Pour la peau
Le titre est peut-être mal choisi, il pourrait faire penser à un film naturaliste sur la prison, la misère sociale mais ce n’est pas tant cela, c’est une histoire très simple, une histoire d’amour entre un serveur et un pianiste, ils se rencontrent, s’aiment vite, deviennent accros l’un à l’autre, l’un des deux va en prison, leur amour va-t-il perdurer.
Le film s’articule autour de peu de personnages et c’est tout le mérite de David d’arriver à maintenir notre attention avec ce pas grand chose.
La mise en scène est sobre, parfois maladroite, (ce plan un peu cliché où les deux acteurs sont allongés et filmés comme s’ils avaient la tête en bas par exemple) mais le montage est très fort, le cinéaste passe d’une scène à l’autre d’une façon très fluide avec de nombreuses et discrètes ellipses. D’un côté ces ellipses donnent du rythme, de l’autre le cinéaste aime les plans séquences, voir ce qui se passe quand le plan fixe dure, il laisse respirer la scène, il ne cherche pas à l’étouffer, et il a beaucoup de tact pour filmer ces deux hommes qui s’approchent, se repoussent, jouent l’un avec l’autre, vive leur relation amoureuse tout en hésitation, en ébauches de gestes. La mise en scène ressemble à ces personnages, elle n’est pas toujours juste mais on perçoit beaucoup de tendresse dans le regard, jamais le cinéaste ne surplombe ceux qu’il filme et par là-même n’écrase le spectateur.
Mais ce même film avec deux autres acteurs n’aurait sûrement pas eu la même force, tous les acteurs sont intenses, Matila Malliarakis qui arrive à être à la fois énervant et touchant en animal blessé cherchant un nid, et Guillaume Gouix très beau en protecteur fébrile, ils ne sont pas univoques et fluctuent tout au long du de l’histoire, ainsi on est ému et attentif à tous leurs mouvements.
Le cinéaste n’a pas peur de l’émotion et ça fait du bien face à beaucoup de films qui jouent sur la retenue, les corps qu’il filme sont vivants, leur amour est bruyant, bancal, mouvant et lorsque Guillaume Gouix pleure sur le balcon, on ressent tout ce qui le traverse et on a envie de pleurer avec lui.
Hors les murs de David Lambert, Belgique, 2012 avec Guillaume Gouix, Matila Malliarakis, David Salles…