Scott Pilgrim d’Edgar Wright

Le mélange des genres

Comme American Splendor, Scott Pilgrim travaille à adapter le langage de la bande dessinée (l’histoire est issue de comics) à la grammaire cinématographique, le film reprend aussi les codes des jeux vidéos, plongeant dans la vague des teen-movies et des films sur les geeks. Ellipses fréquentes, split screen, textes s’inscrivant sur l’écran, descriptions en quelques mots des nouveaux personnages, onomatopées qui défilent quand le téléphone sonne, bandes dessinés apparaissant pour les flashbacks, combats directement inspirés de jeux type Street Fighter, cœurs qui se dessinent lorsque les héros s’embrassent, les trouvailles sont constantes, une porte peut se trouver posée au milieu de nulle part et dès que le héros parle d’un endroit où il va il s’y retrouve immédiatement dans le même plan séquence, etc. Ces effets sont le cœur même du film, son objet, sa raison d’être théorique, et le réalisateur Edgar Wright les manie avec une telle vitesse, et une telle fluidité que l’ensemble est très cohérent. Le tout accompagné d’une musique indie entrainante et de qualité.
L’étrangeté vient d’un hiatus entre cette mise en scène explosive, ce montage frénétique (qui rappelle certains Tsui Hark du genre Time and Tide) et le sujet du film, soit l’amour naissant entre deux post-ados tout en balbutiement, en hésitation, incarné par des acteurs, Michael Cera et Mary Elizabeth Winstead au jeu indolent et hébété, aux gestes maladroits et touchants. Le film aborde des sujets comme : comment faire avec le passé d’une personne nouvellement aimée, comment faire le deuil d’une relation, comment rompre, etc. avec délicatesse.
Le film a ses limites, la succession de batailles entre le héros et les ex de sa petite amie devient lassante et redondante alors qu’on aimerait s’arrêter un peu plus sur ce qui se passe entre Scott et Ramona, et aussi sur les personnages secondaires qui sont bien dessinés mais dont l’auteur ne fait finalement pas grand chose.
Même imparfait, ce film, comme le récent Kaboom de Gregg Araki montre comment le cinéma américain sait se bâtardiser, se métisser avec les autres arts pour se renouveler.
Scott Pilgrim, Scott Pilgrim vs the world, de Edgar Wright, EU, 2010, avec Michaël Cera, Mary Elizabeth Winstead…

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