Un film fait la tête en bas
Upside down est typiquement un film « pitch », une idée de départ qui pourrait être amusante, deux planètes qui sont toute proches avec une gravité inversée, la planète d’en bas avec les pauvres, celle d’en haut avec les riches, le passage de l’un à l’autre est interdit. Une histoire d’amour, une fable sur les frontières, sur l’immigration, sur le néocolonialisme, (la planète d’en haut prend le pétrole de celle d’en bas pour faire de l’électricité qui ne profitera qu’aux riches…), le film est traversé par de nombreuses idées mais le film ne dépasse jamais ces idées, parce que le cinéaste ne prend pas la peine de vraiment filmer les différentes parties de ce film pour en faire un tout.
Rien ne se met en place, tout semble forcé, le montage est fait à la hache, ça passe d’un point à l’autre sans que ces points ne soient reliés. Alors on ne croit en rien, les acteurs sont des pantins qui ne savent pas trop ce qu’ils doivent jouer et malgré Kirsten Dunst qu’on a beaucoup aimé de Virgin Suicides à Melancholia, ou dans la trilogie Spider-man, on ne croit pas à l’histoire d’amour qu’elle partage avec le héros. De même alors qu’on imagine qu’il est censé être difficile de passer d’un monde à l’autre, le héros ne cesse de le faire sans que la répression policière ne soit si efficace que ça, du coup on ne ressent aucune tension lorsqu’il se retrouve dans le monde dans lequel il ne doit pas être, l’action est mal mené.
On ne sait pas trop pourquoi mais les personnes qui changent de planète garde la gravité de leur planète d’origine. Ce n’est pas du tout logique mais admettons, sauf que le héros, pour être dans l’autre monde à l’aide d’éléments à la gravité inversée, se retrouve à marcher la tête en bas mais le cinéaste n’en fait rien, le héros se fait avoir en allant aux toilettes parce que l’urine monte au lieu de descendre mais comment se fait-il que le héros ne se rende pas compte qu’il est dans l’autre sens, pourquoi son sang ne lui monte-t-il pas à la tête ? D’une certaine façon, la vraisemblance, le réalisme n’est pas si important mais le cinéaste doit nous embarquer, c’est à lui de nous faire croire à quelque chose qui n’est pas crédible. Cette idée, même foireuse, aurait pu créer un spectacle qui joue avec cette gravité, Juan Solanas semble juste en extase devant son « pitch », il se plaît à filmer des paysages avec des montagnes en haut en bas, des immeubles qui descendent du ciel. Si parfois ça rend pas mal comme l’image saisissante de tous ces bureaux en vis à vis, en haut les cadres, les cols blancs, en bas les cols bleus, mais hormis quelques idées visuelles, il ne fait pas vivre son idée de départ. Ça n’a ni la puissance spectaculaire de la grosse production, ni le charme et l’inventivité d’une série B.
C’est dommage parce que le film que cette bande annonce de 1h47 semblait promettre pouvait être excitant.
Upside down de Juan Solanas, 2013, Canada, France avec Jim Sturgess, Kirsten Dunst, Timothy Spall…