en revenant du cinéma» Ken Loach http://enrevenantducinema.fr regards croisés sur le cinéma Thu, 09 May 2013 18:16:32 +0000 fr-FR hourly 1 http://wordpress.org/?v=3.5.1 Drive de Nicolas Winding Refn http://enrevenantducinema.fr/2011/10/03/sortie-de-route/ http://enrevenantducinema.fr/2011/10/03/sortie-de-route/#comments Mon, 03 Oct 2011 00:52:14 +0000 Baptiste Madamour http://enrevenantducinema.fr/?p=549 Sortie de route

Il existe certains mystères dans l’existence, l’un d’en entre eux est de savoir comment Drive a pu être sélectionné au dernier festival de Cannes et en remporter le prix de la mise en scène. Après tout ce n’est que l’avis d’un jury mais ça reflète ce que certains considèrent comme de la mise en scène. Cela pourrait … Lire la suite...

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Sortie de route

Il existe certains mystères dans l’existence, l’un d’en entre eux est de savoir comment Drive a pu être sélectionné au dernier festival de Cannes et en remporter le prix de la mise en scène. Après tout ce n’est que l’avis d’un jury mais ça reflète ce que certains considèrent comme de la mise en scène.
Cela pourrait être vu comme une très petite série B avec quelques scènes réussies, d’ailleurs ça commence plutôt bien avec un braquage filmé de façon très efficace, une autre scène est assez belle, le héros, joué par Ryan Gosling qui ressemble vaguement à Stan Laurel en moins charismatique, embrasse sa protégée (incarnée par Carey Mulligang) dans un ascenseur avant de tuer le troisième occupant de l’habitacle dans un mouvement plutôt fluide, on peut aussi sauver une fusillade brutale dans un hôtel qui dure peu de temps mais qui surprend.
Sinon nous ne sommes que dans la pose, le réalisateur sait filmer une voiture qui roule, ce qui n’arrive pas si souvent hélas, par contre il ne sait pas comment filmer le reste, les discussions, les engueulades, l’attente, la relation entre un enfant et le héros, les regards amoureux. Il pense que pour faire un plan il faut toujours trouver un truc, faire un effet, il n’abuse pas des mouvements de caméra, c’est un artiste, il est au-dessus de ça, par contre il aime mettre la caméra à un endroit particulier, faire de longs plans fixes très (trop, beaucoup trop) composés ou de légers travellings, il ne semble pas intéressé par les acteurs qui donnent du coup l’impression de s’ennuyer puisque tellement peu désirés.
Nicolas Winding Refn préfère s’amuser avec son joujou, les contre-plongées se multiplient, loin de l’idée d’un Ken Loach filmant à hauteur d’homme, là, il filme au niveau du genou (d’où on regarde le monde est un choix politique). Il cherche sans cesse à placer les corps où les visages en rapport à la ligne des décors, tables, arbres, par exemple un des protagonistes parle, il est filmé en contre plongé comme il se doit, et le réalisateur fait en sorte que sa tête se retrouve à la croisée de deux néons. Lorsqu’il fait jour, le soleil est toujours rasant pour provoquer un joli reflet dans la caméra, il abuse aussi de la profondeur de champ pour rendre impressionnant quelqu’un qui marche dans un couloir et ce qui fait qu’une simple scène dans un supermarché semble totalement artificielle alors qu’il ne se passe rien, n’oublions pas évidemment les ralentis, les flash-forwards, les plans tarabiscotés. Ainsi il filme un affrontement au milieu de miroirs et de femmes, seins nus, qui ne réagissent pas comme si elles étaient des mannequins, les corps nus, la violence, un côté kitch assumé, on sent dans cette scène tout le côté racoleur de la pose arty. Vu qu’il est incapable de filmer le frémissement entre deux personnes qui se rencontrent, l’amour naissant entre les deux personnages est tourné comme dans une publicité pour du shampoing, la mère, l’enfant, le bord de la rivière, le soleil se reflétant dans l’eau, la musique qui enrobe le tout.
Nicolas Winding Refn veut faire le coup de Taxi Driver de Martin Scorcese, le petit film violent et noir, très stylisé qui espère devenir culte, sauf que d’un côté il y a un cinéaste, de l’autre un petit malin avec un petit talent. Tout sonne faux, ça pue la prétention, le jeu des acteurs se doit d’être atone et dévitalisé, ce qui est à la mode, mais n’est pas Kaurismaki qui veut, ce dernier met de l’humanité derrière le masque de ces acteurs, là l’humanité, on s’en fout, l’humanité pour le coup c’est passé de mode, et comme c’est ça qui compte.
La musique est soit de l’indie rock pour bien confirmer que l’auteur a bon goût, soit un son strident parce que quand même il y a une sacrée tension qui se dégage, il ne faudrait pas l’oublier, même si ça fait déjà un certain temps qu’on pense à autre chose et ce ne sont pas les quelques scènes gores qui vont nous réveiller.
La lumière est souvent jaune, la ville est vue d’au-dessus pour donner cette impression de… de quoi déjà ?, une bataille a lieu en ombres chinoises pour créer une sensation de… ou peut-être pour… je cherche, je cherche, celui qui a la réponse peut nous prévenir. Bon n’en jetons plus.
Dire que le jury du festival de Canne et de nombreux critiques se sont fait avoir par ce maniérisme pompier est affligeant. Dire que des cinéastes comme Bonello ou Moretti n’ont pas eu de prix à Cannes, même pas celui de la mise en scène, alors qu’un seul plan de leur derniers film a plus de valeur que les 1h40 de Drive, l’est encore plus.
Drive de Nicolas Winding Refn, EU, 2011 avec Ryan Gosling, Carey Mulligang, Bryan Cranston…

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