Gaspard Ulliel – en revenant du cinéma http://enrevenantducinema.fr Sat, 18 May 2019 21:31:20 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=5.0.8 Juste la fin du monde de Xavier Dolan http://enrevenantducinema.fr/2016/09/29/fin-monde-de-xavier-dolan/ http://enrevenantducinema.fr/2016/09/29/fin-monde-de-xavier-dolan/#respond Thu, 29 Sep 2016 13:49:40 +0000 http://enrevenantducinema.fr/?p=2153 Au plus près

Un dramaturge revient dans sa famille qu’il n’a pas vue depuis plus de dix ans pour leur annoncer sa mort prochaine.
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Au plus près

Un dramaturge revient dans sa famille qu’il n’a pas vue depuis plus de dix ans pour leur annoncer sa mort prochaine.
Juste la fin du monde présente plusieurs similitudes avec Tom à la ferme du même Xavier Dolan, la structure est assez proche, une famille refermée sur elle, un père absent, un frère travaillé par de la violence, tout se passe dans et autour de la demeure familiale, les deux films sont tirés de textes théâtraux, et les deux sortent après un film qui paraît plus ample et ambitieux (Laurence anyways et Mummy). Mais Juste la fin du monde intègre d’une façon différente le texte dont il est issu.
L’idée est de prendre la famille pour ce qu’elle est, un théâtre où chacun joue son rôle de façon caricaturale et ne peut en sortir. Xavier Dolan dirige des acteurs, stars, dont l’image est forte qui sont assignés à des rôles comme chacun l’est dans sa famille. Marion Cotillard en épouse réservée, Vincent Cassel tout en violence blessé, Léa Seydoux en post-adolescente en colère, etc. Chacun est dans son emploi, tous jouent une participation qu’ils ont déjà jouée, qu’ils sont fatigués de jouer, ce qui est en adéquation avec ces personnages qui semblent répéter sans cesse les mêmes rituels, comme cette description des dimanches que la mère raconte pour la énième fois.
Le héros, Louis, est le spectateur, il vient voir une pièce qui se joue sans lui depuis longtemps et son regard va renvoyer les autres à leur manque. Dolan ne cherche pas à gommer la théâtralité du texte, dans les longs dialogues, les hésitations, etc. Il y a ainsi et dès le départ une artificialité volontaire, au début du film, les personnages s’apprêtent avant l’entrée en scène.
Le choix de l’échelle de plans travaille ce matériel théâtral, le cinéaste refuse les plans larges qui permettrait d’englober tous les personnages comme s’ils étaient sur une scène, il fait le choix inverse d’utiliser de façon quasi exclusive des gros plans qui les isolent, les déconnectent les uns des autres. Ainsi chacun joue seul, dit son texte mais le dit vers le spectateur plutôt que vers quelqu’un qui partagerait le plan.
Xavier Dolan est un des cinéastes qui travaillent de la façon la plus systématique le rapport du corps au cadre, et ici plus spécifiquement du visage. Dans presque tous ses films, ses héros ne cessent d’être enfermés dans le plan comme ils le sont d’une famille, des normes sociales, ou de leur propre violence. Ils ont toujours du mal à respirer, essaient de s’échapper.
Les choix radicaux de mis en scène ne sont pas des afféteries, ils sont en cohérence avec ce qu’il cherche à obtenir, c’est-à-dire observer comment les membres de cette famille vont essayer d’exister malgré les carcans. On les voit en gros plan aussi parce qu’ils sont tous trop près les uns des autres, le regard est intrusif, tout le monde commente et critique ce que l’autre fait, ont peut deviner que c’est ce qui a poussé Louis à partir.
De même les souvenirs sont filmés comme un clip ou des pubs, parce qu’on ne peut plus les revivre, on ne peut pas retrouver ce qui est passé.
Ces choix de mise en scènes sont forts mais jamais le cinéaste n’oublie ni ne méprise ceux qu’il filme, jamais il ne sacrifie l’émotion que portent les personnages sur l’autel de l’esthétisme. Et c’est beau la façon dont Louis qui porte le rôle du metteur en scène, s’efface dans son projet de vouloir dire quelque chose pour laisser la place aux autres, et surtout à son frère, même si c’est trop tard et qu’il ne pourra pas mettre un peu d’harmonie dans l’ensemble, qu’il ne pourra voir que le vide qu’il a laissé.
Ça éclate parce que Xavier Dolan n’a pas peur de l’émotion, du trop, de ce qui déborde, et ce dès le départ, il y a de la générosité dans ce torrent, dans le fait de prendre le risque du ridicule, du too-much, ce qui arrive parfois mais ce n’est pas grave, la perfection n’est-elle pas « obscène » ?
À une époque où les films jouent souvent du non-dit, travaillent la glaciation, il oppose le bruit, l’émotion, la colère, les pleurs, mais au moins il y a de la vie même dans cette famille figée dans une répétition mortifère.
Juste la fin du monde de Xavier Dolan, Canada, France, 2016 avec Gaspard Ulliel, Nathalie Baye, Vincent Cassel, Léa Seydoux, Marion Cotillard…

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L’art d’aimer d’Emmanuel Mouret http://enrevenantducinema.fr/2011/12/21/lenfer-cest-les-autres/ http://enrevenantducinema.fr/2011/12/21/lenfer-cest-les-autres/#comments Wed, 21 Dec 2011 17:28:07 +0000 http://enrevenantducinema.fr/?p=721 L’enfer c’est les autres

Sous l’élégante mise en scène de L’art d’aimer et de ses différentes histoires entremêlées de façon très fluide se cachent des partis pris cinématographiques forts, de … Lire la suite...

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L’enfer c’est les autres

Sous l’élégante mise en scène de L’art d’aimer et de ses différentes histoires entremêlées de façon très fluide se cachent des partis pris cinématographiques forts, de la musique classique (Mozart, Brahms, Schubert…), des intérieurs bourgeois qui se ressemblent tous, quelques plans de natures et de rues, des dialogues très écrits, une voix off très présente et explicative qui joue sur la redondance, des panneaux noirs avec une phrase pour introduire les différentes histoires, un scenario qui se centre sur l’amour, le couple, le désir… il est sûr qu’Emmanuel Mouret ne cherche pas à courir derrière une modernité tapageuse, il ne cherche pas le réalisme, ni à être ancré dans notre époque, en cela son cinéma est beaucoup plus subversif qu’il n’y paraît en cette période où la mode est à la mise en scène voyante, au cinéma coup de poing, à l’originalité obligatoire bref loin des doux échanges qui sont filmés ici.
Le film existe par ce qui ne se voit pas, par ce qui est en creux, la tension vient que le désir, le sexe est partout mais sans cesse contraints, empêchés par l’autre, retardés par la parole, etc, de façon directe pour la succession de scènes où se croisent François Cluzet et Frédérique Bel mais il en est de même pour tous les personnages. Tout passe par le mot, l’explication, et pourtant à force d’en parler, de ne parler que de ça, tout devient érotisé, une bretelle qui tombe de l’épaule d’Élodie Navarre, le torse nu de Gaspard Ulliel (tous deux très touchants dans les scènes les plus fortes du film), les regards, les hésitations, tout se résume à l’envie de toucher l’autre et d’être touché par l’autre physiquement. C’est un cinéaste qui sait être très sensuel (comme l’avait montré son plus beau et étrange film Vénus et fleur) mais avec une mise en scène en adéquation avec le thème, c’est à dire comment sous une apparence lisse, un discours policé qui ne veut pas « embarrasser » se cachent des désirs forts et perturbants.
On pense bien sûr à Éric Rohmer (pour toute la filmographie d’Emmanuel Mouret mais là plus particulièrement) par ces mises en jeu d’une question morale, par le phrasé délicat et artificiel, par une mise en scène très étudiée mais qui reste discrète.
Emmanuel Mouret filme ses acteurs (tous très biens) en plein doute, il les filme souvent de face, sans jamais les juger et ce sont les situations, les logiques intrinsèques mais jamais ridicules de chacun qui crée un humour léger.
Comme dans tout film à sketchs, tous ne sont pas du même niveau, et la dernier qui emprunte à une mécanique de vaudeville est moins fort que les précédents parce que plus attendu, trop lisible dans ses intentions, on retrouve alors ce qui faisait la faiblesse de ses précédents films Un baiser s’il vous plait et Fais-moi plaisir ! quelque chose de trop démonstratif, Emmanuel Mouret s’éloignant de cette façon très douce qu’il a de filmer les visages, les corps, la parole pour loucher vers le burlesque, le comique de situation qui lui vont moins bien, il est d’autant plus drôle qu’il ne cherche pas à l’être, il est d’autant plus profond qu’il va vers la simplicité, l’épure, lorsqu’il filme cette mélancolie qui vient de l’impossibilité de concilier la fidélité à ses désirs, la fidélité à ses convictions et la fidélité à l’autre.
L’art d’aimer d’Emmanuel Mouret, France, 2011 avec Judith Godrèche, Julie Depardieu, François Cluzet, Frédérique Bel, Gaspard Ulliel, Elodie Navarre…

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