Une voix dans la nuit
Suite à la projection de Oncle Boonmee (celui qui se souvient de ses vies antérieures) de Apichaptong Weerasethakul, il me reste une voix, celle de Thanapat Saisamar qui tient le rôle titre, une voix douce, une voix qui n’a pas peur, une voix surtout qui se mêle aux sons de la jungle, s’y perd et nous fait entrer dans la porosité du cinéma de Weerasethakul. Bien que l’oncle Boonmee sache aller vers la mort, on ne perçoit aucune violence, on perçoit un calme amusement, de même aucune intonation de surprise quand apparaissent fantôme et homme singe
Cette voix légèrement chuintante fait le lien entre le réel et les fantômes, entre le passé, le futur et présent, elle nous chuchote à l’oreille que tout va bien se passer quand la vie et sa finitude créent de l’angoisse, elle nous invite aussi dans ce cinéma vivant, vibrant, dont les plans magnifiques nous donnent l’impression d’être là au milieu du monde, elle nous invite à ressentir la nature, à entendre les bruits de la nuit, elle nous met dans un état d’éveil et d’endormissement dans le même mouvement, elle ne nous impose rien, nous propose juste de l’accompagner, avec nos propres sensations, comme sait si bien le faire le cinéma d’Apichatpong Weerasethakul. Une voix et un cinéma qui nous lavent du cynisme ambiant.
Oncle Boonmee (celui qui se souvient de ses vies antérieures), (Lung Boonmee Raluek Chat) d’Apichatpong Weerasethakul, 2009 avec Thanapat Saisamar, Jenjira Pongpas…