cinéma de genre – en revenant du cinéma http://enrevenantducinema.fr Tue, 24 Apr 2018 20:15:36 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=4.9.8 Et pour quelques films de plus (mai 2012) http://enrevenantducinema.fr/2012/05/27/et-pour-quelques-films-de-plus-mai-2012/ http://enrevenantducinema.fr/2012/05/27/et-pour-quelques-films-de-plus-mai-2012/#comments Sun, 27 May 2012 16:50:43 +0000 http://enrevenantducinema.fr/?p=1050 Je crois avoir mis le doigt sur le secret des productions Europacorp. Quand j’étais môme, avant de m’endormir, je jouais à me faire un film. J’en étais bien évidement le Lire la suite...

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Je crois avoir mis le doigt sur le secret des productions Europacorp. Quand j’étais môme, avant de m’endormir, je jouais à me faire un film. J’en étais bien évidement le héros, mes amis les personnages secondaires, et le cadre variait selon mes influences du moment. Avec Star Trek, la science fiction, avec Mad Max 2, un monde post-apocalyptique, avec Conan, un royaume barbare. Je soupçonne Luc Besson de faire exactement la même chose. Pour l’histoire originale (rires) de Lock out, tout est parti d’une soirée vidéo entre amis. Au programme : New York 1997 et Los Angeles 2013 (son héros cynique et distancié s’appelle… Snow… et il doit sauver la fille du président), Piège de Cristal (le lieu clos, le héros seul contre tous) et Star Wars (l’assaut spatial contre la prison). Les dialogues sont lénifiants, les acteurs tous plus mauvais les uns que les autres (Ces derniers temps, Guy Pearce sabote sa carrière avec un entrain déconcertant) et le scénario est truffé d’incohérences. On en rigolerait si ça ne coûtait pas aussi cher…
Lock out
, de James Mather et Stephen St. Leger, France, 2012, avec Guy Pearce, Maggie Grace…

Attention, petite merveille! Tombé dans le limbes du « distribution Hell », c’est avec trois ans de retard – et grâce au succès interplanétaire d’Avengers, n’en doutons point – que l’excellent La cabane dans les bois de Drew Goddard débarque enfin sur les écrans. Écrit et produit par Joss Whedon, le film est une mise en abîme des codes du cinéma de genre, sauf que contrairement aux tentatives post-modernes récentes, le papa de Buffy ne prend jamais les spectateurs de haut, et ses personnages ont une vraie profondeur. Impossible d’en raconter plus, pas à cause du twist – Whedon et Goddard se chargent de l’éventer dès la première scène – mais parce que ce serait manquer de respect à ce film intelligent et original. Les aficionados auront le plaisir de retrouver des têtes connues, comme la toujours charmante Amy Acker (Angel, Dollhouse), ainsi que des thématiques déjà abordées dans Buffy contre les vampires comme l’impact des superstitions sur notre époque où la technologique laisse peu de place au folklore. Et bonne nouvelle, loin de tout tapage médiatique, cette production sans prétentions a rencontré son public.
La Cabane dans les bois
, de Drew Goddard, EU, 2009, avec Kristen Connolly, Chris Hemsworth, Fran Kranz, Bradley Whitford, Amy Acker…

Dire que j’attendais Cosmopolis avec impatience serait un doux euphémisme. Même si j’ai apprécié les trois derniers films de David Cronenberg – avec une mention spéciale pour A dangerous method – ce changement de direction inattendu m’avait un peu frustré. Tout ça manquait de chair et de défis cinématographiques à la hauteur de son talent. Avec dans ses bagages Le festin nu et Crash, adaptations jugées impossibles mais magnifiées par le réalisateur canadien, et avec une bande annonce déjantée, ce Cosmopolis était plein de promesses. Hélas, la déception fut amère. Je ne suis jamais rentré dans le film, au lieu de m’enivrer, les dialogues – repris mot pour mot du livre de DeLillo – m’ont assommé. Les fulgurances de la bande-annonce sont malheureusement les seules du film, à l’exception notable d’une scène érotique totalement barrée avec Emily Hampshire. Robert Pattinson est excellent, les décors et l’ambiance réussis, mais l’ensemble manque cruellement de consistance. Un comble pour le réalisateur de La mouche. J’ai passé la dernière demi-heure du film à regarder ma montre, alors que la veille j’aurais donné sans hésiter une livre de chair dans l’espoir de revivre les émotions que Crash m’avait procuré.
Cosmopolis, de David Cronenberg, Canada, 2012, avec Robert Pattinson, Sarah Gadon, Juliette Binoche, Mathieu Amalric…

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Le Festival des Maudits Films http://enrevenantducinema.fr/2012/01/25/le-festival-des-maudits-films/ http://enrevenantducinema.fr/2012/01/25/le-festival-des-maudits-films/#comments Wed, 25 Jan 2012 00:46:54 +0000 http://enrevenantducinema.fr/?p=745 Ah, janvier ! Les présidentiables candidatent, les paquebots longent les côtes d’un peu trop près et le cinéphile s’ennuie ferme. Cannes est déjà loin, et ce ne sont pas les Oscars … Lire la suite...

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Ah, janvier ! Les présidentiables candidatent, les paquebots longent les côtes d’un peu trop près et le cinéphile s’ennuie ferme. Cannes est déjà loin, et ce ne sont pas les Oscars qui vont le sortir de sa torpeur hivernale. Il préférera peut-être écumer un festival local, histoire de se requinquer. A Grenoble, on a du lourd avec le festival international du film de comédie de l’Alpe d’Huez (ouf !). Celui-là, le monde entier nous l’envie : un cadre magnifique, la présence de stars incontournables comme Franck Dubosc ou Michael Youn, des avants-premières en pagaille, des paillettes, du bling-bling, de la bonne humeur, une couverture médiatique indécente et même… la possibilité de croiser Michel Drucker en bas des pistes! Alléchant, non? Non…? Vous êtes sûr?! Je vois que mon lectorat a du goût, alors parlons plutôt d’un rendez-vous éminemment plus sympathique, le Festival des Maudits Films. Amateur(trice) éclairé(e) ou simple curieu(se)x, il y avait de quoi faire pour cette quatrième édition : du cinéma qui tâche, qui bouscule, qui rebute, qui étonne mais qui ne laisse jamais le spectateur indifférent. Florilège…

Jean Rollin

Excellente idée d’ouvrir le bal avec une soirée hommage à Jean Rollin, peut-être le seul réalisateur français ayant oeuvré dans le fantastique tout au long de sa carrière. Inlassablement vilipendé par la critique qui pense, il aura fallu quelques doux dingues comme Jean-Pierre Dionnet pour pointer les indéniables qualités de son cinéma et le sortir de l’indifférence générale. Comble de l’ironie et douce revanche, il eut même droit à une soirée spéciale à la sacro-sainte Cinémathèque Française en 2009. C’est sur le tournage de son dernier film, quelques mois à peine avant sa mort, que Damien Dupont et Yvan Pierre-Kaiser ont pu interviewer le réalisateur à loisir. Ils décidèrent d’en faire un documentaire et recueillirent les témoignages éclairés de ses acteurs fidèles, de Philippe Druillet, Jean-Pierre Bouyxou, de critiques français et étrangers. Que cela a dû être difficile de faire tenir 50 ans de carrière et près de 400 heures de rushs dans les 1h30 de Jean Rollin, le rêveur égaré ! Mais les familiers de l’auteur du Viol du vampire seront d’accord, le pari est réussit. En fin de projection, juste avant la diffusion du film Les démoniaques (1974), en 35mm s’il vous plaît, nous avons eu la chance de pouvoir bavarder avec les réalisateurs du documentaire et avec Simone Rollin, qui replaça savoureusement la légende dans une réalité plus terre à terre : pendant les périodes de dèche de son mari, c’est elle qui faisait bouillir la marmite avec son salaire d’enseignante.

Last Caress, de F. Gaillard et C. Robin

On peut s’étonner qu’un festival amoureux de la pellicule organise plusieurs séances autour d’un éditeur de DVD. Ce serait méconnaître la réalité commerciale du cinéma de genre. Principal pourvoyeur des cinémas de quartiers jusqu’au milieu des années 70, il peine de nos jours à attirer du monde en salle. Le « grand public » en quête de frissons préfère malheureusement plébisciter des franchises éculées comme Saw, ou ces films « minimalistes » à la Paranormal Activity – comprendre « qui n’ont pas coûté un rond mais vont en rapporter un maximum ». Et si quelques pépites parviennent tout de même jusqu’aux salles obscures, c’est avec une visibilité des plus réduite. L’amateur est obligé se tourner vers le marché de la vidéo qui, en plus de proposer pas mal de classiques, assure la sortie des nouveautés américaines et asiatiques. Mais c’est un marché en crise et après quelques déconvenues, les gros éditeurs français ne prennent quasiment plus de risques commerciaux. Heureusement, des micro-éditeurs comme Le Chat qui Fume sont là, toujours à l’affût de pelloches improbables et/ou injustement oubliées. Les « maudits festivaliers » que nous sommes ont ainsi pu découvrir l’excellent La brune et moi, film quasi-documentaire réalisé en 1980 par Philippe Puicouyoul autour de la vague punk-rock parisienne, ou le totalement déjanté Forbidden zone, sorte d’Alice aux pays des merveilles sous acide concocté par Richard Elfman et mis en musique par son frère Danny, période Oingo Boingo. Mais l’implication du Chat va plus loin : les bénéfices générés par la société 1 sont ré-injectées dans des productions locales qui, malgré – ou peut-être grâce à ? – leur budgets dérisoires proposent un cinéma sacrément jubilatoire. Ainsi, après avoir distribué leur Blackaria dans une belle édition DVD, l’éditeur a investit dans le dernier film de Christophe Robin et François Gaillard 2, Last Caress. Loin des trip égocentriques ou des hommages foireux « à la Tanrantino » qui rabaissent habituellement les productions amateurs, les deux réalisateurs montpelliérains nous proposent une petite virée du côté du giallo, ce sous-genre extrêmement codifié du cinéma d’exploitation italien créé par Mario Bava dans les années 60 et popularisé par Dario Argento dans les années 70. De belles bourgeoises peu avares de leurs charmes et leurs compagnons qui ne pensent qu’à ça se font massacrer à l’arme blanche par un tueur énigmatique, le tout dans une atmosphère fantastique très réussie. Si certains acteurs sont limites et si plusieurs scènes dialoguées pâtissent du manque de moyen, la photographie – assurée par la troublante Anna Naigeon, qui joue également dans le film – et les scènes de mise à mort font preuve une maîtrise et une virtuosité digne d’une production professionnelle. Sauf que Last Caress n’a coûté que 12.000 euros. Chapeau bas, messieurs.

Pendant cinq jours, nous avons eu droit à des séries B oscillant entre le chef d’œuvre – L’homme léopard de Jacques Tourneur – et le nanar sympathique – Le rayon invisible de Lambert Hillyer –, une soirée Grindhouse, une compétition de courts-métrages, l’inénarrable Retour de Flesh Gordon de Howard Ziehm et une réhabilitation convaincante des Charlots contre Dracula en présence de son réalisateur. J’en passe et des meilleurs. Un grand bravo à l’équipe du festival, réduite mais passionnée, qui nous a concocté cette programmation éclectique et sacrement jouissive. A noter qu’à l’Alpe d’Huez, le grand prix est allé à Radiostars, avec l’incontournable Clovis Cornillac. Le public des Maudits Films a lui plébiscité L’attaque du monstre géant suceur de cerveaux de l’espace

 Le site du Festival des Maudits Films et celui de l’éditeur Le Chat qui fume

1 Ses deux créateurs ont un boulot à côté.

2 Vous pouvez découvrir gratuitement Die die, my darling, un court-métrage du sieur Gaillard en solo sur le site du Chat qui fume. N’hésitez-pas à faire un don, ça le mérite même si le réalisateur semble beaucoup moins à l’aise avec les scènes d’action qu’avec les mises à mort giallesques de ses deux longs.

 

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Prochaînement sur vos écrans… ou pas (épisode 2) http://enrevenantducinema.fr/2011/10/29/prochainement-sur-vos-ecrans%e2%80%a6-ou-pas-episode-2/ http://enrevenantducinema.fr/2011/10/29/prochainement-sur-vos-ecrans%e2%80%a6-ou-pas-episode-2/#respond Sat, 29 Oct 2011 01:28:57 +0000 http://enrevenantducinema.fr/?p=636 The hole de Joe Dante

La famille Thompson débarque à Bensonville après de nombreux déménagements. La mère, Susan, travaille dans un hôpital et élève seule de ses deux fils, Dane … Lire la suite...

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The hole de Joe Dante

La famille Thompson débarque à Bensonville après de nombreux déménagements. La mère, Susan, travaille dans un hôpital et élève seule de ses deux fils, Dane (17 ans) et Lucas (10 ans). Se liant d’amitié avec leur voisine Julie, les deux garçons découvrent dans la cave de leur nouvelle maison une trappe qui semble s’ouvrir sur un abîme sans fond…
On comprend aisément ce qui a séduit Joe Dante dans cette histoire. S’il n’a pas réalisé de véritable film d’horreur depuis Hurlements, son cinéma a toujours flirté avec un fantastique qui s’appuie sur les traumatismes de l’enfance – voir par exemple le segment qu’il réalisa pour le film à sketchs La quatrième dimension. Le trou sans fond qui se cache dans la cave de la maison a l’étrange capacité de rendre réelles les peurs enfouies de ceux qui se penchent au dessus, et chacun des trois protagonistes va devoir s’y confronter. Dane, le personnage central, est un adolescent sur le point de devenir adulte. La relation qu’il entretient avec son jeune frère est de nature conflictuelle : il refuse systématiquement de jouer avec lui et se laisse même aller à une certaine violence à son encontre. Avec sa mère, il se montre tantôt distant, tantôt possessif, et ce n’est qu’avec l’entrée en scène de Julie, sa jolie voisine qu’il va progressivement changer son rapport aux autres. En plus d’éveiller son désir, ce personnage permet au réalisateur de projeter son jeune héros dans l’avenir, recomposant une cellule familiale artificielle autour de lui. Julie devient alors sa compagne et Lucas représente son enfant à venir. Intelligemment, Joe Dante fait d’ailleurs en sorte que les personnages de la mère et de la voisine n’occupent jamais le même espace simultanément, sauf pour se relayer auprès de Dane.
Au fur et à mesure que les ténèbres du trou se répandent dans la réalité, le secret des déménagements à répétition de la famille Thompson se fissure. Si Lucas est terrorisé par les clowns, si Julie doit revivre un terrible accident qui coûta jadis la vie à sa meilleure amie, Dane doit affronter le fantôme de son père, un alcoolique qui les battait avant de finir en prison. Si la menace qui pèse sur eux est réelle – son père les retrouve régulièrement depuis sa cellule, et ne se prive pas de se rappeler à leur bon souvenir provocant immédiatement un nouveau déménagement – il doit surtout affronter une peur beaucoup plus insidieuse, celle de faire subir à son entourage ce que son père lui a infligé enfant. Au final, chaque personnage aura l’occasion d’affronter et de vaincre son traumatisme, lui permettant de regarder vers l’avenir sans être rongé par la culpabilité. Étonnamment, l’enfance malmenée reste un tabou dans le cinéma populaire américain, un peu comme s’il avait cinquante ans de retard sur la société dont il est sensé être le miroir. Joe Dante en tire un excellent « film d’horreur familial », comme Gremlins en son temps.
Lorsqu’il s’attelle à la réalisation de The Hole, le réalisateur n’a pas mis les pieds sur un plateau de cinéma depuis près de 6 ans. S’il y a bien une chose que Hollywood ne tolère pas, ce sont les échecs commerciaux à répétition, et malheureusement l’homme est coutumier du fait. Alors que la critique l’a toujours défendu, comment retrouver les faveurs du public lorsque The hole reste inédit chez nous, en salle ou en vidéo ? Reste que le spectateur curieux (et anglophone) pourra découvrir ce très bon film avec le DVD ou le Blu-ray sorti chez nos voisins anglais et vendu une bouchée de pain sur la toile. C’est toujours mieux que rien…
The Hole, réalisé par Joe Dante, 2009, Etats-unis, 1h38, avec Teri Polo, Chris Massoglia, Haley Bennett, Nathan Gamble…

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Prochaînement sur vos écrans… ou pas (épisode 1) http://enrevenantducinema.fr/2011/10/08/prochainement-sur-vos-ecrans-ou-pas-1/ http://enrevenantducinema.fr/2011/10/08/prochainement-sur-vos-ecrans-ou-pas-1/#respond Sat, 08 Oct 2011 00:05:07 +0000 http://enrevenantducinema.fr/?p=576 The ward, de John Carpenter

 Le 21 septembre, environ 1200 écrans se partageaient les deux relectures inutiles de La guerre des boutons. Mille deux cents. En ces temps … Lire la suite...

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The ward, de John Carpenter

 Le 21 septembre, environ 1200 écrans se partageaient les deux relectures inutiles de La guerre des boutons. Mille deux cents. En ces temps ou les créneaux du mercredi sont aussi engorgés qu’une rocade à 18h, c’est d’une absurdité sans nom. Cela condamne d’office les films modeste à ne pas rencontrer leur public, écrasés par ces mastodontes aux budgets publicitaires proprement indécents. Mais il y a pire ma bonne dame – ou mon bon monsieur, c’est selon : certains films n’ont même pas la chance de sortir en salle dans notre beau pays, et je ne parle pas du dernier Steven Seagal torché à la va-vite pour une poignée de dollars dans un pays de l’Est. Je parle de vrais films de cinéma, tourné par des auteurs reconnus.
En 2001, c’est un John Carpenter usé qui décide de rendre les armes. Après l’échec commercial du sous-estimé Ghosts of Mars et la difficulté croissante qu’il rencontre pour boucler ses budgets, l’homme préfère se ranger des voitures et profiter de la vie. En bon capitaliste, cela consiste principalement à endosser les gros chèques qu’il reçoit chaque fois qu’un studio entreprend le remake d’un de ses films*. Mais le démon des tournages a vite fait de le reprendre, et il se laisse facilement convaincre par Mick Garris de participer à son anthologie Masters of horror pour la chaîne Showtime. On le comprend : 10 jours de tournage, un budget qui ne doit pas dépasser les 2 millions de dollars pour une heure de film, mais en échange l’assurance que la chaîne ne censurera ni le sujet, ni le produit fini. Si l’un des deux segments qu’il réalise est réussi, le second n’est guère convainquant. Qu’importe, comme pas mal de ses petits camarades, Big John s’est pris au jeu et se dit que ce serait trop con de prendre sa retraite.
Après pas mal de rumeurs et d’incertitudes, le réalisateur prend ses fans à contre-pied en s’attelant à The ward, un thriller fantastique dont il n’a pas écrit le scénario. Si on peut comprendre aisément que le personnage principal l’ait séduit – dans sa filmographie, Carpenter à toujours fait la part belle aux femmes fortes, depuis Laurie Strode (La nuit des masques, 1978) jusqu’à Melanie Ballard (Ghost of Mars, 2001) –, on se demande pourquoi il a choisit de mettre en image cette histoire qui manque cruellement de relief. Le spectateur a l’impression que, comme lui, le réalisateur ne s’est pas senti concerné plus que ça par une trame poussive et des personnages secondaires transparents. Seulement voilà, aussi mineur qu’il soit, The ward est admirable pour deux raisons.
La première, c’est l’actrice principale, la troublante Amber Heard. Après le convainquant Tous les garçons aiment Mandy Lane (Jonathan Levine, 2006**), la jeune actrice, impeccablement dirigée, livre à nouveau une prestation éblouissante. D’une présence et d’une intensité bluffante, elle parvient à incarner avec justesse un personnage complexe et déroutant qui, malgré un twist final à la fois attendu et frustrant, devrait marquer les esprits. L’autre qualité indéniable du film, c’est qu’en s’appuyant sur une mise en scène au cordeau, Carpenter parvient à faire de l’hôpital psychiatrique un personnage à part entière. Les positionnement et les mouvements de caméra transforment le bâtiment en un labyrinthe fantasmatique faisant écho à la psyché tourmentée du personnage d’Amber Heard. Ainsi, le spectateur éprouve une sensation paradoxale de familiarité – il sait toujours dans quelle partie du bâtiment les personnages se trouvent – et de perplexité – il est totalement incapable d’en dresser un plan précis, et surtout d’en déterminer les issues. Cette représentation de l’espace n’est pas sans rappeler le rapport trouble qui existait entre l’hôtel Overloock et Jack Torrance, dans Shining de Stanley Kubrick. Une belle idée, hélas source de frustration vu que le film verse un peu trop souvent dans la facilité.
Inutile de consulter le programme de vos cinémas préférés, The ward n’est pas sorti chez nous. Pas la peine non plus d’écumer les linéaires des supermarchés culturels : aucune sortie vidéo n’est à l’ordre du jour. Les plus courageux se rabattrons sur l’import, mais le DVD et le Blu-ray américains, en plus d’être zonés, ne proposent aucun sous-titres. Les autres feront comme ils peuvent, je leur fais confiance. La semaine prochaine, je vous parlerai d’un autre film que vous ne verrez pas chez nous, mais qui existe en DVD et en Blu-ray, lui… Bon, d’accord, chez nos voisins anglais, mais c’est mieux que rien…

* Citons le décevant Assaut sur le central 13 et le calamiteux The fog, sortis tous deux en 2005. Par contre, les deux volets d’Halloween réalisés par le talentueux Rob Zombie en 2007 et en 2009 sont de vraies réussites. Signalons au passage que le second n’a pas eu les honneurs d’une sortie en salle.

** Qui lui aussi n’a bénéficié que d’une sortie vidéo tardive, y compris aux États-Unis, à cause de la banqueroute du distributeur. Quand ça veut pas…

The ward, de John Carpenter, EU, 2010, avec Amber Heard, Mamie Gummer, Danielle Panabaker…

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Survival of the dead, de George A. Romero http://enrevenantducinema.fr/2011/09/20/devine-qui-vient-diner-ce-soir/ http://enrevenantducinema.fr/2011/09/20/devine-qui-vient-diner-ce-soir/#respond Tue, 20 Sep 2011 00:32:27 +0000 http://enrevenantducinema.fr/?p=487
Devine qui vient dîner ce soir…

J’en entends qui soupirent devant leur écran : « Déjà qu’il écrit un article tous les deux mois, il trouve le moyen de nous parler d’un … Lire la suite...

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Devine qui vient dîner ce soir…

J’en entends qui soupirent devant leur écran : « Déjà qu’il écrit un article tous les deux mois, il trouve le moyen de nous parler d’un film de 2009 sorti directement en DVD ! ». Oui, c’est vrai, mais contre toute attente un distributeur s’est décidé à sortir le dernier Romero en 35mm, et il pourrait bien passer dans une salle près de chez vous ! Une occasion à ne pas rater, le réalisateur de Pittsburgh risquant d’avoir du mal à achever sa nouvelle trilogie zombiesque amorcée en 2007 avec le sympathique Diary of the Dead.
Ce dernier nous replongeait dans la nuit originelle, celle où les morts reviennent à la vie avec une furieuse envie de chair humaine. On y suivait un groupe d’étudiants en cinéma et leur professeur alcoolique partis en forêt tourner un film d’horreur en guise de projet de fin d’études. Lorsque les morts se relèvent, un des étudiants décide de documenter l’apocalypse et de diffuser les images sur le net dans la foulée. Au cours de leur fuite désespérée, ils rencontrent plusieurs groupes de survivants dont l’instinct de survie a déjà pris le pas sur le vernis social. Parmi eux, des membres de la Garde Nationale qui, au lieu de les aider, les dépouillent de leurs réserves de vivres et d’essence. Astucieusement, ce sont ces pillards qui deviennent les héros de cette fausse suite.
Qu’on se le dise, ceux qui attendent un brûlot politique ou une critique acerbe de la société en seront pour leurs frais. Romero a rendu les armes après le peu de succès rencontré par ses deux efforts précédents qui dénonçaient le capitalisme (Le territoire des morts, 2005) et la médiatisation à outrance de la vie privée (Diary of the dead). Incapable de retrouver la délicate alchimie qui avait fait de La nuit des morts-vivants (1968), Zombie (1978) et Le jour des morts-vivants (1985) de grands films politiques miroirs de leur époque, il préfère donner à son dernier opus une direction inattendue. Le film-matrice de Survival…, c’est Les grands espaces, un western de 1958 où Gregory Peck, citadin cultivé de la Côté Est, se retrouve au milieu d’un conflit opposant deux clans de cow-boys à l’ancienne qui se haïssent et s’entre-tuent depuis des lustres sans vraiment se rappeler pourquoi. Dans sa relecture du beau film de William Wyler, George A. Romero remplace le personnage central un brin guindé par un groupe de déserteurs commandés par un sergent qui n’est pas sans rappeler le Snake Plissken de John Carpenter*. Les grands espaces de l’ouest font place à une île, et les zombies se substituent aux bêtes à cornes. Nos survivants, pensant trouver un havre de paix, tombent en pleine bataille rangée : d’un côté les Muldoon qui souhaitent garder leurs morts auprès d’eux et tentent de leur faire préférer la chair animale à la chair humaine, de l’autre les O’Flynn pour qui la tranquillité de l’île de Plum passe par l’éradication systématique des morts-vivants. Mais là où le film de Wyler fustigeait à mots couverts la guerre froide, Romero s’en prend à l’incapacité de l’être humain à supporter son voisin, camouflant ce travers primitif derrière l’appartenance à un groupe, qu’il soit racial, géographique, politique ou religieux. Mais si dans ses films précédents on sentait le réalisateur nettement du côté des zombies, il les relègue cette fois en arrière plan afin de se focaliser sur la haine inextinguible qui habite les patriarches des deux clans. Son alter-ego filmique, ce serait plutôt ce sergent accro à la nicotine qui, à l’image de l’homme sans nom de la trilogie des dollars de Sergio Leone, semble détaché de ce qui se passe autour de lui. Si il prend part à l’histoire, c’est par nécessité et non par choix, ses motivations étant simplement d’exister un jour de plus. Le reste, cette civilisation qui s’écroule mais s’accroche malgré tout à ce qu’elle représente, ne le concerne déjà plus.
Et les morts-vivants dans tout ça ? On a l’impression que de ne pas en avoir fait le sujet principal a libéré le réalisateur. Il en profite pour renouer avec la fibre comique qui illuminait la dernière partie de Zombie : des touches d’humour souvent savoureuses parsèment le film, avec une mention spéciale pour la scène de la dynamite et celle du « zombie-briquet ».
Peut-être que cette désinvolture à l’égard de ses créatures a déstabilisé le public. Toujours est-il que le film n’a pas marché. Après un accueil glacial en festival, il a bénéficié d’une sortie symbolique en salle aux Etats-unis et a rejoint la longue liste des films de genre sortis directement en vidéo dans la plupart des autres pays. Dommage, car si Survival of the dead n’est pas exempt de défauts – manque d’ambition artistique et recours à des C.G.I. approximatives –, c’est un film attachant et sincère, mis en scène par un artisan dont la carrière a été étouffé par ces mêmes créatures qui l’avaient rendu célèbre en 1968. Un gars de Pittsburgh qui voulait peut-être juste rendre hommage au cinéma avec lequel il a grandi. Bel et bien mort, celui-là.

 

* Personnage cynique et désabusé interprété par Kurt Russell dans New-York 1997 et sa « suite-remake » Los Angeles 2013.

Survival of the dead de George A. Romero, EU, 2009 avec Alan Van Sprang, Kenneth Welsh, Kathleen Munroe, Richard Fitzpatrick…

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