Xavier Dolan – en revenant du cinéma http://enrevenantducinema.fr Tue, 24 Apr 2018 20:15:36 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=4.9.8 Juste la fin du monde de Xavier Dolan http://enrevenantducinema.fr/2016/09/29/fin-monde-de-xavier-dolan/ http://enrevenantducinema.fr/2016/09/29/fin-monde-de-xavier-dolan/#respond Thu, 29 Sep 2016 13:49:40 +0000 http://enrevenantducinema.fr/?p=2153 Au plus près

Un dramaturge revient dans sa famille qu’il n’a pas vue depuis plus de dix ans pour leur annoncer sa mort prochaine.
Juste la fin du monde présente … Lire la suite...

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Au plus près

Un dramaturge revient dans sa famille qu’il n’a pas vue depuis plus de dix ans pour leur annoncer sa mort prochaine.
Juste la fin du monde présente plusieurs similitudes avec Tom à la ferme du même Xavier Dolan, la structure est assez proche, une famille refermée sur elle, un père absent, un frère travaillé par de la violence, tout se passe dans et autour de la demeure familiale, les deux films sont tirés de textes théâtraux, et les deux sortent après un film qui paraît plus ample et ambitieux (Laurence anyways et Mummy). Mais Juste la fin du monde intègre d’une façon différente le texte dont il est issu.
L’idée est de prendre la famille pour ce qu’elle est, un théâtre où chacun joue son rôle de façon caricaturale et ne peut en sortir. Xavier Dolan dirige des acteurs, stars, dont l’image est forte qui sont assignés à des rôles comme chacun l’est dans sa famille. Marion Cotillard en épouse réservée, Vincent Cassel tout en violence blessé, Léa Seydoux en post-adolescente en colère, etc. Chacun est dans son emploi, tous jouent une participation qu’ils ont déjà jouée, qu’ils sont fatigués de jouer, ce qui est en adéquation avec ces personnages qui semblent répéter sans cesse les mêmes rituels, comme cette description des dimanches que la mère raconte pour la énième fois.
Le héros, Louis, est le spectateur, il vient voir une pièce qui se joue sans lui depuis longtemps et son regard va renvoyer les autres à leur manque. Dolan ne cherche pas à gommer la théâtralité du texte, dans les longs dialogues, les hésitations, etc. Il y a ainsi et dès le départ une artificialité volontaire, au début du film, les personnages s’apprêtent avant l’entrée en scène.
Le choix de l’échelle de plans travaille ce matériel théâtral, le cinéaste refuse les plans larges qui permettrait d’englober tous les personnages comme s’ils étaient sur une scène, il fait le choix inverse d’utiliser de façon quasi exclusive des gros plans qui les isolent, les déconnectent les uns des autres. Ainsi chacun joue seul, dit son texte mais le dit vers le spectateur plutôt que vers quelqu’un qui partagerait le plan.
Xavier Dolan est un des cinéastes qui travaillent de la façon la plus systématique le rapport du corps au cadre, et ici plus spécifiquement du visage. Dans presque tous ses films, ses héros ne cessent d’être enfermés dans le plan comme ils le sont d’une famille, des normes sociales, ou de leur propre violence. Ils ont toujours du mal à respirer, essaient de s’échapper.
Les choix radicaux de mis en scène ne sont pas des afféteries, ils sont en cohérence avec ce qu’il cherche à obtenir, c’est-à-dire observer comment les membres de cette famille vont essayer d’exister malgré les carcans. On les voit en gros plan aussi parce qu’ils sont tous trop près les uns des autres, le regard est intrusif, tout le monde commente et critique ce que l’autre fait, ont peut deviner que c’est ce qui a poussé Louis à partir.
De même les souvenirs sont filmés comme un clip ou des pubs, parce qu’on ne peut plus les revivre, on ne peut pas retrouver ce qui est passé.
Ces choix de mise en scènes sont forts mais jamais le cinéaste n’oublie ni ne méprise ceux qu’il filme, jamais il ne sacrifie l’émotion que portent les personnages sur l’autel de l’esthétisme. Et c’est beau la façon dont Louis qui porte le rôle du metteur en scène, s’efface dans son projet de vouloir dire quelque chose pour laisser la place aux autres, et surtout à son frère, même si c’est trop tard et qu’il ne pourra pas mettre un peu d’harmonie dans l’ensemble, qu’il ne pourra voir que le vide qu’il a laissé.
Ça éclate parce que Xavier Dolan n’a pas peur de l’émotion, du trop, de ce qui déborde, et ce dès le départ, il y a de la générosité dans ce torrent, dans le fait de prendre le risque du ridicule, du too-much, ce qui arrive parfois mais ce n’est pas grave, la perfection n’est-elle pas « obscène » ?
À une époque où les films jouent souvent du non-dit, travaillent la glaciation, il oppose le bruit, l’émotion, la colère, les pleurs, mais au moins il y a de la vie même dans cette famille figée dans une répétition mortifère.
Juste la fin du monde de Xavier Dolan, Canada, France, 2016 avec Gaspard Ulliel, Nathalie Baye, Vincent Cassel, Léa Seydoux, Marion Cotillard…

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Bilan 2014, des cadres et du mouvement http://enrevenantducinema.fr/2014/12/31/bilan-2014-des-cadres-et-du-mouvement/ http://enrevenantducinema.fr/2014/12/31/bilan-2014-des-cadres-et-du-mouvement/#respond Wed, 31 Dec 2014 18:16:52 +0000 http://enrevenantducinema.fr/?p=2094

La fin de l’année est l’occasion de faire notre mini bilan et surtout de revenir sur des films dont on n’a pas parlés parce qu’au moment où on les a … Lire la suite...

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La fin de l’année est l’occasion de faire notre mini bilan et surtout de revenir sur des films dont on n’a pas parlés parce qu’au moment où on les a vus on n’avait pas envie, parce qu’on n’était pas d’humeur, parce qu’on avait d’autres projets et que de toute façon, on n’est pas payé pour ça, alors on fait ce qu’on peut.

Revenir donc sur quelques films.

D’abord Saint-Laurent ou comment Bertrand Bonello prend le genre très cadré du biopic pour le faire éclater et utilise cette déconstruction pour s’approcher de la vérité de quelqu’un, une vérité qui pourtant se dérobe.
À la différence de ces biopics qui présentent des hommes au destin glorieux et au caractère conquérant ou du moins particulier (à part évidemment le magnifique Van Gogh de Pialat), Yves Saint-Laurent est présenté comme absent au monde (c’est la force de Gaspard Ulliel de savoir incarner ce personnage fantomatique ne laissant qu’une empreinte), drogué, devenant une marque, un logo, plus qu’une personne, traversant une décennie importante de l’histoire sans s’en rendre compte, un personnage en creux, à côté de la plaque la plupart du temps.
Le dispositif théorique de la mise en scène est dans le morcellement avec flash-back, flash-forward, split-screen, scène qui semble détachée du reste, rêve, hallucination, lettre lue, dilatation du temps, et accélération, des changements de rythme fréquents, jusqu’à cette fragmentation de l’écran pour un défilé triomphant. Ce morcellement n’est pas une coquetterie, elle est le miroir d’un homme qui n’arrive pas à trouver son unité, qui n’a pas de consistance.
Comme souvent chez Bonello, ça pourrait être froid et intellectuel mais il y a un parfum de tristesse toujours présent, quelque chose qui ne rentre pas dans le dispositif, une douleur profonde de la difficulté à être. Du héros de De la guerre aux prostituées de l’Apollonide, de la Cindy (dans Cindy the doll is mine) à Yves Saint-Laurent, tous ces personnages essaient de trouver une raison de vivre, essaient d’échapper à une réification (avec l’idée que le cinéma c’est aussi se poser la question de la réification par le cinéaste). C’est symptomatique avec ces chiens appelés Moujik de 1 à 4, interchangeables, un film sur le narcissisme, sur le fait que de vivre uniquement dans les yeux des autres nous dévitalise, nous fait disparaître, nous transforme en pantin.

mummyOn retrouve dans Mommy de Xavier Dolan cette volonté de se confronter à un dispositif. Là il s’agit d’encadrer la vie ou de la laisser se développer, de savoir comment on se bat avec un cadre qui emprisonne, de travailler sur cette tension. Un adolescent hyperactif, violent, plein de vie mais ne supportant pas les limites qu’on lui donne face à une mère larguée, qui fait ce qu’elle peut mais n’y arrive plus. Tout le jeu du film est entre ces corps qui courent, se frappent, crient, pleurent, s’aiment, s’engueulent, se déchirent et comment ils habitent, occupent les plans.
Un film très théorique où bien sûr le cadre carré enserre les personnages, rend le face à face entre la mère et le fils étouffant.
Le début part étrangement sur une piste naturaliste, la travailleuse sociale, la nouvelle loi imaginaire et vite ça déborde de partout, rien ne retient la vie qui passe, circule, et l’arrivée de la voisine permet que toute cette énergie prenne de l’ampleur et se canalise dans le même mouvement. L’arrivée du tiers brise la dualité mortifère.
Ce qui est bien avec Xavier Dolan, c’est qu’il ne s’excuse pas, qu’il n’est pas modeste, il y va, fonce, et garde sa route, sa trajectoire est sûre, ça lui permet d’oser des choses naïves et puissantes dans leur naïveté, voir le héros courir avec son caddie au milieu de la route en criant liberté, et ouvrir le cadre ainsi, ça pourrait être casse-gueule, ridicule mais ça passe, jamais on se sent piégé par l’émotion que livre ce film, on n’est pas manipulé, tout est là devant nous, à vif. L’histoire est d’une grande simplicité, les lignes sont évidentes, il ne les cache pas.
Ce film nous insuffle son énergie vitale et donne envie d’envoyer valser les convenances. Ce n’est pas rien. Et si ça pouvait aider à renverser ce vieux monde, ce serait encore plus.

Deux autres films émergent cette année (répétons-le, parmi les films vus, il y a bien sûr des manques et des oublis) le Map to the stars de Cronenberg et sa rage réjouissante et sombre, et à son opposé Love is strange de Ira Sachs, qui après le beau et rugueux Keep the light on (qui s’approchait des films mumblecore), confirme son attachement aux palpitements du cœur. Soit un vieux couple dont le mariage va précipiter un déménagement, un film d’une grande élégance, aux plans d’une grande et belle simplicité, d’une émouvante douceur, avec une fin magnifique et bouleversante d’humanité.

love is strange

Une année sans choc majeur comme l’Inconnu du lac l’an passé peut-être, mais beaucoup de bons films, souvent basés sur des confrontations d’acteurs. La fougue des Combattants de Thomas Cailley révèle un cinéaste prometteur qui doit avoir plus confiance en son regard (la volonté de faire cinéma est une des limites de ce premier film) et à sa capacité à diriger des acteurs (Adèle Haenel, qui impose sa présence essentielle dans le cinéma français d’aujourd’hui face à un Kévin Azaïs touchant)
Olivier Assayas est aussi, mais on le savait déjà, un grand directeur d’acteur et d’actrice, ce que donnent Juliette Binoche et Kristen Stewart sous son regard dans Sils Maria est impressionnant, le film l’est aussi souvent avec de magnifiques plans dans les Alpes, avec parfois, c’est le défaut mignon d’Olivier Assayas, quelques moments trop explicatifs et surlignés.

On n’oubliera pas bien sûr Under the skin, Bird et leur proposition étrange. Le cinéma est travaillé par le fantastique, l’étrangeté, désire s’envoler, et c’est tant mieux. Ne le bridons surtout pas.

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Tom à la ferme de Xavier Dolan http://enrevenantducinema.fr/2014/04/25/tom-la-ferme-de-xavier-dolan/ http://enrevenantducinema.fr/2014/04/25/tom-la-ferme-de-xavier-dolan/#respond Fri, 25 Apr 2014 13:14:21 +0000 http://enrevenantducinema.fr/?p=1923 L’homophobie aux trousses

Après Laurence Anyways un film d’une grande ampleur, sur plusieurs périodes, différents lieux, différentes atmosphères, qui faisait pleuvoir des vêtements de couleur, qui passait du drame à … Lire la suite...

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tomalafermeL’homophobie aux trousses

Après Laurence Anyways un film d’une grande ampleur, sur plusieurs périodes, différents lieux, différentes atmosphères, qui faisait pleuvoir des vêtements de couleur, qui passait du drame à la joie, un film qui était tout en mouvement, en débordements variés de larmes, d’amour, de musiques, Xavier Dolan adapte une pièce de théâtre avec Tom à la ferme et semble proposer quelque chose de plus modeste. Un film resserré, une courte période de temps, peu de personnages, trois puis quatre, quasiment un seul lieu.
Pourtant dès les premiers plans, quand on voit Xavier Dolan, cheveux décolorés, perfecto, au volant de sa voiture, traverser un champ avec en BO les Moulins de mon cœur de Michel Legrand, chantée à capela, on sait qu’on retrouve le cinéaste, son côté effronté, son lyrisme, sa frontalité, son refus du cynisme. Il est là, présent, prêt à en découdre. Le personnage avec une terre hostile, le cinéaste avec le cinéma de genre et ses codes.
Il mêle son univers au thriller hitchcockien (cité plusieurs fois, la douche, le champ de maïs, etc.) voir au cinéma d’épouvante, sauf que dans ce film, le monstre ou le serial killer est un beau gosse fermier qui pourrait faire la couverture de Têtu.
Nous suivons l’histoire de Tom qui vient enterrer son compagnon et sera confronté à la violence homophobe du frère et le déni de la mère du défunt. Assez vite on comprend que cette mère et son fils sont mal vus par les voisins, que le passé est pesant, et une des forces du film n’est pas de fermer toutes les pistes qui s’ouvrent, de ne pas chercher à tout nous expliquer, comment ce père est mort, est-ce que cette mère était martyrisée ou violente, qu’a vécu le frère mort, etc. ce qui laisse la place à l’imaginaire et renforce le mystère de cet endroit et de cette famille.
La topographie des lieux est très travaillée, la maison, la ferme, les champs de culture, l’espace est ouvert, plat et en même temps la mise en scène nous donne l’impression qu’il est clos, refermé, l’espace est habité d’une violence rentrée alors que ça pourrait être bucolique, les feuilles de maïs deviennent des lames coupantes.
Le frère (Pierre-Yves Cardinal, très présent, un mélange de douceur et d’agressivité) est un personnage ambiguë, brutal, qui semble assumer d’être un homo refoulé et qui se présente comme garant de la tranquillité de la famille. Il paraît sûr de lui, il préserve un modèle, tant pis si pour ça, il doit user de ses poings. Et l’intelligence politique du film (qui était peut-être déjà contenue dans la pièce de théâtre) est là, le frère ne justifie pas sa violence par un discours directement homophobie, mais toujours pour ne pas déranger la vie de sa mère, pour sauver les apparences, pour protéger son petit univers, ça renvoie évidemment aux discours de ceux qui veulent défendre la nation, la tradition, la famille soi-disant sans aucune haine contre les personnes LGBTI alors qu’évidemment la haine est là, à vif. Et pour ce frère, la haine est aussi, comme ça arrive, contre ses propres désirs.
Il y aussi une idée de cinéma avec ce travail sur le genre. L’idée que ce genre de film est basé sur le fameux suspense à la Hitchcock et la surprise. Il montre que l’important n’est pas seulement la violence directe dans ce rapport de domination mais aussi ces deux éléments, le suspense et la surprise, l’attente du moment où les coups arrivent et le fait que ça peut arriver à tout moment alors qu’on ne s’y attend pas. Tom semble même tenté de provoquer cette violence parce que de savoir qu’elle peut être déclenchée pour le moindre faux pas crée une tension peut-être plus destructrice que les coups eux-mêmes. Comme pour ces discussions dans le film où on sent que ça va mal finir, où on sait qu’il va y avoir un mot de trop dit par Tom avant que ça n’explose mais sans qu’on sache quand. Comme dans cette belle et terrible scène du tango, qui paraît à la fois apaisée et chargée d’excitation sexuelle et de violence latente.
Le suspense est destructeur, c’est une des raisons du changement de format de l’écran dans le film. Un format plus proche de celui du téléfilm pour le quotidien réaliste glauque et étouffant. Puis les scènes où le héros est chassé, frappé, le format se resserre, se transforme en cinémascope, nous sommes dans les films d’action, la violence paraît irréelle, non inscrite, comme fantasmée.
Et pourtant elle est là, et le héros se retrouve couvert de bleu mais cela le plonge dans l’hébétude, surtout qu’elle semble répondre à l’idée qu’il se fait de lui-même (il écrit se haïr), une idée qu’il a intégré, qu’elle répond à un processus d’identification à l’agresseur et aussi tout un jeu de fascination mutuelle, le héros est comme fasciné par la violence qu’il reçoit avant de se rendre compte du risque réelle.
La force de ce film est de nous faire ressentir cette tension, de nous faire partager cette « excitation » du suspense, mais en nous affrontant à ce que cela signifie, en faisant cela, il nous associe au personnage principal, et le fait que Xavier Dolan le joue lui-même participe à cette impression d’être au plus près, d’être toujours avec lui, que c’est lui, quoiqu’il se passe qui est la victime, jamais le cinéaste ne le surplombe, de même il filme le frère et la mère sans les caricaturer.
Il y a aussi un beau travail sur le montage, sur les ellipses, la violence n’est pas toujours montrée, comme ce moment où il montre juste la scène ensuite, l’hématome sur l’œil de Tom. Pas besoin de s’appesantir sur l’acte, la violence est partout et pas seulement au moment où ça se passe, à partir du moment où le rapport de domination est là, il n’y a plus d’échappatoire.
Le film ainsi travaille des zones sombres, malaisantes et c’est le talent du cinéaste d’affronter le sujet sans jamais que ce soit complaisant même si quelques fois le film frôle l’exercice de style que ce petit jeu des interactions crée, quelques moments paraissent un peu trop écrit et théorique. Xavier Dolan prend même le risque de trouver un angle « ludique » avec par exemple l’arrivée de Sara qui se retrouve au milieu de cette imbroglio, s’en suivent des scènes presque drôles et pourtant dramatiques sans jamais que ce soit ironique ou ricanant, le fait qu’elle refuse de rentrer dans ce jeu, qu’elle affronte le frère violent par son assurance crée une respiration nécessaire dans ce film anxiogène et puissant.
Tom à la ferme de Xavier Dolan, Canada, 2014 avec Xavier Dolan, Pierre-Yves Cardinal, Lise Roi, Evelyne Brochu…

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Laurence Anyways de Xavier Dolan http://enrevenantducinema.fr/2012/08/20/laurence-anyways-de-xavier-dolan/ http://enrevenantducinema.fr/2012/08/20/laurence-anyways-de-xavier-dolan/#respond Mon, 20 Aug 2012 19:43:44 +0000 http://enrevenantducinema.fr/?p=1093 Ne plus s’excuser

Ce qui impressionne avec Xavier Dolan c’est sa générosité, on pourrait prendre ça pour de l’arrogance mais on sent un cinéaste qui est tellement nourri de cinéma qu’il … Lire la suite...

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Ne plus s’excuser

Ce qui impressionne avec Xavier Dolan c’est sa générosité, on pourrait prendre ça pour de l’arrogance mais on sent un cinéaste qui est tellement nourri de cinéma qu’il a une impérieuse nécessité de parler par ce biais là, c’est son langage. On trouve dans Laurence Anyways, ce film sur un homme qui devient une femme et sur son histoire de couple, comme dans ses films précédents, cette idée d’un cinéma qui avale tout, différents courants du cinéma, de la nouvelle vague au cinéma étasunien, des clips, des pubs, des documentaires, pour tout recracher de façon fragmentaire, Xavier Dolan n’est pas dans la pureté de l’image, il travaille sur quelque chose d’impropre, de bancal, ça semble partir dans tous les sens et si certaines scènes sont moins fortes (celles avec la famille Rose par exemple sont parfois appuyées), si certains plans sont foireux (est-ce vraiment nécessaire de faire un plan à travers un verre), ces imperfections font parties de ce cinéma, elles en sont un élément, un film ne se découpe pas en tranche comme un gâteau, n’en déplaise aux critiques réactionnaires du Masque et la Plume*.
L’énergie du cinéaste emporte le film, il ne s’agit pas de faire un effet en soi comme un ralentit, utiliser un filtre coloré, faire pleuvoir des vêtements, c’est que le langage de Xavier Dolan ce sont ces différents niveaux de grammaire cinématographique, tout se mélange, tout est possible, et tout passe parce que le cinéaste est sincère, parce qu’il est insolent, parce qu’il s’en fout des conventions (ce qui est en adéquation avec l’idée du film), il fait penser à des cinéastes comme Christophe Honoré, l’important est dans le geste de filmer, la beauté de ce geste plutôt que dans la volonté de faire un beau petit objet bien léché pour critiques cinéphiles.
Ce n’est pas non plus de la mise en scène pour de la mise en scène, il s’intéresse réellement à ceux qu’il filme, aidé par un Melvil Poupaud simplement magnifique de douceur, de présence et refusant l’idée de la performance, nous ne sommes pas dans la composition, ce n’est pas Sean Penn jouant Harvey Milk, c’est d’autant plus beau qu’on voit autant Melvil Poupaud que le personnage qu’il incarne, on n’est pas là pour assister à un travail d’acteur, mais pour être avec lui, avec ce qu’il vit. Tous les acteurs sont vibrants, de Suzanne Clément, déjà très bien dans J’ai tué ma mère, à Nathalie Baye en mère dépassée, et Monia Chokri, aussi piquante dans un plus petit rôle que dans les Amours imaginaires.
De nombreux plans sidèrent, ainsi ce Melvil Poupaud en femme face aux élèves de sa classe, le silence à ce moment là est d’une puissance simple et la déambulation joyeuse qui suit dans les couloirs du lycée, les échanges de regards, son avancée joyeuse sur une musique entrainante donne envie de se libérer de tout un poids de normes sociales.
Il sait aussi filmer le corps de Suzanne Clément seule dans son appartement, et tous les face-à-face entre elle et Melvil Poupaud sont riches d’émotions, de vies.
Le film est étrange par son rythme, au départ les scènes s’enchaînent avec vivacité, Xavier Dolan sait nous faire ressentir la joie de Laurence d’être maintenant celle qu’elle veut être, mais ce n’est pas un film à thèse, le cinéaste n’est pas là pour illustrer un grand sujet, il ne filme pas un personnage en transition d’homme à femme mais un film d’amour entre deux êtres dont l’un est en transition. Ça change tout. Et le film ralentit, se délite, comme l’amour dans ce couple, malgré toute leur énergie, les deux personnages s’éloignent, et c’est juste déchirant.
Laurence Anyways de Xavier Dolan, Canada, Fr, 2012 avec Melvil Poupaud, Suzanne Clément, Nathalie Baye, Monia Chokri…

* Dans l’émission du 29 juillet 2012, Michel Ciment, Alain Riou… expliquaient que Xavier Dolan avait peut-être du talent mais qu’il faudrait qu’il écoute les techniciens (monteur, scénariste…) pour améliorer son film, revenant à cette idée qu’un film est fait avant tout par une somme de savoir-faire et non dans un geste artistique (quoiqu’en pense de l’œuvre de Xavier Dolan, difficile de nier qu’il a un style, une force…), disant aussi que le film était trop long, qu’il faudrait en couper une heure pour ensuite louer l’artisanat d’un Pierre Jolivet… Bref, pour eux, oublions tout le cinéma moderne et revenons à des vraies valeurs, un bon scénario plus de bon acteurs et un cinéaste là pour illustrer l’ensemble. Non désolé on préférera toujours un film avec de nombreux défauts mais filmé avec un vrai regard au cinéma mort que ces critiques proposent.
De plus en plus le Masque et la plume devient la maison de l’arrière garde des critiques de cinéma (à l’exception évidemment d’un Jean-Marc Lalanne qui doit bien avoir du courage parfois) sous la houlette d’un Jérôme Garcin en admiration devant Michel Ciment qui semble être le véritable animateur de l’émission. C’est dommage, ça nuit aux débats qui permettent de faire vivre le cinéma.

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Tomboy de Céline Sciamma http://enrevenantducinema.fr/2011/04/30/sans-contrefacon/ http://enrevenantducinema.fr/2011/04/30/sans-contrefacon/#comments Sat, 30 Apr 2011 15:46:15 +0000 http://enrevenantducinema.fr/?p=342

Sans contrefaçon… 

On peut prévoir que Céline Sciamma devienne un des grands auteurs du cinéma, c’est entendu. Dans Tomboy, la tenue des plans, leur durée, le travail sur le … Lire la suite...

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Sans contrefaçon… 

On peut prévoir que Céline Sciamma devienne un des grands auteurs du cinéma, c’est entendu. Dans Tomboy, la tenue des plans, leur durée, le travail sur le son, le travail sur le surcadrage dans l’appartement, est puissante sans chercher à en imposer, la nature, l’eau, les immeubles tout est magnifié en montrant ce qui est là, sans chercher à le transformer, à l’embellir, de même la captation de la peau, des mimiques, des inflexions de voix, des regards des acteurs est impressionnante. Certaines séquences ont une grande force émotionnelle comme celle où Mickaël attend dans le hall de l’appartement de sa copine Lisa, c’est très simple, mais on est au plus près des sentiments contradictoires, de la violence subie du personnage, ce n’est pas la seule séquence qui nous transporte, Céline Sciamma est toujours très juste dans sa mise en scène.
Ce qui est plus problématique, c’est la problématique. Je m’explique : lorsque son précédent film Naissance des pieuvres est sorti, j’avais la même réticence, il y a un sujet, l’éveil à la sexualité, le désir lesbien et le sujet devient le centre de la mise en scène. Le film Et toi t’es sur qui ? De Lola Doillon sorti à la même époque partageait avec Naissance des pieuvres le thème de l’adolescence, la relation amoureuse, mais si la mise en scène paraissait plus lâche, le sujet disparaissait pour qu’on puisse vraiment partager l’émotion des acteurs, on n’était plus dans l’analyse mais avec eux.
Dans Tomboy, on retrouve les mêmes travers, on y parle d’ identité sexuelle, d’un garçon qui a le corps d’une fille, elle aborde cela frontalement, ça pourrait être une qualité, mais cela est posé dans des scènes parfois explicatives, la couleur bleu ou la couleur rose, aux mâles joueurs de foot succède un plan de la petite sœur qui danse en tutu, comment faire si on se retrouve en maillot de bain, etc. plusieurs fois, on se dit qu’elle n’a pas besoin de ça, et on aimerait que le sujet soit inclus dans un ensemble plus vaste. Ainsi les moments les plus forts sont ceux de la relation amoureuse entre Mickaël et Lisa parce que ce qui se joue entre les actrices dépassent l’énoncé. Alors bien sûr, elle évite la dramatisation à outrance, le jeu de la petite sœur par exemple apporte une touche drôle et touchante, la famille est bien campée grâce à des acteurs qui ont une présence évidente (de la magnifique Zoé Héran aux parents incarnés par Mathieu Demy et Sophie Cattani)
Pour Arakki avec Kaboom, à l’image d’un Xavier Dolan, d’un Christophe Honoré… ces questions de genre ne sont plus le sujet central mais une donnée dans un récit, dans une imbrication de sentiments divers. Là le nœud dramatique, ce qui crée la tension est essentiellement est-ce que ça va se savoir ? est-ce que les autres vont découvrir son secret ? c’est intéressant d’un point de vue théorique, l’idée que c’est l’extérieur, la société qui crée un problème là où il n’y en pas, il s’appelle Mickaël et pourquoi pas ? Sauf qu’au niveau du déroulement du récit, elle en fait une question, un enjeu émotionnel et donc aussi un problème, et elle fait participer le spectateur à ce jeu là, vont-ils le découvrir, à quel moment, etc.
Bien sûr ces questions ne sont pas souvent traitées et c’est heureux que Céline Sciamma s’en empare, mais ce qui qui sera encore plus heureux, ce sera quand ces questions ne seront plus traitées comme telles mais comme une réalité dans un film qui parlera d’autre chose, d’amour, de relations, de famille, de la vie, de la tristesse, etc.
Un film important par sa mise en scène mais il me plairait de voir un film de Céline Sciamma où sans changer d’univers, sans cesser d’aborder ces questionnements, plus d’air passe, où elle ferait plus confiance à son regard (elle peut se le permettre) sans qu’elle sente la nécessité de se camoufler derrière une idée théorique.
Tomboy de Céline Sciamma, France, 2011 avec Zoé Héran, Malonn Lévana, Jeanne Disson, Sophie Cattani, Mathieu Demy

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