Mathilde Seigner – en revenant du cinéma http://enrevenantducinema.fr Tue, 24 Apr 2018 20:15:36 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=4.9.8 Le blues du critique (épisode 2) http://enrevenantducinema.fr/2012/03/19/le-blues-du-critique-episode-2/ http://enrevenantducinema.fr/2012/03/19/le-blues-du-critique-episode-2/#respond Mon, 19 Mar 2012 11:13:54 +0000 http://enrevenantducinema.fr/?p=858 Une année de plus en moins

En réponse aux sollicitations acharnées de mes nombreu(ses)x fans, c’est avec une vive émotion et, avouons-le, une certaine fierté que je vous présente mon Lire la suite...

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Une année de plus en moins

En réponse aux sollicitations acharnées de mes nombreu(ses)x fans, c’est avec une vive émotion et, avouons-le, une certaine fierté que je vous présente mon bilan cinématographique de l’année 2011. Oui, je sais, nous sommes le 19 mars, mais figurez-vous qu’entre les nécessités d’ordre économique et les activités chronophages, nos emplois du temps sont bien remplis. Par exemple, Baptiste anime un excellent blog consacré au roman noir – que vous trouverez ici. Pour ma part, je finalise un projet aussi ambitieux qu’anachronique. Tout ce que je peux vous dire dans l’immédiat, c’est que « ça » concernera le cinéma de genre et que « ça » devrait voir le jour dans le courant de l’année. Cette parenthèse auto-promotionnelle terminée, revenons à ce fameux bilan 2011.
Je rejoins le camarade Baptiste qui évoquait dans son article – que vous trouverez – une année particulièrement riche à l’image de la sélection Cannoise. Mention spéciale au cinéma français qui, et ce n’est pas si courant, a su rencontrer son public. Je me permets de rajouter à la liste de mon coreligionnaire le glacial L’exercice de l’état de Pierre Schöller que je vous conseille
de (re)voir, par exemple, le 21 avril en double programme avec Le candidat de Niels Arestrup. Et je ne dis pas ça pour décourager celles et ceux qui croiraient encore au cirque électoral. Mais je m’éloigne du sujet, et sans plus attendre je décachette l’enveloppe. Le prix du meilleur film de l’année 2011 est attribué à…
The tree of life
, de Terence Malick

Le jury, composé exclusivement de moi-même, a été unanime. En 1999, je pensais que la disparition de Stanley Kubrick allait entraîner celle du cinéma en tant qu’art majeur. Il restait bien Jean-Luc Godard, mais il avait tourné le dos à l’industrie depuis belle lurette, ce qui ne rend pas ses travaux moins indispensables. Je hisse courageusement le film de Malick au niveau de 2001, l’odyssée de l’espace dont il partage les interrogations philosophiques. Mais là ou Kubrick, avec sa froideur habituelle, explorait les méandres de l’humanité à travers son insignifiance à l’échelle de l’univers, la réflexion de Malick, plus introspective, s’articule autour de la nature, de la maternité et de la spiritualité.
Quoi qu’il en soit, Baptiste et moi avions tout faux. Cette année, il fallait jouer dans l’ordre Intouchable (15,7 millions d’entrées), Rien à déclarer (8,1 millions) et Harry Potter et les reliques de la mort – 2ème partie (6,5 millions). Au risque de paraître vulgaire, je me permets de vous rappeler que le cinéma est avant tout une histoire de gros sous.
Pour rester dans les remises de prix, attardons nous un instant sur le parcours étonnant de The artist de Michel Hazanavicius aux Oscars. Sans remettre en cause les réelles qualités du film, on peut s’interroger sur le succès retentissant de cette production française au pays de George Clooney… Déjà, l’Academy derrière la cérémonie ne représente que le cinéma « mainstream », et il est rare que les auteurs y soient reconnus1. A moins de générer des millions de dollars, comme James Cameron, et encore. La sélection 2012 montrait toutes les faiblesse d’une industrie incapable de se réinventer, noyée sous les adaptations académiques de best-sellers indigestes, les films mous aux castings prestigieux et les ex-auteurs fatigués qui n’ont plus grand chose d’intéressant à dire. The Artist, c’est une bande de frenchies un peu dingues qui re-visite amoureusement le passé glorieux des studios américains, alors que ces derniers semblent totalement incapables d’une telle démarche : ce n’est plus à Hollywood que l’on prend des risques, même si on devine à travers le palmarès que ça leur manque terriblement.
Pour terminer, un grand merci à Mathilde Seigner dont la prestation renversante d’imbécillité lors de la cérémonie des Césars2 illustre le vieil adage : « mieux vaut un mauvais film américain qu’un mauvais film français ». Les Oscars se contentent de couper le micro aux lauréats qui ont l’outrecuidance de dépasser leurs 45 secondes d’expression libre. A la place de Michel Blanc, je lui aurait balancé l’horrible compression en pleine poire, à cette gourde.

1 Notez par exemple que si Brad Pitt était nominé pour l’Oscar du meilleur acteur, ce n’était pas pour sa prestation remarquable dans The tree of life mais pour le plus anecdotique Le stratège, de Bennett Miller. En lice pour trois statuettes, le film de Terence Malick est évidement reparti bredouille…

2 Au moment de remettre le César du meilleur second rôle masculin à Michel Blanc pour sa prestation dans L’exercice de l’état, la dinde a demandé si il était possible de faire monter Joey Starr sur scène, parce qu’elle aurait préféré que ce soit lui qui ait le prix. Blanc a répondu par un trait d’humour de grande classe, proposant une garde alternée. Vous trouverez facilement cet extrait sur internet.

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Le blues du critique (épisode 1) http://enrevenantducinema.fr/2011/10/20/le-blues-du-critique-episode-1/ http://enrevenantducinema.fr/2011/10/20/le-blues-du-critique-episode-1/#respond Wed, 19 Oct 2011 22:56:17 +0000 http://enrevenantducinema.fr/?p=597 « Quand tu regardes au fond de l’abysse, l’abysse aussi regarde au fond de toi » (F. Nietzsche)

Bon, ça aussi ça devait arriver. Après « l’incident Drive » où pour … Lire la suite...

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« Quand tu regardes au fond de l’abysse, l’abysse aussi regarde au fond de toi » (F. Nietzsche)

Bon, ça aussi ça devait arriver. Après « l’incident Drive » où pour une fois nous n’étions pas d’accord avec Baptiste, me voilà confronté à l’angoisse de la feuille blanche. C’est ça aussi, de s’imposer des choses : se laver les dents après chaque repas, lire au moins dix minutes avant de dormir, et écrire un article le 9, le 19 et le 29 de chaque mois. Jusqu’ici, ça fonctionnait bien, mais nous sommes le 19 octobre, il est 23 heures, je ne sais pas encore de quoi je vais bien pouvoir parler.
En tout cas, pas de cinéma, je viens d’y passer dix heures, alors merci bien ! Ah oui, j’ai oublié de le préciser, je suis projectionniste. Un conseil, si vous aimez le cinéma, ne travaillez pas dedans. Ni autour, d’ailleurs. C’est bien simple, je n’ai plus le temps d’aller voir les films en salle. Et encore, j’ai de la chance, je suis au bout de la chaîne. Une amie à moi bosse comme assistante réalisation, et je n’ose plus lui demander si untel ou unetelle est quelqu’un de bien. Finalement, elle s’est reconverti dans l’animation. « On est vachement moins en contact avec les cons », me dit-elle. Moi par contre… « Et il est bien, La guerre des bouffons ? Moi j’aime bien les films de Mathilde Seigner! Et pis Guillaume Canet, il est bien aussi. Ah, Les petits mouchoirs, c’est drôlement bien fichu! Vous avez aimé ? ». On s’entend répondre machinalement « Les gens avaient l’air content en sortant du film ». Ne jamais mordre la main qui vous nourrit, c’est la règle. Vive le travail, il fait la fortune des psychiatres ! Non docteur, inutile d’insister, vous n’aurez pas mon argent. Moi, pour ne pas imploser, je regarde des DVD toute la nuit et j’écris dans un blog.
L’autre jour j’ai reçu mes impôts locaux. J’ai toujours autant de mal avec la redevance, ça fait bien dix ans que mon téléviseur n’est plus relié à l’antenne. Mais j’ai découvert cette année qu’elle finançait également Radio France, et ça, j’écoute. L’idée que mon chèque puisse se retrouver dans l’escarcelle de Mermet ou d’Angelier, ça ferait presque passer la pilule.
En parlant de Mauvais Genres, je suis tombé il y a quelques jours sur une émission consacrée à Samuel Fuller. Philippe Rouyer et Jean-Baptiste Thoret revenaient sur l’auto-biographie de cet immense réalisateur, enfin disponible chez-nous, et je me suis rendu compte que j’ignore presque tout de ses films. Sauf un, The Big Red One (affreusement traduit par Au-delà de la gloire), dont je ne connais pour l’instant que la version charcutée par les studios. Mais quel putain de film. A tous les marioles qui encensent la carrière d’Harrison Ford en la comparant à celles des autres acteurs de Star Wars, je répond que Mark Hamill a joué dans The Big Red One, et que ça enfonce toute la filmographie de l’autre charpentier. Dans ce long-métrage un peu oublié de 1980, Fuller répondait à une question essentielle : comment montrer l’impensable à ceux qui n’y étaient pas1 ? Tout simplement en cadrant les soldats du point de vue de l’horreur qu’ils découvrent dans les camps. En laissant autant que possible l’inimaginable hors champ, à la place même des spectateurs qui regardent le film. Magistral. De nos jours, on a Spielberg et son manteau rouge ou Spielberg et son débarquement « comme si vous y étiez ». Ça aura au moins eu le mérite de sortir Terrence Malick de sa retraite…
Ce matin, lorsque j’ai vu le temps pluvieux, je me suis dit qu’elle allait être sacrément longue, cette journée. Mais dans la boîte aux lettres il y avait un paquet. Et dans ce paquet, un double DVD et un livre. The Big Red One en version longue, et Un troisième visage, l’auto-biographie de Fuller. Le bouquin m’a aidé à tenir le coup pendant ces dix heures interminables, et là il va falloir que je vous laisse. J’ai un chef-d’œuvre à re-découvrir.

1 Samuel Fuller a servi dans la première compagnie d’infanterie américaine, la célèbre Big Red One, qui fut de toutes les grandes batailles européennes entre 1942 et 1945. Il était présent à la libération du camp de Falkenau (Tchécoslovaquie), et en ramena des images en 16 mm qui furent utilisées plus tard dans un documentaire.

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La nouvelle guerre des boutons de Christophe Barratier http://enrevenantducinema.fr/2011/09/30/la-guerre-des-moutons/ http://enrevenantducinema.fr/2011/09/30/la-guerre-des-moutons/#comments Thu, 29 Sep 2011 22:45:24 +0000 http://enrevenantducinema.fr/?p=527

La guerre des moutons

– Chérie, si on allait au ciné ce soir ?
– Voir quoi ? J’te préviens, j’ai pas envie de me prendre la tête !
– Je regarde le … Lire la suite...

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La guerre des moutons

– Chérie, si on allait au ciné ce soir ?
– Voir quoi ? J’te préviens, j’ai pas envie de me prendre la tête !
– Je regarde le programme… Ah, c’est marrant, ils repassent La guerre des boutons ! c’est bien le film en noir et blanc avec le squelette ?
– Nan, ça c’est Les disparus de Saint-Agil, rien à voir ! La guerre des boutons, c’est avec P’tit Gibus, « si j’avais su j’aurai pas venu », les gosses qui se bagarrent tout nus…
– Ah d’accord ! Apparemment, ils l’ont ressorti, mais en couleur… Putain, elle est si vieille que ça, Mathilde Seigner ?
– T’es con, c’est pas le même film, ils l’ont refait ! J’te préviens, je veux pas voir ça !
– Moi non plus !
– Du coup, ils passent quoi dans la salle 2 ?
– Attends, je regarde… Ah merde ! La nouvelle guerre des boutons, avec Kad Merad… Euh, finalement je crois qu’on va pas aller au ciné ce soir…

En 1962, Yves Robert donnait sa version du roman écrit par Louis Pergaud au début du siècle dernier. Sans aucun doute le meilleur film d’un modeste artisan qui œuvra principalement dans le cinéma populaire. En le revoyant aujourd’hui, on ne peut s’empêcher de le rapprocher des Quatre cents coups, sorti trois années plus tôt. Si la mise en scène est quelconque, les thématique abordées renvoient directement au chef-d’œuvre de François Truffaut : le fossé abyssal qui sépare le monde de l’enfance de celui des adultes, et cette jeunesse en quête de liberté, asphyxiée par une société normative. Société urbaine pour Antoine Doinel, société rurale pour Lebrac, aussi castratrice l’une que l’autre. La violence, l’incompréhension, l’impuissance, rien n’était éludé dans la version d’Yves Robert. Le seul adulte qu’il sauvait, c’était l’instituteur dont on devinait implicitement un parcours identique à celui du jeune rebelle. Pas un monument du septième art, donc, mais un film honnête dont les dialogues savoureux sont passé à la postérité*.
Passons sur l’adaptation de Yann Samuell dont l’unique mérite est d’avoir tenté de couper l’herbe sous le pied de Christophe Barratier. C’est la version de ce dernier, n’en doutons pas, qui va emporter le morceau. Il faut dire que rien n’a été laissé au hasard. D’abord, on transpose l’histoire dans un cadre historique ultra-référencé : la seconde guerre mondiale. Plus précisément mars 1944, soit quelques mois avant la libération. Tout le monde connaît, la victoire est proche et c’est suffisamment vieux pour permettre d’arrondir les angles : les villageois sont tous de gentils résistants, et si le maire bois le coup avec les miliciens, il reste un collabo passif, donc excusable. Les vichystes sont soit d’horribles miliciens, tous jeunes**, soit des personnages caricaturaux dessinés à la hache, comme ce gardien de musée s’extasiant devant une statue grecque, donc forcement présenté comme un homosexuel refoulé. En tout cas, les méchants habitent tous en ville, et les gentils à la campagne. Pour enfoncer le clou, Barratier joue la carte « Anne Frank » en inventant Violette, jeune-fille juive cultivée qui se cache après avoir été séparée de ses parents, qui tient un journal, et tombe sous le charme de Lebrac. Là où le film d’Yves Robert ne tentait jamais de rapprocher les univers des enfants et des adultes – on se copiait, mais on gardait toujours ses distances – le réalisateur de l’indigeste Les choristes franchit allègrement le pas en mettant en parallèle la guerre des gosses et celle des grandes personnes. Ainsi, le père de Lebrac, brutal, vulgaire et haïssable au début, devient un héros le jour où son fils découvre qu’il est résistant ! Pire, il crée pour l’instituteur – insupportable Guillaume Canet – une romance parallèle à celle de Lebrac avec… la mercière qui a pris la jeune fille juive sous son aile ! Et évidement, enfants et adultes s’allient à la fin du film afin de permettre leur fuite au nez et à la barbe des miliciens… Ouf ! Sans oublier le post happy-end qui nous précise que si la jeune Violette ne retrouva jamais ses parents, elle revint quelques mois plus tard, à la libération, avec la mercière pour s’installer au village. Il ne manque que le carton : « tiré d’une histoire vraie »…
Passons rapidement sur la pudibonderie de cette version. Les enfants ne fument plus et ne se battent plus à poil, mais en sous-vêtements. C’est plus correct, il ne faut choquer personne. Passons sur certaines scènes dont le sens est purement et simplement inversé : En 1962, le drapeau blanc était hissé afin de soigner un animal blessé, ce à quoi s’employaient les enfants des deux villages. En 2011, les Velrans ignorent le symbole de paix et en profitent pour humilier Petit Gibus, les salauds. Plus grave encore que la simplification historique – rappelons que les derniers mois de l’occupation furent parmi les plus troubles de le seconde guerre mondiale –, le film fait preuve d’un révisionnisme cinématographique déplorable : en se référant au cinéma dît de qualité française, Barratier nie sciemment l’influence de la Nouvelle Vague qui illuminait le film d’Yves Robert. Même si il passe rapidement dessus, Yann Samuell a au moins situé sa version pendant la Guerre d’Algérie – qui hanta notamment le cinéma de Jacques Demy. La nouvelle guerre des boutons emprunte le courant nauséeux qui voudrait faire de la Nouvelle Vague un détail de l’histoire du cinéma, quelque chose dont il faut se débarrasser au profit d’un conformisme pantouflard et rassembleur. Et malheureusement, le public suit. Plus que jamais, il est essentiel de défendre des films comme Les bien-aimés, L’Apollonide et La guerre est déclarée qui proposent un cinéma moderne, complexe et surtout réaliste. La société va mal et le cinéma doit en offrir au spectateur une image juste. Pas lui mettre des œillères en lui murmurant à l’oreille que jusqu’ici, tout va bien, ou que c’était mieux avant.

*A noter que les deux productions ont demandé à la veuve du réalisateur le droit d’utiliser, entre autre, le mythique « si j’avais su, j’aurai pas venu » du Petit Gibus. Elle les aurait poliment rembarrés en leur suggérant d’inventer leurs propres dialogues…

**Toute similitude avec le quotidien décrit par le grand documentariste Jean-Pierre Pernaut à 13h sur TF1 serait fortuite, cela va de soi… Des gentils enfants ? Des gentils vieux ? Des méchants jeunes ? Nan, aucun rapport…

La nouvelle guerre des boutons de Christophe Barratier, France, 2011, avec Guillaume Canet, Lætitia Casta, Kad Merad, Gérard Jugnot

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