en revenant du cinéma» Stanley Kubrick http://enrevenantducinema.fr regards croisés sur le cinéma Thu, 09 May 2013 18:16:32 +0000 fr-FR hourly 1 http://wordpress.org/?v=3.5.1 Le blues du critique (épisode 2) http://enrevenantducinema.fr/2012/03/19/le-blues-du-critique-episode-2/ http://enrevenantducinema.fr/2012/03/19/le-blues-du-critique-episode-2/#comments Mon, 19 Mar 2012 11:13:54 +0000 Guillaume Pic http://enrevenantducinema.fr/?p=858 Une année de plus en moins

En réponse aux sollicitations acharnées de mes nombreu(ses)x fans, c’est avec une vive émotion et, avouons-le, une certaine fierté que je vous présente mon bilan cinématographique de l’année 2011. Oui, je sais, nous sommes le 19 mars, mais figurez-vous qu’entre les nécessités d’ordre économique et les activités chronophages, nos emplois du temps sont bien … Lire la suite...

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Une année de plus en moins

En réponse aux sollicitations acharnées de mes nombreu(ses)x fans, c’est avec une vive émotion et, avouons-le, une certaine fierté que je vous présente mon bilan cinématographique de l’année 2011. Oui, je sais, nous sommes le 19 mars, mais figurez-vous qu’entre les nécessités d’ordre économique et les activités chronophages, nos emplois du temps sont bien remplis. Par exemple, Baptiste anime un excellent blog consacré au roman noir – que vous trouverez ici. Pour ma part, je finalise un projet aussi ambitieux qu’anachronique. Tout ce que je peux vous dire dans l’immédiat, c’est que « ça » concernera le cinéma de genre et que « ça » devrait voir le jour dans le courant de l’année. Cette parenthèse auto-promotionnelle terminée, revenons à ce fameux bilan 2011.
Je rejoins le camarade Baptiste qui évoquait dans son article – que vous trouverez – une année particulièrement riche à l’image de la sélection Cannoise. Mention spéciale au cinéma français qui, et ce n’est pas si courant, a su rencontrer son public. Je me permets de rajouter à la liste de mon coreligionnaire le glacial L’exercice de l’état de Pierre Schöller que je vous conseille
de (re)voir, par exemple, le 21 avril en double programme avec Le candidat de Niels Arestrup. Et je ne dis pas ça pour décourager celles et ceux qui croiraient encore au cirque électoral. Mais je m’éloigne du sujet, et sans plus attendre je décachette l’enveloppe. Le prix du meilleur film de l’année 2011 est attribué à…
The tree of life
, de Terence Malick

Le jury, composé exclusivement de moi-même, a été unanime. En 1999, je pensais que la disparition de Stanley Kubrick allait entraîner celle du cinéma en tant qu’art majeur. Il restait bien Jean-Luc Godard, mais il avait tourné le dos à l’industrie depuis belle lurette, ce qui ne rend pas ses travaux moins indispensables. Je hisse courageusement le film de Malick au niveau de 2001, l’odyssée de l’espace dont il partage les interrogations philosophiques. Mais là ou Kubrick, avec sa froideur habituelle, explorait les méandres de l’humanité à travers son insignifiance à l’échelle de l’univers, la réflexion de Malick, plus introspective, s’articule autour de la nature, de la maternité et de la spiritualité.
Quoi qu’il en soit, Baptiste et moi avions tout faux. Cette année, il fallait jouer dans l’ordre Intouchable (15,7 millions d’entrées), Rien à déclarer (8,1 millions) et Harry Potter et les reliques de la mort – 2ème partie (6,5 millions). Au risque de paraître vulgaire, je me permets de vous rappeler que le cinéma est avant tout une histoire de gros sous.
Pour rester dans les remises de prix, attardons nous un instant sur le parcours étonnant de The artist de Michel Hazanavicius aux Oscars. Sans remettre en cause les réelles qualités du film, on peut s’interroger sur le succès retentissant de cette production française au pays de George Clooney… Déjà, l’Academy derrière la cérémonie ne représente que le cinéma « mainstream », et il est rare que les auteurs y soient reconnus1. A moins de générer des millions de dollars, comme James Cameron, et encore. La sélection 2012 montrait toutes les faiblesse d’une industrie incapable de se réinventer, noyée sous les adaptations académiques de best-sellers indigestes, les films mous aux castings prestigieux et les ex-auteurs fatigués qui n’ont plus grand chose d’intéressant à dire. The Artist, c’est une bande de frenchies un peu dingues qui re-visite amoureusement le passé glorieux des studios américains, alors que ces derniers semblent totalement incapables d’une telle démarche : ce n’est plus à Hollywood que l’on prend des risques, même si on devine à travers le palmarès que ça leur manque terriblement.
Pour terminer, un grand merci à Mathilde Seigner dont la prestation renversante d’imbécillité lors de la cérémonie des Césars2 illustre le vieil adage : « mieux vaut un mauvais film américain qu’un mauvais film français ». Les Oscars se contentent de couper le micro aux lauréats qui ont l’outrecuidance de dépasser leurs 45 secondes d’expression libre. A la place de Michel Blanc, je lui aurait balancé l’horrible compression en pleine poire, à cette gourde.

1 Notez par exemple que si Brad Pitt était nominé pour l’Oscar du meilleur acteur, ce n’était pas pour sa prestation remarquable dans The tree of life mais pour le plus anecdotique Le stratège, de Bennett Miller. En lice pour trois statuettes, le film de Terence Malick est évidement reparti bredouille…

2 Au moment de remettre le César du meilleur second rôle masculin à Michel Blanc pour sa prestation dans L’exercice de l’état, la dinde a demandé si il était possible de faire monter Joey Starr sur scène, parce qu’elle aurait préféré que ce soit lui qui ait le prix. Blanc a répondu par un trait d’humour de grande classe, proposant une garde alternée. Vous trouverez facilement cet extrait sur internet.

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Prochaînement sur vos écrans… ou pas (épisode 1) http://enrevenantducinema.fr/2011/10/08/prochainement-sur-vos-ecrans-ou-pas-1/ http://enrevenantducinema.fr/2011/10/08/prochainement-sur-vos-ecrans-ou-pas-1/#comments Sat, 08 Oct 2011 00:05:07 +0000 Guillaume Pic http://enrevenantducinema.fr/?p=576 The ward, de John Carpenter

 Le 21 septembre, environ 1200 écrans se partageaient les deux relectures inutiles de La guerre des boutons. Mille deux cents. En ces temps ou les créneaux du mercredi sont aussi engorgés qu’une rocade à 18h, c’est d’une absurdité sans nom. Cela condamne d’office les films modeste à ne pas rencontrer leur public, écrasés par … Lire la suite...

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The ward, de John Carpenter

 Le 21 septembre, environ 1200 écrans se partageaient les deux relectures inutiles de La guerre des boutons. Mille deux cents. En ces temps ou les créneaux du mercredi sont aussi engorgés qu’une rocade à 18h, c’est d’une absurdité sans nom. Cela condamne d’office les films modeste à ne pas rencontrer leur public, écrasés par ces mastodontes aux budgets publicitaires proprement indécents. Mais il y a pire ma bonne dame – ou mon bon monsieur, c’est selon : certains films n’ont même pas la chance de sortir en salle dans notre beau pays, et je ne parle pas du dernier Steven Seagal torché à la va-vite pour une poignée de dollars dans un pays de l’Est. Je parle de vrais films de cinéma, tourné par des auteurs reconnus.
En 2001, c’est un John Carpenter usé qui décide de rendre les armes. Après l’échec commercial du sous-estimé Ghosts of Mars et la difficulté croissante qu’il rencontre pour boucler ses budgets, l’homme préfère se ranger des voitures et profiter de la vie. En bon capitaliste, cela consiste principalement à endosser les gros chèques qu’il reçoit chaque fois qu’un studio entreprend le remake d’un de ses films*. Mais le démon des tournages a vite fait de le reprendre, et il se laisse facilement convaincre par Mick Garris de participer à son anthologie Masters of horror pour la chaîne Showtime. On le comprend : 10 jours de tournage, un budget qui ne doit pas dépasser les 2 millions de dollars pour une heure de film, mais en échange l’assurance que la chaîne ne censurera ni le sujet, ni le produit fini. Si l’un des deux segments qu’il réalise est réussi, le second n’est guère convainquant. Qu’importe, comme pas mal de ses petits camarades, Big John s’est pris au jeu et se dit que ce serait trop con de prendre sa retraite.
Après pas mal de rumeurs et d’incertitudes, le réalisateur prend ses fans à contre-pied en s’attelant à The ward, un thriller fantastique dont il n’a pas écrit le scénario. Si on peut comprendre aisément que le personnage principal l’ait séduit – dans sa filmographie, Carpenter à toujours fait la part belle aux femmes fortes, depuis Laurie Strode (La nuit des masques, 1978) jusqu’à Melanie Ballard (Ghost of Mars, 2001) –, on se demande pourquoi il a choisit de mettre en image cette histoire qui manque cruellement de relief. Le spectateur a l’impression que, comme lui, le réalisateur ne s’est pas senti concerné plus que ça par une trame poussive et des personnages secondaires transparents. Seulement voilà, aussi mineur qu’il soit, The ward est admirable pour deux raisons.
La première, c’est l’actrice principale, la troublante Amber Heard. Après le convainquant Tous les garçons aiment Mandy Lane (Jonathan Levine, 2006**), la jeune actrice, impeccablement dirigée, livre à nouveau une prestation éblouissante. D’une présence et d’une intensité bluffante, elle parvient à incarner avec justesse un personnage complexe et déroutant qui, malgré un twist final à la fois attendu et frustrant, devrait marquer les esprits. L’autre qualité indéniable du film, c’est qu’en s’appuyant sur une mise en scène au cordeau, Carpenter parvient à faire de l’hôpital psychiatrique un personnage à part entière. Les positionnement et les mouvements de caméra transforment le bâtiment en un labyrinthe fantasmatique faisant écho à la psyché tourmentée du personnage d’Amber Heard. Ainsi, le spectateur éprouve une sensation paradoxale de familiarité – il sait toujours dans quelle partie du bâtiment les personnages se trouvent – et de perplexité – il est totalement incapable d’en dresser un plan précis, et surtout d’en déterminer les issues. Cette représentation de l’espace n’est pas sans rappeler le rapport trouble qui existait entre l’hôtel Overloock et Jack Torrance, dans Shining de Stanley Kubrick. Une belle idée, hélas source de frustration vu que le film verse un peu trop souvent dans la facilité.
Inutile de consulter le programme de vos cinémas préférés, The ward n’est pas sorti chez nous. Pas la peine non plus d’écumer les linéaires des supermarchés culturels : aucune sortie vidéo n’est à l’ordre du jour. Les plus courageux se rabattrons sur l’import, mais le DVD et le Blu-ray américains, en plus d’être zonés, ne proposent aucun sous-titres. Les autres feront comme ils peuvent, je leur fais confiance. La semaine prochaine, je vous parlerai d’un autre film que vous ne verrez pas chez nous, mais qui existe en DVD et en Blu-ray, lui… Bon, d’accord, chez nos voisins anglais, mais c’est mieux que rien…

* Citons le décevant Assaut sur le central 13 et le calamiteux The fog, sortis tous deux en 2005. Par contre, les deux volets d’Halloween réalisés par le talentueux Rob Zombie en 2007 et en 2009 sont de vraies réussites. Signalons au passage que le second n’a pas eu les honneurs d’une sortie en salle.

** Qui lui aussi n’a bénéficié que d’une sortie vidéo tardive, y compris aux États-Unis, à cause de la banqueroute du distributeur. Quand ça veut pas…

The ward, de John Carpenter, EU, 2010, avec Amber Heard, Mamie Gummer, Danielle Panabaker…

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