en revenant du cinéma» Joe Dante http://enrevenantducinema.fr regards croisés sur le cinéma Thu, 09 May 2013 18:16:32 +0000 fr-FR hourly 1 http://wordpress.org/?v=3.5.1 Prochaînement sur vos écrans… ou pas (épisode 2) http://enrevenantducinema.fr/2011/10/29/prochainement-sur-vos-ecrans%e2%80%a6-ou-pas-episode-2/ http://enrevenantducinema.fr/2011/10/29/prochainement-sur-vos-ecrans%e2%80%a6-ou-pas-episode-2/#comments Sat, 29 Oct 2011 01:28:57 +0000 Guillaume Pic http://enrevenantducinema.fr/?p=636 The hole de Joe Dante

La famille Thompson débarque à Bensonville après de nombreux déménagements. La mère, Susan, travaille dans un hôpital et élève seule de ses deux fils, Dane (17 ans) et Lucas (10 ans). Se liant d’amitié avec leur voisine Julie, les deux garçons découvrent dans la cave de leur nouvelle maison une trappe qui semble s’ouvrir sur … Lire la suite...

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The hole de Joe Dante

La famille Thompson débarque à Bensonville après de nombreux déménagements. La mère, Susan, travaille dans un hôpital et élève seule de ses deux fils, Dane (17 ans) et Lucas (10 ans). Se liant d’amitié avec leur voisine Julie, les deux garçons découvrent dans la cave de leur nouvelle maison une trappe qui semble s’ouvrir sur un abîme sans fond…
On comprend aisément ce qui a séduit Joe Dante dans cette histoire. S’il n’a pas réalisé de véritable film d’horreur depuis Hurlements, son cinéma a toujours flirté avec un fantastique qui s’appuie sur les traumatismes de l’enfance – voir par exemple le segment qu’il réalisa pour le film à sketchs La quatrième dimension. Le trou sans fond qui se cache dans la cave de la maison a l’étrange capacité de rendre réelles les peurs enfouies de ceux qui se penchent au dessus, et chacun des trois protagonistes va devoir s’y confronter. Dane, le personnage central, est un adolescent sur le point de devenir adulte. La relation qu’il entretient avec son jeune frère est de nature conflictuelle : il refuse systématiquement de jouer avec lui et se laisse même aller à une certaine violence à son encontre. Avec sa mère, il se montre tantôt distant, tantôt possessif, et ce n’est qu’avec l’entrée en scène de Julie, sa jolie voisine qu’il va progressivement changer son rapport aux autres. En plus d’éveiller son désir, ce personnage permet au réalisateur de projeter son jeune héros dans l’avenir, recomposant une cellule familiale artificielle autour de lui. Julie devient alors sa compagne et Lucas représente son enfant à venir. Intelligemment, Joe Dante fait d’ailleurs en sorte que les personnages de la mère et de la voisine n’occupent jamais le même espace simultanément, sauf pour se relayer auprès de Dane.
Au fur et à mesure que les ténèbres du trou se répandent dans la réalité, le secret des déménagements à répétition de la famille Thompson se fissure. Si Lucas est terrorisé par les clowns, si Julie doit revivre un terrible accident qui coûta jadis la vie à sa meilleure amie, Dane doit affronter le fantôme de son père, un alcoolique qui les battait avant de finir en prison. Si la menace qui pèse sur eux est réelle – son père les retrouve régulièrement depuis sa cellule, et ne se prive pas de se rappeler à leur bon souvenir provocant immédiatement un nouveau déménagement – il doit surtout affronter une peur beaucoup plus insidieuse, celle de faire subir à son entourage ce que son père lui a infligé enfant. Au final, chaque personnage aura l’occasion d’affronter et de vaincre son traumatisme, lui permettant de regarder vers l’avenir sans être rongé par la culpabilité. Étonnamment, l’enfance malmenée reste un tabou dans le cinéma populaire américain, un peu comme s’il avait cinquante ans de retard sur la société dont il est sensé être le miroir. Joe Dante en tire un excellent « film d’horreur familial », comme Gremlins en son temps.
Lorsqu’il s’attelle à la réalisation de The Hole, le réalisateur n’a pas mis les pieds sur un plateau de cinéma depuis près de 6 ans. S’il y a bien une chose que Hollywood ne tolère pas, ce sont les échecs commerciaux à répétition, et malheureusement l’homme est coutumier du fait. Alors que la critique l’a toujours défendu, comment retrouver les faveurs du public lorsque The hole reste inédit chez nous, en salle ou en vidéo ? Reste que le spectateur curieux (et anglophone) pourra découvrir ce très bon film avec le DVD ou le Blu-ray sorti chez nos voisins anglais et vendu une bouchée de pain sur la toile. C’est toujours mieux que rien…
The Hole, réalisé par Joe Dante, 2009, Etats-unis, 1h38, avec Teri Polo, Chris Massoglia, Haley Bennett, Nathan Gamble…

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Super 8 de J. J. Abrams http://enrevenantducinema.fr/2011/08/29/back-in-time/ http://enrevenantducinema.fr/2011/08/29/back-in-time/#comments Mon, 29 Aug 2011 14:26:17 +0000 Guillaume Pic http://enrevenantducinema.fr/?p=421

Back in time

Ça vous dirait un petit retour aux années 80 ? Rassurez-vous, je ne vous parle pas de variétoche insipide ou de look à base de gel et de couleurs fluos, mais d’un pan du cinéma populaire américain qui alliait intelligemment « entertainment », émotion et imagination… C’est le voyage que nous propose Super 8, la belle surprise dans le flot … Lire la suite...

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Back in time

Ça vous dirait un petit retour aux années 80 ? Rassurez-vous, je ne vous parle pas de variétoche insipide ou de look à base de gel et de couleurs fluos, mais d’un pan du cinéma populaire américain qui alliait intelligemment « entertainment », émotion et imagination… C’est le voyage que nous propose Super 8, la belle surprise dans le flot des blockbusters en carton de l’été…

Il était une fois un grand monsieur très très riche. Au sommet de sa gloire, il décida d’aider ses potes réalisateurs qui avaient un peu plus de mal à concrétiser leurs rêves les plus fous. Il profita donc de sa notoriété et d’un sens des affaires aiguisé pour produire une poignée de longs-métrages qui marquèrent à jamais une génération de gamins dont votre serviteur. Ce grand bonhomme ? Steven Spielberg. Ces pellicules féeriques ? Retour vers le futur, Gremlins, Le secret de la pyramide, Les Goonies, Qui veut la peau de Roger Rabbit et L’aventure intérieure.
De nos jours, à Hollywood, la prise de risque et l’originalité ont fait place aux remakes, prequels, suites à rallonge et autres reboots, et les doux dingues se sont soit fondus dans la masse – Spielberg, Zemekis –, soit retrouvés aphones dans une industrie qui ne veut plus en entendre parler*. Seulement, de la même manière que cette génération revendique l’héritage du fantastique des années 50, certains réalisateurs quarantenaires ne cessent de clamer leur dette à ces « popcorn movies » des années 80. Parmi eux, J.J. Abrams accomplit un rêve de gosse en réalisant ce Super 8 sous la houlette de Steven Spielberg himself qui, si il n’a rien réalisé dans cette veine depuis Jurassic Park, a continué de produire des films recommandables comme les Men In Black de Sonnenfeld ou les Zorro de Martin Campbell.
Abrams était considéré jusque là comme un solide artisan et un bon scénariste, alliant des idées originales – Lost – à un sens de la narration d’une rare efficacité – Mission Impossible III. Produit de son époque, il travaille dans ce qui se fait aujourd’hui, que ce soit une suite ou le reboot d’une franchise mythique : Star Trek. Avec Super 8, il entre dans la cours des grands en proposant un film étrangement bicéphale, avec d’un côté l’histoire d’un groupe de collégiens qui tournent un film d’horreur en 8mm avec des effets spéciaux approximatifs, et de l’autre un vrai film de monstre à gros budget, avec images de synthèse, poursuites spectaculaires et scènes chocs. Fort heureusement, c’est la première composante qui prime. On retrouve un souffle narratif et une manière d’incarner les personnages que l’on n’avait pas vus depuis longtemps, puisque ce sont leurs émotions qui sont au premier plan. Et des émotions, Joe et Alice – magistralement interprétée par Elle Fanning – vont en vivre un paquet tout au long du métrage. Dès le début, ils partageant le même vide laissé par leurs mères absentes, ce qui va les rapprocher progressivement malgré leurs pères, totalement déboussolés et incapables de jouer le rôle de parent unique. On suit ainsi le parcours et l’évolution de ces deux « couples » de personnages qui vont apprendre à se faire confiance, à surmonter l’absence et à combler au mieux ce vide qui les ronge. On retrouve ainsi la patine douce-amère qui habitait le Gremlins de Joe Dante et qui rendait le cinéma de cette période si intéressant : créer de la fantaisie, parler à l’enfant en chacun de nous, faire du divertissement ? D’accord, mais sans oublier d’ancrer ces histoires dans une réalité cruelle, autour de personnages que la vie n’a pas épargnés. Et ne jamais oublier que ce sont eux le cœur de l’histoire.

L’autre composante du film, la créature et les scènes spectaculaires, est moins réussie : les nouvelles technologies utilisées ici à coup de millions de dollars nous sortent violemment de l’intimité des personnages et se marient mal avec le reste du film. Le décalage s’estompe progressivement mais le spectateur nostalgique que je suis a eu du mal à ne pas décrocher lors de ces scènes. Il regrette amèrement le temps où les trucages mécaniques et les maquillages approximatifs avaient encore la part belle, et où l’usage des fonds bleus ou verts n’était pas systématique. Mais ce n’est pas dans le sens de l’histoire, j’en ai peur…

* Comme l’immense Joe Dante dont le dernier film « The hole », tourné en 2009, n’est non seulement pas sorti en salle chez nous, mais n’a même pas eu droit à une édition vidéo.

Super 8 de J. J. Abrams, EU, 2011, avec Kyle Chandler, Joel Courtney, Elle Fanning, Ron Eldar

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