Claire Denis – en revenant du cinéma http://enrevenantducinema.fr Sat, 18 May 2019 21:31:20 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=5.0.8 Un Beau soleil intérieur de Claire Denis http://enrevenantducinema.fr/2017/11/03/beau-soleil-interieur-de-claire-denis/ http://enrevenantducinema.fr/2017/11/03/beau-soleil-interieur-de-claire-denis/#respond Fri, 03 Nov 2017 17:13:14 +0000 http://enrevenantducinema.fr/?p=2311 Passages nuageux

Un beau soleil intérieur est le portrait d’une femme, Isabelle, empêtrée dans sa vie sentimentale et sexuelle. On perçoit ce que voulait faire Claire Denis, un film qui … Lire la suite...

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Passages nuageux

Un beau soleil intérieur est le portrait d’une femme, Isabelle, empêtrée dans sa vie sentimentale et sexuelle. On perçoit ce que voulait faire Claire Denis, un film qui travaille la parole, le discours et l’accaparement de ce discours par le pouvoir qu’il soit celui de l’homme et/ou celui de la bourgeoisie. Ainsi on assiste à différents types de paroles, celle brutale d’un banquier ignoble, hésitante d’un acteur ou condescendante d’un ami, etc., et l’héroïne se trouve prise dans ces différents discours sans savoir ce qu’elle veut vraiment, elle hésite, en perd ses mots, prend le discours du pouvoir. Le projet aurait pu être intéressant théoriquement mais le film s’empêtre au diapason de l’héroïne.
Le début est très écrit jusque dans les hésitations surjouées, et puis on se dit que ce côté théâtral est volontaire, que ça travaille le faux, le trop, avec aussi un certain humour, on pense ainsi au personnage incarné par Katerine et au voyage dans le Lot (où sont tournées les meilleurs scènes, où on devine le film, drôle, cruel et absurde, que Claire Denis voulait peut-être faire), on se dit, ok, c’est un jeu de massacre, une farce, alors il aurait fallu aller plus loin dans cette direction mais la cinéaste revient très vite au film démonstratif qu’il était au départ. Claire Denis hésite entre la peinture proche du pamphlet d’un petit milieu, une comédie sentimentale, un film fantaisiste, une démonstration théorique mais ne choisit pas vraiment. On aime les films bancals, flottants, mais le problème est que là, ce non-choix fait que le propos initial se perd voire devient très confus.
Ainsi l’héroïne a différents partenaires sexuels mais veut trouver le grand amour, alors que les hommes, eux, ne pensent qu’à tirer un coup, à profiter d’elle, si on choisit dès le départ, la caricature pour bousculer les clichés, pourquoi pas, mais le fait de vouloir dire quelque chose de plus profond sur le monde tout en gardant aussi un ton badin de comédie donne l’impression d’avaliser cette idée que les hommes ne pensent qu’au sexe et que les femmes sont avant tout sentimentales, ce qui n’est pas le discours le plus transgressif et révolutionnaire qui soit de nos jours. Ce qui est renforcé par le fait qu’Isabelle (incarnée avec intensité, ce qui n’était pas évident, tant le personnage est chargé, par Juliette Binoche) semble toujours triste, toujours la larme à l’œil, victime bringuebalée.
Prenons un exemple, Isabelle a une relation avec un homme au rsa, un pauvre donc, et se retrouve ensuite à discuter avec un ami ou collègue du même monde qu’elle (elle est peintre et appartient à une certaine classe moyenne intellectuelle), ou plutôt elle subit son discours sur le fait qu’il n’est pas possible d’avoir une relation avec quelqu’un d’un autre milieu, mais le discours qu’il tient est tellement simpliste et explicite qu’on ne peut que se demander pourquoi elle ne réagit pas, il faut qu’elle soit quand même bien naïve pour s’y laisser prendre. On entend la critique d’une classe sociale étanche et méprisante sauf que le film redouble cela en ne laissant qu’une petite place à ce personnage de rsaste, qui drague, lui évidemment sans parler, juste par le corps, alors que tous les autres se noient dans les mots (ce qui est, là aussi, très stéréotypé) mais c’est la cinéaste et le scenario qui le dessine ainsi, et pas seulement le discours du personnage joué par Bruno Podalydès, c’est Claire Denis qui le cantonne derrière la porte comme elle cantonne aussi Isabelle dans une posture passive.
Ainsi, ce film s’intéresse à un milieu qui semble être celui de la réalisatrice, un monde culturel arrogant mais si ce milieu est critiqué, on n’en sort pas vraiment et la présence d’acteurs, actrices qui sont aussi souvent réalisateurs qui viennent faire une apparition (comme Valeria Bruni-Tedeschi par exemple) comme des voisins qui passeraient dire bonjour, accentue cette impression d’un entre-soi qui est pourtant censé être brocardé. Il y a alors un écart étrange et gênant entre un propos qui se veut cruel sur la violence symbolique du discours et une façon d’envoyer tout ça promener en se disant que finalement, ce n’est pas si grave comme la dernière tirade de Gérard Depardieu semble le souligner.
On sait que Claire Denis est capable de très beaux films, et justement, de savoir aller explorer différents univers (de Beau Travail à 35 Rhum en passant par White Material), c’est une cinéaste importante mais qui là, même si elle garde tout son talent pour filmer simplement les corps, la peau, etc. nous paraît taper à côté, en donnant l’impression de ne filmer qu’un petit monde mesquin refermé sur lui-même sans avoir grand-chose, finalement, à en dire.
Un Beau soleil intérieur de Claire Denis, France, 2017 avec Juliette Binoche, Xavier Beauvois, Alex Descas…

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Devoirs de vacances http://enrevenantducinema.fr/2013/09/16/devoirs-de-vacances/ http://enrevenantducinema.fr/2013/09/16/devoirs-de-vacances/#respond Mon, 16 Sep 2013 20:01:43 +0000 http://enrevenantducinema.fr/?p=1738

Ah, la rentrée ! La température fraîchit, les enfants retournent – enfin ! – à l’école, les feuilles d’impôts tombent dans les boîtes aux lettres… On se remémore les vacances au bord … Lire la suite...

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Michael-Kohlhaas

Ah, la rentrée ! La température fraîchit, les enfants retournent – enfin ! – à l’école, les feuilles d’impôts tombent dans les boîtes aux lettres… On se remémore les vacances au bord de la mer ou perdu au fin fond des Cévennes, si proches et pourtant tellement éloignées de nos préoccupations du moment. Allez, histoire de savourer une dernière fois le doux parfum de l’été, je vous propose de revenir sur deux films vus coup sur coup à une époque où on pouvait se balader en t-shirt sans risquer une pneumonie.

Les salauds, de Claire Denis

Jusqu’ici, Claire Denis était une de mes héroïnes de cinéma, par vraiment dans « l’auteur-système » à la française, à des années lumières de la brochette d’andouilles qui encombrent les plateaux télé et les agendas des producteurs, une des rares encore capable de regarder le monde. Jusqu’ici, donc. Ces Salauds commençaient bien pourtant, avec deux séquences aussi belles qu’intrigantes : celle qui ouvre le film, et cette jeune-fille qui déambule nue dans les rues de Paris. Sauf que ça sera tout. Le reste du métrage est filmé sans le moindre parti-pris, avec une froideur et un manque d’ambition formelle déconcertants. C’est très bien d’éluder la portée morale du sujet, à condition que cela ne débouche pas sur du vide. Et rassembler des acteurs aussi rares et intéressants que Grégoire Collin, Alex Decas ou Michel Subor pour ne rien en faire – au point que ce soit le consensuel Vincent Lindon qui tire son épingle du jeu – est à la limite de la malhonnêteté. Et cette putain de dernière séquence, celle qu’elle a l’intelligence de ne pas montrer tout au long du film… pour nous l’infliger malgré tout en guise de générique de fin. A Cannes, elle annonçait que son film allait déplaire. Ça ne justifie rien. Salaud toi-même, Claire.
Les salauds, de Claire Denis, France, 2013 avec Vincent Lindon, Chiara Mastroiani, Micher Subor

 

Michael Kohlhaas, d’Arnaud des Pallières

Je n’aime pas trop les films en costume mais je trouve que Mads Mikelsen est un des acteurs les plus intéressant du moment. Comprenez la torture au moment de prendre ma place… Finalement, dans une démarche totalement cinéphile, je me suis décidé parce que l’affiche est jolie… Mads Mikelsen, donc. Un monstre de cinéma comme on n’en fait plus, à des années lumières des apollons hollywoodiens photoshopés. Il est danois, ça doit jouer quelque part. Encore un film qui refuse le positionnement moral et qui garde ses distances avec son sujet. Sauf que contrairement aux Salauds, c’est beau, lumineux, et ça ne parle pas pour ne rien dire – à l’exception de Denis Lavant, qu’on aurait préféré dans le rôle de César comme c’était prévu au départ. Est-ce que ça suffit pour en faire un film intéressant ? Au bout d’un moment, on se pose légitimement la question. L’austérité met un peu mal à l’aise, comme le personnage principal et le jeu de son interprète qui retrouve la minéralité du guerrier silencieux de Valhalla Rising (dernier bon film de Nicolas Winding Refn). Jusqu’à la dernière séquence où il explose en une cascade d’émotions qui emporte le spectateur. L’exécution, inévitable, de Kohlhaas, filmée d’un seul tenant en plan serré, laissant le bourreau et le reste du monde dans le flou pour se focaliser sur le visage bouleversant de Mikelsen, un moment de cinéma contenant tout ce qui fait défaut au film de Claire Denis. De l’humanité, tout simplement.
Michael Kohlhaas, de Arnaud des Pallières, France, 2013 avec Mads Mikelsen, Bruno Ganz, Paul Bartel

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