Les Hauts de Hurlevent d’Andrea Arnold

Un vent froid

Dans cette nouvelle adaptation des Hauts de Hurlevent, on ne peut reprocher à Andrea Arnold de faire des choix radicaux. Du roman d’Emily Bronté, elle se concentre sur l’amour de Heatchcliff pour Cathy. Nous sommes loin du hollywoodien et honnête Jane Eyre de Cary Fukunaga avec la vibrante Mia Wasikowska sorti en France cet été.
On comprend que le propos d’Andrea Arnold est de plonger dans la tête de Heatchcliff, tout est vu par ses yeux. Il y a souvent des raccords regards. Tout paraît resserré sauf lorsqu’on voit la nature. Il y a peu de dialogues, l’image est carrée, le plan paraît souvent saturé, beaucoup de gros plans sur les peaux, des animaux comme des humains, peu de profondeur de champ, de nombreuses scènes qui sont vues à travers des ouvertures, entre deux planches de bois, à travers une fenêtre, réduisant le cadre de l’image, c’est parfois très sombre, surtout dans la première partie, celle de l’enfance, donnant cette impression d’un univers étouffant, un sentiment de claustration, celui de l’amour impossible, ou seules les échappées sur la lande avec son amoureuse ouvre l’espace du cadre, permet une respiration. De même de nombreux gros plans sur des insectes symbolisent cet emprisonnement. Ce qui est astucieux c’est qu’on imagine Heatchcliff prisonnier de cette famille au frère violent alors qu’en fait il est prisonnier de son amour obsessionnel pour Cathy.
L’objet d’Andrea Arnold, ce n’est pas seulement l’amour, mais plus la passion amoureuse, dans le sens d’un absolu, tout est vu des yeux du héros, et ce qu’il voit est un espace atrophié, il ne voit pas les alentours, les autres possibilités. Plus qu’une histoire , c’est une histoire d’obsession et la mise en scène essaie de coller à cette obsession. Le point de vue est clinique. Nous avons l’impression d’être plongés dans cette vision mortifère mais nous ne sommes pas émus, nous ne ressentons par le feu.
Tout ça est très théorique, même si des plans sont très beaux, ceux de Heatchcliff et Cathy jeunes (Soloman Glave et Shannon Beer, puissants) jouant un jeu sensuel dans la boue, la luminosité de la campagne sous le vent, Andrea Arnold prend le temps de filmer une nuque, un visage qui se retourne lentement. On admire la beauté et l’élégance de l’ensemble mais on n’est pas vraiment touché, la passion est là mais elle froide, intellectuelle, heurtée. Un bel objet peut-être un peu vain mais avec des scènes puissantes qui s’impriment.
Les Hauts de Hurlevent, (Wuthering Heights) d’Andrea Arnold avec James Howson, Kaya Scodelario, Soloman Glave, Shannon Beer…

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