A la recherche du bon équilibre
Jason Reitman est le cinéaste qui a commis Juno, ce film tellement cool qu’il en devenant gluant, cachant son conformisme derrière une rébellion bon marchée. Son nouveau film n’était pas attendu sur En revenant du cinéma avec un grand enthousiasme. À l’univers coloré de Juno succéde la grisaille de Minneapolis et on comprend vite que le réalisateur a voulu changer, devenir adulte, qu’il a choisi un personnage dur, triste, une mise en scène qui se veut épurée avec un rythme lent et contemplatif, comme s’il voulait faire ce film contre son premier, comme si la guimauve de Juno lui collait aux doigts, ce qui prouve au moins une certaine lucidité. Ainsi ce personnage d’écrivaine paumée, retournant dans la ville où elle a grandi, se retrouvant face aux personnages cools qui auraient pu être les héros de Juno.
Jason Reitman donne l’impression de filmer contre ses personnages, entre les habitants d’une petite ville forcément ploucs, bêtement heureux, et cette écrivaine de la grande ville, narcissique et vide, qu’heureusement à aucun moment il ne cherche à sauver dans une fin réconciliatrice attendue mais qui ne vient pas. Le projet est intéressant mais n’est pas très sympathique, on sent un léger cynisme dans la distance qu’il met entre lui et ceux qu’il filme. L’histoire manque d’originalité, la mise en scène est plate, plan large pour isoler le personnage et mettre en avant sa solitude, gros plan sur les petits gestes pour montrer l’enfermement dans le quotidien, sinon il tourne caméra à l’épaule pour faire cinéma indépendant étasunien. Jason Reitman ne s’implique pas, il rend une copie scolaire. On sent qu’il voudrait s’approcher d’un Noah Baumbach (et par exemple du très beau Greenberg), d’une Sofia Coppola ou d’une Kelly Reichardt (celle de Wendy et Lucy), mais il est loin d’avoir la même force qu’eux au niveau mise en scène, ni d’avoir la même justesse dans le regard, il n’accompagne pas ceux qu’il filme, il les regarde de loin, de haut.
Seules les scènes entre l’héroïne Mavis et Matt (incarnés par Charlize Theron, impliquée et Patton Oswalt, très bien, vu entre autres dans la série United States of Tara, Jason Reitman a un certain talent dans la direction d’acteurs) montrent ce que l’auteur semble avoir voulu faire. Leur relation tient la route, leur mauvaise humeur touche, les ficelles sont déjà vues mais les acteurs permettent que ce qui se passe entre eux ne soit pas anecdotiques comme le reste du film.
Young adult de Jason Reitman, EU, 2012 avec Charlize Theron, Patton Oswalt, Patrick Wilson…
Je suis désolé, j’ai trouvé ce film médiocre.