en revenant du cinéma» Kevin Smith http://enrevenantducinema.fr regards croisés sur le cinéma Thu, 09 May 2013 07:40:09 +0000 fr-FR hourly 1 http://wordpress.org/?v=3.5.1 Argo de Ben Affleck http://enrevenantducinema.fr/2012/12/29/argo-de-ben-affleck/ http://enrevenantducinema.fr/2012/12/29/argo-de-ben-affleck/#comments Sat, 29 Dec 2012 21:47:45 +0000 Guillaume Pic http://enrevenantducinema.fr/?p=1383 « Argo fuck yourself » 1

Téhéran, novembre 1979. Des révolutionnaires iraniens envahissent l’ambassade américaine et prennent son personnel en otage. Six américains parviennent toutefois à s’enfuir discrètement et trouvent refuge chez l’ambassadeur canadien. Devant l’imminence de leur capture, l’agent de la CIA Tony Mendez propose un plan abracadabrantesque pour leur faire quitter le pays : les faire passer pour une équipe de … Lire la suite...

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« Argo fuck yourself » 1

Téhéran, novembre 1979. Des révolutionnaires iraniens envahissent l’ambassade américaine et prennent son personnel en otage. Six américains parviennent toutefois à s’enfuir discrètement et trouvent refuge chez l’ambassadeur canadien. Devant l’imminence de leur capture, l’agent de la CIA Tony Mendez propose un plan abracadabrantesque pour leur faire quitter le pays : les faire passer pour une équipe de tournage canadienne venue en Iran pour des repérages. Autant le dire tout de suite, la troisième réalisation de l’acteur Ben Affleck ne m’a pas convaincu. Alors que Gone Baby gone (2007) et The Town (2010) avaient de solides arguments, Argo se révèle inégal et somme toute un peu vain.
Acteur souvent décrié, Ben Affleck a surpris pas mal de monde en passant derrière la caméra. Il est vrai que de Armageddon à Daredevil en passant par inénarrable Pearl Harbor, sa filmographie renferme un nombre impressionnant de nanars de luxe dont les profits inégaux ont bien failli lui coûter sa carrière. Mais en creusant un peu on trouve tout de même des choses intéressantes, comme sa fidélité au trublion Kevin Smith qui lui offrit son meilleur rôle (Chasing Amy, 1997) et eut la bonne idée de lui présenter un certain Gus Van Sant. Ce dernier mis en image l’histoire qu’il avait imaginé avec son ami Matt Damon et leur offrit l’Oscar du meilleur scénario pour Will Hunting (1997). Suivant les traces de George Clooney, il se lance dans la réalisation dix ans plus tard avec de belles intentions, parfois empruntes de maladresse mais toujours sincères. Enfin, jusqu’à aujourd’hui…
Argo
a deux choses pour lui : l’idée que le cinéma puisse venir au secours de la réalité, car il ne s’agit pas d’une invention de scénariste mais bel et bien d’une histoire vraie, déclassifiée depuis la fin des années 90. L’achat d’un vrai scénario de SF dans la lignée de Star Wars (1977), le portage du faux-projet par un maquilleur et un producteur à la retraite, la location d’un bureau, la publicité dans Variety et même la soirée avec lecture du script, tout est rigoureusement authentique. Une idée jubilatoire et pleine de promesses qui va très vite passer au second plan. L’autre réussite indéniable du long-métrage, c’est sa première partie montrant la prise de l’ambassade et la réaction de Washington. Que ce soit la mise en scène, la montée de la tension, la violence de l’assaut et le rythme des discussions, c’est impressionnant de maîtrise.
Mais en endossant le costume de Tony Mendez, Affleck commet une erreur qu’il avait eut l’intelligence d’éviter dans ses deux premiers films : en n’apparaissant pas dans Gone Baby Gone – c’est son frère Casey qui y interprétait le rôle principal – et en faisant la part belle au personnage de Jeremy Renner, sorte de double maléfique, dans The Town. Ici, l’acteur porte sur ses seules épaules l’intégralité des enjeux de l’histoire. Les autres personnages sont réduits au rang de faire-valoir, malgré un casting impeccable. Et surtout, ça ne fonctionne pas. Il manque à l’agent de la CIA une épaisseur et une humanité qui interdisent toute empathie de la part du spectateur. Et ce ne sont pas ses difficultés familiales – à peine esquissées d’ailleurs – qui y changeront quoi que ce soit. Le personnage est tellement vide que ses doutes sonnent creux et nous éloignent un peu plus du film. A l’ouverture magistrale évoquée plus haut succède un enchaînement de séquences aussi attendues que mal filmées. Le suspens est maintenu artificiellement avec des procédés qui feraient rougir un scénariste de Julie Lescaut, comme lorsque les gardes de l’aéroport courent après un avion de ligne alors qu’il leur aurait suffit de téléphoner à la tour de contrôle pour en interdire le décollage. J’en passe, et des meilleurs…
Toutefois, n’enterrons pas la carrière de réalisateur de l’ami Ben. Argo prouve une fois encore qu’une bonne idée ne suffit pas à faire un bon film. Considérons qu’il s’agit d’un simple faux pas, et attendons la suite avec bienveillance. Et puis ça sera toujours mieux que le prochain Michael Youn, vous pouvez me croire – j’ai découvert l’affiche de son Vive la France il y a quelques jours et j’ai failli en régurgiter mon foie gras…

1 C’est ce que répond le producteur du faux film (Alan Arkin) à un journaliste zélé qui le harcèle pour avoir des informations.

Argo de Ben Affleck, EU, 2012, avec Ben Affleck, Brian Cranston, John Goodman…

 

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Une soirée d’enfer de Michael Dowse http://enrevenantducinema.fr/2011/12/08/conscience-de-classe/ http://enrevenantducinema.fr/2011/12/08/conscience-de-classe/#comments Thu, 08 Dec 2011 18:32:05 +0000 Baptiste Madamour http://enrevenantducinema.fr/?p=710 Conscience de classe

Le titre du film (en anglais c’est un peu mieux Take me home tonight) crétin, l’affiche affreuse, les distributeurs français n’ont toujours pas compris ce qu’ils distribuent (depuis Supergrave vendu avec la phrase « On veut du cul ») ne sachant pas à qui s’adresser avec la nouvelle comédie étasunienne et ne peuvent que dissuader le spectateur éventuel. … Lire la suite...

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Conscience de classe

Le titre du film (en anglais c’est un peu mieux Take me home tonight) crétin, l’affiche affreuse, les distributeurs français n’ont toujours pas compris ce qu’ils distribuent (depuis Supergrave vendu avec la phrase « On veut du cul ») ne sachant pas à qui s’adresser avec la nouvelle comédie étasunienne et ne peuvent que dissuader le spectateur éventuel. Ce film, bien que mineur, n’est pas sans intérêt et vaut mieux que la façon dont il est vendu. Il reprend le schéma type du teen movie, deux losers vont à une fête en espérant ne pas rentrer seuls.
Les deux héros pourraient être les personnages de Supergrave quelques années après, soit Matt, intellectuel timide travaillant comme vendeur dans un magasin de vidéo en attendant mieux et Barry, obsédé sexuel qui se fait virer de son travail de vendeur automobile, ils représentent le jeune prolétariat américain précarisé et on comprend aussi qu’ils étaient des losers plus jeunes dans les années facs et lycées, le film travaille le parallélisme entre un déclassage au niveau du travail et une mise à l’écart sexuelle. Le meilleur de la nouvelle comédie américaine, suivant en cela le Clerks de Kevin Smith, est du côté des perdants, des chômeurs, des travailleurs, de ceux qui sont au bas de l’échelle sociale, cela de façon très explicite dans le très drôle Very Bad Cop qui est un hommage au prolétariat (The other guys comme le dit le titre anglais) mais aussi avec les personnages travaillant sans conviction dans le parc d’attraction d’Adventureland, les vendeurs du magasin de hi-fi de 40 ans toujours puceaux, l’agence de recouvrement où travaille le héros de Délire Express… Les héros sont les laissés pour compte, ceux qui ne gagnent pas par manque de motivation, par difficulté, ils sont les perdants de la compétition entre mâles pour rencontrer des femmes, ils sont les laissés pour compte de la guerre économique pour avoir un statut social et l’argent qui va avec, tous ces films mettent en avant avec justesse la relation entre pouvoir et virilité, ainsi cette scène d’une soirée d’enfer où le héros regarde ces fils de riche arrogants qu’on imagine être les anciennes stars de sa fac en se disant que ce sont eux qui vont diriger le monde, ainsi aussi cette boule de métal métaphore de ce monde dominé autant que des boules qu’il faudrait avoir grosses. Ce ne sont pas des films qui envisagent pour autant une révolte, les personnages sont trop paumés, trop à côté de la plaque pour ça, juste ils montrent avec acuité comment survivre en évitant la violence du monde, en refusant la compétition et le portrait qu’ils donnent des États-Unis est plutôt sombre et angoissé (au contraire de films faussement rebelles d’un certain cinéma indépendant étasunien comme Juno, Little miss sunshine ou les Winners).
Pour en revenir à une soirée d’enfer, le film peine à trouver sa cohésion, son rythme, il hésite entre la mélancolie du très beau Adventureland (surtout avec le personnage incarnée par Teresa Palmer, très bien en clone de l’étrange Kristen Stewart qui apportait toute sa tristesse au film de Greg Mottola) et le délire d’un Supergrave ou d’un Délire Express (sans avoir la force paranoïaque du premier ni l’humour drogué du second), il n’arrive pas à lier ces différentes approches, Michael Dowse ne fait pas de véritable choix, il oublie aussi en route le personnage de la sœur (Anna Faris, touchante) dont le destin pourrait être celui de la bonne épouse, effacée par son mari si drôle, si sûr de lui, si populaire, ce personnage aurait pu apporter une dimension féminine dans cette analyse des rapports de domination souvent vue du côté des hommes écrasés par d’autres hommes. Le film reste à l’état de projet, on perçoit ce qu’il aurait pu être au moment du vol de la voiture mais le cinéaste n’ose pas aller plus loin (comme le héros du film ?) dans cette volonté de foutre tout ce monde en l’air, le film s’arrête avant, y perdant en puissance. Les acteurs masculins (Topher Grace et Dan Fogler) manquent de personnalités et non pas la force de ceux de Supergrave qui en sont les modèles (Michael Cera et le grand Jonah Hill). Ils restent quelques moments étranges dans une fête de banquiers, quelques répliques assez drôle (« Je ne sais pas quoi faire maintenant. Je ne sais même pas quoi faire en attendant de savoir quoi faire de ma vie. – C’est à ça que sert la fac »), une bande son emballante et l’ensemble bien que cheap et non aboutie en fait un film nettement supérieur à la médiocrité de la majorité des comédies françaises (de Jet Set à RTT en passant par Safari et tant d’autres…) par l’absence de cynisme, par la tendresse dans le regard sur ces héros déphasés du cauchemar américain.
Une soirée d’enfer, (Take me home tonight) de Michael Dowse, 2011, EU avec Topher Grace,  Dan Fogler, Teresa Palmer, Anna Faris…

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