Sofia Coppola – en revenant du cinéma http://enrevenantducinema.fr Tue, 24 Apr 2018 20:15:36 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=4.9.8 Morceaux Choisis : Last Days / The Bling Ring http://enrevenantducinema.fr/2013/08/02/morceaux-choisis-last-days-the-bling-ring/ http://enrevenantducinema.fr/2013/08/02/morceaux-choisis-last-days-the-bling-ring/#respond Fri, 02 Aug 2013 09:50:38 +0000 http://enrevenantducinema.fr/?p=1698

Last days, de Gus Van Sant

En 2005, Gus Van Sant bouclait avec Last Days une trilogie magistrale consacrée à la jeunesse américaine. Dans ce portrait à peine déguisé … Lire la suite...

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The-bling-ring-01Last days, de Gus Van Sant

En 2005, Gus Van Sant bouclait avec Last Days une trilogie magistrale consacrée à la jeunesse américaine. Dans ce portrait à peine déguisé des derniers jours de Kurt Cobain, il filmait les ultimes soubresauts du mouvement grunge, pleinement conscient de sa récupération par à peu près tout ce qu’il entendait foutre en l’air. Au delà du discours, le film est d’une beauté renversante grâce à des parti-pris artistiques audacieux, comme celui d’illustrer les derniers jours d’une icône rock avec de la musique contemporaine. Un plan en particulier résume la démarche du réalisateur. Blake (Michael Pitt), entre dans le studio d’enregistrement de sa luxueuse propriété. La caméra, placée à l’extérieur du bâtiment, face à la baie vitrée, va capter une improvisation du personnage / acteur. Pitt – lui-même musicien – passe tour à tour derrière la guitare, le micro, la batterie, scandant des phrases musicales qui, par le truchement des boucles, finit par devenir un morceau cohérent. Le plan subjugue, par sa longueur et par son apparente fixité. Jusqu’à ce que le spectateur se rende compte que la caméra zoome de manière quasi-imperceptible vers la maison. Pourtant, l’essentiel du mouvement est créé par les déplacement rageurs du personnage, comme emprisonné dans les limites du cadre. Mais il est également insufflé par les boucles musicales qui suivent leur créateur comme autant d’échos et brouillent nos sens. Le plan devient alors une véritable installation dont le filmage ne serait qu’une composante parmi d’autres. Une habile métaphore de la situation du réalisateur, partagé entre classicisme hollywoodien et expérimentations formelles.

Last days de Gus Van Sant, EU, 2005 avec Michael Pitt, Asia Argento, Lukas Haas…


The bling ring
, de Sofia Coppola

Huit années ont passé. Gus Van Sant n’a jamais retrouvé la virtuosité de Last Days – même si Promised Land est une des belle surprise de ce début d’année. La société américaine se complaît dans le conformisme et manque cruellement d’ambitions. La télé-réalité a transformé la banalité du quotidien en climax, fabriquant au passage de nouvelles idoles prêtes à toutes les bassesses pour s’assurer leur quart d’heure de gloire. Alors qu’on admirait le travail des stars en fantasmant sur leurs caprices, on érige aujourd’hui les mondanités et les frasques des people en performance artistique. Et au milieu de tout cela, la jeunesse continue de s’auto-détruire dans un ennui et un désœuvrement qui font peine à voir. Justement, la réalisatrice de The bling ring n’a jamais cessé de construire son cinéma sur l’ennui et le désœuvrement, traités tour à tour comme une maladie – Virgin Suicide (1999) –, un remède – Lost in translation (2003) –, une malédiction – Marie-Antoinette (2006) – ou une constante sociétale – Somewhere (2010). Et son dernier film ne parle que de ça. A Los Angeles, des lycéens friqués s’amusent à cambrioler les maisons des personnalités qu’ils admirent (Paris Hilton, Lindsey Lohan, etc.). Passionnés de mode et de faits-divers, l’argent qu’ils récoltent au passage sera toujours secondaire par rapport aux trophées qu’ils dérobent et collectionnent religieusement. Surtout, c’est en prenant possession du lieu de vie de leurs victimes ou en reproduisant leurs frasques judiciaires qu’ils ont l’impression de donner un sens à leur existence dramatiquement vide. Si le personnage de Blake dans Last Days avait pleinement conscience du caractère auto-destructeur de sa démarche, la jeunesse dorée de The bling ring ne mesure jamais la portée ses actes. Autres temps, autres mœurs, autre culture. Pourquoi mettre ces deux films en parallèles ? Parce que le plus beau plan du film de Sofia Coppola fait écho à celui de Gus Van Sant évoqué plus haut : Extérieur, nuit. Dans le cadre, une maison de star toute en baies vitrées. La caméra est fixe. Rebecca et Marc investissent les lieux et visitent méthodiquement les pièce l’une après l’autre. Pas de musique d’accompagnement, juste les bruits de la nuit et celui, plus lointain, de la circulation – nous sommes dans une zone résidentielle, sur les collines. Cette ambiance sonore contraste avec le reste du film, où la musique est omniprésente. On se rend compte alors que la caméra n’est pas immobile, mais qu’elle zoome très lentement sur la maison. Les déplacements successifs des protagonistes renvoient aux boucles musicales de Blake, mais si les séquences du musicien s’ajoutaient les unes aux autres pour composer un ensemble, chaque pièce visitée par les deux cambrioleurs est immédiatement abandonnée pour la suivante. Lorsque le couple quittera la maison, elle retournera à son point de départ, un espace vide, où il ne restera aucune empreinte de leur passage. Leur action n’existe que dans l’immédiateté. En reprenant sciemment le dispositif formel de Gus Van Sant, Sofia Coppola met en lumière les changements sociétaux opérés depuis une dizaine d’années, tout en évitant comme son aîné de porter un jugement sur cette jeunesse qui la fascine.
L’accueil réservé à The bling ring a été plutôt froid. On a étrangement reproché à la réalisatrice les fondements mêmes de son cinéma : son désintérêt flagrant pour le trépident et le spectaculaire au profit d’une fascination quasi-obsessionnelle pour l’arythmie et la durée. Et c’est bien là que résident la pertinence de son regard et la singularité de son travail. En prenant le temps de filmer les vides et les creux de ses personnages, elle leur donne la possibilité d’exister en dehors des attentes balisées du spectateur. Et de nos jours, c’est une qualité rare.

The bling ring de Sofia Coppola, EU, 2013 avec Katie Chang, Israel Broussard, Emma Watson…

last-days-01

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Damsels in distress de Whit Stillman http://enrevenantducinema.fr/2012/10/19/damsels-in-distress-de-whit-stillman/ http://enrevenantducinema.fr/2012/10/19/damsels-in-distress-de-whit-stillman/#comments Fri, 19 Oct 2012 17:15:10 +0000 http://enrevenantducinema.fr/?p=1126 Une délicate détresse

Damsels in distress se passe presque entièrement sur un campus étasunien avec ses associations, ses fraternités, un groupe de filles qui s’occupent d’une association pour prévenir les … Lire la suite...

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Une délicate détresse

Damsels in distress se passe presque entièrement sur un campus étasunien avec ses associations, ses fraternités, un groupe de filles qui s’occupent d’une association pour prévenir les suicides dissertent sur la vie, l’amour, etc. Tout paraît familier mais tout est décalé, les héroïnes essaient d’empêcher les suicides grâce à des donut ou des savons, des étudiants qui se forment au métier d’enseignant ratent leur suicide en sautant du premier étage de leur université, un étudiant cinéphile converti au catharisme ne pratique que la sodomie pour être conforme avec sa religion, un autre ne sait pas reconnaître les couleurs parce que ses parents élitistes lui ont fait sauter les classes où il aurait dû les apprendre.
On pourrait être dans une comédie mais le cinéaste ne cherche pas le gag, il cherche l’absurde, les personnages ne cessent d’échafauder des théories, les discussions s’enchainent sans avoir vraiment de sens évident. Le ton est léger alors que le fond est sombre, les héroïnes regardent ce qui les entourent avec détachement comme blasées, trop lucides sur ce qui les attend dans la vie. Il faut beaucoup de talent aux actrices pour rendre émouvantes ces étudiantes absentes à elles-mêmes. La mise en scène fluide et élégante caresse ces visages en douceur.
Ce qui intéresse le cinéaste c’est de créer un monde irréel, le film paraît intemporel, il a gommé tous les signes de modernités (écrans, téléphones, etc.), les tenues pourraient dater des années 60, voir être plus anciennes, nous sommes dans un lieu clos qui apparaît comme un éden, ainsi lorsque Violet (incarnée par Greta Gerwig, déjà impressionnante dans le Greenberg de Noah Baumbach) s’échappe du campus, un plan la montre descendre un escalier qui s’enfonce sous terre, puis un plan la montre remonter cette escalier avant le retour au campus, l’ailleurs n’existe pas vraiment. La luminosité et les couleurs vives du film renforcent cette impression paradisiaque.
Ce lieu clos n’est pas un espace réel c’est un espace mental, l’espace de la cinéphilie, le titre du film emprunte celui d’un film de George Stevens avec Fred Astaire, deux personnages s’embrassent devant Baisers volés de Truffaut, on y parle de la nouvelle vague mais on pense aussi aux comédies musicales de Demy, de Minelli… Le film s’inscrit aussi parmi une famille de cinéastes contemporains comme Wes Anderson qui partage son dandysme, la même minutie dans la composition des plans et cet humour déceptif très particulier, ces étudiantes, qui marchent dans leur robe claire, baignées de soleil, rappellent les sœurs de Virgin Suicides (avec le thème du suicide abordé d’un autre angle) de Sofia Coppola, on peut retrouver le Kaboom de Gregg Araki… On pourrait parler d’une famille de cinéastes pop, qu’on retrouve en France dans le Mods de Serge Bozon. Ces films ont en commun le même regard délicat sur des personnages en inadéquation avec la société, qui ne se révoltent pas et cherchent à créer leur propre univers à côté en assistant à la décadence du monde.
Toutes ces références ne sont pas là pour donner des signes de reconnaissance aux cinéphiles, elles sont le sujet du film, face à l’ennui, à la tristesse, le cinéma est le lieu qui permet d’accepter de vivre, qui permet de respirer, de s’échapper, Violet parle des claquettes comme du meilleur moyen pour sortir de la dépression, on peut voir cela comme la métaphore du cinéma pour Whit Stillman. C’est pourquoi ces scènes de comédie musicale qui clôturent le film sont particulièrement émouvantes, elles sont le moyen de s’extraire de la pesanteur des choses.
Damsels in distress de Whit Stillman, EU, 2012 avec Greta Gerwig, Analeigh Tipton, Carrie MacLemore, Megalyn Echikunwoke…

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Young adult de Jason Reitman http://enrevenantducinema.fr/2012/03/28/a-la-recherche-du-bon-equilibre/ http://enrevenantducinema.fr/2012/03/28/a-la-recherche-du-bon-equilibre/#comments Wed, 28 Mar 2012 13:18:30 +0000 http://enrevenantducinema.fr/?p=881 A la recherche du bon équilibre

Jason Reitman est le cinéaste qui a commis Juno, ce film tellement cool qu’il en devenant gluant, cachant son conformisme derrière une rébellion … Lire la suite...

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A la recherche du bon équilibre

Jason Reitman est le cinéaste qui a commis Juno, ce film tellement cool qu’il en devenant gluant, cachant son conformisme derrière une rébellion bon marchée. Son nouveau film n’était pas attendu sur En revenant du cinéma avec un grand enthousiasme. À l’univers coloré de Juno succéde la grisaille de Minneapolis et on comprend vite que le réalisateur a voulu changer, devenir adulte, qu’il a choisi un personnage dur, triste, une mise en scène qui se veut épurée avec un rythme lent et contemplatif, comme s’il voulait faire ce film contre son premier, comme si la guimauve de Juno lui collait aux doigts, ce qui prouve au moins une certaine lucidité. Ainsi ce personnage d’écrivaine paumée, retournant dans la ville où elle a grandi, se retrouvant face aux personnages cools qui auraient pu être les héros de Juno.
Jason Reitman donne l’impression de filmer contre ses personnages, entre les habitants d’une petite ville forcément ploucs, bêtement heureux, et cette écrivaine de la grande ville, narcissique et vide, qu’heureusement à aucun moment il ne cherche à sauver dans une fin réconciliatrice attendue mais qui ne vient pas. Le projet est intéressant mais n’est pas très sympathique, on sent un léger cynisme dans la distance qu’il met entre lui et ceux qu’il filme. L’histoire manque d’originalité, la mise en scène est plate, plan large pour isoler le personnage et mettre en avant sa solitude, gros plan sur les petits gestes pour montrer l’enfermement dans le quotidien, sinon il tourne caméra à l’épaule pour faire cinéma indépendant étasunien. Jason Reitman ne s’implique pas, il rend une copie scolaire. On sent qu’il voudrait s’approcher d’un Noah Baumbach (et par exemple du très beau Greenberg), d’une Sofia Coppola ou d’une Kelly Reichardt (celle de Wendy et Lucy), mais il est loin d’avoir la même force qu’eux au niveau mise en scène, ni d’avoir la même justesse dans le regard, il n’accompagne pas ceux qu’il filme, il les regarde de loin, de haut.
Seules les scènes entre l’héroïne Mavis et Matt (incarnés par Charlize Theron, impliquée et Patton Oswalt, très bien, vu entre autres dans la série United States of Tara, Jason Reitman a un certain talent dans la direction d’acteurs) montrent ce que l’auteur semble avoir voulu faire. Leur relation tient la route, leur mauvaise humeur touche, les ficelles sont déjà vues mais les acteurs permettent que ce qui se passe entre eux ne soit pas anecdotiques comme le reste du film.
Young adult de Jason Reitman, EU, 2012 avec Charlize Theron, Patton Oswalt, Patrick Wilson…

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Somewhere de Sofia Coppola http://enrevenantducinema.fr/2011/02/05/%c2%ab%c2%a0tu-pourrais-faire-du-benevolat-%c2%a0%c2%bb/ http://enrevenantducinema.fr/2011/02/05/%c2%ab%c2%a0tu-pourrais-faire-du-benevolat-%c2%a0%c2%bb/#respond Sat, 05 Feb 2011 12:53:42 +0000 http://enrevenantducinema.free.fr/?p=232  

– Tu pourrais faire du bénévolat !

Une jeune fille blonde comme dans Virgin Suicides, un acteur déphasé comme le Bill Murray de Lost in Translation, la … Lire la suite...

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– Tu pourrais faire du bénévolat !

Une jeune fille blonde comme dans Virgin Suicides, un acteur déphasé comme le Bill Murray de Lost in Translation, la description du monde de ceux qui ont le pouvoir, la richesse, très loin du peuple qui rappelle Marie Antoinette, le dernier Sofia Coppola est un film qui emprunte à ses trois précédents films. Ainsi à priori rien de surprenant dans Somewhere sauf qu’elle pousse sa forme au bout, elle la systématise.
Sofia Coppola est caricaturée comme la cinéaste de la bourgeoisie, qui filmerait de pauvres petites filles riches, pourtant elle filme ce milieu à la bonne distance, sans mépris mais sans complaisance non plus. Ainsi cet acteur star, Stephen Dorff très juste, réifié et qui est vide de désir vu que tous ses désirs sont rassasiés immédiatement, de la bouffe qu’il peut commander à tout heure aux femmes qui se jettent sur lui, le héros est ridicule mais cela ne provoque pas le dégoût, c’est juste sa réalité, de même elle ne cherche pas à nous donner envie de le plaindre.
Devons-nous attendre qu’elle fasse un film comme si elle était issue du prolétariat, ne serait-ce pas beaucoup plus choquant ? Non, elle montre qu’à un certain niveau social, tout est donné, presque tout est accessible et c’est cela qui est dérangeant, pas le fait qu’on le mette en évidence.
De plus le sujet ne suffit pas à faire le film, l’important est et sera toujours le regard du cinéaste. Somewhere fait souvent penser à Antonioni et on peut se demander si le détour par l’Italie est un hommage au maître qui a filmé le vide, la perte du sens qui traversait une certaine bourgeoisie italienne.
Sofia Coppola utilise essentiellement des plans séquences, soit fixes, soit d’une caméra tremblée, elle filme le vide, il ne se passe rien pourtant chaque plan semble avoir sa tension, sa durée nécessaire, c’est à dire souvent un tout petit peu plus longtemps que ce qu’on attend, ce qui fait qu’on est toujours à l’affut, qu’on a malgré tout toujours l’impression qu’il se passe quelque chose, ainsi quand le héros sur son matelas pneumatique disparaît doucement du cadre ou quand elle s’approche lentement de ce visage moulé dans une substance blanche qui paraît étouffante, il n’y a rien d’autre et pourtant elle donne matière à projeter nos propres questionnements, angoisses.
Les lieux sont beaux, luxueux mais semblent toujours inhabités, comme les filles que le héros rencontre qui ne semblent guère différentes des lap-danceuses qui essaient de le distraire, l’emballage est lumineux mais tout est vide, tout est pourri. Comme chez Gus Van Sant on est toujours proche de la pose arty, la mise en scène, la photo, la lumière sont toujours à la limite de se confondre avec son sujet, cet acteur qui garde toujours l’air cool quoiqu’il se passe, mais c’est cette limite, cette friction qui rendent ce film passionnant.
Somewhere de Sofia Coppola, EU, 2010 avec Stephen Dorff, Elle Fanning…

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