Steven Spielberg – en revenant du cinéma http://enrevenantducinema.fr Tue, 24 Apr 2018 20:15:36 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=4.9.8 Le Journal d’un Cinéphage – Épisode 1 (Janvier 2018) http://enrevenantducinema.fr/2018/02/01/journal-dun-cinephage-episode-1-janvier-2018/ http://enrevenantducinema.fr/2018/02/01/journal-dun-cinephage-episode-1-janvier-2018/#respond Wed, 31 Jan 2018 23:47:56 +0000 http://enrevenantducinema.fr/?p=2321

 

Cinéphiles, cinéphiles, mes chèr-e-s compatriotes,

Après vous avoir lâchement abandonné-e-s en plein milieu du bilan de l’année dernière, me voici de retour sur cet écran pour une énième tentative … Lire la suite...

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Cinéphiles, cinéphiles, mes chèr-e-s compatriotes,

Après vous avoir lâchement abandonné-e-s en plein milieu du bilan de l’année dernière, me voici de retour sur cet écran pour une énième tentative de rubrique régulière. Au menu de ce Journal d’un Cinéphage 1, heu… rien de bien original en fait : trois chroniques de films vus dans le mois, en l’occurrence un qui m’a laissé froid, un autre qui m’a réchauffé le cœur et un dernier qui a fait ressurgir, à son corps défendant, de bien vilaines frustrations cinéphiles. Et pour finir en beauté, un peu de placement de produit en lien avec ma plus grosse attente pour un mois de février qui s’annonce foutrement hallucinatoire.

 

Last Flag Flying de Richard Linklater, avec Steve Carell, Bryan Cranston et Laurence Fishburne

Face à Last Flag Flying, deux cas de figure : soit vous avez vu La Dernière corvée (The Last Detail, 1973), soit non. Hélas, j’appartiens à la première catégorie, et impossible d’aborder le nouveau film de Richard Linklater autrement qu’en le comparant à celui d’Hal Ashby. Basés tous deux sur des romans de Darryl Ponicsan, on comprend aisément que le réalisateur de Boyhood ait été attiré par le projet : les deux livres proposent, à 44 ans d’intervalle, une variation sur le même thème, soit trois personnages façonnés par l’armée et la guerre qui traversent les états-unis, mais à des époques différentes ; et si les protagonistes de Last Flag… ne sont pas exactement les même que ceux de The Last Detail, ils leur font écho par leur caractérisation et les années de plus au compteur.
Premier agacement : Dans le film de 1973, pur produit du Nouvel Hollywood, Ashby proposait un contre-champs assez déroutant à la guerre du Vietnam. Le road-movie traversait une Amérique fantomatique, sans repères après la guerre idéologique totale entre conservateurs réactionnaires et utopies libertaires qui s’est cristallisée autour du conflit, laissant au final les deux camps moribonds. Pas très original pour l’époque, me direz-vous ; sauf qu’en empruntant le regard de trois militaires de carrière désabusés qu’on aurait toutes les peines du monde à rattacher à l’un ou l’autre camp, le réalisateur proposait un éclairage pour le moins original. Et plus le film avançait, plus on prenait conscience de l’étendue des dégâts, avec un sentiment désagréable de gâchis et d’impuissance. Las, le film de Linklater a toute les peines du monde à confronter ses personnage à autre chose que la grande supercherie de la chose militaire, qu’ils vont d’ailleurs finir par embrasser à nouveau après l’avoir rejetée viscéralement en revenant du Vietnam. Et si le spectateur ressent à nouveau une impression de gâchis, c’est parce que le réalisateur a choisi de laisser hors-champs l’Amérique de George W. Bush que les personnage traversent sans jamais vraiment s’y confronter.
L’autre problème du film, c’est d’avoir casté Steve Carell. Soyons clairs : je trouve que c’est un acteur de comédie épatant, et je soutiens sans réserve ses incursions dans un registre plus sérieux 2 ; sauf lorsque ces deux aspects se télescopent. La séquence du train, où nos trois vétérans, hilares, partagent leurs souvenirs avec un jeune soldat, m’a fait littéralement décrocher du film. L’espace d’une scène, c’est le personnage débile que l’acteur incarnait avec brio dans les deux Anchorman d’Adam McQuay qui ressurgit, détruisant de fait la crédibilité de son jeu pour le reste du métrage. À côté de ça, même si la performance de Nicholson dans The Last Detail reste inégalée, celles de Bryan Cranston et Laurence Fishburne n’ont pas à rougir de la comparaison.

 

Pentagon Papers de Steven Spielberg, avec Meryl Streep et Tom Hanks

Le film se situe dans au début des années 70, mais nous ne sommes pas dupes : un président paranoïaque et roublard, la liberté de la presse menacée, le sempiternel combat entre le droit à l’information et le secret d’état, c’est de l’Amérique contemporaine qu’il s’agit. Avant de plonger au cœur du sujet, permettez-moi une petite digression. J’ai grandi dans les années 80, au milieu des blockbusters réalisés ou produits par Steven Spielberg. Ce qui explique à la fois une affection particulière pour le cinéma populaire étasunien et un rejet viscéral des premières velléités historicistes du réalisateur. Non, définitivement, l’idée saugrenue de filmer la Shoah en utilisant les codes du cinéma d’entertainment, ou la représentation du Débarquement en mode « la guerre comme si vous y étiez », très peu pour moi. Beaucoup d’eau aura coulé sous les ponts avant que je ne me laisse à nouveau séduire par son cinéma, jusqu’à ce que Lincoln enfonce le clou : Steven Spielberg est devenu un grand cinéaste américain, dont le regard compte autant que celui de Clint Eastwood.
Ce qui fascine d’emblée avec Pentagon Papers, c’est que le réalisateur refuse avec malice les codes du film de presse à l’américaine. Point de grandiloquence ici, le Post de Meryl Streep, dirigé par Tom Hanks, démarre la course au scoop avec une bonne longueur de retard, et n’entre réellement dans la danse qu’après les déboires judiciaires du New York Times. Et avec un tout petit peu d’opportunisme, pour ne rien gâcher. Spielberg préfère travailler en marge de son sujet, et s’il représente la contre-culture et les mouvements contestataires sous forme de clichés un tantinet agaçants, il accorde une place essentielle à ses personnages féminins. Évidement, il y a celui de Meryl Streep, qui va devoir s’émanciper de son temps et de son milieu en affrontant les fantômes de son père et de de son mari, leurs encombrantes amitiés politiques et une armada de conseillers mâles qui entendent lui dicter sa conduite. Comme on s’y attend, le personnage de Tom Hanks va l’accompagner dans cette quête, mais pas en la prenant par la main. C’est sa patronne, il travaille pour elle en tant que rédacteur en chef, et cette situation ne lui pose pas le moindre problème tant que chacun tient sa place. Et pour le coup, ce n’est pas l’expression du machisme de l’époque, bien au contraire : son personnage est le seul à ne pas la ramener à sa condition de femme, et s’il est aussi dur avec elle au début du film, c’est seulement qu’elle n’assume pas – encore – son rôle de patronne de presse. On passera sur quelques maladresses, comme cette stagiaire qui l’accompagne dans les couloirs du tribunal et l’admire un peu trop ouvertement, ou sur la haie d’honneur féminine qui l’escorte à sa sortie. Rappelons tout de même que le film a été mis en images plusieurs mois avant que l’affaire Weinstein n’éclate, au cas où des bien mal-pensants souhaiteraient taxer Spielberg d’opportunisme. Et cinématographiquement, quelle riche idée de nous avoir épargné la traditionnelle scène de procès. C’est dans la salle de rédaction que les journalistes apprendront, de la bouche de l’unique rédactrice du journal, le verdict de la Cour Suprême. Une scène magnifique, du même tonneau que la conclusion de Lincoln.

 

Fireworks, d’Akiyuki Shimbo et Nobuyuki Takeuchi

Tiens, puisque je parlais plus haut de découvrir un film à travers le prisme d’un autre, la sortie française de Fireworks résume assez bien le chemin de croix de l’amateur de cinéma japonais contemporain. Entendons-nous bien : je n’ai rien ni contre le film d’Akiyuki Shimbo et Nobuyuki Takeuchi, ni contre son distributeur, la société Eurozoom qui a toujours été un grand défricheur dans ce domaine. Le problème, c’est qu’ils doivent se sentir bien seuls. Très à la mode au mitan des années 90, avec en fer de lance les œuvres de Kitano et du studio Ghibli, on constate, vingt et quelques années plus tard, que le vent a tourné. Le cinéma Coréen l’a progressivement supplanté dans le cœur des distributeurs – et donc, des spectateurs –, et aujourd’hui, on se retrouve dans une situation pour le moins embarrassante : le seul cinéma japonnais qu’on peut voir sur grand écran est totalement déconnecté de ce qui se passe là-bas. Pour limiter les risques, les distributeurs misent sur les vieilles gloires festivalières qui, à l’exception du prolifique Kiyoshi Kurosawa, n’ont plus grand-chose d’intéressant à dire sur leur époque et leur pays. Vous trouvez que j’exagère ? Sérieusement, Naomi Kawase a-t-elle fait un bon film depuis l’envoûtant Shara ? Le nombrilisme kitanienne intéresse encore quelqu’un ? Doit-on réduire l’animation japonaise au moralisme takahatien, qui, depuis quelques années, a contaminé le cinéma de son coreligionnaire et celui des « héritiers » du studio Ghibli, Mamoru Hosoda en tête ?
Vous allez me dire, c’est la dure loi de la distribution : si on met de côté les cinématographies qui rapportent (en gros, le francophone européen et l’étasunien), le nombre de créneaux qui restent pour le tiers-monde du septième art (Amérique du sud, Asie, Afrique, Europe) est sacrément limité et incite à la prudence. Résultat des courses, la poignée de doux-dingues qui s’intéresse au cinéma japonais d’aujourd’hui n’a plus qu’à se tourner vers le marché de la vidéo. Mouais, sauf que là aussi, c’est un peu la misère. À l’exception des pachydermes sus-cités, peu de films originaux sortent chez-nous, et pas forcément dans les meilleures conditions. Non, franchement, pour avoir une idée de la production récente, il vaut mieux sortir son dico et traverser la Manche ou – et dieu sait que ça me fait mal de le dire – se rabattre sur le téléchargement illégal.
Mais revenons à nos moutons. À ma grande surprise, j’ai découvert dans Les Cahiers du Cinéma 3 que Fireworks était en fait le remake d’un téléfilm des années 90, encore très populaire au pays du soleil levant. Mieux, la séquence centrale du métrage, celle de la gare où les rêves adolescents viennent se fracasser sur la réalité du monde adulte, est une reprise plan par plan de l’original. Voilà. Comment, c’est tout ? Oui, sauf que ce n’est pas la première fois : il y a deux ans, j’ai découvert que le très sympathique Hana et Alice mènent l’enquête de Shunji Iwai, distribué par… Eurozoom, évidement, était en fait le prequel d’un film live de 2004, les deux actrices d’origine prêtant leurs voix aux doubles animés de leurs personnages. Inutile de préciser qu’il n’est jamais sorti chez nous, du moins légalement, et qu’il apporte un éclairage et une profondeur essentiels au film de 2016.
Sinon, bien qu’un cran en dessous de Your Name, Fireworks travaille avec bonheur les même thématiques, celles de la confrontation du temps réel aux « autres temps », qu’ils surgissent du passés ou, comme ici, qu’ils appartiennent aux chemins non empruntés du présent. Et croyez-moi, c’est autrement plus passionnant que la nostalgie réactionnaire du dernier Miyazaki 4.

Un peu de merchandising :

Connaissez-vous les univers joyeusement vénéneux de Bertrand Mandico ? En attendant avec une impatience folle la sortie en salle de son premier long-métrage le mois prochain (voir bande-annonce ci-dessous), et d’ici à ce qu’un éditeur nous propose une belle édition d’Hormona que j’ai lamentablement raté il y a deux ans, c’est le moment idéal pour se plonger dans ses premières œuvres. Pour une somme modique, vous pouvez acquérir un double DVD malicieusement appelé Mandico in the Box qui renferme, sinon son âme, au moins quelques aspects de sa personnalité déjantée. Les courts-métrages du réalisateurs sont d’une beauté proprement foudroyante et ouvrent tout un tas de portes dérobées sur l’autoroute de la cinéphilie mainstream. Bref, Mandico in the Box, c’est indispensable – et toujours disponible chez l’éditeur, Malavida, ce qui ne saurait durer !

Prochainement sur cet écran :

 

1 Toute ressemblance avec un fanzine moribond consacré au cinéma de genre n’est bien évidement pas fortuite pour un sou.
2 Il est épatant dans le Foxcatcher de Benett Miller, aux côtés de Channing Tatum et Mark Ruffalo.
3 Les Cahiers du Cinéma n°740 – janvier 2018, p.43. Sur le foisonnement du jeune cinéma japonais, on se reportera à l’état des lieux dressé par Stéphane du Mesnildot dans le n°715 (octobre 2015).
4 C’est ce qu’on appelle l’art de se faire des ami-e-s !

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Le blues du critique (épisode 7) http://enrevenantducinema.fr/2013/10/06/le-blues-du-critique-episode-7/ http://enrevenantducinema.fr/2013/10/06/le-blues-du-critique-episode-7/#comments Sun, 06 Oct 2013 12:47:31 +0000 http://enrevenantducinema.fr/?p=1777 Il y a quelque chose de pourri au royaume des blockbusters

On ne le répétera jamais assez : le cinéma va mal. L’argent ne rentre plus dans les caisses et les … Lire la suite...

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JawsIl y a quelque chose de pourri au royaume des blockbusters

On ne le répétera jamais assez : le cinéma va mal. L’argent ne rentre plus dans les caisses et les majors Hollywoodiennes n’arrivent pas à trouver de parade efficace. Après avoir enfumé son monde avec la 3D à la fin des années 2000*, nous observons un repositionnement stratégique autour de deux types de films : le petit budget et le blockbuster rutilant. Sacrifiant au passage les « films du milieu » pourtant indispensable au renouvellement de la créativité, mais comme diraient les petits gars de Goldman Sachs, pourquoi miser sur l’avenir alors qu’on peut s’assurer des profits à court terme ?
Il existe deux types de petits budgets : les films tourné dans un garage avec les sous de son livret A et les films calibrés pour Sundance, la Mecque du cinéma « indépendant ». Les premiers permettent occasionnellement de lancer une franchise extrêmement rentable – en vantant le budget microscopique… par une promotion gargantuesques (Paranormal Activity). Les seconds, produits et/ou distribués par des filiales,  permettent de s’acheter une conscience artistique pour pas grand choses en croisant les doigts pour que leur poulain se transforme en sleeper, un succès que personne n’a vu venir qui assure sa propre publicité grâce au bouche à oreille (Little miss sunshine). Même si ça reste d’agréables bonus, les majors étasuniennes ne peuvent pas se reposer sur ces films pour assurer leurs stabilité financière. Depuis le milieu des années 70, ils se sont tourné vers un autre genre de productions calibrées pour engranger un maximum de dollars : les blockbusters.

The-Dark-Knight-afficheMais au fait, c’est quoi un blockbuster ? Excellente question, je vous remercie de l’avoir posée. C’est un long-métrage conçu pour en mettre plein la vue aux spectateurs – comprendre « doté un budget de production confortable » – dont on va assurer la promotion à coup de millions de dollars pour être bien sûr que les spectateurs sus-cités soient au rendez-vous. Depuis Les dents de la mer (1975), considéré comme le premier de l’histoire, on constate une augmentation exponentielle des budgets qui se base sur un principe discutable : plus le spectateur sera impressionné visuellement, plus il aura envie de revenir. Mouais. Le problème engendré est double : déjà, les studios ont de moins en moins de marge de manoeuvre et misent leur santé financière à chaque sortie. On se rappelle tous le succès colossal de The Dark Knight de Christopher Nolan (2008) qui rapporta à la Warner 1 milliard de dollars pour un budget initial de 185 millions. Bon, d’accord, sans prendre en compte la part de recettes revenant aux exploitants et le budget alloué à la promotion du film mais ça reste malgré tout une très belle opération. Qui a juste permis d’éponger les pertes colossales du Speed Racer des Wachowski sorti quelques mois plus tôt (94 millions de recettes pour un budget de production estimé à 120, ouch). J’en profite pour rappeler qu’Hollywood ne fonctionne pas selon un modèle associatif : c’est une vaste entreprise capitaliste qui doit faire des bénéfices et pas juste rembourser les sommes investies. Autre exemple qui reste dans toutes les mémoires : la MGM qui, même si elle possède les droits de la franchise la plus longue et la plus rentable de l’histoire du cinéma – James Bond – a été plusieurs fois au bord du dépôt de bilan et a failli annuler le tournage de Skyfall. Et je ne parle pas de Disney ! Enfin, je n’en parle pas tout de suite mais nous y reviendrons sûrement.

kassovitzConséquence directe des risques financiers et de la baisse de la fréquentation, la castration artistique des œuvres. Plus le budget d’un film est important, plus il y aura de « costumes-cravates » issus des départements juridiques et financiers du studio sur le tournage, remettant en question le moindre choix du réalisateur en fonction de deux critères : le coût et ce que le public attend. Enfin, ce qu’il est sensé attendre d’après des enquêtes statistiques très poussées. Si les metteurs en scène étasuniens ont l’habitude de travailler dans ces conditions, ce n’est pas le cas des nombreux expatriés accueillis à bras ouvert parce qu’ils ont fait des étincelles dans leurs pays d’origine… et parce qu’ils sont moins chers que leurs homologues américains. On se remémorera les images de la première d’Alien resurrection de notre Jean-Pierre Jeunet national (1997) qui portait toute la misère du monde sur son visage et jurait qu’on ne l’y reprendrait plus. Et je vous conseille fortement Fucking Kassovitz, un documentaire qui revient sans langue de bois sur les déboires du frenchy pendant la production de Babylon A.D. en 2008 (vous trouverez la vidéo ICI mais les passages en anglais ne sont pas sous-titrés).
Autre tendance de plus en plus marquée : le délaissement des histoires originales au profit d’un matériau pré-existant, que ce soit un livre, un comic-book ou… un autre film. Et si en plus on peut en tirer une franchise bien juteuse, c’est top. L’idée sous-jacente est simple : proposer au spectateur potentiel un cadre qu’il connaît, donc rassurant – et faire des économies de promotion au passage. Ceci explique le déferlement de suites, remakes, reboots et adaptations en tout genre qui inondent nos écrans au détriment de ce qu’Hollywood risque de payer très cher ces prochaines années : la créativité. Pire, en souhaitant maximiser le public potentiel, on constate une autocensure assez imbécile qui pousse les blockbusters à ne plus sortir du cadre étriqué du PG-13. Ce n’est pas, comme on pourrait le croire, une interdiction en salle aux mineurs de moins de 13 ans mais un simple avertissement à l’adresse des parents. Pour faire simple, ça veut dire que le film contient quelques gros mots, que des personnages boivent et/ou fument, qu’on peut apercevoir subrepticement un bout de sein ou de fesse, bref pas de quoi brûler un multiplexe sur l’autel de la bienséance. Le problème, c’est qu’on a vu débarquer une flopée de films d’horreur ou d’action à gros budget estampillés PG-13 plus frustrant les uns que les autres avec leur retenue politiquement correcte et leur manque d’ambition graphique. Le virage tragique pris par la carrière de Tim Burton à l’orée des années 2000 en est une parfaite illustration et si Steven Spielberg se pointait aujourd’hui avec le script des Dents de la mer sous le bras, il se ferait gentiment claquer la porte au nez.
Allez, ça sera tout pour aujourd’hui. Dans le prochain épisode, nous reviendrons sur une poignée de blockbusters sortis ces derniers mois, histoire d’illustrer tout ça avec des exemples concrets. D’ici là, n’oubliez-pas d’aller au cinéma, il en a bien besoin…

* Une « révolution » qui, à deux ou trois films près, n’aura servi qu’à trafiquer des résultats déjà mal en point et à priver l’adolescent timide d’un classique de la drague. Celles et ceux qui ont essayé de se galocher avec des lunettes actives sur le nez savent de quoi je parle.

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Le blues du critique (épisode 1) http://enrevenantducinema.fr/2011/10/20/le-blues-du-critique-episode-1/ http://enrevenantducinema.fr/2011/10/20/le-blues-du-critique-episode-1/#respond Wed, 19 Oct 2011 22:56:17 +0000 http://enrevenantducinema.fr/?p=597 « Quand tu regardes au fond de l’abysse, l’abysse aussi regarde au fond de toi » (F. Nietzsche)

Bon, ça aussi ça devait arriver. Après « l’incident Drive » où pour … Lire la suite...

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« Quand tu regardes au fond de l’abysse, l’abysse aussi regarde au fond de toi » (F. Nietzsche)

Bon, ça aussi ça devait arriver. Après « l’incident Drive » où pour une fois nous n’étions pas d’accord avec Baptiste, me voilà confronté à l’angoisse de la feuille blanche. C’est ça aussi, de s’imposer des choses : se laver les dents après chaque repas, lire au moins dix minutes avant de dormir, et écrire un article le 9, le 19 et le 29 de chaque mois. Jusqu’ici, ça fonctionnait bien, mais nous sommes le 19 octobre, il est 23 heures, je ne sais pas encore de quoi je vais bien pouvoir parler.
En tout cas, pas de cinéma, je viens d’y passer dix heures, alors merci bien ! Ah oui, j’ai oublié de le préciser, je suis projectionniste. Un conseil, si vous aimez le cinéma, ne travaillez pas dedans. Ni autour, d’ailleurs. C’est bien simple, je n’ai plus le temps d’aller voir les films en salle. Et encore, j’ai de la chance, je suis au bout de la chaîne. Une amie à moi bosse comme assistante réalisation, et je n’ose plus lui demander si untel ou unetelle est quelqu’un de bien. Finalement, elle s’est reconverti dans l’animation. « On est vachement moins en contact avec les cons », me dit-elle. Moi par contre… « Et il est bien, La guerre des bouffons ? Moi j’aime bien les films de Mathilde Seigner! Et pis Guillaume Canet, il est bien aussi. Ah, Les petits mouchoirs, c’est drôlement bien fichu! Vous avez aimé ? ». On s’entend répondre machinalement « Les gens avaient l’air content en sortant du film ». Ne jamais mordre la main qui vous nourrit, c’est la règle. Vive le travail, il fait la fortune des psychiatres ! Non docteur, inutile d’insister, vous n’aurez pas mon argent. Moi, pour ne pas imploser, je regarde des DVD toute la nuit et j’écris dans un blog.
L’autre jour j’ai reçu mes impôts locaux. J’ai toujours autant de mal avec la redevance, ça fait bien dix ans que mon téléviseur n’est plus relié à l’antenne. Mais j’ai découvert cette année qu’elle finançait également Radio France, et ça, j’écoute. L’idée que mon chèque puisse se retrouver dans l’escarcelle de Mermet ou d’Angelier, ça ferait presque passer la pilule.
En parlant de Mauvais Genres, je suis tombé il y a quelques jours sur une émission consacrée à Samuel Fuller. Philippe Rouyer et Jean-Baptiste Thoret revenaient sur l’auto-biographie de cet immense réalisateur, enfin disponible chez-nous, et je me suis rendu compte que j’ignore presque tout de ses films. Sauf un, The Big Red One (affreusement traduit par Au-delà de la gloire), dont je ne connais pour l’instant que la version charcutée par les studios. Mais quel putain de film. A tous les marioles qui encensent la carrière d’Harrison Ford en la comparant à celles des autres acteurs de Star Wars, je répond que Mark Hamill a joué dans The Big Red One, et que ça enfonce toute la filmographie de l’autre charpentier. Dans ce long-métrage un peu oublié de 1980, Fuller répondait à une question essentielle : comment montrer l’impensable à ceux qui n’y étaient pas1 ? Tout simplement en cadrant les soldats du point de vue de l’horreur qu’ils découvrent dans les camps. En laissant autant que possible l’inimaginable hors champ, à la place même des spectateurs qui regardent le film. Magistral. De nos jours, on a Spielberg et son manteau rouge ou Spielberg et son débarquement « comme si vous y étiez ». Ça aura au moins eu le mérite de sortir Terrence Malick de sa retraite…
Ce matin, lorsque j’ai vu le temps pluvieux, je me suis dit qu’elle allait être sacrément longue, cette journée. Mais dans la boîte aux lettres il y avait un paquet. Et dans ce paquet, un double DVD et un livre. The Big Red One en version longue, et Un troisième visage, l’auto-biographie de Fuller. Le bouquin m’a aidé à tenir le coup pendant ces dix heures interminables, et là il va falloir que je vous laisse. J’ai un chef-d’œuvre à re-découvrir.

1 Samuel Fuller a servi dans la première compagnie d’infanterie américaine, la célèbre Big Red One, qui fut de toutes les grandes batailles européennes entre 1942 et 1945. Il était présent à la libération du camp de Falkenau (Tchécoslovaquie), et en ramena des images en 16 mm qui furent utilisées plus tard dans un documentaire.

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Super 8 de J. J. Abrams http://enrevenantducinema.fr/2011/08/29/back-in-time/ http://enrevenantducinema.fr/2011/08/29/back-in-time/#comments Mon, 29 Aug 2011 14:26:17 +0000 http://enrevenantducinema.fr/?p=421

Back in time

Ça vous dirait un petit retour aux années 80 ? Rassurez-vous, je ne vous parle pas de variétoche insipide ou de look à base de gel et de … Lire la suite...

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Back in time

Ça vous dirait un petit retour aux années 80 ? Rassurez-vous, je ne vous parle pas de variétoche insipide ou de look à base de gel et de couleurs fluos, mais d’un pan du cinéma populaire américain qui alliait intelligemment « entertainment », émotion et imagination… C’est le voyage que nous propose Super 8, la belle surprise dans le flot des blockbusters en carton de l’été…

Il était une fois un grand monsieur très très riche. Au sommet de sa gloire, il décida d’aider ses potes réalisateurs qui avaient un peu plus de mal à concrétiser leurs rêves les plus fous. Il profita donc de sa notoriété et d’un sens des affaires aiguisé pour produire une poignée de longs-métrages qui marquèrent à jamais une génération de gamins dont votre serviteur. Ce grand bonhomme ? Steven Spielberg. Ces pellicules féeriques ? Retour vers le futur, Gremlins, Le secret de la pyramide, Les Goonies, Qui veut la peau de Roger Rabbit et L’aventure intérieure.
De nos jours, à Hollywood, la prise de risque et l’originalité ont fait place aux remakes, prequels, suites à rallonge et autres reboots, et les doux dingues se sont soit fondus dans la masse – Spielberg, Zemekis –, soit retrouvés aphones dans une industrie qui ne veut plus en entendre parler*. Seulement, de la même manière que cette génération revendique l’héritage du fantastique des années 50, certains réalisateurs quarantenaires ne cessent de clamer leur dette à ces « popcorn movies » des années 80. Parmi eux, J.J. Abrams accomplit un rêve de gosse en réalisant ce Super 8 sous la houlette de Steven Spielberg himself qui, si il n’a rien réalisé dans cette veine depuis Jurassic Park, a continué de produire des films recommandables comme les Men In Black de Sonnenfeld ou les Zorro de Martin Campbell.
Abrams était considéré jusque là comme un solide artisan et un bon scénariste, alliant des idées originales – Lost – à un sens de la narration d’une rare efficacité – Mission Impossible III. Produit de son époque, il travaille dans ce qui se fait aujourd’hui, que ce soit une suite ou le reboot d’une franchise mythique : Star Trek. Avec Super 8, il entre dans la cours des grands en proposant un film étrangement bicéphale, avec d’un côté l’histoire d’un groupe de collégiens qui tournent un film d’horreur en 8mm avec des effets spéciaux approximatifs, et de l’autre un vrai film de monstre à gros budget, avec images de synthèse, poursuites spectaculaires et scènes chocs. Fort heureusement, c’est la première composante qui prime. On retrouve un souffle narratif et une manière d’incarner les personnages que l’on n’avait pas vus depuis longtemps, puisque ce sont leurs émotions qui sont au premier plan. Et des émotions, Joe et Alice – magistralement interprétée par Elle Fanning – vont en vivre un paquet tout au long du métrage. Dès le début, ils partageant le même vide laissé par leurs mères absentes, ce qui va les rapprocher progressivement malgré leurs pères, totalement déboussolés et incapables de jouer le rôle de parent unique. On suit ainsi le parcours et l’évolution de ces deux « couples » de personnages qui vont apprendre à se faire confiance, à surmonter l’absence et à combler au mieux ce vide qui les ronge. On retrouve ainsi la patine douce-amère qui habitait le Gremlins de Joe Dante et qui rendait le cinéma de cette période si intéressant : créer de la fantaisie, parler à l’enfant en chacun de nous, faire du divertissement ? D’accord, mais sans oublier d’ancrer ces histoires dans une réalité cruelle, autour de personnages que la vie n’a pas épargnés. Et ne jamais oublier que ce sont eux le cœur de l’histoire.

L’autre composante du film, la créature et les scènes spectaculaires, est moins réussie : les nouvelles technologies utilisées ici à coup de millions de dollars nous sortent violemment de l’intimité des personnages et se marient mal avec le reste du film. Le décalage s’estompe progressivement mais le spectateur nostalgique que je suis a eu du mal à ne pas décrocher lors de ces scènes. Il regrette amèrement le temps où les trucages mécaniques et les maquillages approximatifs avaient encore la part belle, et où l’usage des fonds bleus ou verts n’était pas systématique. Mais ce n’est pas dans le sens de l’histoire, j’en ai peur…

* Comme l’immense Joe Dante dont le dernier film « The hole », tourné en 2009, n’est non seulement pas sorti en salle chez nous, mais n’a même pas eu droit à une édition vidéo.

Super 8 de J. J. Abrams, EU, 2011, avec Kyle Chandler, Joel Courtney, Elle Fanning, Ron Eldar

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Retour sur Terre

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Retour sur Terre

On connait l’importance de la lumière pour Clint Eastwood, et on a l’impression qu’il a choisit de filmer le mauvais scenario d’Au delà juste pour pouvoir jouer avec la lumière, la photo dans Paris, Londres ou San Francisco, comme il avait peut-être choisit de tourner Invictus pour l’Afrique du Sud, pour filmer des matchs de rugby plus que pour illustrer une histoire sentencieuse et sans grand intérêt. Ainsi la lumière est somptueuse, des rues et des intérieurs parisiens aux ruelles de Londres évoquant Dickens, la mise en scène est comme toujours fluide, élégante et discrète par contre l’histoire, contant en parallèle trois destins confrontés à l’idée de la mort et à ce qui s’ensuit, manque de puissance, la partie française est très faiblarde et déséquilibre le film, à certains moments Eastwood semble ne pas avoir grand chose à filmer.
Une autre hypothèse pour expliquer le choix de ce scénario est qu’il permet à Eastwood de s’amuser à travailler sur les terres d’autres cinéastes américains, l’impressionnante séquence d’ouverture du Tsunami ainsi que l’attentat dans le métro pourraient figurer dans un film de Steven Spielberg (en outre producteur du film). Difficile aussi de ne pas penser à Night Shyamalan pour toute la partie américaine sur ce médium qui communique avec les morts, la scène où George découvre le secret de Mélanie évoque celle où l’enfant parle à sa mère de sa grand-mère morte dans le Sixième sens, de même George refusant son don, et ayant des visions en touchant les mains de ceux qu’il croise rappelle nettement le personnage incarné par Bruce Willis dans Incassable.
Si cette partie américaine où l’on retrouve l’inquiétante étrangeté de Shyamalan est la plus forte, l’ensemble est claudiquant parce que Eastwood contrairement à Spielberg et Shyamalan n’est pas un cinéaste mystique, il semble vouloir aborder le sujet de la mort d’une façon non religieuse voire scientifique, même si le ciel est très présent, mais ça ne donne pas grand chose cinématographiquement, il y a justement pas d’au-delà chez lui, Eastwood est avant tout un cinéaste terrien, un cinéaste de la boue, un cinéaste sachant filmer les corps, les visages, les émotions humaines comme pour cette superbe scène de confidences pendant les cours de cuisine, où en quelques plans sur une bouche ouverte attendant de la nourriture, il filme une des scènes les plus sexuelles et les plus troublantes qui soit, portée par les deux grands comédiens que sont Matt Damon et Bryce Dallas Howard. De même le personnage de la mère alcoolique est fort et touchant et ses échanges avec ses enfants sont justes et émouvants.
Quand il s’arrête sur ce qui se passe entre deux corps, quand il cherche ce qui vibre entre deux êtres, entre deux comédiens, on retrouve la puissance du cinéaste. Finalement Eastwood continue de plus s’intéresser à la vie qu’à la mort, ça fait peut-être un film bancal mais c’est rassurant.
Au-delà (Hereafter) de Clint Eastwood, EU, 2010 avec Matt Damon, Cécile de France…

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