Gus Van Sant – en revenant du cinéma http://enrevenantducinema.fr Tue, 24 Apr 2018 20:15:36 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=4.9.8 Nocturama de Bertrand Bonello http://enrevenantducinema.fr/2016/09/16/nocturama-de-bertrand-bonello/ http://enrevenantducinema.fr/2016/09/16/nocturama-de-bertrand-bonello/#respond Fri, 16 Sep 2016 17:01:15 +0000 http://enrevenantducinema.fr/?p=2149 Une jeunesse que personne n’écoute

Quand on considère Bertrand Bonello comme un cinéaste important, qu’on chérie L’Apollonide et le court-métrage Cindy the doll is mine comme des œuvres majeurs, on … Lire la suite...

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nocturamaUne jeunesse que personne n’écoute

Quand on considère Bertrand Bonello comme un cinéaste important, qu’on chérie L’Apollonide et le court-métrage Cindy the doll is mine comme des œuvres majeurs, on est embarrassé face au ratage que représente Nocturama.
Pourtant le film est séduisant, comme une variation sur Elephant de Gus Van Sant, avec un sujet qui présente des similitudes, des jeunes passant à l’acte violent, mais aussi par le travail sur la temporalité, une même scène vue par différents personnages sous différents angles, les marches le long de longs couloirs, jusqu’au tee-shirt avec une tête d’animal, référence au célèbre tee-shirt à tête de taureau du film fondateur de Van Sant. On pourrait penser qu’il n’y a rien à voir entre la violence de Colombine et ce dont parle Nocturama, mais finalement pas tant que ça, ce qui est un des problème que pose le film.
Ça commence dans le métro que Bonello filme avec virtuosité, des jeunes qui marchent sans parler, se croisent, regards concentrés ou regards vides, on sait qu’il va se passer quelque chose et on est happé par leur déambulation, comme une sorte de chorégraphie abstraite, scandée par un décompte horaire.
De même, on sait le talent du cinéaste pour filmer des lieux, sa fluidité est étincelante pour faire exister l’espace du magasin où se réfugient les personnages, ainsi la façon dont il utilise la lumière, le choix des morceaux de musique, le travail sur la répétition, est impressionnant. Le cinéaste pourrait choisir de ne faire qu’un film qui avance par rimes poétiques, pulsations, sensations, cherchant la confrontation visuelle et en rester là, sauf qu’il veut dire quelque chose et c’est là où ça coince, Bonello veut faire un film politique, il veut transmettre quelque chose de l’époque dans laquelle on vit, de la jeunesse de notre pays, ainsi Adèle Haenel disant « ça devait arriver » mais sans préciser quoi ni pourquoi ni comment, etc., il ancre le film dans le monde d’aujourd’hui avec cette télévision d’info continue qui cite Valls, par exemple. Le cinéaste se méfie des discours, du didactisme, il ne veut pas nous faire des leçons et c’est tant mieux mais le problème est qu’il veut dire des choses sans les dire, par des images, des symboles. Ça devient à la fois très théorique, sur comment on est rattrapé par le spectacle, la consommation, et en même temps très simpliste.
Le film ne dit rien politiquement.
Des jeunes font des attentats dans une sorte de gauchisme nihiliste assez flou, avec un personnage d’étudiant en science po qu’on pourrait vaguement imaginer comme un potentiel rédacteur de l’Insurrection qui vient (qui a déjà infusé les plus pertinents Le Grand jeu de Nicolas Pariser et L’Avenir de Mia-Hansen Løve, de nombreux échos pour un livre qui n’en mérite pas tant mais qui a pu intéresser Bonello par son romantisme). On les présente d’abord comme très préparés et ensuite ils se retrouvent par une astuce scénaristique dans ce grand magasin, la dichotomie entre l’action réfléchie du début et la stase consumériste de la deuxième partie est artificielle. Une jeunesse prête à s’engager radicalement qui, plongée dans un endroit où tout est disponible, se perd. En une nuit quelqu’un qui fait une action violente pour changer le monde, se rêve d’un coup en costard, ça n’a pas de sens, c’est prendre les personnages pour des imbéciles.
De même on nous montre un groupe qui semble tout faire pour ne pas être identifié, puis un des héros invite un SDF à les rejoindre, comment peut-on croire à ça ? On adhère volontiers à un cinéma qui fuit le réalisme mais là, ça devient juste une idée théorique (le lumpen prolétariat en victime collatéral, un truc du genre) qui va contre ceux qu’il filme, transforme ces militants en des crétins. Bonello a le droit de penser que la jeunesse est dans une grande confusion politique, qu’elle a une colère, une rage (pour reprendre la terminologie insurrectionnaliste) sans savoir quoi en faire mais de là à dire qu’elle n’a aucune pensée, ça ne peut qu’être exagéré et méprisant.
Ainsi ce qui est vraiment gênant c’est le regard sur ces personnages. Ce sont des pantins, ils sont interchangeables, correspondent à des stéréotypes comme s’ils était un panel représentatif d’une jeunesse sacrifiée. Ils ne se passent pas grand-chose entre eux. Quand un des héros voit un mannequin habillé comme lui, comme s’il était son double, on peut y voir une critique de la société de consommation qui annihile l’individu, sauf que c’est le cinéaste lui-même qui les transforme ainsi, c’est son regard qui les réifie, c’est lui qui décide qu’ils n’aient aucun discours politique un tant soit peu élaboré. La jeunesse serait si stupide ?
Dans L’Apollonide, le dispositif formel est transcendé par l’empathie qu’on a pour ce groupe de femmes prostituées, dès le départ Bonello est avec elles, et nous aussi, nous sommes avec elles, de leurs côtés, nous sommes émus par ce qu’elles vivent sans que l’auteur ne cède sur ses choix esthétiques. De même dans Le Pornographe, il y avait une tendre ironie dans le regard de Jean-Pierre Léaud sur de jeunes révoltés. Là, le regard sur ces jeunes manque singulièrement d’empathie, il ne s’agit pas d’être ou non en adéquation avec eux, avec leurs actes, mais de les regarder, de les écouter, de les aimer un minimum. On les voit juste jouer, se grimer, se donner en spectacle comme des coquilles vides. Ainsi quand ils meurent, ils restent ce qu’ils ont toujours été, des mannequins en polystyrène, comme semble le signifier ce plan en bas de l’escalier, où le couple gît. Vivants ou morts, ils ne sont là que pour faire de beaux plans, rien ne palpite. On est glacé par la froideur des exécutions mais presque indifférent à leur sort, tant cela est esthétisé. C’est dommage parce que les acteurs sont plutôt bons et arrivent à donner malgré tout une parcelle d’humanité. La mort du SDF provoque la même sensation d’une idée de mise en scène qui va contre ce qu’il est censé dénoncé. C’est Bonello qui fait de cette mort un spectacle et lui seul.
On est surpris qu’un cinéaste si talentueux ne se rende pas compte en construisant son film qu’il répète avec ses personnages ce que le monde, la société fait avec cette jeunesse. Il ne les regarde pas, leur dénie la parole. La dernière phrase « aidez-moi » s’adresse peut-être à la société mais elle pourrait autant s’adresser à un cinéaste qui a force de « vouloir-dire », de visions poétiques en oublie ceux qu’il filme.
Nocturama de Bertrand Bonello, France, 2016 avec Finnegan Oldfield, Hamza Meziani, Manal Issa…

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Morceaux Choisis : Last Days / The Bling Ring http://enrevenantducinema.fr/2013/08/02/morceaux-choisis-last-days-the-bling-ring/ http://enrevenantducinema.fr/2013/08/02/morceaux-choisis-last-days-the-bling-ring/#respond Fri, 02 Aug 2013 09:50:38 +0000 http://enrevenantducinema.fr/?p=1698

Last days, de Gus Van Sant

En 2005, Gus Van Sant bouclait avec Last Days une trilogie magistrale consacrée à la jeunesse américaine. Dans ce portrait à peine déguisé … Lire la suite...

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The-bling-ring-01Last days, de Gus Van Sant

En 2005, Gus Van Sant bouclait avec Last Days une trilogie magistrale consacrée à la jeunesse américaine. Dans ce portrait à peine déguisé des derniers jours de Kurt Cobain, il filmait les ultimes soubresauts du mouvement grunge, pleinement conscient de sa récupération par à peu près tout ce qu’il entendait foutre en l’air. Au delà du discours, le film est d’une beauté renversante grâce à des parti-pris artistiques audacieux, comme celui d’illustrer les derniers jours d’une icône rock avec de la musique contemporaine. Un plan en particulier résume la démarche du réalisateur. Blake (Michael Pitt), entre dans le studio d’enregistrement de sa luxueuse propriété. La caméra, placée à l’extérieur du bâtiment, face à la baie vitrée, va capter une improvisation du personnage / acteur. Pitt – lui-même musicien – passe tour à tour derrière la guitare, le micro, la batterie, scandant des phrases musicales qui, par le truchement des boucles, finit par devenir un morceau cohérent. Le plan subjugue, par sa longueur et par son apparente fixité. Jusqu’à ce que le spectateur se rende compte que la caméra zoome de manière quasi-imperceptible vers la maison. Pourtant, l’essentiel du mouvement est créé par les déplacement rageurs du personnage, comme emprisonné dans les limites du cadre. Mais il est également insufflé par les boucles musicales qui suivent leur créateur comme autant d’échos et brouillent nos sens. Le plan devient alors une véritable installation dont le filmage ne serait qu’une composante parmi d’autres. Une habile métaphore de la situation du réalisateur, partagé entre classicisme hollywoodien et expérimentations formelles.

Last days de Gus Van Sant, EU, 2005 avec Michael Pitt, Asia Argento, Lukas Haas…


The bling ring
, de Sofia Coppola

Huit années ont passé. Gus Van Sant n’a jamais retrouvé la virtuosité de Last Days – même si Promised Land est une des belle surprise de ce début d’année. La société américaine se complaît dans le conformisme et manque cruellement d’ambitions. La télé-réalité a transformé la banalité du quotidien en climax, fabriquant au passage de nouvelles idoles prêtes à toutes les bassesses pour s’assurer leur quart d’heure de gloire. Alors qu’on admirait le travail des stars en fantasmant sur leurs caprices, on érige aujourd’hui les mondanités et les frasques des people en performance artistique. Et au milieu de tout cela, la jeunesse continue de s’auto-détruire dans un ennui et un désœuvrement qui font peine à voir. Justement, la réalisatrice de The bling ring n’a jamais cessé de construire son cinéma sur l’ennui et le désœuvrement, traités tour à tour comme une maladie – Virgin Suicide (1999) –, un remède – Lost in translation (2003) –, une malédiction – Marie-Antoinette (2006) – ou une constante sociétale – Somewhere (2010). Et son dernier film ne parle que de ça. A Los Angeles, des lycéens friqués s’amusent à cambrioler les maisons des personnalités qu’ils admirent (Paris Hilton, Lindsey Lohan, etc.). Passionnés de mode et de faits-divers, l’argent qu’ils récoltent au passage sera toujours secondaire par rapport aux trophées qu’ils dérobent et collectionnent religieusement. Surtout, c’est en prenant possession du lieu de vie de leurs victimes ou en reproduisant leurs frasques judiciaires qu’ils ont l’impression de donner un sens à leur existence dramatiquement vide. Si le personnage de Blake dans Last Days avait pleinement conscience du caractère auto-destructeur de sa démarche, la jeunesse dorée de The bling ring ne mesure jamais la portée ses actes. Autres temps, autres mœurs, autre culture. Pourquoi mettre ces deux films en parallèles ? Parce que le plus beau plan du film de Sofia Coppola fait écho à celui de Gus Van Sant évoqué plus haut : Extérieur, nuit. Dans le cadre, une maison de star toute en baies vitrées. La caméra est fixe. Rebecca et Marc investissent les lieux et visitent méthodiquement les pièce l’une après l’autre. Pas de musique d’accompagnement, juste les bruits de la nuit et celui, plus lointain, de la circulation – nous sommes dans une zone résidentielle, sur les collines. Cette ambiance sonore contraste avec le reste du film, où la musique est omniprésente. On se rend compte alors que la caméra n’est pas immobile, mais qu’elle zoome très lentement sur la maison. Les déplacements successifs des protagonistes renvoient aux boucles musicales de Blake, mais si les séquences du musicien s’ajoutaient les unes aux autres pour composer un ensemble, chaque pièce visitée par les deux cambrioleurs est immédiatement abandonnée pour la suivante. Lorsque le couple quittera la maison, elle retournera à son point de départ, un espace vide, où il ne restera aucune empreinte de leur passage. Leur action n’existe que dans l’immédiateté. En reprenant sciemment le dispositif formel de Gus Van Sant, Sofia Coppola met en lumière les changements sociétaux opérés depuis une dizaine d’années, tout en évitant comme son aîné de porter un jugement sur cette jeunesse qui la fascine.
L’accueil réservé à The bling ring a été plutôt froid. On a étrangement reproché à la réalisatrice les fondements mêmes de son cinéma : son désintérêt flagrant pour le trépident et le spectaculaire au profit d’une fascination quasi-obsessionnelle pour l’arythmie et la durée. Et c’est bien là que résident la pertinence de son regard et la singularité de son travail. En prenant le temps de filmer les vides et les creux de ses personnages, elle leur donne la possibilité d’exister en dehors des attentes balisées du spectateur. Et de nos jours, c’est une qualité rare.

The bling ring de Sofia Coppola, EU, 2013 avec Katie Chang, Israel Broussard, Emma Watson…

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Argo de Ben Affleck http://enrevenantducinema.fr/2012/12/29/argo-de-ben-affleck/ http://enrevenantducinema.fr/2012/12/29/argo-de-ben-affleck/#comments Sat, 29 Dec 2012 21:47:45 +0000 http://enrevenantducinema.fr/?p=1383 « Argo fuck yourself » 1

Téhéran, novembre 1979. Des révolutionnaires iraniens envahissent l’ambassade américaine et prennent son personnel en otage. Six américains parviennent toutefois à s’enfuir discrètement et trouvent refuge chez … Lire la suite...

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« Argo fuck yourself » 1

Téhéran, novembre 1979. Des révolutionnaires iraniens envahissent l’ambassade américaine et prennent son personnel en otage. Six américains parviennent toutefois à s’enfuir discrètement et trouvent refuge chez l’ambassadeur canadien. Devant l’imminence de leur capture, l’agent de la CIA Tony Mendez propose un plan abracadabrantesque pour leur faire quitter le pays : les faire passer pour une équipe de tournage canadienne venue en Iran pour des repérages. Autant le dire tout de suite, la troisième réalisation de l’acteur Ben Affleck ne m’a pas convaincu. Alors que Gone Baby gone (2007) et The Town (2010) avaient de solides arguments, Argo se révèle inégal et somme toute un peu vain.
Acteur souvent décrié, Ben Affleck a surpris pas mal de monde en passant derrière la caméra. Il est vrai que de Armageddon à Daredevil en passant par inénarrable Pearl Harbor, sa filmographie renferme un nombre impressionnant de nanars de luxe dont les profits inégaux ont bien failli lui coûter sa carrière. Mais en creusant un peu on trouve tout de même des choses intéressantes, comme sa fidélité au trublion Kevin Smith qui lui offrit son meilleur rôle (Chasing Amy, 1997) et eut la bonne idée de lui présenter un certain Gus Van Sant. Ce dernier mis en image l’histoire qu’il avait imaginé avec son ami Matt Damon et leur offrit l’Oscar du meilleur scénario pour Will Hunting (1997). Suivant les traces de George Clooney, il se lance dans la réalisation dix ans plus tard avec de belles intentions, parfois empruntes de maladresse mais toujours sincères. Enfin, jusqu’à aujourd’hui…
Argo
a deux choses pour lui : l’idée que le cinéma puisse venir au secours de la réalité, car il ne s’agit pas d’une invention de scénariste mais bel et bien d’une histoire vraie, déclassifiée depuis la fin des années 90. L’achat d’un vrai scénario de SF dans la lignée de Star Wars (1977), le portage du faux-projet par un maquilleur et un producteur à la retraite, la location d’un bureau, la publicité dans Variety et même la soirée avec lecture du script, tout est rigoureusement authentique. Une idée jubilatoire et pleine de promesses qui va très vite passer au second plan. L’autre réussite indéniable du long-métrage, c’est sa première partie montrant la prise de l’ambassade et la réaction de Washington. Que ce soit la mise en scène, la montée de la tension, la violence de l’assaut et le rythme des discussions, c’est impressionnant de maîtrise.
Mais en endossant le costume de Tony Mendez, Affleck commet une erreur qu’il avait eut l’intelligence d’éviter dans ses deux premiers films : en n’apparaissant pas dans Gone Baby Gone – c’est son frère Casey qui y interprétait le rôle principal – et en faisant la part belle au personnage de Jeremy Renner, sorte de double maléfique, dans The Town. Ici, l’acteur porte sur ses seules épaules l’intégralité des enjeux de l’histoire. Les autres personnages sont réduits au rang de faire-valoir, malgré un casting impeccable. Et surtout, ça ne fonctionne pas. Il manque à l’agent de la CIA une épaisseur et une humanité qui interdisent toute empathie de la part du spectateur. Et ce ne sont pas ses difficultés familiales – à peine esquissées d’ailleurs – qui y changeront quoi que ce soit. Le personnage est tellement vide que ses doutes sonnent creux et nous éloignent un peu plus du film. A l’ouverture magistrale évoquée plus haut succède un enchaînement de séquences aussi attendues que mal filmées. Le suspens est maintenu artificiellement avec des procédés qui feraient rougir un scénariste de Julie Lescaut, comme lorsque les gardes de l’aéroport courent après un avion de ligne alors qu’il leur aurait suffit de téléphoner à la tour de contrôle pour en interdire le décollage. J’en passe, et des meilleurs…
Toutefois, n’enterrons pas la carrière de réalisateur de l’ami Ben. Argo prouve une fois encore qu’une bonne idée ne suffit pas à faire un bon film. Considérons qu’il s’agit d’un simple faux pas, et attendons la suite avec bienveillance. Et puis ça sera toujours mieux que le prochain Michael Youn, vous pouvez me croire – j’ai découvert l’affiche de son Vive la France il y a quelques jours et j’ai failli en régurgiter mon foie gras…

1 C’est ce que répond le producteur du faux film (Alan Arkin) à un journaliste zélé qui le harcèle pour avoir des informations.

Argo de Ben Affleck, EU, 2012, avec Ben Affleck, Brian Cranston, John Goodman…

 

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En secret de Maryam Keshavarz http://enrevenantducinema.fr/2012/02/07/la-vie-etouffee/ http://enrevenantducinema.fr/2012/02/07/la-vie-etouffee/#respond Tue, 07 Feb 2012 17:15:34 +0000 http://enrevenantducinema.fr/?p=840 La vie étouffée

Au cœur de ce film narrant la vie de jeunes femmes lesbiennes ne pouvant s’aimer librement dans l’Iran d’aujourd’hui, il y a quelques scènes très fortes et … Lire la suite...

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La vie étouffée

Au cœur de ce film narrant la vie de jeunes femmes lesbiennes ne pouvant s’aimer librement dans l’Iran d’aujourd’hui, il y a quelques scènes très fortes et très simples, celles où les héroïnes se retrouvent avec deux amis homosexuels à doubler le film Harvey Milk de Gus Van Sant. On les voit de face, un casque sur les oreilles à essayer de trouver la voix juste pour doubler Sean Penn (trop viril puis trop folle), à mimer des scènes d’amour, la réalisatrice arrive alors à mêler le politique, l’humour, la sensualité simplement, sans artifice. On voit alors ce que le film aurait pu être, une ode à la chair et à la joie, on retrouve cela à d’autres moments, grâce à l’actrice principale Nikohl Boosheri qui porte ce film avec détermination et vivacité et son histoire d’amour impossible touche épisodiquement.
Il y a deux problèmes, le premier est que ce film se veut militant et s’il est intéressant de voir traiter le sujet de l’homosexualité face aux religieux, quand il s’agit de filmer l’autre, l’intégriste, le censeur, ça devient démonstratif, caricaturale déjà vu (cette idée du grand frère qui incarne la morale religieuse par exemple), l’acteur qui joue le frère Merhan (Reza Sixo Safai) en faisant des tonnes dans ce personnage torturé et frustré, se tournant vers la religion parce que ne s’assumant pas. Les scènes avec les autres membres de la famille, ces parents bourgeois progressistes sont plus nuancés mais l’intrigue principal déroule un programme prévisible et manque alors de respiration.
L’autre problème vient de la mise en scène, Maryam Keshavarz veut plaire et elle cède souvent à la joliesse, à l’image carte postale pour spectateur occidental. Pour faire moderne elle cède aussi aux plans inutilement compliqués comme ceux récurrents vu d’au-dessus des corps allongés avec la caméra qui tourne sur elle-même, de même les images de vidéo surveillances pour montrer que la société contrôle la population, c’est facile et loin d’être original. Plus gênante encore est la séquence où le frère intégriste de l’héroïne se drogue, regard caméra vacillant, fond rouge et musique dramatique qui rendent la scène insupportable de complaisance. Quand la cinéaste oublie qu’elle veut convaincre ou séduire, elle arrive à faire vivre son film et ses personnages, ça n’arrive pas assez souvent hélas !
En secret (circumstance) de Maryam Keshavarz, 2012, EU, Iran, avec Nikohl Boosheri, Sarah Kazemy, Reza Sixo Safai, Sohei Parsa…

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Contagion de Steven Soderbergh http://enrevenantducinema.fr/2011/11/05/loeil-de-lempire/ http://enrevenantducinema.fr/2011/11/05/loeil-de-lempire/#respond Sat, 05 Nov 2011 18:45:38 +0000 http://enrevenantducinema.fr/?p=659 L’œil de l’empire

Le film déroule un programme minimum, il y a un virus, ça tue des gens, on cherche un vaccin, on le trouve, voilà c’est emballé. Il n’y … Lire la suite...

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L’œil de l’empire

Le film déroule un programme minimum, il y a un virus, ça tue des gens, on cherche un vaccin, on le trouve, voilà c’est emballé. Il n’y a rien d’autre dans ce film à part quelques vagues micros histoires que Steven Soderbergh ne se prend pas la peine de suivre, comme cette épidémiologiste qui se fait enlever, ou cet adepte des complots caricatural, le cinéaste n’en fait rien, n’invente rien. Peut-être son ambition est de nous emmener dans un mouvement de film de guerre contre la maladie mais il semble tellement peu convaincu par ce qu’il filme que le tout provoque un ennui profond et l’impression d’un vaste foutage de gueule. (Comme film de guerre contre la maladie, le film de Valérie Donzelli La guerre est déclarée est d’un intérêt autant supérieur que le coût du film est inférieur)
L’idée du virus c’est aussi la vision d’une mondialisation capitaliste où le virus se transmet très vite du fait des voyages, du commerce, etc. et des mains qui se serrent, en parallèle à la rumeur qui du fait d’internet se diffuse très vite. Ainsi il filme de nombreux endroits dans le monde mais ceux qui découvrent le remède restent des étasuniens parce que bon, il ne faut pas déconner, on veut bien aller voir ailleurs mais on est quand même les sauveurs de l’humanité.
Qu’est-ce que ça dit du monde ? Que tout est interconnecté, quelle révélation ! Demonlover qui n’était pourtant pas le meilleur film d’Olivier Assayas le disait beaucoup mieux.
Qu’est-ce que Contagion dit du cinéma ? Euh… vous avez une autre question ? On assiste à une accumulation de plans (là aussi en réponse à l’accumulation du capital ?) assez pauvres qui semblent ne jamais découler d’un choix, d’un point de vue, juste des images de nombreux lieux, comme issues de téléphones portables, filmés par des amateurs. On pourrait penser que c’est un travail sur l’impureté des images dans une grande machinerie hollywoodienne mais encore faudrait-il que ça crée quelque chose. Soderbergh, en petit malin qu’il est, se cache derrière l’idée de la disparition de l’auteur pour faire un film paresseux, sans regard, sans tension, sans scénario, sans un plan intéressant, sans une seule scène forte, l’esnemble est plutôt fluide mais ça tourne à vide.
Soderbergh reste dans sa position de démiurge, il filme la fin du monde en se cachant, il filme la mort qui se propage en ne s’impliquant à aucun moment, juste en y mettant beaucoup de frics, en faisant tourner des stars pour appâter le chaland.
Mais même les acteurs semblent perdus, Matt Damon, pouvant par sa seule présence apporter de la consistance à un film, fait le minimum de ce qu’il sait faire, Jude Law est assez mauvais mais il n’est pas aidé par le personnage ridicule qu’il doit jouer, seule Kate Winslet apporte un peu d’incarnation et de vie mais elle disparaît assez vite, éjectée du film pour on ne sait quelle raison. Prendre des acteurs aussi talentueux que Matt Damon, Gwyneth Paltrow, Laurence Fishburne… pour leur donner si peu à faire, pour les aimer si peu est vraiment un caprice de riche. Ainsi le véritable sentiment que dégage ce film sur la mondialisation est celle du fric triomphant et écrasant tout sur son passage.
On sait que Soderbergh aime alterner film de commande et film plus personnel, mais à la différence d’un Gus Van Sant mettant autant de sincérité et de passion dans Gerry que dans Will Hunting, Soderbergh tourne ses films de commande avec un air de « je suis au-dessus de ça » assez déplaisant par son dédain pour la chose filmée autant que pour le spectateur. Il est un cinéaste qui n’a pas l’honnêteté de faire quelque chose de son savoir-faire, ne voulant pas se salir les mains à travailler le spectacle, l’émotion et se retrouvant à ne rien faire du tout, il se cloître dans une posture de cinéaste post-moderne à distance de son film et de ses spectateurs, un cinéaste méprisable à force d’être méprisant.
Contagion de Steven Soderbergh, EU, 2011 avec Matt Damon, Laurence Fishburne, Kate Winslet, Jude Law…

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Somewhere de Sofia Coppola http://enrevenantducinema.fr/2011/02/05/%c2%ab%c2%a0tu-pourrais-faire-du-benevolat-%c2%a0%c2%bb/ http://enrevenantducinema.fr/2011/02/05/%c2%ab%c2%a0tu-pourrais-faire-du-benevolat-%c2%a0%c2%bb/#respond Sat, 05 Feb 2011 12:53:42 +0000 http://enrevenantducinema.free.fr/?p=232  

– Tu pourrais faire du bénévolat !

Une jeune fille blonde comme dans Virgin Suicides, un acteur déphasé comme le Bill Murray de Lost in Translation, la … Lire la suite...

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– Tu pourrais faire du bénévolat !

Une jeune fille blonde comme dans Virgin Suicides, un acteur déphasé comme le Bill Murray de Lost in Translation, la description du monde de ceux qui ont le pouvoir, la richesse, très loin du peuple qui rappelle Marie Antoinette, le dernier Sofia Coppola est un film qui emprunte à ses trois précédents films. Ainsi à priori rien de surprenant dans Somewhere sauf qu’elle pousse sa forme au bout, elle la systématise.
Sofia Coppola est caricaturée comme la cinéaste de la bourgeoisie, qui filmerait de pauvres petites filles riches, pourtant elle filme ce milieu à la bonne distance, sans mépris mais sans complaisance non plus. Ainsi cet acteur star, Stephen Dorff très juste, réifié et qui est vide de désir vu que tous ses désirs sont rassasiés immédiatement, de la bouffe qu’il peut commander à tout heure aux femmes qui se jettent sur lui, le héros est ridicule mais cela ne provoque pas le dégoût, c’est juste sa réalité, de même elle ne cherche pas à nous donner envie de le plaindre.
Devons-nous attendre qu’elle fasse un film comme si elle était issue du prolétariat, ne serait-ce pas beaucoup plus choquant ? Non, elle montre qu’à un certain niveau social, tout est donné, presque tout est accessible et c’est cela qui est dérangeant, pas le fait qu’on le mette en évidence.
De plus le sujet ne suffit pas à faire le film, l’important est et sera toujours le regard du cinéaste. Somewhere fait souvent penser à Antonioni et on peut se demander si le détour par l’Italie est un hommage au maître qui a filmé le vide, la perte du sens qui traversait une certaine bourgeoisie italienne.
Sofia Coppola utilise essentiellement des plans séquences, soit fixes, soit d’une caméra tremblée, elle filme le vide, il ne se passe rien pourtant chaque plan semble avoir sa tension, sa durée nécessaire, c’est à dire souvent un tout petit peu plus longtemps que ce qu’on attend, ce qui fait qu’on est toujours à l’affut, qu’on a malgré tout toujours l’impression qu’il se passe quelque chose, ainsi quand le héros sur son matelas pneumatique disparaît doucement du cadre ou quand elle s’approche lentement de ce visage moulé dans une substance blanche qui paraît étouffante, il n’y a rien d’autre et pourtant elle donne matière à projeter nos propres questionnements, angoisses.
Les lieux sont beaux, luxueux mais semblent toujours inhabités, comme les filles que le héros rencontre qui ne semblent guère différentes des lap-danceuses qui essaient de le distraire, l’emballage est lumineux mais tout est vide, tout est pourri. Comme chez Gus Van Sant on est toujours proche de la pose arty, la mise en scène, la photo, la lumière sont toujours à la limite de se confondre avec son sujet, cet acteur qui garde toujours l’air cool quoiqu’il se passe, mais c’est cette limite, cette friction qui rendent ce film passionnant.
Somewhere de Sofia Coppola, EU, 2010 avec Stephen Dorff, Elle Fanning…

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