Martin Scorcese – en revenant du cinéma http://enrevenantducinema.fr Tue, 24 Apr 2018 20:15:36 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=4.9.8 Good Time de Ben et Joshua Safdie http://enrevenantducinema.fr/2017/09/27/good-time-de-ben-joshua-safdie/ http://enrevenantducinema.fr/2017/09/27/good-time-de-ben-joshua-safdie/#respond Wed, 27 Sep 2017 15:47:48 +0000 http://enrevenantducinema.fr/?p=2301 En surchauffe

Deux frères, un, Nick dont le cerveau semble au ralentit, au corps massif qui cache une tristesse profonde, l’autre, Connie, qui va trop vite, qui semble toujours en … Lire la suite...

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En surchauffe

Deux frères, un, Nick dont le cerveau semble au ralentit, au corps massif qui cache une tristesse profonde, l’autre, Connie, qui va trop vite, qui semble toujours en mouvement, aux aguets, en colère. L’alliance de ces deux êtres qui s’aiment et se soutiennent va les entraîner dans le mur.
Connie, en bon adepte du rêve américain comme il se découvre dans un discours énervé sur les losers, veut quitter la misère, il essaie de s’en sortir en s’activant mais plus il s’active, plus il s’enfonce comme pris dans des sables mouvants. Il y a un certain humour dans cette plongée dans la mouise, un humour grinçant mais jamais cynique, on ne rit (nerveusement) pas contre les personnages, on est avec eux. Connie ne semble pas comprendre ce qui lui arrive et finira hébété comme les spectateurs. Il pensait pouvoir réussir mais il reste un loser, il n’y a pas d’issue. Les héros de Good Time sont pour la plupart des marginaux, ça se passe la nuit au milieu des perdants d’une société violente et inégalitaire. Le monde est poisseux, dur, ça se bat, ça gratte, ça palpite, ça gueule, ça cogne, ça saigne, ça s’aime. Les héros sont dans une logique de survie, et ceux qu’ils croisent sont dans la même logique, ça se débrouille, deale, vole. Il n’y a pas de jugement, tout le monde fait ce qu’il peut. Peu de cinéastes savent filmer la rue et ses marges avec autant de justesse et de puissance que les Safdie, ils filment la pauvreté, la démerde, sans jamais chercher à l’embellir ni à la mépriser, sans discours moral surplombant, sans humanisme rassurant, ni complaisance, ni condescendance, on est juste là où ça se passe, où ça vibre, on est juste là en empathie avec les personnages (comme avec l’héroïne voleuse de The Pleasure of Being Robbed, avec le père perdu de Lenny and the Kids où les amoureux drogués et autodestructeur de Mad Love in New York, les précédents films indispensables des cinéastes) et de prendre des acteurs célèbres comme Robert Pattinson ou Jennifer Jason Leigh, comme le fait de se coltiner au genre du film de braquage, ne change rien à leur regard sur le lumpenproletariat. Ils regardent ce monde avec suffisamment d’amour pour ces paumés magnifiques pour qu’on soit profondément touché par ce qui leur arrive.
Parfois le filmage à l’arrache, à l’épaule tient lieu d’unique choix de mise en scène pour certains cinéastes peu imaginatifs voulant faire du cinéma coup de poing, tripale, ce n’est pas le cas ici, la mise en scène paraît au premier abord brute, rêche, au plus près des corps, des visages, toujours en mouvement mais il y a beaucoup plus que ça, il y a un travail sur les couleurs, sur leur saturation, sur le trop qui correspond à ce qui se passe dans la tête de Connie, où tout semble toujours aller trop vite, des couleurs primaires vives, du rouge, du jaune, du bleu, en aplat, des couleurs baveuses et pimpantes dans la noirceur d’une nuit qu’on ne quitte qu’à quelques instants, le travail sur la lumière est vraiment très beau, des reflets venant des téléviseurs, des feux rouges, la peinture qui éclate dans une voiture, des vitraux apparaissant en arrière-fond d’un couloir d’hôpital, ou les néons d’un parc d’attraction, etc, il y a une vraie recherche picturale qui n’est jamais ostentatoire. Le travail sur le son est tout aussi impressionnant, une musique omniprésente qui n’accompagne pas le film mais qui est une partie aussi importante que la partie visuelle, une musique stridente, qui crée une tension permanente et qui s’arrête parfois et là aussi la captation des sons, comme ceux des machines d’un hôpital par exemple, est très précise.
Le montage est tendu, on est comme en apnée, on a du mal à respirer au diapason d’un héros en surchauffe, qui semble fourmiller d’idées, on sent une pulsation dans le corps des acteurs (tous justes et intenses), on la sent presque physiquement. Les Safdie savent jouer sur les ruptures de rythme, tourner une première partie sous la forme d’un thriller sous amphétamine, ultra efficace pour ensuite prendre des chemins de traverse où la vie explose de partout, comme dans cette appartement où le héros se réfugie, il en faut peu par exemple pour faire exister ce personnage d’adolescente fataliste, on pourrait parler aussi de ce mini film (qui semble en vitesse accéléré) dans le film quand une personne rencontrée (de façon accidentelle) raconte comment il s’est retrouvé à l’hôpital. Et la dernière scène emporte tout, en écho à la toute première, elle est déchirante, ce retour au calme suite à la course folle de Connie est d’une tristesse et d’une noirceur infinie, tout est rentré dans l’ordre, tout le monde est à sa place, les désirs sont entravés, doit-on s’en réjouir ? Cette scène finale alors que le générique défile et que la voix d’Iggy Pop nous bouleverse, aurait pu mériter à elle-seule qu’on donne la palme d’or à Good Time, mais tant mieux, ils n’ont pas besoin de ce genre de distinction pour être aujourd’hui des cinéastes majeurs.
Oui, les frères Safdie sont bien les enfants bâtards de Cassavetes (comme tous les cinéastes étiquetés comme mumblecore) et Scorcese (on pense parfois à After hours entre autres), on peut trouver pire comme parrains. Ce ne sont pas les seuls rejetons de ces cinéastes mais ils en sont, assurément, les plus talentueux, tant ces influences évidentes ne les empêchent pas d’avoir un univers et un style très personnel qui nous foudroient.
Good Times de Joshua et Ben Safdie, EU, 2017 avec Robert Pattinson, Ben Safdie, Jennifer Jason Leigh, Taliah Webster, Buddy Duress…

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Drive de Nicolas Winding Refn http://enrevenantducinema.fr/2011/10/03/sortie-de-route/ http://enrevenantducinema.fr/2011/10/03/sortie-de-route/#comments Mon, 03 Oct 2011 00:52:14 +0000 http://enrevenantducinema.fr/?p=549 Sortie de route

Il existe certains mystères dans l’existence, l’un d’en entre eux est de savoir comment Drive a pu être sélectionné au dernier festival de Cannes et en remporter … Lire la suite...

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Sortie de route

Il existe certains mystères dans l’existence, l’un d’en entre eux est de savoir comment Drive a pu être sélectionné au dernier festival de Cannes et en remporter le prix de la mise en scène. Après tout ce n’est que l’avis d’un jury mais ça reflète ce que certains considèrent comme de la mise en scène.
Cela pourrait être vu comme une très petite série B avec quelques scènes réussies, d’ailleurs ça commence plutôt bien avec un braquage filmé de façon très efficace, une autre scène est assez belle, le héros, joué par Ryan Gosling qui ressemble vaguement à Stan Laurel en moins charismatique, embrasse sa protégée (incarnée par Carey Mulligang) dans un ascenseur avant de tuer le troisième occupant de l’habitacle dans un mouvement plutôt fluide, on peut aussi sauver une fusillade brutale dans un hôtel qui dure peu de temps mais qui surprend.
Sinon nous ne sommes que dans la pose, le réalisateur sait filmer une voiture qui roule, ce qui n’arrive pas si souvent hélas, par contre il ne sait pas comment filmer le reste, les discussions, les engueulades, l’attente, la relation entre un enfant et le héros, les regards amoureux. Il pense que pour faire un plan il faut toujours trouver un truc, faire un effet, il n’abuse pas des mouvements de caméra, c’est un artiste, il est au-dessus de ça, par contre il aime mettre la caméra à un endroit particulier, faire de longs plans fixes très (trop, beaucoup trop) composés ou de légers travellings, il ne semble pas intéressé par les acteurs qui donnent du coup l’impression de s’ennuyer puisque tellement peu désirés.
Nicolas Winding Refn préfère s’amuser avec son joujou, les contre-plongées se multiplient, loin de l’idée d’un Ken Loach filmant à hauteur d’homme, là, il filme au niveau du genou (d’où on regarde le monde est un choix politique). Il cherche sans cesse à placer les corps où les visages en rapport à la ligne des décors, tables, arbres, par exemple un des protagonistes parle, il est filmé en contre plongé comme il se doit, et le réalisateur fait en sorte que sa tête se retrouve à la croisée de deux néons. Lorsqu’il fait jour, le soleil est toujours rasant pour provoquer un joli reflet dans la caméra, il abuse aussi de la profondeur de champ pour rendre impressionnant quelqu’un qui marche dans un couloir et ce qui fait qu’une simple scène dans un supermarché semble totalement artificielle alors qu’il ne se passe rien, n’oublions pas évidemment les ralentis, les flash-forwards, les plans tarabiscotés. Ainsi il filme un affrontement au milieu de miroirs et de femmes, seins nus, qui ne réagissent pas comme si elles étaient des mannequins, les corps nus, la violence, un côté kitch assumé, on sent dans cette scène tout le côté racoleur de la pose arty. Vu qu’il est incapable de filmer le frémissement entre deux personnes qui se rencontrent, l’amour naissant entre les deux personnages est tourné comme dans une publicité pour du shampoing, la mère, l’enfant, le bord de la rivière, le soleil se reflétant dans l’eau, la musique qui enrobe le tout.
Nicolas Winding Refn veut faire le coup de Taxi Driver de Martin Scorcese, le petit film violent et noir, très stylisé qui espère devenir culte, sauf que d’un côté il y a un cinéaste, de l’autre un petit malin avec un petit talent. Tout sonne faux, ça pue la prétention, le jeu des acteurs se doit d’être atone et dévitalisé, ce qui est à la mode, mais n’est pas Kaurismaki qui veut, ce dernier met de l’humanité derrière le masque de ces acteurs, là l’humanité, on s’en fout, l’humanité pour le coup c’est passé de mode, et comme c’est ça qui compte.
La musique est soit de l’indie rock pour bien confirmer que l’auteur a bon goût, soit un son strident parce que quand même il y a une sacrée tension qui se dégage, il ne faudrait pas l’oublier, même si ça fait déjà un certain temps qu’on pense à autre chose et ce ne sont pas les quelques scènes gores qui vont nous réveiller.
La lumière est souvent jaune, la ville est vue d’au-dessus pour donner cette impression de… de quoi déjà ?, une bataille a lieu en ombres chinoises pour créer une sensation de… ou peut-être pour… je cherche, je cherche, celui qui a la réponse peut nous prévenir. Bon n’en jetons plus.
Dire que le jury du festival de Canne et de nombreux critiques se sont fait avoir par ce maniérisme pompier est affligeant. Dire que des cinéastes comme Bonello ou Moretti n’ont pas eu de prix à Cannes, même pas celui de la mise en scène, alors qu’un seul plan de leur derniers film a plus de valeur que les 1h40 de Drive, l’est encore plus.
Drive de Nicolas Winding Refn, EU, 2011 avec Ryan Gosling, Carey Mulligang, Bryan Cranston…

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Very Bad Trip de Todd Phillips http://enrevenantducinema.fr/2010/11/06/un-tout-petit-trip/ http://enrevenantducinema.fr/2010/11/06/un-tout-petit-trip/#respond Sat, 06 Nov 2010 13:41:05 +0000 http://enrevenantducinema.free.fr/?p=25

Un tout petit trip

Quand on voit un film comme Very Bad Trip quelques mois après sa sortie, difficile d’être surpris par ces personnages se réveillant dans une chambre de … Lire la suite...

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c Warner Bros France

Un tout petit trip

Quand on voit un film comme Very Bad Trip quelques mois après sa sortie, difficile d’être surpris par ces personnages se réveillant dans une chambre de Vegas avec un tigre dans la salle de bain et un bébé dans un placard, en aurait-il été autrement sans avoir rien entendu sur cette histoire ? je ne crois pas parce que le principe de départ qui parait ingénieux est aussi ce qui détruit le film. Cette idée d’un groupe de personnes se retrouvant le lendemain d’une nuit très arrosée et se souvenant de rien partant à la recherche de ce qu’ils ont vécu cette nuit semble drôle, excitante sauf que cela oblige à une surenchère artificielle. Une fois le film mis en place, tout est déjà dit, le reste ne peut qu’être le déroulement d’un programme, il n’y a pas de progression possible, que faire de plus énorme après cette histoire de tigre, de dent arraché, de bébé planqué ? et ce type de film (dont le modèle reste After Hours de Scorcese) ne peut fonctionner que sur cette progression.
Là nous assistons à un essoufflement dès la première demi heure, et si quelques accidents surprennent et amusent (la porte contre le bébé, des gangsters asiatiques qui surgissent, les sorties de Zach Galifianakis), l’ensemble semble courir après le film et oblige à une folie de chaque instant (la scène avec les policiers sadiques, l’arrivée de Mike Tyson…) qui puisqu’elle est prévue ne surprend pas et finit par lasser, le réalisateur a beau essayer de muscler son film à coup de mouvement de caméra sur une voiture qui file, rien ne bouge. Les acteurs, plutôt bons, n’y sont pour rien, ils ne peuvent incarner quelques choses, ils sont condamnés à s’agiter dans le vide, tout est déjà joué depuis longtemps et ce n’est pas le finale, ode à l’amitié virile et à ceux qui ont des couilles qui, tombant à plat, arrangera les choses.
Very bad trip (the hangover) de Todd Pillips, EU, 2009 avec Bradley Cooper, Ed Helms, Zach Galifianakis…

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