en revenant du cinéma» Greta Gerwig http://enrevenantducinema.fr regards croisés sur le cinéma Thu, 09 May 2013 18:16:32 +0000 fr-FR hourly 1 http://wordpress.org/?v=3.5.1 Lola versus de Daryl Wein http://enrevenantducinema.fr/2012/11/29/lola-versus-de-daryl-wein/ http://enrevenantducinema.fr/2012/11/29/lola-versus-de-daryl-wein/#comments Thu, 29 Nov 2012 14:42:55 +0000 Baptiste Madamour http://enrevenantducinema.fr/?p=1347 Versus le cinéma

Parfois on voit un film pour un acteur, pour une actrice. Ainsi il est agréable de retrouver Greta Gerwig, qui était impressionnante dans les beaux Greenberg et Damsels in distress, dans cette histoire d’une femme qui se fait quitter peu de temps avant son mariage, couche ensuite avec un ami commun au couple, couche avec son ex, … Lire la suite...

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Versus le cinéma

Parfois on voit un film pour un acteur, pour une actrice. Ainsi il est agréable de retrouver Greta Gerwig, qui était impressionnante dans les beaux Greenberg et Damsels in distress, dans cette histoire d’une femme qui se fait quitter peu de temps avant son mariage, couche ensuite avec un ami commun au couple, couche avec son ex, hésite, se sent perdue, est-ce qu’on s’aime encore, ou non, mon dieu que la vie est compliquée, etc.
Il ne se passe pas grand chose, ce qui n’est pas grave en soi, il existe de nombreux grands films où il ne se passe pas grand chose d’un point de vue narratif, mais là il ne se passe pas grand chose surtout au niveau de la mise en scène. Il n’y a aucune scène touchante, aucun plan intéressant, on a, ici, souvent critiqué les mises en scène voyantes, tape à l’œil, pour le coup, ce n’est pas le cas mais Daryl Wein ne sait pas filmer un visage, un échange autour d’un café, une fête ou la peau de deux corps qui s’étreignent, c’est de la simple illustration, tout est enrobé de joliesse, alors rien ne vibre, même les figurants sont mauvais. L’héroïne fait sa thèse sur le silence dans la littérature, c’est peut-être un sous-texte mais il n’y a pas de silence dans ce film, juste du remplissage.
Sinon on retrouve les amis cools et décalés qui parlent crûment comme si c’était une marque de rébellion, comme s’il était encore transgressif de dire vagin, se faire baiser, etc., des parents cools, genre post-hippie, mais tellement sympas, tout est de bon goût, on cite Mallarmé et le Parrain, la musique indie-pop nappe, au sens d’un nappage épais, toutes les scènes, surtout celles où il est sensé y avoir de l’émotion, le seul truc original est qu’on n’ait pas le droit à une fin qui montrerait l’héroïne trouvant enfin le prince charmant.
Ça se voudrait charmant, le film léger avec de petites touches mélancoliques qui est en fait plus profond qu’il en a l’air, mais ça ne l’est pas, c’est juste sans intérêt, juste un nouvel exemple de formatage d’un certain cinéma étasunien aux oripeaux de l’indépendance, avec sa coolitude, sa verdeur des dialogues, ses atermoiements amoureux, New-York, ses rues, ses cafés, mais aucune aspérité, aucun souffle qui ne trouble.
Et Greta Gerwig ? Elle est très bien, arrive à traduire plusieurs émotions sans jamais en rajouter, avec ce mélange de gaucherie et de grâce qui vient en partie de cette gaucherie, mais non, parfois ça ne suffit pas pour sauver un film.
Lola versus de Daryl Wein, EU, 2012 avec Greta Gerwig, Joel Kinnaman, Zoe Lister-Jones, Hamish Linklater…

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Damsels in distress de Whit Stillman http://enrevenantducinema.fr/2012/10/19/damsels-in-distress-de-whit-stillman/ http://enrevenantducinema.fr/2012/10/19/damsels-in-distress-de-whit-stillman/#comments Fri, 19 Oct 2012 17:15:10 +0000 Baptiste Madamour http://enrevenantducinema.fr/?p=1126 Une délicate détresse

Damsels in distress se passe presque entièrement sur un campus étasunien avec ses associations, ses fraternités, un groupe de filles qui s’occupent d’une association pour prévenir les suicides dissertent sur la vie, l’amour, etc. Tout paraît familier mais tout est décalé, les héroïnes essaient d’empêcher les suicides grâce à des donut ou des savons, des étudiants qui … Lire la suite...

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Une délicate détresse

Damsels in distress se passe presque entièrement sur un campus étasunien avec ses associations, ses fraternités, un groupe de filles qui s’occupent d’une association pour prévenir les suicides dissertent sur la vie, l’amour, etc. Tout paraît familier mais tout est décalé, les héroïnes essaient d’empêcher les suicides grâce à des donut ou des savons, des étudiants qui se forment au métier d’enseignant ratent leur suicide en sautant du premier étage de leur université, un étudiant cinéphile converti au catharisme ne pratique que la sodomie pour être conforme avec sa religion, un autre ne sait pas reconnaître les couleurs parce que ses parents élitistes lui ont fait sauter les classes où il aurait dû les apprendre.
On pourrait être dans une comédie mais le cinéaste ne cherche pas le gag, il cherche l’absurde, les personnages ne cessent d’échafauder des théories, les discussions s’enchainent sans avoir vraiment de sens évident. Le ton est léger alors que le fond est sombre, les héroïnes regardent ce qui les entourent avec détachement comme blasées, trop lucides sur ce qui les attend dans la vie. Il faut beaucoup de talent aux actrices pour rendre émouvantes ces étudiantes absentes à elles-mêmes. La mise en scène fluide et élégante caresse ces visages en douceur.
Ce qui intéresse le cinéaste c’est de créer un monde irréel, le film paraît intemporel, il a gommé tous les signes de modernités (écrans, téléphones, etc.), les tenues pourraient dater des années 60, voir être plus anciennes, nous sommes dans un lieu clos qui apparaît comme un éden, ainsi lorsque Violet (incarnée par Greta Gerwig, déjà impressionnante dans le Greenberg de Noah Baumbach) s’échappe du campus, un plan la montre descendre un escalier qui s’enfonce sous terre, puis un plan la montre remonter cette escalier avant le retour au campus, l’ailleurs n’existe pas vraiment. La luminosité et les couleurs vives du film renforcent cette impression paradisiaque.
Ce lieu clos n’est pas un espace réel c’est un espace mental, l’espace de la cinéphilie, le titre du film emprunte celui d’un film de George Stevens avec Fred Astaire, deux personnages s’embrassent devant Baisers volés de Truffaut, on y parle de la nouvelle vague mais on pense aussi aux comédies musicales de Demy, de Minelli… Le film s’inscrit aussi parmi une famille de cinéastes contemporains comme Wes Anderson qui partage son dandysme, la même minutie dans la composition des plans et cet humour déceptif très particulier, ces étudiantes, qui marchent dans leur robe claire, baignées de soleil, rappellent les sœurs de Virgin Suicides (avec le thème du suicide abordé d’un autre angle) de Sofia Coppola, on peut retrouver le Kaboom de Gregg Araki… On pourrait parler d’une famille de cinéastes pop, qu’on retrouve en France dans le Mods de Serge Bozon. Ces films ont en commun le même regard délicat sur des personnages en inadéquation avec la société, qui ne se révoltent pas et cherchent à créer leur propre univers à côté en assistant à la décadence du monde.
Toutes ces références ne sont pas là pour donner des signes de reconnaissance aux cinéphiles, elles sont le sujet du film, face à l’ennui, à la tristesse, le cinéma est le lieu qui permet d’accepter de vivre, qui permet de respirer, de s’échapper, Violet parle des claquettes comme du meilleur moyen pour sortir de la dépression, on peut voir cela comme la métaphore du cinéma pour Whit Stillman. C’est pourquoi ces scènes de comédie musicale qui clôturent le film sont particulièrement émouvantes, elles sont le moyen de s’extraire de la pesanteur des choses.
Damsels in distress de Whit Stillman, EU, 2012 avec Greta Gerwig, Analeigh Tipton, Carrie MacLemore, Megalyn Echikunwoke…

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