Si loin de la révolution
Sous surveillance (les traducteurs ne se sont pas foulés) est dans la continuité d’un certain cinéma mêlant intrigue policière et discours politique, le cinéma d’un Pollack, d’un Lumet des années 70-80. Rien n’a vraiment bougé, rien n’a vraiment changé. On retrouve ce personnage de jeune journaliste malin qui en cherchant la vérité va s’ouvrir au monde, le patron de presse bourru mais quand même sympa, des anciens (et certains toujours) gauchistes, des agents du FBI un peu dépassés, nous sommes en terrain connu.
Ce film raconte l’histoire d’anciens militants fugitifs des weathermen, groupe révolutionnaire des États-Unis proche des black panthers voulant lutter contre la politique raciste et coloniale de leur pays et décidant de rentrer dans l’action armée.
C’est amusant et touchant de voir ces acteurs riches d’une belle cinématographie et représentant de la conscience de gauche étasunienne jouant ces militants (Redford, Sarandon…), voir leur visage ridé qui témoigne de nombreux combats, de nombreuses déceptions et se dire qu’ils sont encore là pour défendre leur conviction. La scène où le personnage incarné par Susan Sarandon dit que si elle devait recommencer l’action violente pour ses convictions, elle le ferait, est assez réjouissante.
Mais Robert Redford a voulu faire un film efficace, pour cela il faut qu’il y ait un minimum d’enjeu, une enquête, des mystères à résoudre, il construit alors un scénario où le héros fuit pour prouver son innocence.
Cette partie policière manque de force, de rythme. La mise en scène est plutôt sobre, le film est joliment éclairé, les acteurs sont des vieux routiers (Nolte, Jenkins…) qui font bien leur travail, etc. mais l’ensemble est trop lisse, il n’y pas de prise de risque, sauf à un rare moment où Redford se lance dans un long plan séquence raté qui suit la discussion entre le jeune journaliste et la fille d’un flic, avec des figurants qui traversent le champ de façon régulière et totalement artificielle, pour le reste il ne retrouve pas le mouvement, la nervosité des grands films de ce genre (Les trois jours du condor ou Les hommes du président par exemple). On ne tremble jamais pour le héros même s’il a une fille de onze ans qu’il risque de ne plus revoir (procédé un peu facile pour tenter d’impliquer le spectateur). Surtout le fait que l’histoire se focalise sur ce personnage qui veut prouver son innocence en amoindrit la force politique, comme ces films qui condamne la peine de mort mais dont le héros est innocent. La question de l’agitation politique des années 70, des choix qui ont été fait à cette époque, sujet qui aurait pu et aurait dû être passionnant se dilue dans le fait de savoir si le héros était là lors d’un braquage qui a mal tourné, cette question est comme plaquée et n’intéresse pas vraiment Roberd Redford, il a alors du mal à nous y intéresser.
On voit les témoins fatigués de cette époque passionnante mais hélas on entend trop peu ce qu’ils ont à nous en dire.
Sous surveillance (The company you keep) de Robert Redford, EU, 2013 avec Robert Redford, Shia LaBeouf, Susan Sarandon…
C’est quand même bien ennuyeux un papy aux belles conditions qui bafouille tellement qu’il a du mal à se faire comprendre. 🙁