en revenant du cinéma» cinéma espagnol http://enrevenantducinema.fr regards croisés sur le cinéma Tue, 19 Nov 2013 20:53:07 +0000 fr-FR hourly 1 http://wordpress.org/?v=3.6.1 Les Amants passagers de Pedro Almodòvar http://enrevenantducinema.fr/2013/03/25/les-amants-passagers-de-pedro-almodovar/ http://enrevenantducinema.fr/2013/03/25/les-amants-passagers-de-pedro-almodovar/#comments Mon, 25 Mar 2013 16:51:49 +0000 Baptiste Madamour http://enrevenantducinema.fr/?p=1464 Vivement l’atterrissage

Des a-plats de couleurs vives, une musique entraînante, le générique des Amants passagers nous plonge dans la période movida du cinéma d’Almodòvar. Il revient à ses premiers amours pour participer aux débats qui agitent son pays en crise. Ce film semble avoir été tourné avec la nécessité de réagir à la situation politique et sociale espagnole. Les métaphores … Lire la suite...

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lesamantspassagers3Vivement l’atterrissage

Des a-plats de couleurs vives, une musique entraînante, le générique des Amants passagers nous plonge dans la période movida du cinéma d’Almodòvar. Il revient à ses premiers amours pour participer aux débats qui agitent son pays en crise. Ce film semble avoir été tourné avec la nécessité de réagir à la situation politique et sociale espagnole.
Les métaphores sont claires, entre les passagers de la classe économique qui somnolent drogués par les membres de l’équipage comme le peuple qu’on a trop longtemps endormis, l’avion qui ne peut se poser comme image de l’Espagne, la dominatrice qui dit avoir des vidéos compromettantes de tous les puissants du pays, l’homme qui travaille comme conseiller en sécurité mais qui est aussi tueur à gage (comme le dit un passager, « c’est toujours comme ça ») jusqu’à ce héros, Joserra, qui ne peut s’empêcher de tout répéter qui pourrait être un double du cinéaste avec cette idée qu’on ne peut plus rien cacher, que tout est visible, que le roi est nu. La charge est féroce et souvent drôle.
L’ensemble se veut joyeux et c’est réjouissant de voir ces personnages qui à l’annonce de la catastrophe, se drogue encore plus, baise les uns avec les autres, dans un élan libertaire libérateur, une ode à l’amour libre, à toutes les sexualités, ce n’est pas parce que la situation est pourrie, que la fin est proche qu’on va cesser de vivre et de profiter de la vie et de ses vices. Cette façon d’être à la fois critique tout en refusant de se laisser à la déprime est plutôt bienvenue.
Tout est là pour qu’on applaudisse.
Mais cette joie paraît forcée. La mise en scène est souvent volontariste, essaie de créer du mouvement, du délire mais l’ensemble manque de rythme, on sent que le film a été fait en vitesse et Almodòvar paraît ne pas trop savoir quoi faire dans cette avion, son style est bridé, le huis-clos semble l’étouffer, du coup il ne fait qu’illustrer des dialogues enlevés, on a parfois l’impression d’assister à une retransmission de café théâtre. Quelques scènes sont mêmes totalement ratées comme celle, tire-larmes, où Norma pousse au rapprochement entre un père et sa fille. Le cinéaste cherche à retrouver son premier cinéma, fait à l’arrache, provocant et sexuel, mais d’un côté cet aspect de libération sexuelle, même si toujours nécessaire, n’a plus la même force provocante qu’à la sortie du franquisme, d’un autre côté, on sait aujourd’hui ce dont est capable ce cinéaste. On sait qu’il peut être un très grand styliste, en quelques plans à l’extérieur il nous le rappelle, en filmant une femme prête à sauter d’un pont qui reçoit un appel téléphonique de son amant, il nous montre que par sa seule mise en scène, il peut créer une situation troublante, poétique et dramatique dans le même mouvement.
Le clin d’œil du début est, à cet égard, cruel, en filmant quelques minutes Penélope Cruz et Antonio Banderas provoquant l’avarie dont sera victime l’avion avant de disparaître de l’histoire, il filme ses acteurs fétiches et on ne peut s’empêcher de penser à d’autres œuvres du cinéaste. On ne peut s’empêcher de se souvenir des plans magnifiques des Étreintes brisées, par exemple ceux où le personnage puissamment incarné par Penélope Cruz baise avec son vieux mari sous un drap blanc qui les recouvre entièrement avant d’aller vomir dans les toilettes, on ne peut s’empêcher de se souvenir que ce cinéaste a tourné des films majeurs comme ces Étreintes brisées, En Chair et en os ou La Mauvaise éducation qui volaient tellement au-dessus de ces Amants passagers.
Mais peut-être que le fond du film est là, dans cette incapacité, ainsi cette danse des stewards sur I’m so excited, qui semble devoir être une sorte d’acmé du film, et qui fait clip surjoué, là pour faire plaisir aux spectateurs. Comme le dit ensuite le héros dans un aveu d’impuissance, avant ça marchait, aujourd’hui ça ne marche plus, on ne peut plus distraire la masse ainsi. De même que ces plans simples et beaux à la fin du film sur cet aéroport désert nous rappelle que les choses ne sont pas aussi roses, dommage qu’Almodòvar n’ait pas suivi cette piste plus sombre qui lui va mieux, dommage qu’il ait oublié son cinéma en s’enfermant dans cette avion.
Les Amants passagers (Los amantes passajero) de Pedro Almodòvar, Espagne, 2013 avec Javier Càmara, Carlos Areces, Raùl Arévalo, Lola Dueñas…

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La piel que habito de Pedro Almodóvar http://enrevenantducinema.fr/2011/09/09/la-peau-du-diable/ http://enrevenantducinema.fr/2011/09/09/la-peau-du-diable/#comments Fri, 09 Sep 2011 01:14:12 +0000 Guillaume Pic http://enrevenantducinema.fr/?p=452 La peau du diable

Le métier de projectionniste permet de découvrir certains films presque par hasard. Cela fait longtemps que je me désintéresse d’Almodóvar. Rien de très excitant depuis le superbe En chair et en os que beaucoup considèrent – à tort – comme mineur au sein d’une filmographie sans surprise conçue pour alimenter les festivals*. Toujours est-il qu’à force, … Lire la suite...

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La peau du diable

Le métier de projectionniste permet de découvrir certains films presque par hasard. Cela fait longtemps que je me désintéresse d’Almodóvar. Rien de très excitant depuis le superbe En chair et en os que beaucoup considèrent – à tort – comme mineur au sein d’une filmographie sans surprise conçue pour alimenter les festivals*. Toujours est-il qu’à force, la bande-annonce de La piel que habito a aiguisé ma curiosité, en particulier cette étrange personnage de femme masquée vêtue d’un fuseau noir qui me faisait furieusement penser à Irma Vep dans Les Vampires de Louis Feuillade. C’est donc avec à l’esprit une ambiance de serial du début du siècle dernier que je me suis glissé dans la salle, et quelle ne fut pas ma surprise en découvrant que le réalisateur ibérique adaptait ici Mygale, un roman noir de Thierry Jonquet aussi dérangeant que passionnant.
L’idée qui porte le film est d’une simplicité exemplaire et s’inscrit totalement dans les thématiques chères au réalisateur : l’apparence n’annihilera jamais l’être qui se cache derrière. Tous les personnages du film en feront l’expérience : la femme du Dr Robert Ledgard, affreusement brûlée alors qu’elle fuyait le domicile conjugal avec son amant, miraculeusement guérie par son mari, se jettera par la fenêtre sous les yeux de sa fille pour fuir le monstre défiguré qu’elle est devenue. L’amant, demi-frère du docteur et cambrioleur en cavale, se présentera à sa mère déguisé en tigre, comme lorsqu’il était enfant, la neutralisera et finira par coucher avec Vera en la prenant plus ou moins pour sa maîtresse défunte. Cette mère, à l’origine domestique au service de la famille Ledgard, n’a jamais osé avouer à Robert qu’elle était sa mère biologique. Lorsque ce dernier la ramène dans la demeure familiale après quatre ans d’absence, elle revêt aussitôt son ancienne tenue de bonne. Cet uniforme, cette peau, c’est le miroir de ses rapport avec ses fils, celui qui a réussit et qu’elle sert, et l’autre, un voyou qui se sert d’elle. La fille, adolescente déboussolée et gavée d’antidépresseurs depuis la mort de sa mère, redeviendra l’enfant qu’elle était ce jour-là lors de la tentative de viol de Vicente, avant de se défenestrer à son tour. Vicente enfin, dont la transformation physique par le bon docteur se double d’un conditionnement mental glaçant. Modelé en femme pour venger le viol de sa fille, Robert lui donne le visage de feu son épouse. Devenu Vera, il jouera la comédie de la femme soumise et aimante. Pour mieux s’enfuir et rejoindre sa mère qui, dans un ultime plan de toute beauté, saura reconnaître au fond des yeux de cette jeune femme en larmes son fils disparu.
Reste le personnage de Robert Ledgard, le seul qui ne changera pas d’apparence au cours du métrage. Intelligemment, le scénario laisse dans l’ombre ses relations avec sa femme au moment de l’accident, et celles avec sa fille avant son agression. Si au départ on se prend de sympathie pour lui, ce sentiment est vite balayé par le jeu glacial d’Antonio Banderas qui livre ici une prestation de haute volée. Quel plaisir de le voir abandonner l’image de beau gosse latino sur le retour dont le regard ténébreux et magnétique enflamma Hollywood! En assumant son âge, ce regard lui permet de composer un personnage ambigu dont la froideur calculatrice et les obsessions malsaines se révèlent au fur et à mesure que le récit progresse. La mise en scène, particulièrement sobre et élégante, est en adéquation avec ce chirurgien esthétique qui n’est pas sans rappeler les savants-fous du cinéma fantastique des années 20. Impression renforcée par la musique envoûtante d’Alberto Iglesias qui fait penser à celle qui accompagnait les film d’épouvante de cette époque.
La piel que habito risque d’être accueilli froidement par les inconditionnels de l’auteur, comme il l’a été à Cannes où les spectateurs semblent avoir été déroutés par sa composante fantastique. Personnellement, je me réjouis à chaque fois qu’un réalisateur prend le risque de se frotter à des univers cinématographiques étrangers. Bien souvent, tout le monde y gagne : l’auteur qui sort de sa routine, le genre concerné dont les codes sont bousculés par un regard neuf, et le spectateur dont la curiosité est récompensée.

* Bon, avant de me faire jeter des pierres, un co-blogeur de mon entourage me tanne avec La mauvaise éducation depuis quoi, sa sortie en salle ? Promis Baptiste, j’y jette un œil dès que j’ai du temps…

 

La piel que habito de Pedro Almodóvar, Espagne, 2011 avec Antonio Banderas, Elena Anaya, Marisa Paredes…

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