Critiques – en revenant du cinéma http://enrevenantducinema.fr Tue, 24 Apr 2018 20:15:36 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=4.9.8 Le blues du critique (épisode 8) http://enrevenantducinema.fr/2014/03/18/le-blues-du-critique-episode-8/ http://enrevenantducinema.fr/2014/03/18/le-blues-du-critique-episode-8/#respond Tue, 18 Mar 2014 10:12:39 +0000 http://enrevenantducinema.fr/?p=1901
À qui profite le crime ?

Cette fois, le divorce entre les critiques et les spectateurs de cinéma est consommé. On nous informe que ces derniers ont plébiscité Les trois Lire la suite...

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À qui profite le crime ?

Cette fois, le divorce entre les critiques et les spectateurs de cinéma est consommé. On nous informe que ces derniers ont plébiscité Les trois frères, le retour des Inconnus et Supercondriaque de Dany Boon alors que la presse, dans sa grande majorité, les avait descendus en flamme. Et la fameuse interrogation existentielle de ressortir une énième foi : à quoi sert la critique si elle est à ce point déconnectée des attentes du public ? Eh bien, chers lecteurs, je répondrai par une autre question : à qui profite le crime ?
Les éminences grises qui se cachent derrière cet enfumage en règle sont sorties de leur habituelle réserve ces derniers jours, histoire d’épingler les critiques du Figaro qui auraient été très très méchants avec certains de leurs produits phares. Je veux parler des grosses maisons de production et de distribution comme Pathé et Gaumont, bien sûr. Je ne reviendrais pas ici sur la pertinence des critiques du Figaro. Ce n’est pas le problème, et je ne lis jamais le Figaro. Question de principes. Ce qui m’inquiète par contre, c’est ce qui se cache derrière cette histoire. Notons déjà que ce n’est pas la première fois que ça arrive. On se rappellera par exemple le cas Besson qui privait régulièrement la presse d’avant-premières histoire de ne pas « polluer » la sortie de ses chefs-d’œuvre impérissables. Respect du libre arbitre des spectateurs ? Allons, soyons sérieux ! Les films jouant leur carrière sur la première semaine d’exploitation, obliger les journalistes à les voir le jour de leur sortie décalait la parution de leurs critiques assassines. Malin. Mais revenons à nos moutons cinéphiliques. Pourquoi une telle levée de bouclier contre la critique ? Deux explications me viennent à l’esprit : la conjoncture économique et un sérieux problème de vocabulaire. C’est la crise ma bonne dame, et nonobstant ce que l’industrie essaye de vous faire croire, la fréquentation n’en finit pas de baisser. Conséquences : les fragiles restent sur le carreau, tant au niveau de l’exploitation que de la production (cf MK2 qui recentre ses activités après une série de flops), et les gros n’ont jamais été aussi agressifs. Tout y passe, depuis les opérations commerciales du style « 4 € pour les moins de 14 ans1 » jusqu’à l’attaque frontale de tout ce qui pourrait desservir leurs produits, critiques en tête.
Nous voici donc arrivés au cœur du problème que je résumerais par une question de sémantique : quelle est la différence entre un journaliste ? Eh bien, ça dépend du support pour lequel il travaille et/ou de qui signe son chèque en fin de mois. D’un côté, nous avons les chaînes de télévision qui sont également productrices, de gré ou de force puisque la loi française les y oblige. Mais elles choisissent de financer des films en fonction de leurs besoins de programmation à venir. Moralité : on ne mord pas la main qui vous nourrit sous peine d’anthropophagie incestueuse caractérisée. C’est une des raisons pour lesquelles le spécialiste cinéma de Canal Plus s’appelle Laurent Weil et pas, par exemple, Thierry Jousse ou Jean-Baptiste Thoret. On ne parlera pas alors de « journalistes » – et encore moins de « critiques » –, mais d’attachés de presse aux ordres. Pour la radio, c’est à peu près la même chose, avec à défaut d’un financement direct le principe du « partenariat ». Ça veut dire des spots publicitaires et des avis consensuels en échange d’un logo sur l’affiche ou au début du film. Comme vous le savez déjà, chers lecteurs, c’est dans la presse écrite qu’on trouve les derniers vrais journalistes. Mouais, il faut à nouveau séparer le bon grain de l’ivraie, parce que là encore les distributeurs s’ingénient à museler les plumes les plus affûtées. À coup de chantage aux encarts publicitaires, déjà, et en tapissant nos affiches de phrases d’accroche lénifiantes qui ne sont rien d’autre que de la publicité indirecte en échange d’un peu de consensualité. La presse généraliste (Libération, Les Inrock, etc.) et les « revues de cinéma à large diffusion » comme Première ou Studio-Ciné-Live se sont laissées piéger avec plus ou moins de complaisance, parce que c’est la crise – on y revient – et qu’il faut bien manger. Quant aux sites internet, il y a ceux qui vivent des recettes publicitaires et qui sont obligés de pactiser avec le diable, et ceux qui, comme nous, les purs, les incorruptibles, bossent à côté pour payer les factures.

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Et la critique dans tout ça ? Elle survit tant bien que mal, soit dans les marges – déconnectée de l’actualité dans des revues comme Traffic, ou dans les livres consacrés au septième art même si là aussi, la conjoncture économique est compliquée –, soit dans les revues historiques que sont Les Cahiers du Cinéma et Positif dont les rédacteurs ne perdent plus leur temps à critiquer ces films qui, de toute façon, n’intéressent pas leur lectorat2. En tout cas, c’est ce qui ressort des Cahiers parce que pour être franc, je ne lis jamais Positif, question de principes.
Allez, pour finir, revenons sur les soi-disant cartons que j’évoquais en introduction. Supercondriaque est le meilleur démarrage de l’année, et a déjà rassemblé trois millions de spectateurs en deux semaines. Quant aux Trois frères, tout le monde se souvient des 1,1 millions de tickets vendus en première semaine. Quel pied de nez à la critique, messieurs dames ! Sauf que le long-métrage des Inconnus est à bout de souffle à un peu plus de deux millions d’entrées cumulées en troisième semaine d’exploitation, ce qui signifie que le bouche à oreille est désastreux. À titre de comparaison, le premier volet sorti en 1995 avait frôlé les 9 millions. Place aux jeunes, donc, et à Dany Boon qui, question poilade, est clairement le chouchou des français. Trois millions en dix jours, ça décoiffe, non ? Eh bien, pas tant que ça en fait. Rappelons que le film a bénéficié d’une promotion titanesque (240 avant-premières, tout de même!) et qu’en troisième semaine, il est à l’affiche sur rien moins que 836 écrans. Surtout, l’ami Dany nous avait habitué à mieux, environ 9 millions en deux semaines pour Bienvenu chez les Ch’ti (2008) et même s’il a eu une meilleure moyenne par écran que Rien à déclarer (2011) en première semaine, il perd plus de spectateurs que son prédécesseur en seconde. Il aura donc beaucoup de mal à s’approcher de ses 8,1 millions d’entrées en fin de carrière. Tout est relatif !

1 Manipulation honteuse de la Fédération Nationale des Cinémas Français par les gros exploitants (Pathé, CGR, etc.) afin de répercuter la baisse de la TVA sur les entrées (officiellement), mais surtout de récupérer le public familial qui avait déserté les multiplexes pour les salles de proximité beaucoup moins chères.

2 Comble de l’ironie, dans le numéro de février, Laetitia Dosch consacre un article à Didier Bourdon dans lequel elle étudie l’évolution comparée du talent comique de l’acteur avec sa prise de poids. Et contrairement aux apparences, c’est un papier plutôt élogieux pour l’Inconnu.

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Critique de la critique : Cut http://enrevenantducinema.fr/2013/02/02/critique-de-la-critique-cut/ http://enrevenantducinema.fr/2013/02/02/critique-de-la-critique-cut/#respond Sat, 02 Feb 2013 17:03:42 +0000 http://enrevenantducinema.fr/?p=1428 Final cut

Cut c’est d’abord une couverture qui est une histoire en soi comme un très court-métrage (ce serait bien que les Cahiers du cinéma s’en inspire après une année … Lire la suite...

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Final cut

Cut c’est d’abord une couverture qui est une histoire en soi comme un très court-métrage (ce serait bien que les Cahiers du cinéma s’en inspire après une année de couvertures plutôt étranges). Ensuite, l’ensemble est très élégant, soigné, des illustrations, très diverses, qui sont des œuvres à part entière, qui ne se contentent pas d’illustrer, d’accompagner les textes mais  qui dialoguent avec eux, les font résonner.
Des illustrations aux textes, ça parle de cinéma avec passion et surtout Cut évite l’écueil d’être une revue pour étudiants, ce n’est presque jamais scolaire, on y trouve un bon dosage entre articles très précis et d’autres plus légers, d’un article sur la moralité du film le Bonheur de Varda à une analyse documentée de la nouvelle comédie étasunienne, on peut ainsi s’y intéresser à un film vieux de plus de 30 ans comme à des sujets qui agitent l’actualité cinématographique (comme aussi cet article sur les films mindfuck -qu’on pourrait traduire par casse tête-, article très drôle bien que les Sirènes du Mississippi de Truffaut soit décrit comme poussif).
Cette variation au niveau des thèmes se retrouve au niveau de la forme, du style parfois très descriptif, sérieux, parfois provocateur, souvent personnel, n’hésitant pas à avoir une approche émotionnelle (l’article sur River Phoenix par exemple) et surtout c’est toujours bien écrit.
Ce qui fait plaisir aussi, c’est que ça parle de plan, de mises en scènes, de regards, ça s’intéresse au cinéma et non à ses à-côtés, par exemple l’analyse de Psychose de Hitchcock par Brisseau, dans le très bon entretien qui lui est consacré, justifie seule la lecture de cette revue.
Cut se trouve dans certaines librairies et sur leur site, lui-aussi original et enthousiaste : http://cutlarevue.fr/

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Critique de la critique : So film http://enrevenantducinema.fr/2012/11/23/critique-de-la-critique-so-film/ http://enrevenantducinema.fr/2012/11/23/critique-de-la-critique-so-film/#respond Fri, 23 Nov 2012 16:48:19 +0000 http://enrevenantducinema.fr/?p=1333 Des films, peu de cinéma

L’arrivée d’une nouvelle revue critique ne peut qu’éveiller la curiosité de ceux qui pensent que le cinéma est sur l’écran mais aussi dans ce qui … Lire la suite...

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Des films, peu de cinéma

L’arrivée d’une nouvelle revue critique ne peut qu’éveiller la curiosité de ceux qui pensent que le cinéma est sur l’écran mais aussi dans ce qui se dit sur lui, dans les débats qu’il provoque. Curiosité attisée par le fait qu’on retrouve en couverture des premiers numéros de cette revue, Léos Carax, Jean-Pierre Léaud ou Mickey Rourke, on se dit alors que nous sommes en bonne compagnie et que le cinéma défendu nous est proche. On comprend vite que l’angle choisi est de mettre en avant des francs-tireurs du cinéma, des personnalités à la marge, des artistes un peu barrés. Ainsi dans ce cinquième numéro, des entretiens assez enlevés avec Kôji Wakamatsu et Julie Delpy confirment ce choix critique.
Mettre en avant des rebelles, c’est plutôt une bonne idée si ça permet de dire quelque chose sur le cinéma. Le problème c’est qu’ici on parle surtout d’autres choses.
So film est dans le même esprit que So foot qui percevait le foot avant tout comme une culture et s’intéressait à ce qui tournait autour. Pourquoi pas, encore faut-il que ce soit solide, beaucoup d’articles manquent de consistance, on parle des métiers du cinéma plus que de cinéma proprement dit, un article sur des producteurs de série Z, un autre sur un décorateur, un article sur le scénariste Joe Eszterhas qui fait office de remplissage (huit pages de résumé d’un livre). Trois pages d’agenda people avec évidemment une certaine dérision un peu facile. Pour aborder le film Au-delà des collines de Cristian Mungiu, un reportage sur le fait divers qui a inspiré le film. Tous ces articles n’apportent pas grand chose, ressemblent à des articles qu’on pourrait lire dans une presse généraliste sans aspérité. On a l’impression que les rédacteurs se posent sans cesse la question de comment aborder un film d’une façon différente sans jamais se poser la question du pourquoi.
Mettre en avant des francs tireurs, ce doit être mettre en avant une façon d’envisager le cinéma en tant qu’art, ou en tant que choix politique, ici l’article sur Mickey Rourke est juste un regard sur un personnage pittoresque, sympathique mais il n’y a ni pensée sur le cinéma ni rien de transgressif.
Il faut arriver dans l’article sur Après Mai écrit par Emmanuel Burdeau, un ancien des Cahiers du cinéma pour qu’on se mette à parler plans, regard, avec un point de vue argumenté, qu’on soit d’accord ou non par ailleurs.
Malgré quelques articles provocateurs et d’autres amusants, on entre peu dans le vif de ce qui constitue le cinéma, c’est à dire des choix de mise en scène, une vision du monde, l’ensemble est finalement très dans l’air du temps, ça survole, ici et là, ça se présente comme rebelle et décalé, alors que ce ton rebelle et décalé, lorsqu’il ne s’appuie sur aucun point de vue, s’il ne prend pas partie, est finalement très conformiste.
Il suffit de quelques pages dans les Cahiers du cinéma de décembre 2012 (très en forme ces derniers temps) sur les tares d’un certain cinéma d’auteur pour voir ce qui est réellement rebelle aujourd’hui : assumer un point de vue qui peut être minoritaire, essayer de comprendre ce qui passe dans le cinéma contemporain, refuser de se plier à la pensée critique dominante (par exemple la glorification d’un cinéma de la maitrise, d’un cinéma qui écrase). Comme l’écrit Stéphane Delorme dans son édito : « on défend forcément un cinéma contre un autre… », il ne faut jamais cesser ce combat, ce qui est pour le coup éminemment politique.

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