Gregg Araki – en revenant du cinéma http://enrevenantducinema.fr Tue, 24 Apr 2018 20:15:36 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=4.9.8 Damsels in distress de Whit Stillman http://enrevenantducinema.fr/2012/10/19/damsels-in-distress-de-whit-stillman/ http://enrevenantducinema.fr/2012/10/19/damsels-in-distress-de-whit-stillman/#comments Fri, 19 Oct 2012 17:15:10 +0000 http://enrevenantducinema.fr/?p=1126 Une délicate détresse

Damsels in distress se passe presque entièrement sur un campus étasunien avec ses associations, ses fraternités, un groupe de filles qui s’occupent d’une association pour prévenir les … Lire la suite...

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Une délicate détresse

Damsels in distress se passe presque entièrement sur un campus étasunien avec ses associations, ses fraternités, un groupe de filles qui s’occupent d’une association pour prévenir les suicides dissertent sur la vie, l’amour, etc. Tout paraît familier mais tout est décalé, les héroïnes essaient d’empêcher les suicides grâce à des donut ou des savons, des étudiants qui se forment au métier d’enseignant ratent leur suicide en sautant du premier étage de leur université, un étudiant cinéphile converti au catharisme ne pratique que la sodomie pour être conforme avec sa religion, un autre ne sait pas reconnaître les couleurs parce que ses parents élitistes lui ont fait sauter les classes où il aurait dû les apprendre.
On pourrait être dans une comédie mais le cinéaste ne cherche pas le gag, il cherche l’absurde, les personnages ne cessent d’échafauder des théories, les discussions s’enchainent sans avoir vraiment de sens évident. Le ton est léger alors que le fond est sombre, les héroïnes regardent ce qui les entourent avec détachement comme blasées, trop lucides sur ce qui les attend dans la vie. Il faut beaucoup de talent aux actrices pour rendre émouvantes ces étudiantes absentes à elles-mêmes. La mise en scène fluide et élégante caresse ces visages en douceur.
Ce qui intéresse le cinéaste c’est de créer un monde irréel, le film paraît intemporel, il a gommé tous les signes de modernités (écrans, téléphones, etc.), les tenues pourraient dater des années 60, voir être plus anciennes, nous sommes dans un lieu clos qui apparaît comme un éden, ainsi lorsque Violet (incarnée par Greta Gerwig, déjà impressionnante dans le Greenberg de Noah Baumbach) s’échappe du campus, un plan la montre descendre un escalier qui s’enfonce sous terre, puis un plan la montre remonter cette escalier avant le retour au campus, l’ailleurs n’existe pas vraiment. La luminosité et les couleurs vives du film renforcent cette impression paradisiaque.
Ce lieu clos n’est pas un espace réel c’est un espace mental, l’espace de la cinéphilie, le titre du film emprunte celui d’un film de George Stevens avec Fred Astaire, deux personnages s’embrassent devant Baisers volés de Truffaut, on y parle de la nouvelle vague mais on pense aussi aux comédies musicales de Demy, de Minelli… Le film s’inscrit aussi parmi une famille de cinéastes contemporains comme Wes Anderson qui partage son dandysme, la même minutie dans la composition des plans et cet humour déceptif très particulier, ces étudiantes, qui marchent dans leur robe claire, baignées de soleil, rappellent les sœurs de Virgin Suicides (avec le thème du suicide abordé d’un autre angle) de Sofia Coppola, on peut retrouver le Kaboom de Gregg Araki… On pourrait parler d’une famille de cinéastes pop, qu’on retrouve en France dans le Mods de Serge Bozon. Ces films ont en commun le même regard délicat sur des personnages en inadéquation avec la société, qui ne se révoltent pas et cherchent à créer leur propre univers à côté en assistant à la décadence du monde.
Toutes ces références ne sont pas là pour donner des signes de reconnaissance aux cinéphiles, elles sont le sujet du film, face à l’ennui, à la tristesse, le cinéma est le lieu qui permet d’accepter de vivre, qui permet de respirer, de s’échapper, Violet parle des claquettes comme du meilleur moyen pour sortir de la dépression, on peut voir cela comme la métaphore du cinéma pour Whit Stillman. C’est pourquoi ces scènes de comédie musicale qui clôturent le film sont particulièrement émouvantes, elles sont le moyen de s’extraire de la pesanteur des choses.
Damsels in distress de Whit Stillman, EU, 2012 avec Greta Gerwig, Analeigh Tipton, Carrie MacLemore, Megalyn Echikunwoke…

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Tomboy de Céline Sciamma http://enrevenantducinema.fr/2011/04/30/sans-contrefacon/ http://enrevenantducinema.fr/2011/04/30/sans-contrefacon/#comments Sat, 30 Apr 2011 15:46:15 +0000 http://enrevenantducinema.fr/?p=342

Sans contrefaçon… 

On peut prévoir que Céline Sciamma devienne un des grands auteurs du cinéma, c’est entendu. Dans Tomboy, la tenue des plans, leur durée, le travail sur le … Lire la suite...

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Sans contrefaçon… 

On peut prévoir que Céline Sciamma devienne un des grands auteurs du cinéma, c’est entendu. Dans Tomboy, la tenue des plans, leur durée, le travail sur le son, le travail sur le surcadrage dans l’appartement, est puissante sans chercher à en imposer, la nature, l’eau, les immeubles tout est magnifié en montrant ce qui est là, sans chercher à le transformer, à l’embellir, de même la captation de la peau, des mimiques, des inflexions de voix, des regards des acteurs est impressionnante. Certaines séquences ont une grande force émotionnelle comme celle où Mickaël attend dans le hall de l’appartement de sa copine Lisa, c’est très simple, mais on est au plus près des sentiments contradictoires, de la violence subie du personnage, ce n’est pas la seule séquence qui nous transporte, Céline Sciamma est toujours très juste dans sa mise en scène.
Ce qui est plus problématique, c’est la problématique. Je m’explique : lorsque son précédent film Naissance des pieuvres est sorti, j’avais la même réticence, il y a un sujet, l’éveil à la sexualité, le désir lesbien et le sujet devient le centre de la mise en scène. Le film Et toi t’es sur qui ? De Lola Doillon sorti à la même époque partageait avec Naissance des pieuvres le thème de l’adolescence, la relation amoureuse, mais si la mise en scène paraissait plus lâche, le sujet disparaissait pour qu’on puisse vraiment partager l’émotion des acteurs, on n’était plus dans l’analyse mais avec eux.
Dans Tomboy, on retrouve les mêmes travers, on y parle d’ identité sexuelle, d’un garçon qui a le corps d’une fille, elle aborde cela frontalement, ça pourrait être une qualité, mais cela est posé dans des scènes parfois explicatives, la couleur bleu ou la couleur rose, aux mâles joueurs de foot succède un plan de la petite sœur qui danse en tutu, comment faire si on se retrouve en maillot de bain, etc. plusieurs fois, on se dit qu’elle n’a pas besoin de ça, et on aimerait que le sujet soit inclus dans un ensemble plus vaste. Ainsi les moments les plus forts sont ceux de la relation amoureuse entre Mickaël et Lisa parce que ce qui se joue entre les actrices dépassent l’énoncé. Alors bien sûr, elle évite la dramatisation à outrance, le jeu de la petite sœur par exemple apporte une touche drôle et touchante, la famille est bien campée grâce à des acteurs qui ont une présence évidente (de la magnifique Zoé Héran aux parents incarnés par Mathieu Demy et Sophie Cattani)
Pour Arakki avec Kaboom, à l’image d’un Xavier Dolan, d’un Christophe Honoré… ces questions de genre ne sont plus le sujet central mais une donnée dans un récit, dans une imbrication de sentiments divers. Là le nœud dramatique, ce qui crée la tension est essentiellement est-ce que ça va se savoir ? est-ce que les autres vont découvrir son secret ? c’est intéressant d’un point de vue théorique, l’idée que c’est l’extérieur, la société qui crée un problème là où il n’y en pas, il s’appelle Mickaël et pourquoi pas ? Sauf qu’au niveau du déroulement du récit, elle en fait une question, un enjeu émotionnel et donc aussi un problème, et elle fait participer le spectateur à ce jeu là, vont-ils le découvrir, à quel moment, etc.
Bien sûr ces questions ne sont pas souvent traitées et c’est heureux que Céline Sciamma s’en empare, mais ce qui qui sera encore plus heureux, ce sera quand ces questions ne seront plus traitées comme telles mais comme une réalité dans un film qui parlera d’autre chose, d’amour, de relations, de famille, de la vie, de la tristesse, etc.
Un film important par sa mise en scène mais il me plairait de voir un film de Céline Sciamma où sans changer d’univers, sans cesser d’aborder ces questionnements, plus d’air passe, où elle ferait plus confiance à son regard (elle peut se le permettre) sans qu’elle sente la nécessité de se camoufler derrière une idée théorique.
Tomboy de Céline Sciamma, France, 2011 avec Zoé Héran, Malonn Lévana, Jeanne Disson, Sophie Cattani, Mathieu Demy

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Scott Pilgrim d’Edgar Wright http://enrevenantducinema.fr/2010/11/12/le-melange-des-genres/ http://enrevenantducinema.fr/2010/11/12/le-melange-des-genres/#respond Fri, 12 Nov 2010 17:48:30 +0000 http://enrevenantducinema.free.fr/?p=96 Le mélange des genres

Comme American Splendor, Scott Pilgrim travaille à adapter le langage de la bande dessinée (l’histoire est issue de comics) à la grammaire cinématographique, le film … Lire la suite...

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Le mélange des genres

Comme American Splendor, Scott Pilgrim travaille à adapter le langage de la bande dessinée (l’histoire est issue de comics) à la grammaire cinématographique, le film reprend aussi les codes des jeux vidéos, plongeant dans la vague des teen-movies et des films sur les geeks. Ellipses fréquentes, split screen, textes s’inscrivant sur l’écran, descriptions en quelques mots des nouveaux personnages, onomatopées qui défilent quand le téléphone sonne, bandes dessinés apparaissant pour les flashbacks, combats directement inspirés de jeux type Street Fighter, cœurs qui se dessinent lorsque les héros s’embrassent, les trouvailles sont constantes, une porte peut se trouver posée au milieu de nulle part et dès que le héros parle d’un endroit où il va il s’y retrouve immédiatement dans le même plan séquence, etc. Ces effets sont le cœur même du film, son objet, sa raison d’être théorique, et le réalisateur Edgar Wright les manie avec une telle vitesse, et une telle fluidité que l’ensemble est très cohérent. Le tout accompagné d’une musique indie entrainante et de qualité.
L’étrangeté vient d’un hiatus entre cette mise en scène explosive, ce montage frénétique (qui rappelle certains Tsui Hark du genre Time and Tide) et le sujet du film, soit l’amour naissant entre deux post-ados tout en balbutiement, en hésitation, incarné par des acteurs, Michael Cera et Mary Elizabeth Winstead au jeu indolent et hébété, aux gestes maladroits et touchants. Le film aborde des sujets comme : comment faire avec le passé d’une personne nouvellement aimée, comment faire le deuil d’une relation, comment rompre, etc. avec délicatesse.
Le film a ses limites, la succession de batailles entre le héros et les ex de sa petite amie devient lassante et redondante alors qu’on aimerait s’arrêter un peu plus sur ce qui se passe entre Scott et Ramona, et aussi sur les personnages secondaires qui sont bien dessinés mais dont l’auteur ne fait finalement pas grand chose.
Même imparfait, ce film, comme le récent Kaboom de Gregg Araki montre comment le cinéma américain sait se bâtardiser, se métisser avec les autres arts pour se renouveler.
Scott Pilgrim, Scott Pilgrim vs the world, de Edgar Wright, EU, 2010, avec Michaël Cera, Mary Elizabeth Winstead…

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Kaboom de Gregg Araki http://enrevenantducinema.fr/2010/11/06/en-route-pour-la-joie/ http://enrevenantducinema.fr/2010/11/06/en-route-pour-la-joie/#respond Sat, 06 Nov 2010 14:34:18 +0000 http://enrevenantducinema.free.fr/?p=38
En route pour la joie

Kaboom est un mix de la pop-culture américaine, film de campus, film d’horreur, série B, série télé de Heroes aux rythme sitcomesque des dialogues, du … Lire la suite...

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En route pour la joie

Kaboom est un mix de la pop-culture américaine, film de campus, film d’horreur, série B, série télé de Heroes aux rythme sitcomesque des dialogues, du pop-art de Warhol, une esthétique gay tendance kitsch, des emprunts à Lynch dans ces plans de vers ou de vomi, à Verhoeven pour ces visages américains lisses et propres, où à la littérature de Brett Easton Ellis ou de Jay McInerney.
Ce mélange transgenre donne l’impression d’un joyeux bordel pourtant l’ensemble est très maîtrisé avec un travail sur le son qui nous maintient dans un état d’étrangeté permanent, ces plans sur les fenêtres des immeubles, sur les pelouses du campus qui sont très beaux, l’auteur a aussi un grand sens du rythme et nous emmène avec excitation jusqu’à la fin.
C’est un film bâtard qui joue sur notre connaissance de cette culture américaine dominante, il y un travail impressionnant sur le retranchement, il n’y a plus besoin de faire vivre un lieu, on est dans l’épure totale du cadre, seulement des fonds colorés, un corps, une table pour créer l’illusion d’une cafétéria, quelques personnes qui s’agitent pour une fête, un long couloir puis un lit et un ordinateur pour une chambre universitaire, etc. nul besoin d’en montrer plus, ces lieux existent tellement dans l’imaginaire collectif à force d’avoir été vus que le spectateur peut créer le reste avec ses souvenirs, mais ces lieux finissent aussi par ne pas exister, nous sommes partout et nulle part à la fois, on pourrait penser qu’il existe un hors-champ, mais on devine que celui-ci n’est guère différent de ce que l’on voit, qu’on est dans la répétition du même, les effets spéciaux aussi sont des épures de ceux qu’on connait, de ceux qu’on a déjà vu.
La culture pop américaine a tout écrasé, le culte du cool aussi, il suffit de voir les horribles Juno ou Little Miss Sunshine pour s’en persuader, c’est peut-être cela la fin du monde, l’uniformisation du cinéma et par ce biais des comportements humains, ce n’est peut-être pas un hasard si à chaque réveil du héros, on a l’impression de voir la Terre dans ses yeux bleus.
Ainsi si les « méchants » sont les hétéros musclés soumis au patriarcat et à un ordre nouveau qu’on imagine plutôt ancien, Gregg Araki regarde ses héros avec une douce ironie, ils sont à distance de ce qu’ils voient, ils ne semblent pas présents au monde, on ne sait jamais vraiment quand ils sont défoncés ou quand ils ne le sont pas, ils sont déjà absents, comme englués dans cette univers pop.
Si certains y verront une ode à la jouissance sous toutes ces formes en attendant la fin, on peut y voir aussi une vision morbide d’une jeunesse américaine mutante transformée en zombies consommant le sexe comme on fait un bon repas dans un espace temps figé et anxiogène.
Tout est ouvert, tout est possible, au spectateur d’y projeter sa joie, son humour ou ses angoisses.
Kaboom de Gregg Araki, EU, 2010 avec Thomas Dekker, Juno Temple, Roxane Mesquida…

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