en revenant du cinéma» Eric Rohmer http://enrevenantducinema.fr regards croisés sur le cinéma Thu, 09 May 2013 18:16:32 +0000 fr-FR hourly 1 http://wordpress.org/?v=3.5.1 L’art d’aimer d’Emmanuel Mouret http://enrevenantducinema.fr/2011/12/21/lenfer-cest-les-autres/ http://enrevenantducinema.fr/2011/12/21/lenfer-cest-les-autres/#comments Wed, 21 Dec 2011 17:28:07 +0000 Baptiste Madamour http://enrevenantducinema.fr/?p=721 L’enfer c’est les autres

Sous l’élégante mise en scène de L’art d’aimer et de ses différentes histoires entremêlées de façon très fluide se cachent des partis pris cinématographiques forts, de la musique classique (Mozart, Brahms, Schubert…), des intérieurs bourgeois qui se ressemblent tous, quelques plans de natures et de rues, des dialogues très écrits, une voix off très présente et … Lire la suite...

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L’enfer c’est les autres

Sous l’élégante mise en scène de L’art d’aimer et de ses différentes histoires entremêlées de façon très fluide se cachent des partis pris cinématographiques forts, de la musique classique (Mozart, Brahms, Schubert…), des intérieurs bourgeois qui se ressemblent tous, quelques plans de natures et de rues, des dialogues très écrits, une voix off très présente et explicative qui joue sur la redondance, des panneaux noirs avec une phrase pour introduire les différentes histoires, un scenario qui se centre sur l’amour, le couple, le désir… il est sûr qu’Emmanuel Mouret ne cherche pas à courir derrière une modernité tapageuse, il ne cherche pas le réalisme, ni à être ancré dans notre époque, en cela son cinéma est beaucoup plus subversif qu’il n’y paraît en cette période où la mode est à la mise en scène voyante, au cinéma coup de poing, à l’originalité obligatoire bref loin des doux échanges qui sont filmés ici.
Le film existe par ce qui ne se voit pas, par ce qui est en creux, la tension vient que le désir, le sexe est partout mais sans cesse contraints, empêchés par l’autre, retardés par la parole, etc, de façon directe pour la succession de scènes où se croisent François Cluzet et Frédérique Bel mais il en est de même pour tous les personnages. Tout passe par le mot, l’explication, et pourtant à force d’en parler, de ne parler que de ça, tout devient érotisé, une bretelle qui tombe de l’épaule d’Élodie Navarre, le torse nu de Gaspard Ulliel (tous deux très touchants dans les scènes les plus fortes du film), les regards, les hésitations, tout se résume à l’envie de toucher l’autre et d’être touché par l’autre physiquement. C’est un cinéaste qui sait être très sensuel (comme l’avait montré son plus beau et étrange film Vénus et fleur) mais avec une mise en scène en adéquation avec le thème, c’est à dire comment sous une apparence lisse, un discours policé qui ne veut pas « embarrasser » se cachent des désirs forts et perturbants.
On pense bien sûr à Éric Rohmer (pour toute la filmographie d’Emmanuel Mouret mais là plus particulièrement) par ces mises en jeu d’une question morale, par le phrasé délicat et artificiel, par une mise en scène très étudiée mais qui reste discrète.
Emmanuel Mouret filme ses acteurs (tous très biens) en plein doute, il les filme souvent de face, sans jamais les juger et ce sont les situations, les logiques intrinsèques mais jamais ridicules de chacun qui crée un humour léger.
Comme dans tout film à sketchs, tous ne sont pas du même niveau, et la dernier qui emprunte à une mécanique de vaudeville est moins fort que les précédents parce que plus attendu, trop lisible dans ses intentions, on retrouve alors ce qui faisait la faiblesse de ses précédents films Un baiser s’il vous plait et Fais-moi plaisir ! quelque chose de trop démonstratif, Emmanuel Mouret s’éloignant de cette façon très douce qu’il a de filmer les visages, les corps, la parole pour loucher vers le burlesque, le comique de situation qui lui vont moins bien, il est d’autant plus drôle qu’il ne cherche pas à l’être, il est d’autant plus profond qu’il va vers la simplicité, l’épure, lorsqu’il filme cette mélancolie qui vient de l’impossibilité de concilier la fidélité à ses désirs, la fidélité à ses convictions et la fidélité à l’autre.
L’art d’aimer d’Emmanuel Mouret, France, 2011 avec Judith Godrèche, Julie Depardieu, François Cluzet, Frédérique Bel, Gaspard Ulliel, Elodie Navarre…

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