en revenant du cinéma» Aki Kaurismaki http://enrevenantducinema.fr regards croisés sur le cinéma Thu, 09 May 2013 18:16:32 +0000 fr-FR hourly 1 http://wordpress.org/?v=3.5.1 Curling de Denis Côté http://enrevenantducinema.fr/2011/10/27/quelques-taches-rouges/ http://enrevenantducinema.fr/2011/10/27/quelques-taches-rouges/#comments Thu, 27 Oct 2011 14:39:10 +0000 Baptiste Madamour http://enrevenantducinema.fr/?p=627 Quelques tâches rouges

Tout semble dit dès les premières scènes, une fille filmée en plan fixe qui apprend, d’un opticien qu’on ne voit pas, qu’elle va devoir mettre des lunettes alors que nous apprenons qu’elle ne va pas à l’école, puis le plan suivant, une longue route balayée par le vent et le froid où marchent cette fille et son … Lire la suite...

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Quelques tâches rouges

Tout semble dit dès les premières scènes, une fille filmée en plan fixe qui apprend, d’un opticien qu’on ne voit pas, qu’elle va devoir mettre des lunettes alors que nous apprenons qu’elle ne va pas à l’école, puis le plan suivant, une longue route balayée par le vent et le froid où marchent cette fille et son père, un policier s’arrête et s’inquiète, le père lui répond de s’occuper de ses affaires. Peu de temps après la fille dit qu’elle aime faire les magasins pour voir le monde.
Un père protège sa fille d’un extérieur qui lui fait peur, l’empêche de rencontrer des gens parce que lui-même s’en méfie, incapable de communiquer sa douleur. Il la séquestre en douceur dans sa maison. La maison est aussi le nom de la cible au curling, maison que les joueurs doivent protéger en ne laissant pas les pierres adverses y rentrer, c’est ce que veut faire ce père mais ça ne marche pas, ça ne peut pas marcher, l’extérieur, l’autre finit toujours par rentrer même si c’est en contournant.
Des lignes droites, de la neige, une mise en scène lente qui prend son temps pour capter un corps dans le paysage. Denis Côté travaille une luminosité blanche, des nuances de gris, de jaunes pâles, une dominance de couleurs froides sauf que d’autres couleurs vont teinter les plans, le rouge d’une chevelure, du sang sur un drap, le vert des vêtements d’un enfant. Ainsi la mise en scène très pensée correspond à la thématique du film.
On frôle parfois l’affectation dans la composition de certains plans où dans la façon de les commencer en ne dévoilant qu’une partie, laissant un temps avant de comprendre ce qu’on voit dans son ensemble mais ce ne sont pas que des effets cela crée aussi une étrangeté renforcée par des ellipses sèches qui fait qu’on ne sait pas toujours où on est et ce qu’on voit, des interlocuteurs qui restent hors-champs, nous plongeant dans la vision de ce drôle de couple qui ne voit plus le monde et ce qui s’y joue.
Denis Côté évite l’exercice de style en s’intéressant à ceux qu’il filme sans les juger, en prenant le temps qu’il faut pour qu’on concentre notre attention sur ces personnages qui ne sont pas que des blocs monolithiques même s’ils gardent à la fin du film une grande part de leur opacité. On pense parfois à Aki Kaurismaki pas du fait de la neige, du froid mais dans le travail sur les plans fixes, les à-plats de couleur et aussi dans ce regard sur ces hommes et femmes taiseux même si le cinéaste finlandais est moins sec et y rajoute un humour humaniste et désespéré.
L’interprétation d’Emmanuel et Philomène Bilodeau apportent beaucoup de douceurs à leur personnages aux frontières de la folie, les autres acteurs Roc LaFortune et Sophie Desmarais par leur vitalité empêchent le film d’être trop suffocant.
Curling de Denis Côté, Canada, 2010 avec Emmanuel Bilodeau, Philomène Bilodeau, RocLafortune, Sophie Desmarais…

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Drive de Nicolas Winding Refn http://enrevenantducinema.fr/2011/10/03/sortie-de-route/ http://enrevenantducinema.fr/2011/10/03/sortie-de-route/#comments Mon, 03 Oct 2011 00:52:14 +0000 Baptiste Madamour http://enrevenantducinema.fr/?p=549 Sortie de route

Il existe certains mystères dans l’existence, l’un d’en entre eux est de savoir comment Drive a pu être sélectionné au dernier festival de Cannes et en remporter le prix de la mise en scène. Après tout ce n’est que l’avis d’un jury mais ça reflète ce que certains considèrent comme de la mise en scène. Cela pourrait … Lire la suite...

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Sortie de route

Il existe certains mystères dans l’existence, l’un d’en entre eux est de savoir comment Drive a pu être sélectionné au dernier festival de Cannes et en remporter le prix de la mise en scène. Après tout ce n’est que l’avis d’un jury mais ça reflète ce que certains considèrent comme de la mise en scène.
Cela pourrait être vu comme une très petite série B avec quelques scènes réussies, d’ailleurs ça commence plutôt bien avec un braquage filmé de façon très efficace, une autre scène est assez belle, le héros, joué par Ryan Gosling qui ressemble vaguement à Stan Laurel en moins charismatique, embrasse sa protégée (incarnée par Carey Mulligang) dans un ascenseur avant de tuer le troisième occupant de l’habitacle dans un mouvement plutôt fluide, on peut aussi sauver une fusillade brutale dans un hôtel qui dure peu de temps mais qui surprend.
Sinon nous ne sommes que dans la pose, le réalisateur sait filmer une voiture qui roule, ce qui n’arrive pas si souvent hélas, par contre il ne sait pas comment filmer le reste, les discussions, les engueulades, l’attente, la relation entre un enfant et le héros, les regards amoureux. Il pense que pour faire un plan il faut toujours trouver un truc, faire un effet, il n’abuse pas des mouvements de caméra, c’est un artiste, il est au-dessus de ça, par contre il aime mettre la caméra à un endroit particulier, faire de longs plans fixes très (trop, beaucoup trop) composés ou de légers travellings, il ne semble pas intéressé par les acteurs qui donnent du coup l’impression de s’ennuyer puisque tellement peu désirés.
Nicolas Winding Refn préfère s’amuser avec son joujou, les contre-plongées se multiplient, loin de l’idée d’un Ken Loach filmant à hauteur d’homme, là, il filme au niveau du genou (d’où on regarde le monde est un choix politique). Il cherche sans cesse à placer les corps où les visages en rapport à la ligne des décors, tables, arbres, par exemple un des protagonistes parle, il est filmé en contre plongé comme il se doit, et le réalisateur fait en sorte que sa tête se retrouve à la croisée de deux néons. Lorsqu’il fait jour, le soleil est toujours rasant pour provoquer un joli reflet dans la caméra, il abuse aussi de la profondeur de champ pour rendre impressionnant quelqu’un qui marche dans un couloir et ce qui fait qu’une simple scène dans un supermarché semble totalement artificielle alors qu’il ne se passe rien, n’oublions pas évidemment les ralentis, les flash-forwards, les plans tarabiscotés. Ainsi il filme un affrontement au milieu de miroirs et de femmes, seins nus, qui ne réagissent pas comme si elles étaient des mannequins, les corps nus, la violence, un côté kitch assumé, on sent dans cette scène tout le côté racoleur de la pose arty. Vu qu’il est incapable de filmer le frémissement entre deux personnes qui se rencontrent, l’amour naissant entre les deux personnages est tourné comme dans une publicité pour du shampoing, la mère, l’enfant, le bord de la rivière, le soleil se reflétant dans l’eau, la musique qui enrobe le tout.
Nicolas Winding Refn veut faire le coup de Taxi Driver de Martin Scorcese, le petit film violent et noir, très stylisé qui espère devenir culte, sauf que d’un côté il y a un cinéaste, de l’autre un petit malin avec un petit talent. Tout sonne faux, ça pue la prétention, le jeu des acteurs se doit d’être atone et dévitalisé, ce qui est à la mode, mais n’est pas Kaurismaki qui veut, ce dernier met de l’humanité derrière le masque de ces acteurs, là l’humanité, on s’en fout, l’humanité pour le coup c’est passé de mode, et comme c’est ça qui compte.
La musique est soit de l’indie rock pour bien confirmer que l’auteur a bon goût, soit un son strident parce que quand même il y a une sacrée tension qui se dégage, il ne faudrait pas l’oublier, même si ça fait déjà un certain temps qu’on pense à autre chose et ce ne sont pas les quelques scènes gores qui vont nous réveiller.
La lumière est souvent jaune, la ville est vue d’au-dessus pour donner cette impression de… de quoi déjà ?, une bataille a lieu en ombres chinoises pour créer une sensation de… ou peut-être pour… je cherche, je cherche, celui qui a la réponse peut nous prévenir. Bon n’en jetons plus.
Dire que le jury du festival de Canne et de nombreux critiques se sont fait avoir par ce maniérisme pompier est affligeant. Dire que des cinéastes comme Bonello ou Moretti n’ont pas eu de prix à Cannes, même pas celui de la mise en scène, alors qu’un seul plan de leur derniers film a plus de valeur que les 1h40 de Drive, l’est encore plus.
Drive de Nicolas Winding Refn, EU, 2011 avec Ryan Gosling, Carey Mulligang, Bryan Cranston…

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