Noah Baumbach – en revenant du cinéma http://enrevenantducinema.fr Tue, 24 Apr 2018 20:15:36 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=4.9.8 States of Grace de Destin Cretton http://enrevenantducinema.fr/2014/04/22/states-grace-de-destin-cretton/ http://enrevenantducinema.fr/2014/04/22/states-grace-de-destin-cretton/#comments Tue, 22 Apr 2014 16:56:38 +0000 http://enrevenantducinema.fr/?p=1917 – C’est tellement mignon.

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states-of-grace– C’est tellement mignon.

States of Grace a tous les défauts d’un certain cinéma indépendant. Programmé pour être un film mode, un film petit budget si touchant, si sincère, si beurk.
Prenons un thème riche en humanité, d’un côté des enfants en difficulté avec des situations familiales compliquées, de l’autre des éducateurs, dont les héros, un mignon petit couple, au passé lui aussi difficile mais ils s’aiment, c’est ce qui compte. Elle est enceinte, va-t-elle avorter ? Suspense.
C’est le genre du film où on sent que chaque détail, chaque plan est là pour plaire, chaque moment est pensé pour que le spectateur perçoive toute la délicatesse de l’auteur, avec une émotion très maîtrisée qui ne déborde jamais, ne fait jamais rupture, tout est fait pour qu’on ressente de la compassion, mais cette délicatesse dégouline, ça en est écœurant. Sous couvert de ne pas en faire trop, de ne pas tomber dans le pathos ou le misérabilisme, Destin Cretton ne se coltine à rien, ne se mouille jamais de peur de se salir.
Comment ne pas être du côté de ces enfants violentés par leur parent ? Serait-on sans cœur ? Sauf que tous ces adolescents ont une étiquette, le mexicain rigolo, la fille dépressive qui se scarifie, le noir qui ne parle pas beaucoup, tout en violence rentrée, l’enfant psychotique qui est dans sa tête mais qui reste pas trop effrayant (avec cette scène finale où on devrait trouver amusant lorsque cet enfant psychotique pique une crise d’angoisse). Évidemment derrière ces cœurs en souffrance se cachent des artistes, un fait du rap (le rap qu’il déclame est peut-être le seul truc intéressant du film), l’autre écrit et dessine mais cela n’existe que pour servir à chaque fois une scène explicative sur leur histoire respective. Chacun dans sa petite case alors que ça prétend sans cesse le contraire, le cinéaste rajoute des murs aux murs, son regard enferme ceux qu’il filme autant que le lieu dans lequel ils habitent.
Il en est de même de l’équipe des éducateurs, avec ce débutant maladroit qui va apprendre au contact de ces jeunes et, oh surprise !, finir par trouver la bonne distance.
La bonne distance, c’est bien ça le problème, le cinéaste ne cherche que la distance qui fait qu’on l’aimera, il a raison, tellement de critiques aveugles tombent dans le panneau. Il paraît que c’est inspiré de l’histoire du cinéaste et pourtant rien ne semble vécu, rien n’est habité. Alors que c’est censé parler de choses violentes, dures tout est fait pour ne pas déranger, tout est aseptisé, lisse, inoffensif, chaque événement est attendu, comme ces crises de violence qui arrivent pile-poil au moment prévu.
Il n’y a aucun accroc dans le programme, tout va dans le bon sens, toutes les situations se résolvent grâce à la patience des travailleurs sociaux, tellement gentils, tellement à l’écoute, qui apportent à ces jeunes mais qui apprennent d’eux aussi. Parce que quand même c’est par le partage, c’est en s’ouvrant qu’on peut vivre mieux, on a l’impression d’être à l’église, d’écouter un sermon. Le summum est cette scène dans la famille adoptive du héros qui devient dégueulasse tant elle est artificielle, fabriquée pour nous faire pleurer avec une bonne conscience mielleuse et facile.
De même tout ce qui se trame autour de l’histoire d’avortement est hypocrite, si l’héroïne l’a déjà fait c’est parce qu’elle était enceinte de son père qui abusait d’elle et la battait alors ça se justifie (on n’est pas dans Greenberg de Baumbach, tout cela reste très convenable et même un membre du Tea party peut voir ce film) et là elle hésite, mais elle ne le fait pas grâce à une des jeunes qu’elle suit qui lui dit dans une scène tellement, tellement bouleversante qu’elle serait une bonne mère, ouf on a eu chaud, c’est bon, ça finira bien avec mariage et enfant, personne ne sera perturbé. Personne n’avalera de travers ses pop-corn.
La mise en scène est à l’avenant, il n’y en a pas, le même cliché du cinéma indépendant étasunien, la caméra à l’épaule, la prise sur le vif, toujours dans le mouvement des personnages, pour que ça fasse vrai, montage rapide avec alternance de gros plans sur les visages, les mains, les gestes, et plans plus larges avec surcadrage dans les couloirs, les entrées pour donner à voir l’enfermement. Tout ça est vue mille fois, la même lumière un peu crue pour donner l’impression que c’est naturel et travaillée en même temps pour qu’elle soit comme si on était toujours à l’aube ou au crépuscule avec un soleil rasant pour que ça fasse jolie quand même, comme du sous sous (ad lib.) Gus Van Sant (si souvent mal copié), l’héroïne qui fait du vélo la nuit sous la lumière jaunâtre des réverbères, c’est aussi un cliché de ce cinéma.
Ce côté reportage, pour être au plus prés ne devrait pas exonérer de travailler le style, la forme. L’important que ce soit pour le fond ou la forme est la justesse et non les apparats de cette justesse.
Citons pour finir Brett Easton Ellis dans un excellent entretien donné aux Inrockuptibles*, qui parle de plusieurs films dont States of Grace fait partie.
« Je déteste les films vaniteux, tous ces films hypocrites qui veulent que je me sente mieux en sortant, qui veulent dénoncer les injustices de l’Église catholique, qui m’expliquent que l’esclavage c’était vraiment pas bien… J’appelle ça les victim movies. C’est une façon cheap d’émouvoir le spectateur, de le brosser dans le sens du poil, d’enfoncer des portes ouvertes. »
On nage en plein dedans, absence de mise en scène, regard compassé, bel enrobage, aucun point de vue qu’il soit artistique ou politique, il y a des chances que ce film fasse un petit succès.
States of Grace (Short term 12) de Destin Cretton, EU, 2014 avec Brie Larson, John Gallagher Jr., Kaitlyn Dever…

* Les inrockuptibles n°955. Entretien où il explique pourquoi les séries seront toujours inférieures au cinéma, pourquoi L’Inconnu du lac est un film important, bref un homme de goût.

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Young adult de Jason Reitman http://enrevenantducinema.fr/2012/03/28/a-la-recherche-du-bon-equilibre/ http://enrevenantducinema.fr/2012/03/28/a-la-recherche-du-bon-equilibre/#comments Wed, 28 Mar 2012 13:18:30 +0000 http://enrevenantducinema.fr/?p=881 A la recherche du bon équilibre

Jason Reitman est le cinéaste qui a commis Juno, ce film tellement cool qu’il en devenant gluant, cachant son conformisme derrière une rébellion … Lire la suite...

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A la recherche du bon équilibre

Jason Reitman est le cinéaste qui a commis Juno, ce film tellement cool qu’il en devenant gluant, cachant son conformisme derrière une rébellion bon marchée. Son nouveau film n’était pas attendu sur En revenant du cinéma avec un grand enthousiasme. À l’univers coloré de Juno succéde la grisaille de Minneapolis et on comprend vite que le réalisateur a voulu changer, devenir adulte, qu’il a choisi un personnage dur, triste, une mise en scène qui se veut épurée avec un rythme lent et contemplatif, comme s’il voulait faire ce film contre son premier, comme si la guimauve de Juno lui collait aux doigts, ce qui prouve au moins une certaine lucidité. Ainsi ce personnage d’écrivaine paumée, retournant dans la ville où elle a grandi, se retrouvant face aux personnages cools qui auraient pu être les héros de Juno.
Jason Reitman donne l’impression de filmer contre ses personnages, entre les habitants d’une petite ville forcément ploucs, bêtement heureux, et cette écrivaine de la grande ville, narcissique et vide, qu’heureusement à aucun moment il ne cherche à sauver dans une fin réconciliatrice attendue mais qui ne vient pas. Le projet est intéressant mais n’est pas très sympathique, on sent un léger cynisme dans la distance qu’il met entre lui et ceux qu’il filme. L’histoire manque d’originalité, la mise en scène est plate, plan large pour isoler le personnage et mettre en avant sa solitude, gros plan sur les petits gestes pour montrer l’enfermement dans le quotidien, sinon il tourne caméra à l’épaule pour faire cinéma indépendant étasunien. Jason Reitman ne s’implique pas, il rend une copie scolaire. On sent qu’il voudrait s’approcher d’un Noah Baumbach (et par exemple du très beau Greenberg), d’une Sofia Coppola ou d’une Kelly Reichardt (celle de Wendy et Lucy), mais il est loin d’avoir la même force qu’eux au niveau mise en scène, ni d’avoir la même justesse dans le regard, il n’accompagne pas ceux qu’il filme, il les regarde de loin, de haut.
Seules les scènes entre l’héroïne Mavis et Matt (incarnés par Charlize Theron, impliquée et Patton Oswalt, très bien, vu entre autres dans la série United States of Tara, Jason Reitman a un certain talent dans la direction d’acteurs) montrent ce que l’auteur semble avoir voulu faire. Leur relation tient la route, leur mauvaise humeur touche, les ficelles sont déjà vues mais les acteurs permettent que ce qui se passe entre eux ne soit pas anecdotiques comme le reste du film.
Young adult de Jason Reitman, EU, 2012 avec Charlize Theron, Patton Oswalt, Patrick Wilson…

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Les Winners de Thomas McCarthy http://enrevenantducinema.fr/2011/09/01/a-mort-les-loser/ http://enrevenantducinema.fr/2011/09/01/a-mort-les-loser/#respond Thu, 01 Sep 2011 16:01:26 +0000 http://enrevenantducinema.fr/?p=442 A mort les loser

On connait le sillon creusé par des films comme Litte Miss Sunshine, Juno, une patine de cinéma indépendant américain, un regard sur les Etats-Unis … Lire la suite...

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A mort les loser

On connait le sillon creusé par des films comme Litte Miss Sunshine, Juno, une patine de cinéma indépendant américain, un regard sur les Etats-Unis d’en bas, des couleurs automnales, un côté cool qui se voudrait rebelle, le tout emballé dans de la guimauve pour que tout le monde y trouve son compte et au final une morale conservatrice, la famille, il n’y a que ça de vrai ! De quoi s’assurer le succès du film à petit budget que personne n’a vu venir, donnant l’impression aux spectateurs de faire partie des privilégiés découvrant une perle alors qu’ils ne sont que les cibles d’un produit très marketé, les Winners laboure le même terreau.
Un avocat loser qui fait une petite magouille et qui se retrouve à s’occuper d’un vieux et de son petit fils, on pourrait imaginer une vague influence du Théorème de Pasolini sur ce corps étranger qui par sa présence va transformer tous les membres d’une famille mais on est à des années lumières de cela, on pourrait penser aussi que c’est un film sur les victimes de la crise mais au final non, l’objet n’est pas là, les problèmes d’argent se résolvent finalement sans difficulté.
Si Paul Giamatti et Amy Ryan sont plutôt touchants, Alex Schaffer en fait des tonnes dans la peau de l’adolescent plus honnête et sérieux que les adultes malgrè son look  légèrement underground (il est tatoué dans le dos et ses cheveux sont blancs). La réalisation est sobre et anodine, le programme se déroule comme prévu. On s’ennuie puis on s’énerve face à cette histoire d’un jeune cassé par la vie et sa mère droguée mais qui grâce à la parfaite petite famille américaine (même si elle a un peu triché mais ne nous inquiétons elle va vite rattraper ses erreurs) et grâce au sport (ils font de la lutte pour donner un côté original et provincial) et à l’effort va s’en sortir et finir par faire du croquet dans le jardin familial dans la joie et la bonne humeur.
Le sommet de l’abjection est atteint lors d’une scène dans un tribunal avant le procès qui doit décider qui aura la garde du vieillard et de l’enfant, d’un côté la famille modèle, si gentille, de l’autre la méchante mère cupide, la mise en scène pousse le spectateur à espérer que la mère va perdre, assassinée par ce plan où elle est seule, l’étrangère, celle qui fout la merde, à l’écart, heureusement nous n’irons pas au procès et la mère cède en larme et se rachète en laissant la garde au père de remplacement. Tout le monde est sauvé, tout va finalement bien, la mère droguée repart seule, le vieillard peut habiter chez lui, la famille a un nouveau fils, l’équipe de lutte locale a un nouveau joueur.
C’est juste dégueulasse.
Voir ce film réactionnaire donne envie de revoir Greenberg de Noah Baumbach, du cinéma indépendant âpre et profond qui est sincèrement du côté des accidentés de la vie et de la société étatsunienne.
Les Winners (Win Win) de Thomas McCarthy, EU, 2011 avec Paul Giamatti, Amy Ryan…

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