Olivier Assayas – en revenant du cinéma http://enrevenantducinema.fr Tue, 24 Apr 2018 20:15:36 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=4.9.8 Bilan 2014, des cadres et du mouvement http://enrevenantducinema.fr/2014/12/31/bilan-2014-des-cadres-et-du-mouvement/ http://enrevenantducinema.fr/2014/12/31/bilan-2014-des-cadres-et-du-mouvement/#respond Wed, 31 Dec 2014 18:16:52 +0000 http://enrevenantducinema.fr/?p=2094

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La fin de l’année est l’occasion de faire notre mini bilan et surtout de revenir sur des films dont on n’a pas parlés parce qu’au moment où on les a vus on n’avait pas envie, parce qu’on n’était pas d’humeur, parce qu’on avait d’autres projets et que de toute façon, on n’est pas payé pour ça, alors on fait ce qu’on peut.

Revenir donc sur quelques films.

D’abord Saint-Laurent ou comment Bertrand Bonello prend le genre très cadré du biopic pour le faire éclater et utilise cette déconstruction pour s’approcher de la vérité de quelqu’un, une vérité qui pourtant se dérobe.
À la différence de ces biopics qui présentent des hommes au destin glorieux et au caractère conquérant ou du moins particulier (à part évidemment le magnifique Van Gogh de Pialat), Yves Saint-Laurent est présenté comme absent au monde (c’est la force de Gaspard Ulliel de savoir incarner ce personnage fantomatique ne laissant qu’une empreinte), drogué, devenant une marque, un logo, plus qu’une personne, traversant une décennie importante de l’histoire sans s’en rendre compte, un personnage en creux, à côté de la plaque la plupart du temps.
Le dispositif théorique de la mise en scène est dans le morcellement avec flash-back, flash-forward, split-screen, scène qui semble détachée du reste, rêve, hallucination, lettre lue, dilatation du temps, et accélération, des changements de rythme fréquents, jusqu’à cette fragmentation de l’écran pour un défilé triomphant. Ce morcellement n’est pas une coquetterie, elle est le miroir d’un homme qui n’arrive pas à trouver son unité, qui n’a pas de consistance.
Comme souvent chez Bonello, ça pourrait être froid et intellectuel mais il y a un parfum de tristesse toujours présent, quelque chose qui ne rentre pas dans le dispositif, une douleur profonde de la difficulté à être. Du héros de De la guerre aux prostituées de l’Apollonide, de la Cindy (dans Cindy the doll is mine) à Yves Saint-Laurent, tous ces personnages essaient de trouver une raison de vivre, essaient d’échapper à une réification (avec l’idée que le cinéma c’est aussi se poser la question de la réification par le cinéaste). C’est symptomatique avec ces chiens appelés Moujik de 1 à 4, interchangeables, un film sur le narcissisme, sur le fait que de vivre uniquement dans les yeux des autres nous dévitalise, nous fait disparaître, nous transforme en pantin.

mummyOn retrouve dans Mommy de Xavier Dolan cette volonté de se confronter à un dispositif. Là il s’agit d’encadrer la vie ou de la laisser se développer, de savoir comment on se bat avec un cadre qui emprisonne, de travailler sur cette tension. Un adolescent hyperactif, violent, plein de vie mais ne supportant pas les limites qu’on lui donne face à une mère larguée, qui fait ce qu’elle peut mais n’y arrive plus. Tout le jeu du film est entre ces corps qui courent, se frappent, crient, pleurent, s’aiment, s’engueulent, se déchirent et comment ils habitent, occupent les plans.
Un film très théorique où bien sûr le cadre carré enserre les personnages, rend le face à face entre la mère et le fils étouffant.
Le début part étrangement sur une piste naturaliste, la travailleuse sociale, la nouvelle loi imaginaire et vite ça déborde de partout, rien ne retient la vie qui passe, circule, et l’arrivée de la voisine permet que toute cette énergie prenne de l’ampleur et se canalise dans le même mouvement. L’arrivée du tiers brise la dualité mortifère.
Ce qui est bien avec Xavier Dolan, c’est qu’il ne s’excuse pas, qu’il n’est pas modeste, il y va, fonce, et garde sa route, sa trajectoire est sûre, ça lui permet d’oser des choses naïves et puissantes dans leur naïveté, voir le héros courir avec son caddie au milieu de la route en criant liberté, et ouvrir le cadre ainsi, ça pourrait être casse-gueule, ridicule mais ça passe, jamais on se sent piégé par l’émotion que livre ce film, on n’est pas manipulé, tout est là devant nous, à vif. L’histoire est d’une grande simplicité, les lignes sont évidentes, il ne les cache pas.
Ce film nous insuffle son énergie vitale et donne envie d’envoyer valser les convenances. Ce n’est pas rien. Et si ça pouvait aider à renverser ce vieux monde, ce serait encore plus.

Deux autres films émergent cette année (répétons-le, parmi les films vus, il y a bien sûr des manques et des oublis) le Map to the stars de Cronenberg et sa rage réjouissante et sombre, et à son opposé Love is strange de Ira Sachs, qui après le beau et rugueux Keep the light on (qui s’approchait des films mumblecore), confirme son attachement aux palpitements du cœur. Soit un vieux couple dont le mariage va précipiter un déménagement, un film d’une grande élégance, aux plans d’une grande et belle simplicité, d’une émouvante douceur, avec une fin magnifique et bouleversante d’humanité.

love is strange

Une année sans choc majeur comme l’Inconnu du lac l’an passé peut-être, mais beaucoup de bons films, souvent basés sur des confrontations d’acteurs. La fougue des Combattants de Thomas Cailley révèle un cinéaste prometteur qui doit avoir plus confiance en son regard (la volonté de faire cinéma est une des limites de ce premier film) et à sa capacité à diriger des acteurs (Adèle Haenel, qui impose sa présence essentielle dans le cinéma français d’aujourd’hui face à un Kévin Azaïs touchant)
Olivier Assayas est aussi, mais on le savait déjà, un grand directeur d’acteur et d’actrice, ce que donnent Juliette Binoche et Kristen Stewart sous son regard dans Sils Maria est impressionnant, le film l’est aussi souvent avec de magnifiques plans dans les Alpes, avec parfois, c’est le défaut mignon d’Olivier Assayas, quelques moments trop explicatifs et surlignés.

On n’oubliera pas bien sûr Under the skin, Bird et leur proposition étrange. Le cinéma est travaillé par le fantastique, l’étrangeté, désire s’envoler, et c’est tant mieux. Ne le bridons surtout pas.

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Après mai d’Olivier Assayas http://enrevenantducinema.fr/2012/11/26/apres-mai-dolivier-assayas/ http://enrevenantducinema.fr/2012/11/26/apres-mai-dolivier-assayas/#respond Mon, 26 Nov 2012 17:58:09 +0000 http://enrevenantducinema.fr/?p=1340 Ne pas s’arrêter

On sait ce qui intéresse Assayas, la tension entre le mouvement, la vitesse, la jeunesse et aussi ce qui persiste, s’imprime, se transmet, tous ses films sont … Lire la suite...

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Ne pas s’arrêter

On sait ce qui intéresse Assayas, la tension entre le mouvement, la vitesse, la jeunesse et aussi ce qui persiste, s’imprime, se transmet, tous ses films sont traversés par ces forces antagonistes, comment la vie continue alors qu’un ami meurt dans Fin août, début septembre, que signifie transmettre un héritage dans l’Heure d’été, le mouvement de l’argent et du sexe capitaliste de Démon lover, etc. Une tension qui est aussi lié aux influences d’Olivier Assayas entre une histoire du cinéma française et un amour du cinéma asiatique.
La vitesse, ce qui perdure, on imagine tout ce que pouvait chercher Assayas dans l’immédiat après mai 68 avec toute la part autobiographique que cela contient.
Comme toujours, il est très fort dans le mouvement, le début du film, un affrontement contre la police, est impressionnant par la simplicité des moyens utilisés, est-ce réaliste ? Peu importe, ce qui importe, c’est qu’on ressent les coups de matraques, la course, l’idée de fuir la violence du monde, de se réfugier dans un escalier en tentant de reprendre sa respiration, un moment de paix et de complicité, là il choppe quelque chose en quelques minutes. Ainsi il sait faire vivre les scènes d’action, l’enthousiasme et la peur mêlée que cela procure, l’excitation de s’approcher du feu. Être poursuivi par des vigiles, se planquer dans un bosquet dans la nuit, il tourne cela d’une caméra alerte, très fluide, au plus près des corps.
On retrouve cela dans tout le film, lors d’une fête dans une grande maison anglaise qui rappelle l’Eau froide, lors d’une projection dans une faculté, etc. Assayas a une façon très personnelle de filmer le mouvement, la façon de passer d’un personnage, d’une pièce à l’autre, ses personnages sont très rarement à l’arrêt, et quand ils sont à l’arrêt, ils semblent perdus. Avec toujours cet art du montage, ces raccords dans le mouvement presque invisibles, une personne pose la main sur la poignée, il coupe, il est dans l’appartement, il commence à enlever sa veste, il coupe, sa veste est enlevée. Et aussi comment une discussion commence sur un balcon entre différentes personnes, on entre dans une pièce, une personne qui n’était pas là au début de la conversation la continue, ce n’est pas réaliste mais l’important est dans l’idée d’une parole qui circule, tout doit bouger sans cesse, ne pas s’arrêter. De même cette figure de style fréquente chez Assayas, de faire un fondu noir à un moment où une parole qui est porteuse d’une émotion est dite et où la scène pourrait durer, ce qui donne l’impression d’être toujours en suspension.
On peut être plus dubitatif en ce qui concerne la façon dont il filme la parole politique. Il y a un parti pris radical là aussi de refuser le naturalisme, le réalisme, les acteurs parlent comme dans les tracts, avec un esprit de sérieux très prononcé, loin de la dérision (ce qui est reposant) avec cette idée que la révolution, la jeunesse, ce n’était pas un jeu, nous ne sommes pas dans le Péril jeune réactionnaire de Cédric Klaplisch. Mais lorsqu’il filme une assemblée générale, on sent les artifices, peu importe que ce ne soit pas réaliste, là n’est pas le propos mais on ne sent pas la vie que crée la parole, le débat, la contradiction, le fait de s’opposer verbalement, le militantisme c’est aussi une friction verbale.
Cela a une cohérence, le mouvement de la jeunesse, de l’action révolutionnaire, le mouvement de l’amour, le voyage, le romantisme, etc. face à l’impression de lourdeur que porte la parole révolutionnaire, la théorie voir le dogme. Une parole plaquée comme ces films tournés par des maoïstes qui finissent par découvrir que les ouvriers savent aussi bien qu’eux parler de leur condition. On devine que Assayas a vécu cela comme son héros, avec un point de vue libertaire qui refuse de parler à la place des autres, son personnage dit qu’il est normal qu’il agisse dans son lycée vu qu’il est lycéen, il parle d’où il est. Ainsi il y a une honnêteté du cinéaste à montrer des personnages qu’on imagine issue de la classe moyenne intellectuelle, il parle de son après mai à lui.
Ces personnages, ce milieu social est le même que les héros des  de Philippe Garrel avec la même question posée qui était comment faire après quelque chose d’aussi fort, mais alors que Garrel filmait surtout la dépression suite à l’espoir révolutionnaire avorté, Assayas est plus positif dans le sens où il choisit de montrer les différentes voies possibles plus ou moins proches de cet idéal de départ, la drogue, l’ésotérisme, la clandestinité, l’art, etc. et si certain s’y brûle, il n’y aucun jugement de la part du cinéaste sur ces différents choix.
Pour lui la vie ne s’arrête pas là, elle continue et ne peut que continuer.
Après mai d’Olivier Assayas, France, 2012 avec Clément Métayer, Lola Créton, Félix Armand, Carole Combes…

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Camille redouble de Noémie Lvovsky http://enrevenantducinema.fr/2012/10/09/camille-redouble-de-noemie-lvovsky/ http://enrevenantducinema.fr/2012/10/09/camille-redouble-de-noemie-lvovsky/#comments Tue, 09 Oct 2012 10:32:11 +0000 http://enrevenantducinema.fr/?p=1102
Reçue avec mention

Cette fois, c’est sûr : le cinéma est au plus mal. Entre la baisse globale de la fréquentation, l’effondrement du marché de la vidéo, le piratage… C’est … Lire la suite...

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Reçue avec mention

Cette fois, c’est sûr : le cinéma est au plus mal. Entre la baisse globale de la fréquentation, l’effondrement du marché de la vidéo, le piratage… C’est bien simple, on n’a jamais été si proche de la catastrophe économique. Résultat des courses, les financeurs serrent les fesses et s’accrochent aux vieilles recettes pour limiter la casse. Principales victimes, le spectateur bien sûr, et ce cinéma du milieu cher à tous les cinéphiles. Entre les gros budgets formatés et les films d’auteurs intimistes – de plus en plus formatés eux aussi –, il y a de moins en moins de place pour d’autres propositions artistiques.
Heureusement, le cinéma n’est pas une industrie comme les autres, et il arrive que le public plébiscite des films qui ne rentrent pas dans les cases évoquées ci-dessus. Leur point commun ? Ils jettent une passerelle entre le drame auteurisant et la comédie populaire, s’amusant à aborder des sujets sérieux avec un ton détaché et des ressorts qu’on pensait réservés à cette dernière. Et pour enfoncer le clou, ce cinéma n’oublie pas d’où il vient et s’évertue à tisser des liens entre les générations au delà de l’hommage de complaisance.
Dernier succès en date de ce courant, Camille redouble de Noémie Lvovsky, où l’actrice-réalisatrice s’appuie sur le concept de Peggy Sue s’est mariée pour faire revivre à la Camille du titre son adolescence dans les années 80, période ayant lourdement conditionné ses drames de quarantenaire alcoolique. Contrairement aux comédies américaine des années 2 000, le film ne tombe jamais dans le piège du « c’était mieux avant »1: les personnages ne sont pas des adolescents attardés qui s’efforcent de raviver la flamme des années lycées dans leur condition d’adulte : Camille – Noémie Lvovsky – se retrouve littéralement propulsée dans le corps de ses 16 ans, sachant pertinemment tout ce qui va lui arriver après. Elle va s’efforcer d’échapper à un destin pourtant inéluctable, que ce soit la rencontre avec l’amour de sa vie qui la quittera 24 ans plus tard ou la mort de sa mère d’une rupture d’anévrisme peu après son seizième anniversaire. Mais là où le film emporte le morceau, c’est que comme dans le très bon Les beaux gosses de Riad Sattouf, le regard qu’elle porte sur son adolescence est sans complaisance. A côté des grandes tragédies qui vont façonner sa vie, il y a cette guerre permanente contre les vicissitudes de l’âge ingrat qui, pour une fille de 16 ans, paraissent au moins aussi insurmontable : le fossé infranchissable avec les adultes, la violence des premiers émois sexuels, le regard impitoyable de l’autre et celui, peut-être pire encore, que l’on porte sur soi-même. Cette volonté de ne jamais tricher avec la réalité – l’actrice incarne elle-même le personnage à 16 ans sans que cela ne fasse tiquer le spectateur – explique sans doutes l’engouement du public et de la critique pour le film.
Au delà de ses qualités purement cinématographiques, le long-métrage n’oublie jamais d’où il vient, et son casting exemplaire dessine une carte de ce cinéma du milieu que d’aucuns voudraient enterrer avant l’heure. Il s’inscrit dans le passé, avec des cameos savoureux de Jean-Pierre Léaud – héraut de la Nouvelle Vague – et de Mathieu Amalric – qui renvoie forcément au cinéma de Despléchin et d’Assayas 2. Mais il s’inscrit également dans le présent, et si l’on cherche un dénominateur commun à l’expression contemporaine de ce cinéma français à la fois intéressant, populaire et rentable, c’est du côté de Noémie Lvovsky elle-même et de ses rôles récents qu’il faut le chercher. Consciente de ce qui se joue autour d’elle, il n’est pas étonnant de la voir intégrer dans son casting Les beaux gosses – Vincent Lacoste et Anthony Sonigo, mais aussi Riad Sattouf en réalisateur de film d’horreur – ainsi que Samir Guesmi, Michel Vuillermoz et l’incontournable Denis Podalydès tout droit sortis d’Adieu Berthe. La guerre est déclarée n’est pas loin non plus, dans la manière de s’appuyer sur le vécu pour conter une histoire, et la volonté de proposer au spectateur de sortir des sentiers (re)battus de la codification des genres qui voudraient qu’on ne traite les sujets graves que gravement et les sujets légers avec désinvolture.
La particularité de tous ces films, et Camille redouble en est l’exemple parfait, c’est qu’en s’appuyant sur le réel des situations et/ou des personnages, ils renvoient le spectateur vers son propre vécu. Sans oublier de lui raconter une histoire qui, aussi fantastique qu’elle puisse être – ce n’est pas un rêve, Camille voyage vraiment dans le temps – s’appuie sur des morceaux de vie qui font écho à la sienne. Et cette honnêteté fait un bien fou.

Camille redouble, de Noémie Lvovsky, France, 2012, avec Noémie Lvovsky, Samir Guesmi, Denis Podalydès, Vincent Lacoste…

1 L’exception notable étant le Supergrave de Greg Mottola.

2 Et à ce mouvement amorcé par Un monde sans pitié en 1989 qui posait un regard transversal et doux-amer sur le rapport de l’individu aux normes sociétales.

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Contagion de Steven Soderbergh http://enrevenantducinema.fr/2011/11/05/loeil-de-lempire/ http://enrevenantducinema.fr/2011/11/05/loeil-de-lempire/#respond Sat, 05 Nov 2011 18:45:38 +0000 http://enrevenantducinema.fr/?p=659 L’œil de l’empire

Le film déroule un programme minimum, il y a un virus, ça tue des gens, on cherche un vaccin, on le trouve, voilà c’est emballé. Il n’y … Lire la suite...

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L’œil de l’empire

Le film déroule un programme minimum, il y a un virus, ça tue des gens, on cherche un vaccin, on le trouve, voilà c’est emballé. Il n’y a rien d’autre dans ce film à part quelques vagues micros histoires que Steven Soderbergh ne se prend pas la peine de suivre, comme cette épidémiologiste qui se fait enlever, ou cet adepte des complots caricatural, le cinéaste n’en fait rien, n’invente rien. Peut-être son ambition est de nous emmener dans un mouvement de film de guerre contre la maladie mais il semble tellement peu convaincu par ce qu’il filme que le tout provoque un ennui profond et l’impression d’un vaste foutage de gueule. (Comme film de guerre contre la maladie, le film de Valérie Donzelli La guerre est déclarée est d’un intérêt autant supérieur que le coût du film est inférieur)
L’idée du virus c’est aussi la vision d’une mondialisation capitaliste où le virus se transmet très vite du fait des voyages, du commerce, etc. et des mains qui se serrent, en parallèle à la rumeur qui du fait d’internet se diffuse très vite. Ainsi il filme de nombreux endroits dans le monde mais ceux qui découvrent le remède restent des étasuniens parce que bon, il ne faut pas déconner, on veut bien aller voir ailleurs mais on est quand même les sauveurs de l’humanité.
Qu’est-ce que ça dit du monde ? Que tout est interconnecté, quelle révélation ! Demonlover qui n’était pourtant pas le meilleur film d’Olivier Assayas le disait beaucoup mieux.
Qu’est-ce que Contagion dit du cinéma ? Euh… vous avez une autre question ? On assiste à une accumulation de plans (là aussi en réponse à l’accumulation du capital ?) assez pauvres qui semblent ne jamais découler d’un choix, d’un point de vue, juste des images de nombreux lieux, comme issues de téléphones portables, filmés par des amateurs. On pourrait penser que c’est un travail sur l’impureté des images dans une grande machinerie hollywoodienne mais encore faudrait-il que ça crée quelque chose. Soderbergh, en petit malin qu’il est, se cache derrière l’idée de la disparition de l’auteur pour faire un film paresseux, sans regard, sans tension, sans scénario, sans un plan intéressant, sans une seule scène forte, l’esnemble est plutôt fluide mais ça tourne à vide.
Soderbergh reste dans sa position de démiurge, il filme la fin du monde en se cachant, il filme la mort qui se propage en ne s’impliquant à aucun moment, juste en y mettant beaucoup de frics, en faisant tourner des stars pour appâter le chaland.
Mais même les acteurs semblent perdus, Matt Damon, pouvant par sa seule présence apporter de la consistance à un film, fait le minimum de ce qu’il sait faire, Jude Law est assez mauvais mais il n’est pas aidé par le personnage ridicule qu’il doit jouer, seule Kate Winslet apporte un peu d’incarnation et de vie mais elle disparaît assez vite, éjectée du film pour on ne sait quelle raison. Prendre des acteurs aussi talentueux que Matt Damon, Gwyneth Paltrow, Laurence Fishburne… pour leur donner si peu à faire, pour les aimer si peu est vraiment un caprice de riche. Ainsi le véritable sentiment que dégage ce film sur la mondialisation est celle du fric triomphant et écrasant tout sur son passage.
On sait que Soderbergh aime alterner film de commande et film plus personnel, mais à la différence d’un Gus Van Sant mettant autant de sincérité et de passion dans Gerry que dans Will Hunting, Soderbergh tourne ses films de commande avec un air de « je suis au-dessus de ça » assez déplaisant par son dédain pour la chose filmée autant que pour le spectateur. Il est un cinéaste qui n’a pas l’honnêteté de faire quelque chose de son savoir-faire, ne voulant pas se salir les mains à travailler le spectacle, l’émotion et se retrouvant à ne rien faire du tout, il se cloître dans une posture de cinéaste post-moderne à distance de son film et de ses spectateurs, un cinéaste méprisable à force d’être méprisant.
Contagion de Steven Soderbergh, EU, 2011 avec Matt Damon, Laurence Fishburne, Kate Winslet, Jude Law…

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Les petits mouchoirs de Guillaume Canet http://enrevenantducinema.fr/2010/11/09/les-doigts-pleins-de-morve-2/ http://enrevenantducinema.fr/2010/11/09/les-doigts-pleins-de-morve-2/#comments Tue, 09 Nov 2010 21:29:09 +0000 http://enrevenantducinema.free.fr/?p=85  

Les doigts pleins de morve

Que dire sur LE succès commercial de cet automne…? Ben rien, sinon de passer votre chemin. Je n’ai vu que la fin de ces … Lire la suite...

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Les doigts pleins de morve

Que dire sur LE succès commercial de cet automne…? Ben rien, sinon de passer votre chemin. Je n’ai vu que la fin de ces deux heures trente de conformisme racoleur, et croyez-moi, j’ai pleuré comme une madeleine. A priori, pas pour les mêmes raisons que les spectateurs : j’ai pleuré que ce soit ce genre de film qui draine autant de monde dans les salles obscures. J’ai pleuré de voir ces acteurs sans surprises verser des larmes de crocodile dans une interminable scène d’enterrement filmée à la truelle et noyée de musique soul. J’ai pleuré, et j’ai repensé au cinéma français que j’aime mais qui peine à rencontrer son public.

Non, vraiment, si vous voulez voir un film avec François Cluzet qui parle d’amitié et de deuil, procurez-vous le DVD de Fin août, début septembre d’Olivier Assayas (photo) et régalez-vous.
Les petits mouchoirs de Guillaume Canet, Fr, 2010 avec François Cluzet, Marion Cotillard…

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