Juliette Binoche – en revenant du cinéma http://enrevenantducinema.fr Tue, 24 Apr 2018 20:15:36 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=4.9.8 Un Beau soleil intérieur de Claire Denis http://enrevenantducinema.fr/2017/11/03/beau-soleil-interieur-de-claire-denis/ http://enrevenantducinema.fr/2017/11/03/beau-soleil-interieur-de-claire-denis/#respond Fri, 03 Nov 2017 17:13:14 +0000 http://enrevenantducinema.fr/?p=2311 Passages nuageux

Un beau soleil intérieur est le portrait d’une femme, Isabelle, empêtrée dans sa vie sentimentale et sexuelle. On perçoit ce que voulait faire Claire Denis, un film qui … Lire la suite...

The post Un Beau soleil intérieur de Claire Denis appeared first on en revenant du cinéma.

]]>

Passages nuageux

Un beau soleil intérieur est le portrait d’une femme, Isabelle, empêtrée dans sa vie sentimentale et sexuelle. On perçoit ce que voulait faire Claire Denis, un film qui travaille la parole, le discours et l’accaparement de ce discours par le pouvoir qu’il soit celui de l’homme et/ou celui de la bourgeoisie. Ainsi on assiste à différents types de paroles, celle brutale d’un banquier ignoble, hésitante d’un acteur ou condescendante d’un ami, etc., et l’héroïne se trouve prise dans ces différents discours sans savoir ce qu’elle veut vraiment, elle hésite, en perd ses mots, prend le discours du pouvoir. Le projet aurait pu être intéressant théoriquement mais le film s’empêtre au diapason de l’héroïne.
Le début est très écrit jusque dans les hésitations surjouées, et puis on se dit que ce côté théâtral est volontaire, que ça travaille le faux, le trop, avec aussi un certain humour, on pense ainsi au personnage incarné par Katerine et au voyage dans le Lot (où sont tournées les meilleurs scènes, où on devine le film, drôle, cruel et absurde, que Claire Denis voulait peut-être faire), on se dit, ok, c’est un jeu de massacre, une farce, alors il aurait fallu aller plus loin dans cette direction mais la cinéaste revient très vite au film démonstratif qu’il était au départ. Claire Denis hésite entre la peinture proche du pamphlet d’un petit milieu, une comédie sentimentale, un film fantaisiste, une démonstration théorique mais ne choisit pas vraiment. On aime les films bancals, flottants, mais le problème est que là, ce non-choix fait que le propos initial se perd voire devient très confus.
Ainsi l’héroïne a différents partenaires sexuels mais veut trouver le grand amour, alors que les hommes, eux, ne pensent qu’à tirer un coup, à profiter d’elle, si on choisit dès le départ, la caricature pour bousculer les clichés, pourquoi pas, mais le fait de vouloir dire quelque chose de plus profond sur le monde tout en gardant aussi un ton badin de comédie donne l’impression d’avaliser cette idée que les hommes ne pensent qu’au sexe et que les femmes sont avant tout sentimentales, ce qui n’est pas le discours le plus transgressif et révolutionnaire qui soit de nos jours. Ce qui est renforcé par le fait qu’Isabelle (incarnée avec intensité, ce qui n’était pas évident, tant le personnage est chargé, par Juliette Binoche) semble toujours triste, toujours la larme à l’œil, victime bringuebalée.
Prenons un exemple, Isabelle a une relation avec un homme au rsa, un pauvre donc, et se retrouve ensuite à discuter avec un ami ou collègue du même monde qu’elle (elle est peintre et appartient à une certaine classe moyenne intellectuelle), ou plutôt elle subit son discours sur le fait qu’il n’est pas possible d’avoir une relation avec quelqu’un d’un autre milieu, mais le discours qu’il tient est tellement simpliste et explicite qu’on ne peut que se demander pourquoi elle ne réagit pas, il faut qu’elle soit quand même bien naïve pour s’y laisser prendre. On entend la critique d’une classe sociale étanche et méprisante sauf que le film redouble cela en ne laissant qu’une petite place à ce personnage de rsaste, qui drague, lui évidemment sans parler, juste par le corps, alors que tous les autres se noient dans les mots (ce qui est, là aussi, très stéréotypé) mais c’est la cinéaste et le scenario qui le dessine ainsi, et pas seulement le discours du personnage joué par Bruno Podalydès, c’est Claire Denis qui le cantonne derrière la porte comme elle cantonne aussi Isabelle dans une posture passive.
Ainsi, ce film s’intéresse à un milieu qui semble être celui de la réalisatrice, un monde culturel arrogant mais si ce milieu est critiqué, on n’en sort pas vraiment et la présence d’acteurs, actrices qui sont aussi souvent réalisateurs qui viennent faire une apparition (comme Valeria Bruni-Tedeschi par exemple) comme des voisins qui passeraient dire bonjour, accentue cette impression d’un entre-soi qui est pourtant censé être brocardé. Il y a alors un écart étrange et gênant entre un propos qui se veut cruel sur la violence symbolique du discours et une façon d’envoyer tout ça promener en se disant que finalement, ce n’est pas si grave comme la dernière tirade de Gérard Depardieu semble le souligner.
On sait que Claire Denis est capable de très beaux films, et justement, de savoir aller explorer différents univers (de Beau Travail à 35 Rhum en passant par White Material), c’est une cinéaste importante mais qui là, même si elle garde tout son talent pour filmer simplement les corps, la peau, etc. nous paraît taper à côté, en donnant l’impression de ne filmer qu’un petit monde mesquin refermé sur lui-même sans avoir grand-chose, finalement, à en dire.
Un Beau soleil intérieur de Claire Denis, France, 2017 avec Juliette Binoche, Xavier Beauvois, Alex Descas…

The post Un Beau soleil intérieur de Claire Denis appeared first on en revenant du cinéma.

]]>
http://enrevenantducinema.fr/2017/11/03/beau-soleil-interieur-de-claire-denis/feed/ 0
Bilan 2014, des cadres et du mouvement http://enrevenantducinema.fr/2014/12/31/bilan-2014-des-cadres-et-du-mouvement/ http://enrevenantducinema.fr/2014/12/31/bilan-2014-des-cadres-et-du-mouvement/#respond Wed, 31 Dec 2014 18:16:52 +0000 http://enrevenantducinema.fr/?p=2094

La fin de l’année est l’occasion de faire notre mini bilan et surtout de revenir sur des films dont on n’a pas parlés parce qu’au moment où on les a … Lire la suite...

The post Bilan 2014, des cadres et du mouvement appeared first on en revenant du cinéma.

]]>
saintlaurent2

La fin de l’année est l’occasion de faire notre mini bilan et surtout de revenir sur des films dont on n’a pas parlés parce qu’au moment où on les a vus on n’avait pas envie, parce qu’on n’était pas d’humeur, parce qu’on avait d’autres projets et que de toute façon, on n’est pas payé pour ça, alors on fait ce qu’on peut.

Revenir donc sur quelques films.

D’abord Saint-Laurent ou comment Bertrand Bonello prend le genre très cadré du biopic pour le faire éclater et utilise cette déconstruction pour s’approcher de la vérité de quelqu’un, une vérité qui pourtant se dérobe.
À la différence de ces biopics qui présentent des hommes au destin glorieux et au caractère conquérant ou du moins particulier (à part évidemment le magnifique Van Gogh de Pialat), Yves Saint-Laurent est présenté comme absent au monde (c’est la force de Gaspard Ulliel de savoir incarner ce personnage fantomatique ne laissant qu’une empreinte), drogué, devenant une marque, un logo, plus qu’une personne, traversant une décennie importante de l’histoire sans s’en rendre compte, un personnage en creux, à côté de la plaque la plupart du temps.
Le dispositif théorique de la mise en scène est dans le morcellement avec flash-back, flash-forward, split-screen, scène qui semble détachée du reste, rêve, hallucination, lettre lue, dilatation du temps, et accélération, des changements de rythme fréquents, jusqu’à cette fragmentation de l’écran pour un défilé triomphant. Ce morcellement n’est pas une coquetterie, elle est le miroir d’un homme qui n’arrive pas à trouver son unité, qui n’a pas de consistance.
Comme souvent chez Bonello, ça pourrait être froid et intellectuel mais il y a un parfum de tristesse toujours présent, quelque chose qui ne rentre pas dans le dispositif, une douleur profonde de la difficulté à être. Du héros de De la guerre aux prostituées de l’Apollonide, de la Cindy (dans Cindy the doll is mine) à Yves Saint-Laurent, tous ces personnages essaient de trouver une raison de vivre, essaient d’échapper à une réification (avec l’idée que le cinéma c’est aussi se poser la question de la réification par le cinéaste). C’est symptomatique avec ces chiens appelés Moujik de 1 à 4, interchangeables, un film sur le narcissisme, sur le fait que de vivre uniquement dans les yeux des autres nous dévitalise, nous fait disparaître, nous transforme en pantin.

mummyOn retrouve dans Mommy de Xavier Dolan cette volonté de se confronter à un dispositif. Là il s’agit d’encadrer la vie ou de la laisser se développer, de savoir comment on se bat avec un cadre qui emprisonne, de travailler sur cette tension. Un adolescent hyperactif, violent, plein de vie mais ne supportant pas les limites qu’on lui donne face à une mère larguée, qui fait ce qu’elle peut mais n’y arrive plus. Tout le jeu du film est entre ces corps qui courent, se frappent, crient, pleurent, s’aiment, s’engueulent, se déchirent et comment ils habitent, occupent les plans.
Un film très théorique où bien sûr le cadre carré enserre les personnages, rend le face à face entre la mère et le fils étouffant.
Le début part étrangement sur une piste naturaliste, la travailleuse sociale, la nouvelle loi imaginaire et vite ça déborde de partout, rien ne retient la vie qui passe, circule, et l’arrivée de la voisine permet que toute cette énergie prenne de l’ampleur et se canalise dans le même mouvement. L’arrivée du tiers brise la dualité mortifère.
Ce qui est bien avec Xavier Dolan, c’est qu’il ne s’excuse pas, qu’il n’est pas modeste, il y va, fonce, et garde sa route, sa trajectoire est sûre, ça lui permet d’oser des choses naïves et puissantes dans leur naïveté, voir le héros courir avec son caddie au milieu de la route en criant liberté, et ouvrir le cadre ainsi, ça pourrait être casse-gueule, ridicule mais ça passe, jamais on se sent piégé par l’émotion que livre ce film, on n’est pas manipulé, tout est là devant nous, à vif. L’histoire est d’une grande simplicité, les lignes sont évidentes, il ne les cache pas.
Ce film nous insuffle son énergie vitale et donne envie d’envoyer valser les convenances. Ce n’est pas rien. Et si ça pouvait aider à renverser ce vieux monde, ce serait encore plus.

Deux autres films émergent cette année (répétons-le, parmi les films vus, il y a bien sûr des manques et des oublis) le Map to the stars de Cronenberg et sa rage réjouissante et sombre, et à son opposé Love is strange de Ira Sachs, qui après le beau et rugueux Keep the light on (qui s’approchait des films mumblecore), confirme son attachement aux palpitements du cœur. Soit un vieux couple dont le mariage va précipiter un déménagement, un film d’une grande élégance, aux plans d’une grande et belle simplicité, d’une émouvante douceur, avec une fin magnifique et bouleversante d’humanité.

love is strange

Une année sans choc majeur comme l’Inconnu du lac l’an passé peut-être, mais beaucoup de bons films, souvent basés sur des confrontations d’acteurs. La fougue des Combattants de Thomas Cailley révèle un cinéaste prometteur qui doit avoir plus confiance en son regard (la volonté de faire cinéma est une des limites de ce premier film) et à sa capacité à diriger des acteurs (Adèle Haenel, qui impose sa présence essentielle dans le cinéma français d’aujourd’hui face à un Kévin Azaïs touchant)
Olivier Assayas est aussi, mais on le savait déjà, un grand directeur d’acteur et d’actrice, ce que donnent Juliette Binoche et Kristen Stewart sous son regard dans Sils Maria est impressionnant, le film l’est aussi souvent avec de magnifiques plans dans les Alpes, avec parfois, c’est le défaut mignon d’Olivier Assayas, quelques moments trop explicatifs et surlignés.

On n’oubliera pas bien sûr Under the skin, Bird et leur proposition étrange. Le cinéma est travaillé par le fantastique, l’étrangeté, désire s’envoler, et c’est tant mieux. Ne le bridons surtout pas.

The post Bilan 2014, des cadres et du mouvement appeared first on en revenant du cinéma.

]]>
http://enrevenantducinema.fr/2014/12/31/bilan-2014-des-cadres-et-du-mouvement/feed/ 0
Et pour quelques films de plus (mai 2012) http://enrevenantducinema.fr/2012/05/27/et-pour-quelques-films-de-plus-mai-2012/ http://enrevenantducinema.fr/2012/05/27/et-pour-quelques-films-de-plus-mai-2012/#comments Sun, 27 May 2012 16:50:43 +0000 http://enrevenantducinema.fr/?p=1050 Je crois avoir mis le doigt sur le secret des productions Europacorp. Quand j’étais môme, avant de m’endormir, je jouais à me faire un film. J’en étais bien évidement le Lire la suite...

The post Et pour quelques films de plus (mai 2012) appeared first on en revenant du cinéma.

]]>
Je crois avoir mis le doigt sur le secret des productions Europacorp. Quand j’étais môme, avant de m’endormir, je jouais à me faire un film. J’en étais bien évidement le héros, mes amis les personnages secondaires, et le cadre variait selon mes influences du moment. Avec Star Trek, la science fiction, avec Mad Max 2, un monde post-apocalyptique, avec Conan, un royaume barbare. Je soupçonne Luc Besson de faire exactement la même chose. Pour l’histoire originale (rires) de Lock out, tout est parti d’une soirée vidéo entre amis. Au programme : New York 1997 et Los Angeles 2013 (son héros cynique et distancié s’appelle… Snow… et il doit sauver la fille du président), Piège de Cristal (le lieu clos, le héros seul contre tous) et Star Wars (l’assaut spatial contre la prison). Les dialogues sont lénifiants, les acteurs tous plus mauvais les uns que les autres (Ces derniers temps, Guy Pearce sabote sa carrière avec un entrain déconcertant) et le scénario est truffé d’incohérences. On en rigolerait si ça ne coûtait pas aussi cher…
Lock out
, de James Mather et Stephen St. Leger, France, 2012, avec Guy Pearce, Maggie Grace…

Attention, petite merveille! Tombé dans le limbes du « distribution Hell », c’est avec trois ans de retard – et grâce au succès interplanétaire d’Avengers, n’en doutons point – que l’excellent La cabane dans les bois de Drew Goddard débarque enfin sur les écrans. Écrit et produit par Joss Whedon, le film est une mise en abîme des codes du cinéma de genre, sauf que contrairement aux tentatives post-modernes récentes, le papa de Buffy ne prend jamais les spectateurs de haut, et ses personnages ont une vraie profondeur. Impossible d’en raconter plus, pas à cause du twist – Whedon et Goddard se chargent de l’éventer dès la première scène – mais parce que ce serait manquer de respect à ce film intelligent et original. Les aficionados auront le plaisir de retrouver des têtes connues, comme la toujours charmante Amy Acker (Angel, Dollhouse), ainsi que des thématiques déjà abordées dans Buffy contre les vampires comme l’impact des superstitions sur notre époque où la technologique laisse peu de place au folklore. Et bonne nouvelle, loin de tout tapage médiatique, cette production sans prétentions a rencontré son public.
La Cabane dans les bois
, de Drew Goddard, EU, 2009, avec Kristen Connolly, Chris Hemsworth, Fran Kranz, Bradley Whitford, Amy Acker…

Dire que j’attendais Cosmopolis avec impatience serait un doux euphémisme. Même si j’ai apprécié les trois derniers films de David Cronenberg – avec une mention spéciale pour A dangerous method – ce changement de direction inattendu m’avait un peu frustré. Tout ça manquait de chair et de défis cinématographiques à la hauteur de son talent. Avec dans ses bagages Le festin nu et Crash, adaptations jugées impossibles mais magnifiées par le réalisateur canadien, et avec une bande annonce déjantée, ce Cosmopolis était plein de promesses. Hélas, la déception fut amère. Je ne suis jamais rentré dans le film, au lieu de m’enivrer, les dialogues – repris mot pour mot du livre de DeLillo – m’ont assommé. Les fulgurances de la bande-annonce sont malheureusement les seules du film, à l’exception notable d’une scène érotique totalement barrée avec Emily Hampshire. Robert Pattinson est excellent, les décors et l’ambiance réussis, mais l’ensemble manque cruellement de consistance. Un comble pour le réalisateur de La mouche. J’ai passé la dernière demi-heure du film à regarder ma montre, alors que la veille j’aurais donné sans hésiter une livre de chair dans l’espoir de revivre les émotions que Crash m’avait procuré.
Cosmopolis, de David Cronenberg, Canada, 2012, avec Robert Pattinson, Sarah Gadon, Juliette Binoche, Mathieu Amalric…

The post Et pour quelques films de plus (mai 2012) appeared first on en revenant du cinéma.

]]>
http://enrevenantducinema.fr/2012/05/27/et-pour-quelques-films-de-plus-mai-2012/feed/ 2