en revenant du cinéma» Leos Carax http://enrevenantducinema.fr regards croisés sur le cinéma Wed, 08 May 2013 22:37:41 +0000 fr-FR hourly 1 http://wordpress.org/?v=3.5.1 Cloud Atlas de Lana et Andy Wachowski et Tom Tykwer http://enrevenantducinema.fr/2013/03/13/cloud-atlas-de-lana-et-andy-wachowski-et-tom-tykwer/ http://enrevenantducinema.fr/2013/03/13/cloud-atlas-de-lana-et-andy-wachowski-et-tom-tykwer/#comments Tue, 12 Mar 2013 22:34:00 +0000 Baptiste Madamour http://enrevenantducinema.fr/?p=1453 La baisse tendancielle du taux de profit

Cloud Atlas se présente comme une expérience, six histoires qui s’entremêlent dans différents lieux, différentes époques, une narration parallèle éclatée, du XIXème siècle à un futur lointain. Six histoires mais il pourrait y en avoir huit, douze, peu importe, ce qui se joue ici est uniquement une logique d’accumulation. Déjà il a fallu … Lire la suite...

]]>
La baisse tendancielle du taux de profit

Cloud Atlas se présente comme une expérience, six histoires qui s’entremêlent dans différents lieux, différentes époques, une narration parallèle éclatée, du XIXème siècle à un futur lointain.
Six histoires mais il pourrait y en avoir huit, douze, peu importe, ce qui se joue ici est uniquement une logique d’accumulation. Déjà il a fallu trois cinéastes, les frère et sœur Wachowski se sont alliés au tâcheron Tom Tykwer qui avait commis le calamiteux Cours, Lola cours, ensuite il y a une volonté de faire se croiser différents genres, le film d’aventure en bateau, la farce dans une maison de retraite, le cinéma victorien à la James Ivory, avec homosexualité, rapport de maître à élève, la science fiction qui emprunte au film Soleil Vert, explicitement cité, la série B post-apocalyptique, etc. ça pourrait être ludique, ça pourrait être la preuve d’une grande ambition formelle, ça montre surtout une volonté de puissance, une façon de dire « nous pouvons tout faire, n’importe quel genre, nous pouvons imiter le cinéma de n’importe quel pays, anglais, coréen, nous n’avons pas besoin de vous, nous sommes les maîtres du monde ! »
Les blocs de films se superposent, les uns après les autres sans raison, sans enjeu autre que celui de bâtir la tour la plus haute de la ville, les réalisateurs ne cherchent pas à donner de la vie à ce qu’ils filment, ne cherchent pas à créer de l’émotion, ils espèrent juste écraser le spectateur par la multiplication des images, des signes de reconnaissance, des plans.
Ainsi la mise en scène est peu inspirée pour assembler ces différentes histoires, il faut aller vite, il s’agit de ne pas perdre son temps, donc tout est formaté pour être efficace, ça marche parfois comme par exemple dans les scènes futuristes du Néo-Séoul, c’est souvent de simple champ contre-champ avec des travellings avant sur les visages pour donner une impression de mouvement pour les scènes trop statiques, le tout accompagné d’une musique omniprésente pour créer un semblant d’intensité. Le montage entre les différents époques est souvent simpliste, un démarrage de voiture à telle époque succède à un autre démarrage de voiture à une autre époque, un personnage regarde la vue du haut d’une montagne, suit un personnage surplombant la vue d’une ville, bref nous sommes souvent dans un processus de rime assez facile et peu inventif.
De même la « philosophie » du film, censée donner du sens à l’ensemble, est une accumulation de concepts. L’idée est de montrer la responsabilité des actes de chaque homme par rapport aux autres, ce qui se transmet, avec des correspondances entre les époques et les lieux comme le faisait de façon beaucoup plus limpide et forte Kieslowski (comme dans la Double Vie de Véronique par exemple) mais contrairement à ce dernier le discours ici est suffisamment nébuleux pour ne jamais déplaire ni questionner, est-ce un film de combat politique où il faut se libérer des chaînes qui nous entravent, des rapports de dominations (les personnages d’esclaves dans le passé et le futur, les noirs, les homosexuels, les vieux, etc.) ? Est-ce un film mystique qui parle du cosmos où tout est dans tout, tout est connecté, les êtres vivants sont reliés à travers les époques, avec l’idée de la réincarnation, etc. ? Un film chrétien, avec ces figures christiques, prophétiques à de nombreux moments du film ? Un film qui peut plaire aux romantiques, puisque ce qui relit les hommes avant tout, c’est l’amour ? Ça peut être tout ça à la fois, ou autre chose, le but est que tout le monde s’y retrouve, sans véritable choix. Comme nous sommes dans l’apparence du cinéma, nous sommes dans l’apparence de la pensée, on cite Soljenitsyne et Castaneda mais sans en dire quoi que ce soit, sans rien remettre en cause.
On assiste ainsi à une performance, mais hélas pas au niveau de l’expérimentation, ce qui aurait pu avoir son intérêt mais plutôt dans le sens d’une performance sportive, aller plus loin, plus vite, en faire toujours plus, ce qu’on retrouve dans le fait que chaque acteur incarnent différents personnages. Cela a bien sûr un sens dans l’idée du film, sur ce qui se transmet d’une époque à l’autre, d’une personne à l’autre, mais ça semble surtout un moyen de montrer que ce sont des acteurs qui peuvent tout jouer. Ce ne sont que des signes, des postiches bien collés sur des visages. Tom Hanks est souvent mauvais, en rajoutant des tonnes, les autres, Halle Berry, Doona Bae, Ben Whishaw… apportent plus de convictions à leur jeu, arrivant parfois à donner de la consistance à des personnages peu dessinés, peu désirés. Nous sommes là encore dans la démonstration de force.
Pourtant s’attaquer à l’histoire du cinéma dans une posture post-moderne tout en étant grand public, ça aurait pu être intéressant, en écho à de nombreux films récents plus modestes (en moyen évidemment, pas en talent) du Tabou de Gomes qui revisite le cinéma muet et la mémoire du cinéma à Holly Motors de Leos Carax avec Denis Lavant jouant différents personnages, traversant là aussi des univers variés, mais ces cinéastes y mêlaient une vision personnelle avec une mise en scène, un regard sur le monde et le cinéma, une mélancolie, une réelle cinéphilie.
On en espérait pas tant ici mais on pouvait espérer le mouvement de la grande roue, ou le jeu d’un mindfuck avec twist final foireux qui nous permettrait de tout comprendre autrement, on pouvait au moins espérer le simple plaisir de se laisser emporter par le flot du spectacle comme sait parfois le provoquer les produits de l’industrie hollywoodienne.
La machine tourne à vide, si le film a un intérêt c’est de montrer ainsi, par l’absurde, la logique mortifère d’une accumulation capitaliste en perte totale de sens.
Cloud atlas de Lana et Andy Wachowski et Tom Tykwer, 2013, EU avec Tom Hanks, Halle Berry, Jim Broadbent, Doona Bae…

]]>
http://enrevenantducinema.fr/2013/03/13/cloud-atlas-de-lana-et-andy-wachowski-et-tom-tykwer/feed/ 2
Holly motors de Leos Carax http://enrevenantducinema.fr/2012/08/19/holly-motors-de-leos-carax/ http://enrevenantducinema.fr/2012/08/19/holly-motors-de-leos-carax/#comments Sun, 19 Aug 2012 20:07:21 +0000 Baptiste Madamour http://enrevenantducinema.fr/?p=1086 Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant…

Holly motors marque le retour de Leos Carax, ce qui est une bonne nouvelle pour ceux dont Boys meet girls et Mauvais sang ont marqué les débuts cinéphiliques, ceux pour qui écouter Modern Love de David Bowie donne envie de courir en se frappant le ventre. Il faut une certaine prétention pour … Lire la suite...

]]>
Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant…

Holly motors marque le retour de Leos Carax, ce qui est une bonne nouvelle pour ceux dont Boys meet girls et Mauvais sang ont marqué les débuts cinéphiliques, ceux pour qui écouter Modern Love de David Bowie donne envie de courir en se frappant le ventre.
Il faut une certaine prétention pour réaliser un film monstre comme Hollly motors, un film qui contient de nombreux films, dont les films précédents de Carax, un film qui voudrait embrasser toute l’histoire du cinéma, mais ne faut-il pas une certaine prétention pour devenir artiste, pour se montrer ainsi aux gens. Carax assume aujourd’hui son statut de cinéaste poète maudit, joue avec lui, et vient face à nous, nu.
Ce pourrait être un film à sketchs mais il a une grande cohérence, derrière un film qui porterait un discours sur les nouvelles images, la virtualité, la disparition des machines et de l’homme, en apparaît un autre plus intéressant qui donne envie de faire un pas de côté pour voir (et lorsqu’on dit voir on veut dire voir et entendre) le monde autrement mais aussi le cinéma autrement et aussi sa propre vie autrement, il laisse suffisamment d’espace au spectateur pour qu’il projette sur les morceaux de vie montrés (avec une capacité impressionnante à nous plonger dans ces vies dont nous ne connaissons rien du passé, du futur ni rien des personnages en présence) ses propres souvenirs personnels et cinéphiliques. Chacun ainsi pourra être touché par une scène plus que par une autre mais il ne pourra qu’être surpris par toutes.
Carax travaille sur le déjà vu, et le glissement vers autre chose. Les scènes semblent familières par la façon qu’il a de filmer des routes, une banlieue pavillonnaire, l’intérieur d’un cinéma, la motion capture, une vieille mendiante sur un pont, etc. Scènes déjà vues parce que déjà vécues, soit par expérience soit parce que vues dans tel ou tel film, lues dans tel roman, etc. mais dont le déroulement est perturbé à  chaque fois. Tout semble alors mouvant.
Ainsi la dernière incarnation de monsieur Oscar est en cela exemplaire, cet homme qui rentre du travail dans une ville où toutes les maisons se ressemblent, cet homme fatigué qui rentre dans son foyer, ouvre la porte en disant « c’est moi », cette scène d’une grande banalité, déchirante par sa banalité même, est accompagnée par la chanson Revivre de Manset qui élargit la scène et sa signification, la rendant encore plus universelle. Ensuite nous découvrons que sa famille est composée de grands singes mais ce petit détail n’empêche pas la scène d’être classique, Oscar monte à l’étage de sa maison et regarde le dehors par la fenêtre avec les autres membres de sa famille, ce petit changement nous interroge sur ce que l’on voit, est-ce que c’est différent ou non pour autant ?, la présence des singes changent-elles quelque chose ?
De même dans une voiture un père parle avec sa fille qui sort de sa première fête, on imagine la fille inventant un mensonge parce que n’assumant pas sa timidité, n’assumant pas ce qu’elle est. Nous sommes alors dans un film réaliste français, sur la complicité père fille, pourtant le comportement du père diffère, alors qu’on pensait se retrouver face à un père compréhensif et aimant, il se trouve d’une dureté sèche, comme si la question n’était plus ce qui se passe à ce moment précis, mais une vision plus large des rapports humains où la punition d’une jeune adolescente sera d’être elle-même.
Ce sont ces décalages qui créent une excitation permanente, pendant tout le film on n’est jamais sûr de ce que l’on voit, ainsi Carax nous pousse à nous interroger sur notre regard, à considérer que la réalité de ce que l’on voit n’existe que par notre perception construite, et qu’il pourrait être libérateur et révolutionnaire de prendre le temps de regarder le monde différemment.
Holly motors de Leos Carax, Fr, 2012 avec Denis Lavant, Edith Scob, Eva Mendes, Kylie Minogue, Elise Lhomeau…

]]>
http://enrevenantducinema.fr/2012/08/19/holly-motors-de-leos-carax/feed/ 0