Kristen Stewart – en revenant du cinéma http://enrevenantducinema.fr Sat, 18 May 2019 21:31:20 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=5.0.8 Bilan 2014, des cadres et du mouvement http://enrevenantducinema.fr/2014/12/31/bilan-2014-des-cadres-et-du-mouvement/ http://enrevenantducinema.fr/2014/12/31/bilan-2014-des-cadres-et-du-mouvement/#respond Wed, 31 Dec 2014 18:16:52 +0000 http://enrevenantducinema.fr/?p=2094

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La fin de l’année est l’occasion de faire notre mini bilan et surtout de revenir sur des films dont on n’a pas parlés parce qu’au moment où on les a vus on n’avait pas envie, parce qu’on n’était pas d’humeur, parce qu’on avait d’autres projets et que de toute façon, on n’est pas payé pour ça, alors on fait ce qu’on peut.

Revenir donc sur quelques films.

D’abord Saint-Laurent ou comment Bertrand Bonello prend le genre très cadré du biopic pour le faire éclater et utilise cette déconstruction pour s’approcher de la vérité de quelqu’un, une vérité qui pourtant se dérobe.
À la différence de ces biopics qui présentent des hommes au destin glorieux et au caractère conquérant ou du moins particulier (à part évidemment le magnifique Van Gogh de Pialat), Yves Saint-Laurent est présenté comme absent au monde (c’est la force de Gaspard Ulliel de savoir incarner ce personnage fantomatique ne laissant qu’une empreinte), drogué, devenant une marque, un logo, plus qu’une personne, traversant une décennie importante de l’histoire sans s’en rendre compte, un personnage en creux, à côté de la plaque la plupart du temps.
Le dispositif théorique de la mise en scène est dans le morcellement avec flash-back, flash-forward, split-screen, scène qui semble détachée du reste, rêve, hallucination, lettre lue, dilatation du temps, et accélération, des changements de rythme fréquents, jusqu’à cette fragmentation de l’écran pour un défilé triomphant. Ce morcellement n’est pas une coquetterie, elle est le miroir d’un homme qui n’arrive pas à trouver son unité, qui n’a pas de consistance.
Comme souvent chez Bonello, ça pourrait être froid et intellectuel mais il y a un parfum de tristesse toujours présent, quelque chose qui ne rentre pas dans le dispositif, une douleur profonde de la difficulté à être. Du héros de De la guerre aux prostituées de l’Apollonide, de la Cindy (dans Cindy the doll is mine) à Yves Saint-Laurent, tous ces personnages essaient de trouver une raison de vivre, essaient d’échapper à une réification (avec l’idée que le cinéma c’est aussi se poser la question de la réification par le cinéaste). C’est symptomatique avec ces chiens appelés Moujik de 1 à 4, interchangeables, un film sur le narcissisme, sur le fait que de vivre uniquement dans les yeux des autres nous dévitalise, nous fait disparaître, nous transforme en pantin.

mummyOn retrouve dans Mommy de Xavier Dolan cette volonté de se confronter à un dispositif. Là il s’agit d’encadrer la vie ou de la laisser se développer, de savoir comment on se bat avec un cadre qui emprisonne, de travailler sur cette tension. Un adolescent hyperactif, violent, plein de vie mais ne supportant pas les limites qu’on lui donne face à une mère larguée, qui fait ce qu’elle peut mais n’y arrive plus. Tout le jeu du film est entre ces corps qui courent, se frappent, crient, pleurent, s’aiment, s’engueulent, se déchirent et comment ils habitent, occupent les plans.
Un film très théorique où bien sûr le cadre carré enserre les personnages, rend le face à face entre la mère et le fils étouffant.
Le début part étrangement sur une piste naturaliste, la travailleuse sociale, la nouvelle loi imaginaire et vite ça déborde de partout, rien ne retient la vie qui passe, circule, et l’arrivée de la voisine permet que toute cette énergie prenne de l’ampleur et se canalise dans le même mouvement. L’arrivée du tiers brise la dualité mortifère.
Ce qui est bien avec Xavier Dolan, c’est qu’il ne s’excuse pas, qu’il n’est pas modeste, il y va, fonce, et garde sa route, sa trajectoire est sûre, ça lui permet d’oser des choses naïves et puissantes dans leur naïveté, voir le héros courir avec son caddie au milieu de la route en criant liberté, et ouvrir le cadre ainsi, ça pourrait être casse-gueule, ridicule mais ça passe, jamais on se sent piégé par l’émotion que livre ce film, on n’est pas manipulé, tout est là devant nous, à vif. L’histoire est d’une grande simplicité, les lignes sont évidentes, il ne les cache pas.
Ce film nous insuffle son énergie vitale et donne envie d’envoyer valser les convenances. Ce n’est pas rien. Et si ça pouvait aider à renverser ce vieux monde, ce serait encore plus.

Deux autres films émergent cette année (répétons-le, parmi les films vus, il y a bien sûr des manques et des oublis) le Map to the stars de Cronenberg et sa rage réjouissante et sombre, et à son opposé Love is strange de Ira Sachs, qui après le beau et rugueux Keep the light on (qui s’approchait des films mumblecore), confirme son attachement aux palpitements du cœur. Soit un vieux couple dont le mariage va précipiter un déménagement, un film d’une grande élégance, aux plans d’une grande et belle simplicité, d’une émouvante douceur, avec une fin magnifique et bouleversante d’humanité.

love is strange

Une année sans choc majeur comme l’Inconnu du lac l’an passé peut-être, mais beaucoup de bons films, souvent basés sur des confrontations d’acteurs. La fougue des Combattants de Thomas Cailley révèle un cinéaste prometteur qui doit avoir plus confiance en son regard (la volonté de faire cinéma est une des limites de ce premier film) et à sa capacité à diriger des acteurs (Adèle Haenel, qui impose sa présence essentielle dans le cinéma français d’aujourd’hui face à un Kévin Azaïs touchant)
Olivier Assayas est aussi, mais on le savait déjà, un grand directeur d’acteur et d’actrice, ce que donnent Juliette Binoche et Kristen Stewart sous son regard dans Sils Maria est impressionnant, le film l’est aussi souvent avec de magnifiques plans dans les Alpes, avec parfois, c’est le défaut mignon d’Olivier Assayas, quelques moments trop explicatifs et surlignés.

On n’oubliera pas bien sûr Under the skin, Bird et leur proposition étrange. Le cinéma est travaillé par le fantastique, l’étrangeté, désire s’envoler, et c’est tant mieux. Ne le bridons surtout pas.

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Une soirée d’enfer de Michael Dowse http://enrevenantducinema.fr/2011/12/08/conscience-de-classe/ http://enrevenantducinema.fr/2011/12/08/conscience-de-classe/#respond Thu, 08 Dec 2011 18:32:05 +0000 http://enrevenantducinema.fr/?p=710 Conscience de classe

Le titre du film (en anglais c’est un peu mieux Take me home tonight) crétin, l’affiche affreuse, les distributeurs français n’ont toujours pas compris ce qu’ils … Lire la suite...

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Conscience de classe

Le titre du film (en anglais c’est un peu mieux Take me home tonight) crétin, l’affiche affreuse, les distributeurs français n’ont toujours pas compris ce qu’ils distribuent (depuis Supergrave vendu avec la phrase « On veut du cul ») ne sachant pas à qui s’adresser avec la nouvelle comédie étasunienne et ne peuvent que dissuader le spectateur éventuel. Ce film, bien que mineur, n’est pas sans intérêt et vaut mieux que la façon dont il est vendu. Il reprend le schéma type du teen movie, deux losers vont à une fête en espérant ne pas rentrer seuls.
Les deux héros pourraient être les personnages de Supergrave quelques années après, soit Matt, intellectuel timide travaillant comme vendeur dans un magasin de vidéo en attendant mieux et Barry, obsédé sexuel qui se fait virer de son travail de vendeur automobile, ils représentent le jeune prolétariat américain précarisé et on comprend aussi qu’ils étaient des losers plus jeunes dans les années facs et lycées, le film travaille le parallélisme entre un déclassage au niveau du travail et une mise à l’écart sexuelle. Le meilleur de la nouvelle comédie américaine, suivant en cela le Clerks de Kevin Smith, est du côté des perdants, des chômeurs, des travailleurs, de ceux qui sont au bas de l’échelle sociale, cela de façon très explicite dans le très drôle Very Bad Cop qui est un hommage au prolétariat (The other guys comme le dit le titre anglais) mais aussi avec les personnages travaillant sans conviction dans le parc d’attraction d’Adventureland, les vendeurs du magasin de hi-fi de 40 ans toujours puceaux, l’agence de recouvrement où travaille le héros de Délire Express… Les héros sont les laissés pour compte, ceux qui ne gagnent pas par manque de motivation, par difficulté, ils sont les perdants de la compétition entre mâles pour rencontrer des femmes, ils sont les laissés pour compte de la guerre économique pour avoir un statut social et l’argent qui va avec, tous ces films mettent en avant avec justesse la relation entre pouvoir et virilité, ainsi cette scène d’une soirée d’enfer où le héros regarde ces fils de riche arrogants qu’on imagine être les anciennes stars de sa fac en se disant que ce sont eux qui vont diriger le monde, ainsi aussi cette boule de métal métaphore de ce monde dominé autant que des boules qu’il faudrait avoir grosses. Ce ne sont pas des films qui envisagent pour autant une révolte, les personnages sont trop paumés, trop à côté de la plaque pour ça, juste ils montrent avec acuité comment survivre en évitant la violence du monde, en refusant la compétition et le portrait qu’ils donnent des États-Unis est plutôt sombre et angoissé (au contraire de films faussement rebelles d’un certain cinéma indépendant étasunien comme Juno, Little miss sunshine ou les Winners).
Pour en revenir à une soirée d’enfer, le film peine à trouver sa cohésion, son rythme, il hésite entre la mélancolie du très beau Adventureland (surtout avec le personnage incarnée par Teresa Palmer, très bien en clone de l’étrange Kristen Stewart qui apportait toute sa tristesse au film de Greg Mottola) et le délire d’un Supergrave ou d’un Délire Express (sans avoir la force paranoïaque du premier ni l’humour drogué du second), il n’arrive pas à lier ces différentes approches, Michael Dowse ne fait pas de véritable choix, il oublie aussi en route le personnage de la sœur (Anna Faris, touchante) dont le destin pourrait être celui de la bonne épouse, effacée par son mari si drôle, si sûr de lui, si populaire, ce personnage aurait pu apporter une dimension féminine dans cette analyse des rapports de domination souvent vue du côté des hommes écrasés par d’autres hommes. Le film reste à l’état de projet, on perçoit ce qu’il aurait pu être au moment du vol de la voiture mais le cinéaste n’ose pas aller plus loin (comme le héros du film ?) dans cette volonté de foutre tout ce monde en l’air, le film s’arrête avant, y perdant en puissance. Les acteurs masculins (Topher Grace et Dan Fogler) manquent de personnalités et non pas la force de ceux de Supergrave qui en sont les modèles (Michael Cera et le grand Jonah Hill). Ils restent quelques moments étranges dans une fête de banquiers, quelques répliques assez drôle (« Je ne sais pas quoi faire maintenant. Je ne sais même pas quoi faire en attendant de savoir quoi faire de ma vie. – C’est à ça que sert la fac »), une bande son emballante et l’ensemble bien que cheap et non aboutie en fait un film nettement supérieur à la médiocrité de la majorité des comédies françaises (de Jet Set à RTT en passant par Safari et tant d’autres…) par l’absence de cynisme, par la tendresse dans le regard sur ces héros déphasés du cauchemar américain.
Une soirée d’enfer, (Take me home tonight) de Michael Dowse, 2011, EU avec Topher Grace,  Dan Fogler, Teresa Palmer, Anna Faris…

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