nouvelle vague – en revenant du cinéma http://enrevenantducinema.fr Tue, 24 Apr 2018 20:15:36 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=4.9.8 La nouvelle guerre des boutons de Christophe Barratier http://enrevenantducinema.fr/2011/09/30/la-guerre-des-moutons/ http://enrevenantducinema.fr/2011/09/30/la-guerre-des-moutons/#comments Thu, 29 Sep 2011 22:45:24 +0000 http://enrevenantducinema.fr/?p=527

La guerre des moutons

– Chérie, si on allait au ciné ce soir ?
– Voir quoi ? J’te préviens, j’ai pas envie de me prendre la tête !
– Je regarde le … Lire la suite...

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La guerre des moutons

– Chérie, si on allait au ciné ce soir ?
– Voir quoi ? J’te préviens, j’ai pas envie de me prendre la tête !
– Je regarde le programme… Ah, c’est marrant, ils repassent La guerre des boutons ! c’est bien le film en noir et blanc avec le squelette ?
– Nan, ça c’est Les disparus de Saint-Agil, rien à voir ! La guerre des boutons, c’est avec P’tit Gibus, « si j’avais su j’aurai pas venu », les gosses qui se bagarrent tout nus…
– Ah d’accord ! Apparemment, ils l’ont ressorti, mais en couleur… Putain, elle est si vieille que ça, Mathilde Seigner ?
– T’es con, c’est pas le même film, ils l’ont refait ! J’te préviens, je veux pas voir ça !
– Moi non plus !
– Du coup, ils passent quoi dans la salle 2 ?
– Attends, je regarde… Ah merde ! La nouvelle guerre des boutons, avec Kad Merad… Euh, finalement je crois qu’on va pas aller au ciné ce soir…

En 1962, Yves Robert donnait sa version du roman écrit par Louis Pergaud au début du siècle dernier. Sans aucun doute le meilleur film d’un modeste artisan qui œuvra principalement dans le cinéma populaire. En le revoyant aujourd’hui, on ne peut s’empêcher de le rapprocher des Quatre cents coups, sorti trois années plus tôt. Si la mise en scène est quelconque, les thématique abordées renvoient directement au chef-d’œuvre de François Truffaut : le fossé abyssal qui sépare le monde de l’enfance de celui des adultes, et cette jeunesse en quête de liberté, asphyxiée par une société normative. Société urbaine pour Antoine Doinel, société rurale pour Lebrac, aussi castratrice l’une que l’autre. La violence, l’incompréhension, l’impuissance, rien n’était éludé dans la version d’Yves Robert. Le seul adulte qu’il sauvait, c’était l’instituteur dont on devinait implicitement un parcours identique à celui du jeune rebelle. Pas un monument du septième art, donc, mais un film honnête dont les dialogues savoureux sont passé à la postérité*.
Passons sur l’adaptation de Yann Samuell dont l’unique mérite est d’avoir tenté de couper l’herbe sous le pied de Christophe Barratier. C’est la version de ce dernier, n’en doutons pas, qui va emporter le morceau. Il faut dire que rien n’a été laissé au hasard. D’abord, on transpose l’histoire dans un cadre historique ultra-référencé : la seconde guerre mondiale. Plus précisément mars 1944, soit quelques mois avant la libération. Tout le monde connaît, la victoire est proche et c’est suffisamment vieux pour permettre d’arrondir les angles : les villageois sont tous de gentils résistants, et si le maire bois le coup avec les miliciens, il reste un collabo passif, donc excusable. Les vichystes sont soit d’horribles miliciens, tous jeunes**, soit des personnages caricaturaux dessinés à la hache, comme ce gardien de musée s’extasiant devant une statue grecque, donc forcement présenté comme un homosexuel refoulé. En tout cas, les méchants habitent tous en ville, et les gentils à la campagne. Pour enfoncer le clou, Barratier joue la carte « Anne Frank » en inventant Violette, jeune-fille juive cultivée qui se cache après avoir été séparée de ses parents, qui tient un journal, et tombe sous le charme de Lebrac. Là où le film d’Yves Robert ne tentait jamais de rapprocher les univers des enfants et des adultes – on se copiait, mais on gardait toujours ses distances – le réalisateur de l’indigeste Les choristes franchit allègrement le pas en mettant en parallèle la guerre des gosses et celle des grandes personnes. Ainsi, le père de Lebrac, brutal, vulgaire et haïssable au début, devient un héros le jour où son fils découvre qu’il est résistant ! Pire, il crée pour l’instituteur – insupportable Guillaume Canet – une romance parallèle à celle de Lebrac avec… la mercière qui a pris la jeune fille juive sous son aile ! Et évidement, enfants et adultes s’allient à la fin du film afin de permettre leur fuite au nez et à la barbe des miliciens… Ouf ! Sans oublier le post happy-end qui nous précise que si la jeune Violette ne retrouva jamais ses parents, elle revint quelques mois plus tard, à la libération, avec la mercière pour s’installer au village. Il ne manque que le carton : « tiré d’une histoire vraie »…
Passons rapidement sur la pudibonderie de cette version. Les enfants ne fument plus et ne se battent plus à poil, mais en sous-vêtements. C’est plus correct, il ne faut choquer personne. Passons sur certaines scènes dont le sens est purement et simplement inversé : En 1962, le drapeau blanc était hissé afin de soigner un animal blessé, ce à quoi s’employaient les enfants des deux villages. En 2011, les Velrans ignorent le symbole de paix et en profitent pour humilier Petit Gibus, les salauds. Plus grave encore que la simplification historique – rappelons que les derniers mois de l’occupation furent parmi les plus troubles de le seconde guerre mondiale –, le film fait preuve d’un révisionnisme cinématographique déplorable : en se référant au cinéma dît de qualité française, Barratier nie sciemment l’influence de la Nouvelle Vague qui illuminait le film d’Yves Robert. Même si il passe rapidement dessus, Yann Samuell a au moins situé sa version pendant la Guerre d’Algérie – qui hanta notamment le cinéma de Jacques Demy. La nouvelle guerre des boutons emprunte le courant nauséeux qui voudrait faire de la Nouvelle Vague un détail de l’histoire du cinéma, quelque chose dont il faut se débarrasser au profit d’un conformisme pantouflard et rassembleur. Et malheureusement, le public suit. Plus que jamais, il est essentiel de défendre des films comme Les bien-aimés, L’Apollonide et La guerre est déclarée qui proposent un cinéma moderne, complexe et surtout réaliste. La société va mal et le cinéma doit en offrir au spectateur une image juste. Pas lui mettre des œillères en lui murmurant à l’oreille que jusqu’ici, tout va bien, ou que c’était mieux avant.

*A noter que les deux productions ont demandé à la veuve du réalisateur le droit d’utiliser, entre autre, le mythique « si j’avais su, j’aurai pas venu » du Petit Gibus. Elle les aurait poliment rembarrés en leur suggérant d’inventer leurs propres dialogues…

**Toute similitude avec le quotidien décrit par le grand documentariste Jean-Pierre Pernaut à 13h sur TF1 serait fortuite, cela va de soi… Des gentils enfants ? Des gentils vieux ? Des méchants jeunes ? Nan, aucun rapport…

La nouvelle guerre des boutons de Christophe Barratier, France, 2011, avec Guillaume Canet, Lætitia Casta, Kad Merad, Gérard Jugnot

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Les Biens-aimés de Christophe Honoré http://enrevenantducinema.fr/2011/08/31/la-tristesse-des-midinettes/ http://enrevenantducinema.fr/2011/08/31/la-tristesse-des-midinettes/#comments Wed, 31 Aug 2011 10:14:57 +0000 http://enrevenantducinema.fr/?p=437 La tristesse des midinettes

Christophe Honoré est un cinéaste qui fait fracture, détesté par certains, lui reprochant son sentimentalisme, son abus des références et un aspect bobo loin des réalités … Lire la suite...

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La tristesse des midinettes

Christophe Honoré est un cinéaste qui fait fracture, détesté par certains, lui reprochant son sentimentalisme, son abus des références et un aspect bobo loin des réalités de la vraie vie des vrais gens, un cinéaste qui ne serait pas assez sérieux, aimé par d’autres dont nous sommes, trouvant dans ses films un sens du mouvement, une humanité dans son regard sur ses acteurs, un élan de vie mêlé de tristesse qui nous chamboule.
Son dernier film Les Biens-aimés ne va pas arranger les choses et c’est tant mieux, il nous intéresse aussi pour cela, il ne cherche pas à être dans l’air du temps, il défend son univers, sa vision du cinéma, il s’inscrit dans l’histoire du cinéma français et ne s’excuse pas d’être un héritier de la nouvelle vague alors qu’aujourd’hui il est de bon ton d’oublier cette histoire, de revenir à cette idée que le cinéma, c’est un scénario solide, des acteurs qui composent et un réalisateur ayant une grande virtuosité technique, bref que ça doit en mettre plein la vue, un cinéma d’avant les nouvelles vagues qui ont suivi la seconde guerre mondiale, retour de bâton théorique dont le grand prêtre serait Michel Ciment de Positif qui exècre Honoré et ce qu’il présente, il est ainsi la cible des cinéphiles réactionnaires (nous ne considérons pas que tous les critiques qui n’aiment pas Honoré le sont pour autant, mais nous parlons d’un mouvement d’ensemble qui voudrait que le cinéma français soit représenté par Jacques Audiard, Bertrand Tavernier plutôt que par Honoré, Bertrand Bonello ou Mia Hansen-Love par exemple).
Ceci serait déjà des raisons suffisantes pour défendre cet auteur mais nous aimons aussi sa vision et sa pratique du cinéma, il tourne beaucoup, ce qui est en soi ni un défaut ni une qualité, mais plutôt que de chercher pendant des années la perfection (la perfection est obscène comme le décrétait François Truffaut), l’œuvre ultime, le grand film qui impose sa puissance à tous, il transmet son plaisir de tourner et tant pis s’il y a des scories, un plan foireux ici, quelque chose de surlignée là, l’important est le mouvement, le geste, il essaie d’attraper l’instant où il se passe quelque chose entre les acteurs plutôt que d’être dans la construction du plan qui va impressionner, capter le visage de Chiara Mastroianni dans la nuit comme si c’était un plan volé, filmer au plus près des corps nus qui font l’amour, voir ce que ça crée, filmer la maladresse d’un chant pas tout à fait maitrisé touchant par la fragilité que ça produit.
Dans Les Biens-aimés, la première partie, un Paris des années 60 coloré d’un bleu et rose venant d’un film de Jacques Demy, est un Paris irréel qui pose les bases de son film, nous ne sommes pas dans une approche qui se veut réaliste, dans le sens où ça doit faire vrai, nous sommes face à un film dont l’objet est le sentiment et uniquement cela, Les Biens-aimés fonctionne par strates, nous allons traverser le printemps de Prague, le 11 septembre, etc. on part du rose et du bleu pastel pour aller vers le gris, le noir comme dans ce moment de bascule, cette superbe scène chantée où l’on croise la mère et la fille à deux périodes différentes sur le même pont. Si on retrouve cette tonalité de tristesse mêlée de joie qui trame son cinéma, cette histoire qui parle de la perte, de l’amour impossible ou de son usure comme dans la trilogie parisienne (Dans Paris, les Chansons d’amour, La belle personne), on sent plus de lourdeur dans les corps, dans ce qui s’échange au diapason d’une société dépressive (avec parfois quelques facilités dans la volonté de coller à l’époque), l’air est plus étouffant, la légèreté étant surtout incarné par les personnages plus âgés, les trentenaires semblent, eux, tétanisés. Par exemple le triolisme était ludique dans les chansons d’amour, là il précède le drame. On rit moins mais on perçoit toujours les lignes de fuite, si le film est plus âpre que ses précédents, il n’en est pas moins un appel à ne pas se laisser enfermer, un appel à continuer à aimer, à chanter malgré tout, à continuer de vivre quelques soient les malheurs de l’époque ou les drames traversés, un appel aussi à continuer de faire un cinéma qui nous transforme en midinettes, ces filles qui savent qu’au fond il n’y a rien de moins frivole que de se raconter et de vivre des histoires d’amour.
Les Biens-aimés de Christophe Honoré, France, 2011 avec Chiara Mastroianni, Catherine Deneuve, Ludivine Sagnier, Louis Garrel…

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Claude Chabrol, le cinéma jusqu’à la fin http://enrevenantducinema.fr/2010/11/06/claude-chabrol-le-cinema-jusqua-la-fin/ http://enrevenantducinema.fr/2010/11/06/claude-chabrol-le-cinema-jusqua-la-fin/#comments Sat, 06 Nov 2010 16:28:12 +0000 http://enrevenantducinema.free.fr/?p=36 Beaucoup de choses ont été dites ces deniers jours suite à la mort de Claude Chabrol et peu de choses sur son cinéma, on a entendu ici et là les … Lire la suite...

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Beaucoup de choses ont été dites ces deniers jours suite à la mort de Claude Chabrol et peu de choses sur son cinéma, on a entendu ici et là les mêmes clichés, un homme qui aime la vie, un gourmand et aussi un cinéaste dont l’œuvre est sans cesse renvoyée à son cinéma de la charnière des années 60/70 c’est à dire l’époque des Noces rouges, du Boucher, de Que la bête meurt. Bien sûr ces films comme ceux de la Nouvelle Vague sont importants et ont marqués l’histoire du cinéma, mais dans les années 90 il a réalisé des films comme Betty, La Cérémonie, l’Enfer et dans les années qui suivent son travail continue d’être captivant.
Ce qui est passionnant chez ce cinéaste, c’est qu’il a sans cesse remis son titre en jeu. Par exemple, il réalise La Cérémonie en 1995, film acclamé par la critique, qui plait au public, il aurait pu ensuite refaire ce film, en variant l’histoire, en continuant cette critique acerbe d’une bourgeoisie bien pensante, il aurait pu jouer sur son savoir faire, sa maîtrise, faire un cinéma considéré comme solide, intelligent, au rythme efficace. Mais il tourne ensuite un film de transition Rien ne va plus, (dont le titre n’est pas un hasard), et décide alors de prendre un autre chemin, d’utiliser une autre forme, il essaie d’oublier son savoir faire, la « grande forme » pour réaliser des films dont l’intrigue est expliquée dès le départ (Merci pour le chocolat, les Demoiselles d’honneur…). Des films qui jouent sur une esthétique proche du téléfilm, où il travaille sur le retranchement, sur la fluidité, sur ce qu’on ne voit pas et non plus sur ce qu’on voit. Il essaie de ne pas faire ce qu’il sait faire, et surtout ce qu’il sait plaire, d’où des films parfois décevant et déroutants à la première vision où l’on se demande où il veut nous amener, et étrangement qui mettent mal à l’aise, troublent profondément lors d’une deuxième vision, parce que ce sont des films (jusqu’au dernier Bellamy) qui se dérobent à tout moment, qui ne sont pas aimables, qui ont de nombreuses sous couches, dans lesquels du jeu des acteurs, au décor, à l’intrigue vite expédiée, tout semble à la limite du faux (il envoie valser avec bonheur le sacro-saint réalisme), tout cela filmé comme un à plat gris pourtant ils sont travaillés en profondeur par une inquiétante étrangeté. On passe de personnages de femmes brisées par la vie qui tente de se battre comme elles peuvent (une Affaire de femme, la Cérémonie) à une galerie de fantômes, de personnages qui ont déjà quitté la vie (du Dutronc de Merci pour le chocolat aux pantins de L’ivresse du pouvoir en passant par la famille des Fleurs du mal) et qui sont filmés comme tels. Cette dernier période est peut-être la plus noire de son œuvre où seules les jeunes peuvent peut-être encore tenter de faire quelque chose. Nous ne sommes plus dans la rage, le portrait acide d’une société nous sommes au-delà, nous sommes dans le domaine de la mort, de la tristesse.
Un moment de son œuvre qui montre que Chabrol est resté un cinéaste majeur, quelque soit l’époque, qui savait prendre des risques, quitte à perdre les critiques paresseux, conservateurs et une partie de son public.

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