en revenant du cinéma» Valérie Donzelli http://enrevenantducinema.fr regards croisés sur le cinéma Thu, 09 May 2013 18:16:32 +0000 fr-FR hourly 1 http://wordpress.org/?v=3.5.1 Contagion de Steven Soderbergh http://enrevenantducinema.fr/2011/11/05/loeil-de-lempire/ http://enrevenantducinema.fr/2011/11/05/loeil-de-lempire/#comments Sat, 05 Nov 2011 18:45:38 +0000 Baptiste Madamour http://enrevenantducinema.fr/?p=659 L’œil de l’empire

Le film déroule un programme minimum, il y a un virus, ça tue des gens, on cherche un vaccin, on le trouve, voilà c’est emballé. Il n’y a rien d’autre dans ce film à part quelques vagues micros histoires que Steven Soderbergh ne se prend pas la peine de suivre, comme cette épidémiologiste qui se fait enlever, … Lire la suite...

]]>
L’œil de l’empire

Le film déroule un programme minimum, il y a un virus, ça tue des gens, on cherche un vaccin, on le trouve, voilà c’est emballé. Il n’y a rien d’autre dans ce film à part quelques vagues micros histoires que Steven Soderbergh ne se prend pas la peine de suivre, comme cette épidémiologiste qui se fait enlever, ou cet adepte des complots caricatural, le cinéaste n’en fait rien, n’invente rien. Peut-être son ambition est de nous emmener dans un mouvement de film de guerre contre la maladie mais il semble tellement peu convaincu par ce qu’il filme que le tout provoque un ennui profond et l’impression d’un vaste foutage de gueule. (Comme film de guerre contre la maladie, le film de Valérie Donzelli La guerre est déclarée est d’un intérêt autant supérieur que le coût du film est inférieur)
L’idée du virus c’est aussi la vision d’une mondialisation capitaliste où le virus se transmet très vite du fait des voyages, du commerce, etc. et des mains qui se serrent, en parallèle à la rumeur qui du fait d’internet se diffuse très vite. Ainsi il filme de nombreux endroits dans le monde mais ceux qui découvrent le remède restent des étasuniens parce que bon, il ne faut pas déconner, on veut bien aller voir ailleurs mais on est quand même les sauveurs de l’humanité.
Qu’est-ce que ça dit du monde ? Que tout est interconnecté, quelle révélation ! Demonlover qui n’était pourtant pas le meilleur film d’Olivier Assayas le disait beaucoup mieux.
Qu’est-ce que Contagion dit du cinéma ? Euh… vous avez une autre question ? On assiste à une accumulation de plans (là aussi en réponse à l’accumulation du capital ?) assez pauvres qui semblent ne jamais découler d’un choix, d’un point de vue, juste des images de nombreux lieux, comme issues de téléphones portables, filmés par des amateurs. On pourrait penser que c’est un travail sur l’impureté des images dans une grande machinerie hollywoodienne mais encore faudrait-il que ça crée quelque chose. Soderbergh, en petit malin qu’il est, se cache derrière l’idée de la disparition de l’auteur pour faire un film paresseux, sans regard, sans tension, sans scénario, sans un plan intéressant, sans une seule scène forte, l’esnemble est plutôt fluide mais ça tourne à vide.
Soderbergh reste dans sa position de démiurge, il filme la fin du monde en se cachant, il filme la mort qui se propage en ne s’impliquant à aucun moment, juste en y mettant beaucoup de frics, en faisant tourner des stars pour appâter le chaland.
Mais même les acteurs semblent perdus, Matt Damon, pouvant par sa seule présence apporter de la consistance à un film, fait le minimum de ce qu’il sait faire, Jude Law est assez mauvais mais il n’est pas aidé par le personnage ridicule qu’il doit jouer, seule Kate Winslet apporte un peu d’incarnation et de vie mais elle disparaît assez vite, éjectée du film pour on ne sait quelle raison. Prendre des acteurs aussi talentueux que Matt Damon, Gwyneth Paltrow, Laurence Fishburne… pour leur donner si peu à faire, pour les aimer si peu est vraiment un caprice de riche. Ainsi le véritable sentiment que dégage ce film sur la mondialisation est celle du fric triomphant et écrasant tout sur son passage.
On sait que Soderbergh aime alterner film de commande et film plus personnel, mais à la différence d’un Gus Van Sant mettant autant de sincérité et de passion dans Gerry que dans Will Hunting, Soderbergh tourne ses films de commande avec un air de « je suis au-dessus de ça » assez déplaisant par son dédain pour la chose filmée autant que pour le spectateur. Il est un cinéaste qui n’a pas l’honnêteté de faire quelque chose de son savoir-faire, ne voulant pas se salir les mains à travailler le spectacle, l’émotion et se retrouvant à ne rien faire du tout, il se cloître dans une posture de cinéaste post-moderne à distance de son film et de ses spectateurs, un cinéaste méprisable à force d’être méprisant.
Contagion de Steven Soderbergh, EU, 2011 avec Matt Damon, Laurence Fishburne, Kate Winslet, Jude Law…

]]>
http://enrevenantducinema.fr/2011/11/05/loeil-de-lempire/feed/ 0
Belleville Tokyo d’Elise Girard http://enrevenantducinema.fr/2011/06/14/le-desamour/ http://enrevenantducinema.fr/2011/06/14/le-desamour/#comments Mon, 13 Jun 2011 22:49:55 +0000 Baptiste Madamour http://enrevenantducinema.fr/?p=386

Le désamour

Un film français sur une séparation, sur l’amour qui n’est plus là et la haine, l’incompréhension qui le remplacent. Il y avait peu de monde dans la salle de cinéma ce vendredi pour cette deuxième semaine après la sortie du film, on imagine les commentaires « encore un petit film français sur un homme et une femme qui s’aiment … Lire la suite...

]]>

Le désamour

Un film français sur une séparation, sur l’amour qui n’est plus là et la haine, l’incompréhension qui le remplacent. Il y avait peu de monde dans la salle de cinéma ce vendredi pour cette deuxième semaine après la sortie du film, on imagine les commentaires « encore un petit film français sur un homme et une femme qui s’aiment puis ne s’aiment plus », l’antienne habituelle des spectateurs français, comme si ce sujet de la séparation, du temps qui use l’amour, de la non-reconnaissance de l’autre qu’on croyait connaître, de la violence qui en découle, etc., ne pouvait être un sujet intéressant, comme si ce sujet n’était pas fondamentale. Cette idée de représenter un cinéma de plus en plus minoritaire est inscrite dans l’histoire de ce film dont les protagonistes sont dans le milieu cinématographique (ainsi cette cinémathèque qui prend l’eau), cela participe à l’émotion qui s’en dégage. Élise Girard continue de faire ce cinéma qu’elle, et nous avec elle, aime même si la mode est au spectaculaire, à l’épate, à la performance, même si ce cinéma là est peut-être en train de mourir. Elle arpente cette page du cinéma français qui sait filmer un sujet minimal dans un lieu (Belleville qui n’est pas filmé comme un décor mais simplement, avec évidence) et un milieu donnés pour toucher à l’universel. Cela donne un film à l’abord peu aimable, faisant sienne l’idée très « nouvelle vague » que la question n’est pas de chercher à faire un bel objet mais une œuvre vivante, elle ne nous prend pas par la main pour nous mener dans son histoire, son montage rapide et elliptique ne nous permet pas d’être happés immédiatement, de même, elle ne cherche pas le naturel, les acteurs jouent en ne cachant pas qu’ils jouent, des regards-caméras à un jeu décalé toujours à la limite de la fausseté, loin de cette idée réactionnaire qu’il faut toujours que « ça ait l’air vrai ». Ainsi cette scène, à priori classique du couple qui écoute une chanson qui leur rappelle le début leur histoire, il s’agit ici d’une chanson chantée par Anna Karina, le plan est fixe, les deux acteurs nous font face, ils chantonnent, rient, pleurent, sont agités de sensations contradictoires, voire de spasmes, nous pouvons imaginer les souvenirs des personnages, peut-être les souvenirs des acteurs, avec l’idée théorique de la nostalgie d’un amour liée à la nostalgie d’un cinéma incarné par Anna Karina, et nous projetons aussi nos propres sensations, nos propres souvenirs de rencontres et d’amours, c’est presque gênant et c’est bouleversant pour cette raison là même, parce que c’est bancal, parce que la scène peut s’écrouler à tout moment, parce que la vie est dans cette imperfection. Élise Girard sait aussi montrer cette femme qui se retrouve larguée dans tous les sens du terme, se retrouvant écartée du décor, le dos contre un mur à épier le monde qui continue sans elle. Cela n’est pas triste parce qu’elle trouve la combativité, la dureté pour revenir en elle et au monde. Les acteurs illuminent le film par leur étrangeté, que ce soit Valérie Donzelli, formidable comme d’habitude, Jérémie Elkaïm ou bien Jean-Christophe Bouvet et Philippe Nahon, irrésistibles en gardiens bougons du temple cinéphilique. Si Élise Girard n’a peut-être pas encore la force d’une grande cinéaste, son cinéma respire et en cette période étouffante, c’est déjà beaucoup. Belleville Tokyo d’Elise Girard, France, 2011, avec Valérie Donzelli, Jérémie Elkaïm…

]]>
http://enrevenantducinema.fr/2011/06/14/le-desamour/feed/ 0