De la terre plein les yeux
Un réalisateur suédois, des financements allemands, britanniques, français, des acteurs anglais, une histoire qui traite d’espionnage au niveau européen. Quand on voit ce film, on se dit que l’Europe du cinéma est aussi motivante que l’Union Européenne pour un travailleur grec.
On a l’impression que le réalisateur ne sait pas quoi faire du scenario qu’on lui a donné, qu’il s’est dit que pour insuffler un peu de rythme, un peu de vie il fallait varier au maximum la grammaire cinématographique mais tous les choix qu’il fait sont mauvais ou n’ont pas de raison d’être et plutôt que de donner du mouvement à l’ensemble le fige dans un décorum ridicule. On image Thomas Alfredson se dire « bon là c’est chiant, si je faisais un plan large puis un plan rapproché pour créer de l’intérêt, ça ne marche pas, si je jouais sur la focale, c’est guère mieux, allez, je vais faire se succéder des zooms sur les visages pour créer de la tension et j’envoie de la musique, ça ressemble toujours à un vieux téléfilm des années 50, peut-être qu’en faisant un long travelling qui passerait au-dessus d’un bâtiment pour plonger dans la rue, ça sert à rien mais avec un peu de chance le spectateur trouvera ça jolie… » mais ça ne marche pas, chaque scène pèse une tonne, le montage est fait en dépit du bon sens, chaque acteur joue pour lui-même, il en est de même pour les techniciens, chaque personne ayant participé à ce film semble avoir travaillé seule dans son coin, rien ne circule, rien ne se passe.
L’idée devait être de jouer sur un habillage très british, feutré derrière lequel se cachent des jeux cruels, des manipulations variées mais ça ne fonctionne pas, ça se voudrait crépusculaire mais c’est surtout poussiéreux, surjoué, laid, déjà mort.
La mise en scène totalement aléatoire empêche de s’intéresser à l’histoire confuse, on ne comprend rien à rien, on finit rapidement par s’en foutre de ne rien comprendre et au bout d’une heure d’ennui où ma pensée partait vagabonder sur d’autres terrains, je n’ai pas réussi à aller au bout. Le plus grand mystère du film n’est pas de savoir qui est la taupe mais comment un cinéaste peut enchainer le troublant et prometteur Morse et ce film indigeste.
La taupe, (Tinker, Tailor, Soldier, Spy) de Thomas Alfredson, 2012, France, Allemagne, britannique avec Gary Oldman, Mark Strong, John Hurt…
Quelle déception après le superbe MORSE. Un tel casting, un metteur en scène doué… pour aboutir à un thriller d’espionnage incompréhensible, soporifique, long et inutilement alambiqué.
J’ai été dans cet état d’esprit à la première « lecture »… Mais les qualités formelles du film m’ont incité à retourné le voir dès le lendemain, et j’ai trouvé la narration finalement fabuleuse…
Peut-être que je suis totalement passé à côté et que je devrais le revoir. Mais la première « lecture » m’a paru tellement confuse que je ne suis pas sûr d’avoir envie de faire l’effort.