un film de l’immense Francis Ford Coppola me laisse sur ma faim. Lorsque le générique envahit l’écran au bout d’à peine une heure et demi, la surprise cède rapidement le pas à la frustration, puis à la résignation. Une cruelle déception en regard des indéniables qualités de Twixt. En prenant des … Lire la suite...

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Ceux qui rêvent éveillés…*

C’est bien la première fois qu’un film de l’immense Francis Ford Coppola me laisse sur ma faim. Lorsque le générique envahit l’écran au bout d’à peine une heure et demi, la surprise cède rapidement le pas à la frustration, puis à la résignation. Une cruelle déception en regard des indéniables qualités de Twixt.
En prenant des raccourcis que les puristes me pardonneront, on peut ramener la carrière de Coppola à un drame en cinq actes typiquement américain. Ça commence vite et bien, le succès et la reconnaissance sont au rendez-vous et permettent au jeune prodige de fonde
r son propre studio loin des Majors hollywoodiennes. Plus dure sera la chute au début des années 80, symbolisée humainement par le tournage infernal d’Apocalypse Now et financièrement par les dettes colossales d’American Zoetrope. S’en suit une traversée du désert artistique jusque dans les années 90, où il est contraint d’accepter des films de commande afin de rembourser ses créanciers. En 1997, il décide de prendre sa retraite cinématographique et de se consacrer à son autre passion, le vin. Mais on ne change pas sa nature, et depuis le milieu des années 2000 le réalisateur amorce un retour aux affaires aussi inattendu que passionnant, avec trois films qui ont beaucoup en commun : un sujet personnel, un traitement expérimental, une économie de moyens – afin de garder un contrôle total et d’éviter de nouveaux déboires financiers – et des acteurs impliqués. Ce sont L’homme sans âge (2007), le formidable Tetro (2009) et ce déconcertant Twixt (2011).
Pourtant, ce dernier ne manque pas de fulgurances. La première séquence, des plans fixes soulignant l’étrangeté de la petite ville qui va servir de cadre au(x) récit(s), est tout simplement magistrale. La plus belle idée du film, c’est une horloge improbable dont les sept cadrans donnent chacun une heure différente, à l’image d’un scénario complexe, agencement d’histoires qui empruntent le même espace sans forcement avoir de liens logiques entre elles. Fil conducteur de ce récit protéiforme, Hall Baltimore – Val Kilmer, très bon – est un écrivain poussé par son entourage à enchaîner les romans de sorcellerie médiocres mais vendeurs au détriment de velléités artistiques plus personnelles – si ça vous rappelle quelqu’un… En pleine tournée promotionnelle, il décide de rester un moment dans cet étrange village au charme vénéneux afin d’écrire et de démêler les fils d’un passé douloureux qu’il noie consciencieusement dans l’alcool depuis trop longtemps.
Les séquences gothiques, voyages oniriques au cœur de la psyché du personnage, sont magnifiques. Au niveau de la forme déjà, avec l’utilisation du noir et blanc et de la technique de nuit américaine, quelques touches de couleur ajoutant une aura fantastique originale. Sur le fond, c’est l’arc narratif le plus intéressant du scénario ; le plus personnel aussi puisque le personnage et son créateur partagent le même drame humain et le même déchirement artistique. Un film dans le film qui aurait pu se suffire à lui-même.
Le problème de Twixt, c’est que Coppola ne porte pas le même intérêt aux autres segments de son récit qui renvoient en vrac à Stephen King, aux films d’horreur américains des années 70, à Twin Peaks, à Psychose , à la bit-lit et surtout à L’antre de la folie de John Carpenter. Pire, on sent poindre une touche de mépris dans la dernière partie du film, étonnamment bâclée et abrupte. Le spectateur se retrouve avec un arrière goût amer qui rompt le charme, même si le souvenir troublant de « V », vampire lunaire incarnée par une Elle Fanning inspirée, continuera à le hanter bien après la séance.

 * « Ceux qui rêvent éveillés ont conscience de mille choses qui échappent à ceux qui ne rêvent qu’endormis ». Edgar Allan Poe

Twixt de Francis Ford Coppola, EU, 2012 avec Val Kilmer, Bruce Dern, Elle Fanning…

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Habemus Papam de Nanni Moretti http://enrevenantducinema.fr/2011/09/14/en-route-pour-la-joie-2/ http://enrevenantducinema.fr/2011/09/14/en-route-pour-la-joie-2/#comments Wed, 14 Sep 2011 13:43:22 +0000 Baptiste Madamour http://enrevenantducinema.fr/?p=482

Tout change

Le titre, l’affiche, le thème de Habemus Papam en imposent, cela donne l’impression d’un film qui a un sujet sérieux, d’un film monument, cela peut effrayer mais nous sommes chez Nanni Moretti pas chez Théo Angeloupolos ou Wim Wenders. Le début semble confirmer cela, le décorum du Vatican, les tenus des cardinaux, la lente procession, tout est là … Lire la suite...

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Tout change

Le titre, l’affiche, le thème de Habemus Papam en imposent, cela donne l’impression d’un film qui a un sujet sérieux, d’un film monument, cela peut effrayer mais nous sommes chez Nanni Moretti pas chez Théo Angeloupolos ou Wim Wenders.
Le début semble confirmer cela, le décorum du Vatican, les tenus des cardinaux, la lente procession, tout est là dans la beauté écrasante du rituel, pourtant très vite, la machine se grippe, une litanie de noms de saint s’interrompt, il y a une panne d’électricité dans la salle où sera choisi le nouveau pape, un cardinal tombe dans le noir, et tout d’un coup l’angoisse se diffuse, les cardinaux prennent peur, qu’est-ce qui se passe quand ça s’arrête, quand ça ne veut plus ?
Le film impressionne par sa capacité à lancer de nombreuses pistes de réflexion sur le pouvoir, les responsabilités et aussi sur le monde comme il ne va pas, on parle de la papauté, de ce pape qui ne veut pas l’être, ça pourrait aussi concerner un homme politique, un artiste voir n’importe qui ne supportant plus le rôle qu’on lui demande de jouer mais si les pistes sont lancés, Nanni Moretti n’est pas un professeur, il laisse à chacun la liberté d’interpréter et on peut deviner que beaucoup ne verront pas le même film, il n’est pas dans une dénonciation simpliste. Le film impressionne aussi par la façon dont Nanni Moretti mêle avec fluidité le personnel et le politique et par comment il traduit cela par sa mise en scène, ainsi cette scène où Michel Piccoli, magistral, disparaît dans la verdure du jardin du Vatican alors qu’on sent son désir de se retrancher du monde, c’est très simple, et le fait de filmer en contrepoint les gardes suisses décontenancés par sa présence inopportune, faisant comme si de rien n’était, ajoute une touche comique (le film est par moment très drôle) qui empêche la scène d’être démonstrative.
Parce que sous l’apparat d’un classicisme rappelant parfois certains Francis Ford Coppola (Le Parrain par exemple), il dynamite son film de l’intérieur, la solennité des lieux, la beauté des peintures, des décors, le tout filmé avec élégance, est sans cesse contredite par le grotesque des situations, comme cette autre moment où le porte parole du Vatican joué par Jerzy Stuhr (très juste comme tous les autres acteurs) décrit la fuite du pape à des cardinaux médusés, la scène est grave mais une partie de ces cardinaux a gardé la tunique de joueur des matchs de volley organisés par le psychanalyste interprété par Nanni Moretti, ce qui crée une étrangeté bouffonne mais jamais ironique ou méprisante.
Cette opposition est en cohérence avec le thème profond du film, la dépression de l’âge adulte avec son cortège d’obligations, son enfermement qui ne peut se résoudre qu’en passant par un retour à l’émerveillement de l’enfance et au jeu c’est à dire pour Nanni Moretti par le sport, le théâtre, la musique, les jeux de cartes et aussi le désordre, ou pour le dire plus simplement par un retour à la vie. Le nouveau pape ne veut plus assumer ses responsabilités, ne veut pas être celui qu’on attend qu’il soit et les cardinaux retranchés dans le Vatican se mettent par contamination à ressembler à des enfants dans un internat.
Plus largement, le film incite à la naïveté, à la joie face à une société de plus en plus rigide et étouffante, ainsi dans cette scène où un garde suisse logeant dans les appartements du pape et se faisant passer pour lui met un disque de Mercedes Sosa. La chanson Todo Cambia arrive aux oreilles des cardinaux qui sont emportés et se mettent à claquer dans les mains, les visages des cardinaux émerveillés, soudain heureux comme des nouveaux nés face à un son amusant, alors qu’on entend cette chanson appelant au changement personnel et sociétal qui symbolise toute une histoire de la gauche, cela est tout simplement bouleversant.
Ce n’est pas la seule scène sidérante de ce film important.
Tout se fissure, le cri de Michel Piccoli face à l’angoisse de vivre, face aux conventions sociales qui nous enserrent, traverse le film et résonnera longtemps.
Habemus Papam de Nanni Moretti, Italie, 2011 avec Michel Piccoli, Nanni Moretti, Jerzy Stuhr…

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