en revenant du cinéma» cinéma coréen http://enrevenantducinema.fr regards croisés sur le cinéma Tue, 19 Nov 2013 20:53:07 +0000 fr-FR hourly 1 http://wordpress.org/?v=3.6.1 Snowpiercer, le Transperceneige de Bong Joon-Ho http://enrevenantducinema.fr/2013/11/19/snowpiercer-transperceneige-bong-joon-ho/ http://enrevenantducinema.fr/2013/11/19/snowpiercer-transperceneige-bong-joon-ho/#comments Tue, 19 Nov 2013 20:01:22 +0000 Baptiste Madamour http://enrevenantducinema.fr/?p=1831 - Tu as un problème avec les portes ?

La terre est recouverte de neige. Un train traverse le monde en faisant une immense boucle. Ce train est une micro-société. Le lumpenprolétariat dans le wagon de queue, un dictateur dans la locomotive, la classe moyenne au milieu. Tout le monde est à sa place et doit rester à sa place mais … Lire la suite...

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Snowpiercer-Le-Transperceneige2- Tu as un problème avec les portes ?

La terre est recouverte de neige. Un train traverse le monde en faisant une immense boucle. Ce train est une micro-société. Le lumpenprolétariat dans le wagon de queue, un dictateur dans la locomotive, la classe moyenne au milieu. Tout le monde est à sa place et doit rester à sa place mais une révolte se prépare.
Un film adapté d’une bd française, un mélange d’acteurs de différentes nationalités dont de nombreux venant des États-Unis (pas n’importe qui non plus, Tilda Swinton, Ed Harris ou John Hurt par exemple), du grand spectacle, on pouvait se demander si la créativité du coréen Bong Joon-Ho pourrait être étouffée.
Memories of murders, The host, précédents films du cinéaste, étaient déjà de grands films de genre (policier, de monstre), ce qui n’empêchait en rien BJH d’amener son univers personnel. Un regard tendre sur des héros losers, du grotesque pouvant surgir à n’importe quel moment transformant une scène dramatique, héroïque ou d’angoisse en scène drôle et absurde et vice-versa avec un grand sens du contre-temps.
Le début de Snowpiercer pourrait laisser craindre une normalisation de la vision du cinéaste. Curtis, le héros, beau gosse sombre, son acolyte jeune et enthousiaste, un enfant noir tout mignon qui joue avec un ballon, un vieux sage handicapé, un décorum verdâtre de la misère qui pourrait rappeler certains films de Jeunet (en plus vivant heureusement) mais très vite ça dérape, ce début déjà vu se détraque avec l’arrivée de Tilda Swinton. Quand on la voit, monstrueuse, délivrant un discours étrange et effrayant à côté d’un homme roux édenté le bras bloqué à l’extérieur du train, une chaussure sur la tête, on comprend alors que nous ne sommes pas dans un blockbuster hollywoodien mais bien chez BJH avec cette bizarrerie, ce rappel politique (la chaussure comme symbole de la rébellion comme ce fut le cas pour la chaussure envoyée sur Bush). Ça se confirme avec l’arrivée de Song Kang-Ho et Ko Asung (qui jouaient le père et sa fille dans The host), deux personnages complètement défoncés pendant tout le film.
Ainsi tout ne sera pas comme on peut s’attendre dans un cinéma de pur entertainment, d’abord par sa vision nihiliste, les scènes de combat sont dures, noires comme dans ce moment de combat à la hache, où tout paraît soudain ne plus avoir de sens, la scène ne semble jamais devoir s’arrêter, devient presque abstraite, il y a à la fois le souffle de révolte et la morbidité de la violence. Il faut avancer de wagon en wagon mais les cadavres parsèment le train, les combats s’enchaînent. Les héros sont loin d’être des personnages positifs entre un artificier drogué et un leader au passé lourd, tout semble contaminé. Le cinéaste évite le cynisme absolu (et facile aujourd’hui) que la dernière partie pourrait laisser craindre (avec ce twist final qui a le mérite d’éclairer différemment le début mais qui est un peu laborieux), dans un dernier geste politique, dans une dernière action où le héros du film n’est peut-être pas celui qu’on croit. Il refuse alors qu’on sorte de ce film en considérant que la révolte est inutile et que tout le monde doit rester à sa place, même s’il nous laisse croire qu’on pourrait adhérer à la cohérence folle du dictateur.
La créativité et la drôlerie de BJH (qui le distingue des cinéastes qui ne se dépare jamais d’un sérieux écrasant de grand Auteur post-moderne comme on peut le voir dans les derniers Christopher Nolan) se déploient avec la scène délirante dans la salle de classe, l’anniversaire, les scènes de violence dans le sauna qui rappelle des films de Cronenberg récents (Les promesses de l’ombre bien sûr mais aussi History of violence), on se laisse aller au plaisir d’un film où tout, absolument tout, peut arriver, surtout qu’on s’en fout vite de la vraisemblance.
La force d’une hybridation est dans la capacité à utiliser la force de différents cinémas qui se mélangent, à ne pas en négliger l’un pour l’autre. La noirceur, l’humour, la critique politique, l’humanité de BJH sont présents (peut-être malgré tout à un degré moindre que dans The host plus solide dans son ensemble) mais le pur spectacle est là aussi, il ne triche pas avec ça.
La beauté simple et puissante des paysages enneigés, de ce train filant sans fin, des différents wagons, le travail somptueux sur les couleurs, entre le gris du début et l’arrivée de la lumière puis de la nature, la précision et l’efficacité des scènes de combat à la main, à la hache, à la torche, les combats à l’arme de feu de wagon à wagon, le plaisir ludique de savoir comment les personnages vont avancés (un cinéma de dispositif qui rappelle alors Une journée en enfer de John Mac Tierman). Le rythme est intense de la claustrophobie du début à l’alternance des moments de violence puis de repos, de flottement, d’humour avec cette capacité à maintenir un état d’excitation alors que l’on reste dans un espace clos, alors que l’histoire est d’une grande simplicité puisque finalement il s’agit uniquement de la traversée d’un train de l’arrière vers l’avant.
Snowpiercer, le Transperceneige, (Snowpiercer) de Bong Joon-ho, Corée du sud, 2013 avec Chris Evans, Song Kang-Ho, Ed Harris, Tilda Swinton, Ko Asung…

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Pietà de Kim Ki-duk http://enrevenantducinema.fr/2013/04/08/pieta-de-kim-ki-duk/ http://enrevenantducinema.fr/2013/04/08/pieta-de-kim-ki-duk/#comments Mon, 08 Apr 2013 18:27:06 +0000 Baptiste Madamour http://enrevenantducinema.fr/?p=1507 Un chien qui se fait trancher la gorge

Le générique annonce que Pietà est le 18ème film de Kim Ki-duk, un cinéaste que je ne connais que de réputation. 1h40 après, une fois la purge finie, je ne peux que plaindre ceux qui ont vu toute sa filmographie. Rarement un film ne m’a paru d’une telle nullité, et pourtant il … Lire la suite...

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Pieta3Un chien qui se fait trancher la gorge

Le générique annonce que Pietà est le 18ème film de Kim Ki-duk, un cinéaste que je ne connais que de réputation. 1h40 après, une fois la purge finie, je ne peux que plaindre ceux qui ont vu toute sa filmographie. Rarement un film ne m’a paru d’une telle nullité, et pourtant il a reçu le Lion d’or à Venise.
Donc un homme travaille pour un usurier, il estropie ceux qui ne peuvent le rembourser (avec de nombreuses scènes où des parties de corps sont écrasées par des machines, attention : symbole !), une femme se fait passer pour la mère de cet homme pour l’approcher, le soumettre et ainsi venger son fils. On apprend que cet homme sadique et abandonné a un petit cœur qui bat, que la soumission à l’argent, c’est mal, que l’amour peut sauver les hommes. On pourrait faire une bonne histoire avec ça si tout n’était pas si lourd, répétitif, à la fois sentencieux et stupide.
Les acteurs sont dans la pose, en font des tonnes, sont tous aussi mauvais les uns que les autres. La mise en scène n’a pas de sens, Kim Ki-duk semble ne jamais savoir où mettre sa caméra, de temps en temps pour faire croire qu’il a un style, il fait une contre-plongée (règle de base : toujours se méfier des cinéastes qui abusent des plongées et contre-plongées), beaucoup de gros plans, des images qui se veulent décalées, le héros filmé assis et on voit seulement ses jambes pliés, beaucoup de plans dans des couloirs, des escaliers, pour structurer l’espace facilement, un montage lourdingue, une lumière très laide, on ne peut vraiment rien sauver. Le filmage vidéo à l’arrache devient une sorte d’alibi pour filmer encore plus mal qu’une obscure série Z, avec en plus une grande prétention auteuriste (déjà ce titre, Pietà, il faut oser).
Ça pourrait être du grand n’importe quoi vaguement barré mais moralement, c’est indéfendable. Ça commence par des images chocs, un type qui se suicide, le héros qui se masturbe dans son lit puis on voit un couple qui a des crédits à rembourser, qui se mettent à baiser, excités par la peur, à ce moment là on se dit que ça va être un film subtil, on n’est pas déçu.
Mais comment peut-on tourner cette scène ou un homme se fait humilier par le héros, reçoit des claques alors que sa mère est présente, elle crie et pleure, comment peut-on décider de la filmer avec de petits soubresauts de caméra comme si nous prenions les claques nous-mêmes ? Comment peut-on filmer cette mèche de cheveux qui reste sur la chaîne après le suicide du fils (il faudrait que le cinéaste recopie cent fois l’article de Rivette sur Kapo) ? Comment peut-on filmer ainsi en gros plan l’urine d’un handicapé sur sa chaise roulante qui pisse de peur ? On pourrait parler aussi de la façon de filmer en plongée comme un insecte apeuré un homme qui vient de se prendre un coup de couteau, on pourrait aussi écrire sur cette scène de viol qu’on pense incestueuse, cette insistance pour mettre mal à l’aise… L’abjection est là, pas dans ce qui est montré mais dans le regard du cinéaste, dans son œil. Partir de la fange, faire le chemin de la cruauté à la rédemption, pourquoi pas ? mais pour cela il faut avoir un regard, une vision humaine qui élève, là le regard est un regard qui abaisse, qui avilit ceux qui sont filmés (cette humanité vue uniquement comme imbécile ou grimaçante) et qui avilit le spectateur qui endure ça, qui se sent complice. La distance est grande entre la compassion ou la révolte et la pure complaisance dans laquelle baigne ce film.
On sait ce que les défenseurs de ce genre de cinéma peuvent en dire : que c’est un cinéma qui bouscule, qui fait réagir, qui n’est pas tiède, un cinéaste qui fait des films « chocs », rentre dedans comme si ça suffisait, comme si ça justifiait tout. Répétons qu’il n’y a rien de plus facile que de provoquer, que c’est à la portée du premier petit malin venu, filmer des scènes violentes, crues, filmer un viol, l’inceste, la scatologie et n’avoir rien à en dire, regarder tout ça et mettre une petite morale à la fin, dire ensuite que c’est un film sur la vie, la mort, le capitalisme, peu importe du moment que l’on tombe dans le panneau comme l’a fait le jury du dernier festival de Venise (comment ont-ils pu ?)… la complexité est de faire quelque chose de ce matériel boueux, Kim Ki-duk en semble incapable.
On imagine ce que peut faire un cinéaste comme David Cronenberg de ce type de sujet, il pourrait partir de ce thème sans en cacher la violence pour en faire un film perturbant et vibrant parce que c’est un artiste, parce qu’il a quelque chose à dire sur ce que c’est de vivre dans ce monde, parce qu’il sait filmer un corps, que celui-ci soit violenté, blessé ou caressé. Rappelons pour finir ce que David Cronenberg disait dans un entretien avec Serge Grünberg (aux Éditions Cahier du cinéma) « Je sais donc que je peux facilement choquer les gens avec un de mes films, obtenir une réaction très forte, mais ça ne veut pas dire grand chose. Vous savez, il suffit de montrer à l’écran un chien qui se fait trancher la gorge et des tas de personnes vont devenir folles. Mais enfin, est-ce qu’on peut en être fier ? Je ne peux donc me bercer de l’illusion que le simple fait de mettre les gens mal à l’aise justifie le film. Peut-être un petit peu, à un certain niveau, mais je n’ai jamais fait de films pour choquer les gens. »
Pietà de Kim Ki-duk, 2013, Corée du Sud avec Lee Jung-Jin, Min-soo Jo…

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