Hors-champ – en revenant du cinéma http://enrevenantducinema.fr Tue, 24 Apr 2018 20:15:36 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=4.9.8 Le blues du critique (épisode 7) http://enrevenantducinema.fr/2013/10/06/le-blues-du-critique-episode-7/ http://enrevenantducinema.fr/2013/10/06/le-blues-du-critique-episode-7/#comments Sun, 06 Oct 2013 12:47:31 +0000 http://enrevenantducinema.fr/?p=1777 Il y a quelque chose de pourri au royaume des blockbusters

On ne le répétera jamais assez : le cinéma va mal. L’argent ne rentre plus dans les caisses et les … Lire la suite...

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JawsIl y a quelque chose de pourri au royaume des blockbusters

On ne le répétera jamais assez : le cinéma va mal. L’argent ne rentre plus dans les caisses et les majors Hollywoodiennes n’arrivent pas à trouver de parade efficace. Après avoir enfumé son monde avec la 3D à la fin des années 2000*, nous observons un repositionnement stratégique autour de deux types de films : le petit budget et le blockbuster rutilant. Sacrifiant au passage les « films du milieu » pourtant indispensable au renouvellement de la créativité, mais comme diraient les petits gars de Goldman Sachs, pourquoi miser sur l’avenir alors qu’on peut s’assurer des profits à court terme ?
Il existe deux types de petits budgets : les films tourné dans un garage avec les sous de son livret A et les films calibrés pour Sundance, la Mecque du cinéma « indépendant ». Les premiers permettent occasionnellement de lancer une franchise extrêmement rentable – en vantant le budget microscopique… par une promotion gargantuesques (Paranormal Activity). Les seconds, produits et/ou distribués par des filiales,  permettent de s’acheter une conscience artistique pour pas grand choses en croisant les doigts pour que leur poulain se transforme en sleeper, un succès que personne n’a vu venir qui assure sa propre publicité grâce au bouche à oreille (Little miss sunshine). Même si ça reste d’agréables bonus, les majors étasuniennes ne peuvent pas se reposer sur ces films pour assurer leurs stabilité financière. Depuis le milieu des années 70, ils se sont tourné vers un autre genre de productions calibrées pour engranger un maximum de dollars : les blockbusters.

The-Dark-Knight-afficheMais au fait, c’est quoi un blockbuster ? Excellente question, je vous remercie de l’avoir posée. C’est un long-métrage conçu pour en mettre plein la vue aux spectateurs – comprendre « doté un budget de production confortable » – dont on va assurer la promotion à coup de millions de dollars pour être bien sûr que les spectateurs sus-cités soient au rendez-vous. Depuis Les dents de la mer (1975), considéré comme le premier de l’histoire, on constate une augmentation exponentielle des budgets qui se base sur un principe discutable : plus le spectateur sera impressionné visuellement, plus il aura envie de revenir. Mouais. Le problème engendré est double : déjà, les studios ont de moins en moins de marge de manoeuvre et misent leur santé financière à chaque sortie. On se rappelle tous le succès colossal de The Dark Knight de Christopher Nolan (2008) qui rapporta à la Warner 1 milliard de dollars pour un budget initial de 185 millions. Bon, d’accord, sans prendre en compte la part de recettes revenant aux exploitants et le budget alloué à la promotion du film mais ça reste malgré tout une très belle opération. Qui a juste permis d’éponger les pertes colossales du Speed Racer des Wachowski sorti quelques mois plus tôt (94 millions de recettes pour un budget de production estimé à 120, ouch). J’en profite pour rappeler qu’Hollywood ne fonctionne pas selon un modèle associatif : c’est une vaste entreprise capitaliste qui doit faire des bénéfices et pas juste rembourser les sommes investies. Autre exemple qui reste dans toutes les mémoires : la MGM qui, même si elle possède les droits de la franchise la plus longue et la plus rentable de l’histoire du cinéma – James Bond – a été plusieurs fois au bord du dépôt de bilan et a failli annuler le tournage de Skyfall. Et je ne parle pas de Disney ! Enfin, je n’en parle pas tout de suite mais nous y reviendrons sûrement.

kassovitzConséquence directe des risques financiers et de la baisse de la fréquentation, la castration artistique des œuvres. Plus le budget d’un film est important, plus il y aura de « costumes-cravates » issus des départements juridiques et financiers du studio sur le tournage, remettant en question le moindre choix du réalisateur en fonction de deux critères : le coût et ce que le public attend. Enfin, ce qu’il est sensé attendre d’après des enquêtes statistiques très poussées. Si les metteurs en scène étasuniens ont l’habitude de travailler dans ces conditions, ce n’est pas le cas des nombreux expatriés accueillis à bras ouvert parce qu’ils ont fait des étincelles dans leurs pays d’origine… et parce qu’ils sont moins chers que leurs homologues américains. On se remémorera les images de la première d’Alien resurrection de notre Jean-Pierre Jeunet national (1997) qui portait toute la misère du monde sur son visage et jurait qu’on ne l’y reprendrait plus. Et je vous conseille fortement Fucking Kassovitz, un documentaire qui revient sans langue de bois sur les déboires du frenchy pendant la production de Babylon A.D. en 2008 (vous trouverez la vidéo ICI mais les passages en anglais ne sont pas sous-titrés).
Autre tendance de plus en plus marquée : le délaissement des histoires originales au profit d’un matériau pré-existant, que ce soit un livre, un comic-book ou… un autre film. Et si en plus on peut en tirer une franchise bien juteuse, c’est top. L’idée sous-jacente est simple : proposer au spectateur potentiel un cadre qu’il connaît, donc rassurant – et faire des économies de promotion au passage. Ceci explique le déferlement de suites, remakes, reboots et adaptations en tout genre qui inondent nos écrans au détriment de ce qu’Hollywood risque de payer très cher ces prochaines années : la créativité. Pire, en souhaitant maximiser le public potentiel, on constate une autocensure assez imbécile qui pousse les blockbusters à ne plus sortir du cadre étriqué du PG-13. Ce n’est pas, comme on pourrait le croire, une interdiction en salle aux mineurs de moins de 13 ans mais un simple avertissement à l’adresse des parents. Pour faire simple, ça veut dire que le film contient quelques gros mots, que des personnages boivent et/ou fument, qu’on peut apercevoir subrepticement un bout de sein ou de fesse, bref pas de quoi brûler un multiplexe sur l’autel de la bienséance. Le problème, c’est qu’on a vu débarquer une flopée de films d’horreur ou d’action à gros budget estampillés PG-13 plus frustrant les uns que les autres avec leur retenue politiquement correcte et leur manque d’ambition graphique. Le virage tragique pris par la carrière de Tim Burton à l’orée des années 2000 en est une parfaite illustration et si Steven Spielberg se pointait aujourd’hui avec le script des Dents de la mer sous le bras, il se ferait gentiment claquer la porte au nez.
Allez, ça sera tout pour aujourd’hui. Dans le prochain épisode, nous reviendrons sur une poignée de blockbusters sortis ces derniers mois, histoire d’illustrer tout ça avec des exemples concrets. D’ici là, n’oubliez-pas d’aller au cinéma, il en a bien besoin…

* Une « révolution » qui, à deux ou trois films près, n’aura servi qu’à trafiquer des résultats déjà mal en point et à priver l’adolescent timide d’un classique de la drague. Celles et ceux qui ont essayé de se galocher avec des lunettes actives sur le nez savent de quoi je parle.

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Le blues du critique (épisode 6) http://enrevenantducinema.fr/2013/05/28/le-blues-du-critique-episode-6/ http://enrevenantducinema.fr/2013/05/28/le-blues-du-critique-episode-6/#respond Tue, 28 May 2013 12:40:25 +0000 http://enrevenantducinema.fr/?p=1683

Il m’en est arrivé une bien bonne hier, j’vous raconte pas ! Bon, allez si, je vous raconte. Hier après-midi donc, mon frangin et moi avons profité du beau temps pour … Lire la suite...

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Dracula2

Il m’en est arrivé une bien bonne hier, j’vous raconte pas ! Bon, allez si, je vous raconte. Hier après-midi donc, mon frangin et moi avons profité du beau temps pour aller chez nos parents et mener à bien deux missions capitales : récupérer des plans pour le jardin et accomplir notre devoir de fils. Oui, je sais, hier nous avions déjà un jour de retard mais c’était calculé, histoire de marquer notre désaccord avec cette fête pétainiste tout en ménageant notre héritage. Pendant le trajet, en zappant sur la bande FM je tombe sur… un extrait du Cauchemar de Dracula, et en VO s’il vous plaît ! Je me dis : « Merde, ça doit être Culture ou Inter », mais non : la façade indiquait FBI. Pardon, France Bleue Isère pour les non initiés. Je commence alors à m’exciter sur mon siège en poussant des petits cris et en montrant l’autoradio du doigt, sous le regard désolé de mon frère – il est infirmier psychiatrique, il a l’habitude. C’est vrai qu’après le centenaire de la naissance du regretté Peter Cushing dimanche, on fêtait ce lundi les 91 printemps de Sir Christopher Lee, tous deux piliers de la Hammer canal historique. Ah, je sens que nous avons perdu quelques lecteurs en cours de route, et des précisions s’imposent.
La Hammer était une société de production anglaise qui, après avoie œuvré dans le tout venant, se spécialisa dans les films d’épouvante entre 1955 et 1974. Histoire de relancer le filon usé jusqu’à la corde par la Universal dans les années 30 – avec Bela Lugosi en Dracula et Boris Karloff en créature de Frankenstein. Tous les mythes fantastiques y passèrent, en couleur s’il vous plaît, et avec une bonne dose sensualité et d’effets graphiques – ne vous emballez-pas non plus, on parle d’horreur gothique, pas de gore poisseux. Le grand réalisateur du studio fut le prolifique Terence Fisher, qui dirigea à de nombreuses reprises Peter Cushing et Christopher Lee. J’adresse par avance mes plus plates excuses aux puristes pour ce raccourci, pour celles et ceux qui ne voient toujours pas de qui je peux bien parler, Cushing jouait le patron de Dark Vador dans le premier Star Wars, et Lee joue le rôle de Saroumane dans les adaptations de Tolkien par Peter Jackson.
Où en étais-je… ? Ah oui ! FBI et Le cauchemar de Dracula (Terence Fisher, 1958). À peine l’extrait terminé, le présentateur enchaîne avec une voix d’animateur de supermarché : « Alors, pour celles et ceux qui ne comprennent pas l’anglais, on a vu dans ce passage que Dracula, il est très méchant ». Effaré, je tourne lentement la tête vers mon frère qui explose de rire devant ma bobine. Le guignol enchaîne : « Dracula, comme chacun le sait, est à l’origine un personnage de roman… ». Et ça t’écorcherai de dire qu’il a été écrit par Bram Stoker, le roman ?! « On écoute tout de suite un nouvel extrait (…) C’était … euh… Ah oui, Christopher Lee, que vous connaissez tous pour son rôle de méchant dans la trilogie Star Wars. Bon anniversaire, comte Dooku ! ». Mon frère me lance des coups d’œils inquiets. « Ça va Guillaume ? T’as l’air… bizarre… Tu sais, c’est que de la radio, hein ? ». Je prend une grande goulée d’air avant de lui répondre, le plus calmement possible : « Je te préviens, il lui manque encore une fois de respect, je saute de la voiture en marche ». Un silence lourd s’installe dans l’habitacle, ce qui n’empêche pas l’autre baltringue de poursuivre le massacre. « Les vampire, parlons-en un peu. Une question pour vous, chers auditeurs. Les vampire peuvent être détruit par : la lumière du jour… ou la proximité d’ail ? Si vous avez la bonne réponse, appelez-vite au 04.76… pour gagner un magnifique cadeau ». Heureusement qu’avec l’âge, ma mémoire n’est plus ce qu’elle était. Le temps de sortir le téléphone de ma poche, j’ai déjà oublié le numéro du standard… Dommage, j’avais deux trois bricole à lui dire à cet… à cet… à ce triste sire. Je me résous enfin à changer de station lorsqu’une auditrice prend la parole et donne fébrilement sa réponse. Machin laisse planer un suspens insoutenable avant d’exploser : «Bonne réponse, Machinette ! Les vampires meurent si ils sont exposés à la lumière du soleil ! Et en cadeau, attention, FBI vous gâte aujourd’hui : nous vous offrons deux places pour… pour… le prochain spectacle de… Âge Tendre et Tête de Bois ! ».
A partir de là, je ne me rappelle plus grand chose. L’air frais sur mon visage lorsque j’ai ouvert la portière, le visage déformé par la peur du frangin qui tentait de me retenir d’une main et de ne pas nous envoyer dans le décors de l’autre. Et cette satanée ceinture de sécurité qui ne voulait pas se décrocher… Mais aujourd’hui, ça va beaucoup mieux. Les infirmière sont adorables, on gobe des cachets à longueur de journée et le frérot passe me voir dès qu’il a un moment. Comme il travaille dans le bâtiment voisin c’est pratique. Bon, faut que j’y vais, ce soir c’est brandade de morue au menu et après, y a film à la salle commune… D’ailleurs, qu’est-ce qu’ils passent… ? Ah, pour saluer l’anniversaire de l’acteur, W9 va diffuser… QUOI ?!!! Dracula père et fils d’Édouard Molinaro ? Avec… Bernard Menez ?! ARGHHHHHH !
Plus sérieusement, un excellent anniversaire au grand (1’96, tout de même) Christopher Lee qui va sortir très prochainement son second album de… métal (!). Pour en apprendre un peu plus sur cet acteur passionnant, je vous conseille le livre-filmographie que lui a consacré Laurent Aknin, Sir Christopher Lee (éditions Nouveau Monde). Jetez-vous aussi Dans les griffes de la Hammer, où Nicolas Stanzick aborde l’histoire de la société de production sous un angle original : la réception des films par la critique française de l’époque (BDL éditions). Et sur le personnage de Dracula, pourquoi pas le beau livre de Jean Marigny : Vampires, de la légende au mythe moderne (éditions de La Martinière). Ou À la poursuite de Dracula, le récit de voyage concocté par Simon Sanahujas (textes) et Gwenn Dubourthoumieu (photos) partis sur les traces du personnage imaginaire en Roumanie et en Angleterre.

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Critique de la critique : Cut http://enrevenantducinema.fr/2013/02/02/critique-de-la-critique-cut/ http://enrevenantducinema.fr/2013/02/02/critique-de-la-critique-cut/#respond Sat, 02 Feb 2013 17:03:42 +0000 http://enrevenantducinema.fr/?p=1428 Final cut

Cut c’est d’abord une couverture qui est une histoire en soi comme un très court-métrage (ce serait bien que les Cahiers du cinéma s’en inspire après une année … Lire la suite...

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Final cut

Cut c’est d’abord une couverture qui est une histoire en soi comme un très court-métrage (ce serait bien que les Cahiers du cinéma s’en inspire après une année de couvertures plutôt étranges). Ensuite, l’ensemble est très élégant, soigné, des illustrations, très diverses, qui sont des œuvres à part entière, qui ne se contentent pas d’illustrer, d’accompagner les textes mais  qui dialoguent avec eux, les font résonner.
Des illustrations aux textes, ça parle de cinéma avec passion et surtout Cut évite l’écueil d’être une revue pour étudiants, ce n’est presque jamais scolaire, on y trouve un bon dosage entre articles très précis et d’autres plus légers, d’un article sur la moralité du film le Bonheur de Varda à une analyse documentée de la nouvelle comédie étasunienne, on peut ainsi s’y intéresser à un film vieux de plus de 30 ans comme à des sujets qui agitent l’actualité cinématographique (comme aussi cet article sur les films mindfuck -qu’on pourrait traduire par casse tête-, article très drôle bien que les Sirènes du Mississippi de Truffaut soit décrit comme poussif).
Cette variation au niveau des thèmes se retrouve au niveau de la forme, du style parfois très descriptif, sérieux, parfois provocateur, souvent personnel, n’hésitant pas à avoir une approche émotionnelle (l’article sur River Phoenix par exemple) et surtout c’est toujours bien écrit.
Ce qui fait plaisir aussi, c’est que ça parle de plan, de mises en scènes, de regards, ça s’intéresse au cinéma et non à ses à-côtés, par exemple l’analyse de Psychose de Hitchcock par Brisseau, dans le très bon entretien qui lui est consacré, justifie seule la lecture de cette revue.
Cut se trouve dans certaines librairies et sur leur site, lui-aussi original et enthousiaste : http://cutlarevue.fr/

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Critique de la critique : So film http://enrevenantducinema.fr/2012/11/23/critique-de-la-critique-so-film/ http://enrevenantducinema.fr/2012/11/23/critique-de-la-critique-so-film/#respond Fri, 23 Nov 2012 16:48:19 +0000 http://enrevenantducinema.fr/?p=1333 Des films, peu de cinéma

L’arrivée d’une nouvelle revue critique ne peut qu’éveiller la curiosité de ceux qui pensent que le cinéma est sur l’écran mais aussi dans ce qui … Lire la suite...

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Des films, peu de cinéma

L’arrivée d’une nouvelle revue critique ne peut qu’éveiller la curiosité de ceux qui pensent que le cinéma est sur l’écran mais aussi dans ce qui se dit sur lui, dans les débats qu’il provoque. Curiosité attisée par le fait qu’on retrouve en couverture des premiers numéros de cette revue, Léos Carax, Jean-Pierre Léaud ou Mickey Rourke, on se dit alors que nous sommes en bonne compagnie et que le cinéma défendu nous est proche. On comprend vite que l’angle choisi est de mettre en avant des francs-tireurs du cinéma, des personnalités à la marge, des artistes un peu barrés. Ainsi dans ce cinquième numéro, des entretiens assez enlevés avec Kôji Wakamatsu et Julie Delpy confirment ce choix critique.
Mettre en avant des rebelles, c’est plutôt une bonne idée si ça permet de dire quelque chose sur le cinéma. Le problème c’est qu’ici on parle surtout d’autres choses.
So film est dans le même esprit que So foot qui percevait le foot avant tout comme une culture et s’intéressait à ce qui tournait autour. Pourquoi pas, encore faut-il que ce soit solide, beaucoup d’articles manquent de consistance, on parle des métiers du cinéma plus que de cinéma proprement dit, un article sur des producteurs de série Z, un autre sur un décorateur, un article sur le scénariste Joe Eszterhas qui fait office de remplissage (huit pages de résumé d’un livre). Trois pages d’agenda people avec évidemment une certaine dérision un peu facile. Pour aborder le film Au-delà des collines de Cristian Mungiu, un reportage sur le fait divers qui a inspiré le film. Tous ces articles n’apportent pas grand chose, ressemblent à des articles qu’on pourrait lire dans une presse généraliste sans aspérité. On a l’impression que les rédacteurs se posent sans cesse la question de comment aborder un film d’une façon différente sans jamais se poser la question du pourquoi.
Mettre en avant des francs tireurs, ce doit être mettre en avant une façon d’envisager le cinéma en tant qu’art, ou en tant que choix politique, ici l’article sur Mickey Rourke est juste un regard sur un personnage pittoresque, sympathique mais il n’y a ni pensée sur le cinéma ni rien de transgressif.
Il faut arriver dans l’article sur Après Mai écrit par Emmanuel Burdeau, un ancien des Cahiers du cinéma pour qu’on se mette à parler plans, regard, avec un point de vue argumenté, qu’on soit d’accord ou non par ailleurs.
Malgré quelques articles provocateurs et d’autres amusants, on entre peu dans le vif de ce qui constitue le cinéma, c’est à dire des choix de mise en scène, une vision du monde, l’ensemble est finalement très dans l’air du temps, ça survole, ici et là, ça se présente comme rebelle et décalé, alors que ce ton rebelle et décalé, lorsqu’il ne s’appuie sur aucun point de vue, s’il ne prend pas partie, est finalement très conformiste.
Il suffit de quelques pages dans les Cahiers du cinéma de décembre 2012 (très en forme ces derniers temps) sur les tares d’un certain cinéma d’auteur pour voir ce qui est réellement rebelle aujourd’hui : assumer un point de vue qui peut être minoritaire, essayer de comprendre ce qui passe dans le cinéma contemporain, refuser de se plier à la pensée critique dominante (par exemple la glorification d’un cinéma de la maitrise, d’un cinéma qui écrase). Comme l’écrit Stéphane Delorme dans son édito : « on défend forcément un cinéma contre un autre… », il ne faut jamais cesser ce combat, ce qui est pour le coup éminemment politique.

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Sherlock, une série britannique crée par Steven Moffat et Mark Gatiss http://enrevenantducinema.fr/2012/02/06/the-game-is-afoot/ http://enrevenantducinema.fr/2012/02/06/the-game-is-afoot/#respond Mon, 06 Feb 2012 01:17:22 +0000 http://enrevenantducinema.fr/?p=782 The game is afoot !

Ne nous y trompons pas, si les États-Unis sont à l’origine du renouveau des fictions télévisuelles à la fin des années 90, cet âge d’or … Lire la suite...

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The game is afoot !

Ne nous y trompons pas, si les États-Unis sont à l’origine du renouveau des fictions télévisuelles à la fin des années 90, cet âge d’or et bel et bien révolu. Les séries innovantes sont à présent anglaises, et il suffit d’en comptabiliser les déclinaisons américaines  – The office, Shameless ou encore Life on Mars – pour s’en rendre compte. L’annonce d’une énième adaptation de Sherlock Holmes avait tout de même de quoi faire peur, surtout après la relecture hollywoodienne calamiteuse de Guy Ritchie. Mais le Sherlock produit par la BBC est une franche réussite : en transposant à notre époque les aventures du célèbre détective imaginé par Sir Arthur Conan Doyle en 1887, Steven Moffat et Mark Gatiss ont réussi à se concilier les bonnes grâces des amateurs de séries modernes et des holmésiens les plus intransigeants. Ce qui n’était pas gagné…

Jeremy Brett

Sans faire partie des irréductibles précités, Sherlock me posait un sérieux problème. Comment imaginer quelqu’un d’autre que l’immense Jeremy Brett dans la peau du célèbre détective ? Produite entre 1984 et 1994 par Michael Cox pour Granada Television, cette version avec laquelle j’ai grandi adaptait l’œuvre de Conan Doyle avec une fidélité exemplaire. Grâce au travail d’orfèvre du scénariste John Hawkesworth et à l’interprétation inspirée de Brett, elle est très vite devenue LA référence, balayant d’un coup les adaptations précédentes et rendant quasiment impossible toute tentative ultérieure.
Lorsqu’ils s’attellent au projet en 2009, les créateurs de Sherlock sont loin d’être des débutants. Ils ont travaillé sur la déclinaison moderne de la série Dr Who 1, et Moffat a remporté à peu près tout ce qui existe comme distinctions depuis le début de sa carrière de scénariste en 1988. Son dernier coup de maître, la mini-série Jeckyll, transposait déjà un (des) personnage(s) de la littérature classique anglaise à notre époque. Un concept novateur et diablement efficace, à condition de le dépasser en gardant à l’esprit que l’homme est avant tout le produit de son époque. Dans Sherlock, le détective utilise les technologies de communication à sa disposition, en particulier un smartphone dont il ne se sépare jamais. Les sms qu’il reçoit s’affichent en temps réel sur l’image, procédé également utilisé pour matérialiser ses déductions et qui infuse à la narration et au montage un dynamisme bienvenu.
Contrairement au personnage littéraire, Watson est célibataire et a le plus grand mal pour nouer des relations durables vu que soit les femmes pensent qu’il est en couple avec son illustre colocataire, soit ses tentatives ne survivent pas aux remarques acérées du détective. Il relate leurs aventures dans un blog qui leur permet également de trouver des clients. Les interprètes principaux, Benedict Cumberbatch et Martin Freeman, sont très bon et forment un duo attachant. Évidement, les clins-d’œil au canon holmésien 2 – et à la série de Granada – sont légion, et même si la modernisation des aventures a amenée les scénaristes à modifier certains éléments d’origine, on en retrouve systématiquement la trace sous une autre forme 3. De quoi gagner le respect du puriste tout en évitant de perdre le spectateur lambda en chemin.
Mais passer de la société victorienne qui s’appuyait sur un système de classes rigides à la notre où l’individualisme prédomine nécessitait d’ajuster la psychologie des personnages avec subtilité. Par exemple, si John Watson est toujours un médecin militaire ayant servi en Afghanistan, son retour à la vie civile ne se fait pas sans mal : dans le premier épisode, sa psychiatre est persuadée qu’il souffre du syndrome de stress post-traumatique et qu’il somatise – il s’aide d’une canne pour marcher. A l’époque de Conan Doyle, le comportement du détective pouvait passer inaperçu. Son équivalent moderne aurait par contre toutes les chances de finir dans un asile : Holmes est un surdoué à tendance autistique incapable d’accepter l’inactivité intellectuelle et de se plier aux rituels sociaux. Et cela le rend assez antipathique.

Benedict Cumberbatch

Si le prototype du héros victorien se distinguait par ce qu’il était, le héros contemporain s’extrait de la masse par ce qu’il fait. Holmes étant figé par nature, c’est Watson qui, dépassant son statut de simple faire-valoir, assurera la fonction d’identification pour le spectateur. Ainsi, à l’issue d’une course-poursuite mémorable, Holmes lui fait remarquer qu’il n’a pas eu besoin de sa canne. Drogué à l’action, ce n’est pas la guerre qui l’a traumatisé mais le retour à la vie civile. En acceptant sa nature aventureuse, il se hisse dans le cœur du public à la hauteur de son illustre compagnon. Mieux, il inverse les rôles en devenant pour ce dernier une  « béquille sociale » indispensable 4. En sa qualité de sociopathe, les seuls protagonistes que Holmes considère comme ses pairs sont des doubles déformés : son frère Mycroft qu’il tient à bonne distance, la troublante Irene Adler – une dominatrice qui joue avec les émotions comme Holmes utilise son intellect – et James Moriarty. L’ombre de ce magnifique adversaire plane sur l’ensemble de la série et leur ultime confrontation est grandiose. Plus que des opposés, ce sont des jumeaux ; non seulement dans leurs extraordinaires capacités intellectuelles mais aussi dans leur déconnexion sociale. Ce qui les différencie, c’est que Moriarty est irrémédiablement seul alors que Sherlock possède, même si il l’ignore, au moins trois points d’ancrage affectifs qui l’empêcheront de passer de l’autre côté du miroir. Sans déflorer la résolution de ce « dernier problème », sachez que c’est un sommet d’intelligence et d’émotion télévisuelles qui marquera les esprits.

Après deux premières saisons magistrales, on se demande comment la série va pouvoir rebondir et maintenir un tel niveau d’exigence. Quoi qu’il en soit, Sherlock est paradoxalement une bien meilleure adaptation de l’univers crée par Conan Doyle que la franchise cinématographique américaine. Même si cette dernière en conserve le cadre victorien, elle s’éloigne immanquablement de l’original en dénaturant les personnages et les techniques de déduction du célèbre détective.
Pour finir, un immense coup de gueule contre l’éditeur vidéo de la première saison. En ne proposant que la VF, France Télévision commet un véritable sacrilège, obligeant le téléspectateur exigeant à se tourner vers le piratage afin de profiter pleinement des subtilités d’une VO indispensable 5.

Sherlock, une série britannique crée par Steven Moffat et Mark Gatiss (Deux saisons de trois téléfilms, toujours en production), avec Benedict Cumberbatch et Martin Freeman.

1 Steven Moffat a d’ailleurs été promu coordinateur des scénaristes et producteur exécutif en 2009.
2
On appelle ainsi l’ensemble des quatre romans et cinquante-six nouvelles mettant en scène le personnage de Sherlock Holmes écrites par son créateur, Sir Arthur Conan Doyle.
3
Par exemple, dans la seconde saison, Baskerville ne désigne plus le titre de noblesse d’un protagoniste mais un laboratoire de recherche top secret, et si la confrontation finale entre Moriarty et Holmes a lieu au sommet d’un immeuble, les Chutes du Reichenbach qui servaient de cadre à l’affrontement des deux hommes dans la nouvelle originale sont tout de même présentes dans l’épisode, sous la forme d’un tableau retrouvé par le détective.
4
On retrouve d’ailleurs une mécanique similaire entre les personnage de Sheldon et Leonard dans la très bonne sitcom américaine The big bang theory.
5
Les éditions anglaises et américaines ne proposent malheureusement que des sous-titres anglais, particulièrement difficiles à suivre étant donné le rythme soutenu de la série.

 

 

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Le Festival des Maudits Films http://enrevenantducinema.fr/2012/01/25/le-festival-des-maudits-films/ http://enrevenantducinema.fr/2012/01/25/le-festival-des-maudits-films/#comments Wed, 25 Jan 2012 00:46:54 +0000 http://enrevenantducinema.fr/?p=745 Ah, janvier ! Les présidentiables candidatent, les paquebots longent les côtes d’un peu trop près et le cinéphile s’ennuie ferme. Cannes est déjà loin, et ce ne sont pas les Oscars … Lire la suite...

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Ah, janvier ! Les présidentiables candidatent, les paquebots longent les côtes d’un peu trop près et le cinéphile s’ennuie ferme. Cannes est déjà loin, et ce ne sont pas les Oscars qui vont le sortir de sa torpeur hivernale. Il préférera peut-être écumer un festival local, histoire de se requinquer. A Grenoble, on a du lourd avec le festival international du film de comédie de l’Alpe d’Huez (ouf !). Celui-là, le monde entier nous l’envie : un cadre magnifique, la présence de stars incontournables comme Franck Dubosc ou Michael Youn, des avants-premières en pagaille, des paillettes, du bling-bling, de la bonne humeur, une couverture médiatique indécente et même… la possibilité de croiser Michel Drucker en bas des pistes! Alléchant, non? Non…? Vous êtes sûr?! Je vois que mon lectorat a du goût, alors parlons plutôt d’un rendez-vous éminemment plus sympathique, le Festival des Maudits Films. Amateur(trice) éclairé(e) ou simple curieu(se)x, il y avait de quoi faire pour cette quatrième édition : du cinéma qui tâche, qui bouscule, qui rebute, qui étonne mais qui ne laisse jamais le spectateur indifférent. Florilège…

Jean Rollin

Excellente idée d’ouvrir le bal avec une soirée hommage à Jean Rollin, peut-être le seul réalisateur français ayant oeuvré dans le fantastique tout au long de sa carrière. Inlassablement vilipendé par la critique qui pense, il aura fallu quelques doux dingues comme Jean-Pierre Dionnet pour pointer les indéniables qualités de son cinéma et le sortir de l’indifférence générale. Comble de l’ironie et douce revanche, il eut même droit à une soirée spéciale à la sacro-sainte Cinémathèque Française en 2009. C’est sur le tournage de son dernier film, quelques mois à peine avant sa mort, que Damien Dupont et Yvan Pierre-Kaiser ont pu interviewer le réalisateur à loisir. Ils décidèrent d’en faire un documentaire et recueillirent les témoignages éclairés de ses acteurs fidèles, de Philippe Druillet, Jean-Pierre Bouyxou, de critiques français et étrangers. Que cela a dû être difficile de faire tenir 50 ans de carrière et près de 400 heures de rushs dans les 1h30 de Jean Rollin, le rêveur égaré ! Mais les familiers de l’auteur du Viol du vampire seront d’accord, le pari est réussit. En fin de projection, juste avant la diffusion du film Les démoniaques (1974), en 35mm s’il vous plaît, nous avons eu la chance de pouvoir bavarder avec les réalisateurs du documentaire et avec Simone Rollin, qui replaça savoureusement la légende dans une réalité plus terre à terre : pendant les périodes de dèche de son mari, c’est elle qui faisait bouillir la marmite avec son salaire d’enseignante.

Last Caress, de F. Gaillard et C. Robin

On peut s’étonner qu’un festival amoureux de la pellicule organise plusieurs séances autour d’un éditeur de DVD. Ce serait méconnaître la réalité commerciale du cinéma de genre. Principal pourvoyeur des cinémas de quartiers jusqu’au milieu des années 70, il peine de nos jours à attirer du monde en salle. Le « grand public » en quête de frissons préfère malheureusement plébisciter des franchises éculées comme Saw, ou ces films « minimalistes » à la Paranormal Activity – comprendre « qui n’ont pas coûté un rond mais vont en rapporter un maximum ». Et si quelques pépites parviennent tout de même jusqu’aux salles obscures, c’est avec une visibilité des plus réduite. L’amateur est obligé se tourner vers le marché de la vidéo qui, en plus de proposer pas mal de classiques, assure la sortie des nouveautés américaines et asiatiques. Mais c’est un marché en crise et après quelques déconvenues, les gros éditeurs français ne prennent quasiment plus de risques commerciaux. Heureusement, des micro-éditeurs comme Le Chat qui Fume sont là, toujours à l’affût de pelloches improbables et/ou injustement oubliées. Les « maudits festivaliers » que nous sommes ont ainsi pu découvrir l’excellent La brune et moi, film quasi-documentaire réalisé en 1980 par Philippe Puicouyoul autour de la vague punk-rock parisienne, ou le totalement déjanté Forbidden zone, sorte d’Alice aux pays des merveilles sous acide concocté par Richard Elfman et mis en musique par son frère Danny, période Oingo Boingo. Mais l’implication du Chat va plus loin : les bénéfices générés par la société 1 sont ré-injectées dans des productions locales qui, malgré – ou peut-être grâce à ? – leur budgets dérisoires proposent un cinéma sacrément jubilatoire. Ainsi, après avoir distribué leur Blackaria dans une belle édition DVD, l’éditeur a investit dans le dernier film de Christophe Robin et François Gaillard 2, Last Caress. Loin des trip égocentriques ou des hommages foireux « à la Tanrantino » qui rabaissent habituellement les productions amateurs, les deux réalisateurs montpelliérains nous proposent une petite virée du côté du giallo, ce sous-genre extrêmement codifié du cinéma d’exploitation italien créé par Mario Bava dans les années 60 et popularisé par Dario Argento dans les années 70. De belles bourgeoises peu avares de leurs charmes et leurs compagnons qui ne pensent qu’à ça se font massacrer à l’arme blanche par un tueur énigmatique, le tout dans une atmosphère fantastique très réussie. Si certains acteurs sont limites et si plusieurs scènes dialoguées pâtissent du manque de moyen, la photographie – assurée par la troublante Anna Naigeon, qui joue également dans le film – et les scènes de mise à mort font preuve une maîtrise et une virtuosité digne d’une production professionnelle. Sauf que Last Caress n’a coûté que 12.000 euros. Chapeau bas, messieurs.

Pendant cinq jours, nous avons eu droit à des séries B oscillant entre le chef d’œuvre – L’homme léopard de Jacques Tourneur – et le nanar sympathique – Le rayon invisible de Lambert Hillyer –, une soirée Grindhouse, une compétition de courts-métrages, l’inénarrable Retour de Flesh Gordon de Howard Ziehm et une réhabilitation convaincante des Charlots contre Dracula en présence de son réalisateur. J’en passe et des meilleurs. Un grand bravo à l’équipe du festival, réduite mais passionnée, qui nous a concocté cette programmation éclectique et sacrement jouissive. A noter qu’à l’Alpe d’Huez, le grand prix est allé à Radiostars, avec l’incontournable Clovis Cornillac. Le public des Maudits Films a lui plébiscité L’attaque du monstre géant suceur de cerveaux de l’espace

 Le site du Festival des Maudits Films et celui de l’éditeur Le Chat qui fume

1 Ses deux créateurs ont un boulot à côté.

2 Vous pouvez découvrir gratuitement Die die, my darling, un court-métrage du sieur Gaillard en solo sur le site du Chat qui fume. N’hésitez-pas à faire un don, ça le mérite même si le réalisateur semble beaucoup moins à l’aise avec les scènes d’action qu’avec les mises à mort giallesques de ses deux longs.

 

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Le blues du critique (épisode 1) http://enrevenantducinema.fr/2011/10/20/le-blues-du-critique-episode-1/ http://enrevenantducinema.fr/2011/10/20/le-blues-du-critique-episode-1/#respond Wed, 19 Oct 2011 22:56:17 +0000 http://enrevenantducinema.fr/?p=597 « Quand tu regardes au fond de l’abysse, l’abysse aussi regarde au fond de toi » (F. Nietzsche)

Bon, ça aussi ça devait arriver. Après « l’incident Drive » où pour … Lire la suite...

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« Quand tu regardes au fond de l’abysse, l’abysse aussi regarde au fond de toi » (F. Nietzsche)

Bon, ça aussi ça devait arriver. Après « l’incident Drive » où pour une fois nous n’étions pas d’accord avec Baptiste, me voilà confronté à l’angoisse de la feuille blanche. C’est ça aussi, de s’imposer des choses : se laver les dents après chaque repas, lire au moins dix minutes avant de dormir, et écrire un article le 9, le 19 et le 29 de chaque mois. Jusqu’ici, ça fonctionnait bien, mais nous sommes le 19 octobre, il est 23 heures, je ne sais pas encore de quoi je vais bien pouvoir parler.
En tout cas, pas de cinéma, je viens d’y passer dix heures, alors merci bien ! Ah oui, j’ai oublié de le préciser, je suis projectionniste. Un conseil, si vous aimez le cinéma, ne travaillez pas dedans. Ni autour, d’ailleurs. C’est bien simple, je n’ai plus le temps d’aller voir les films en salle. Et encore, j’ai de la chance, je suis au bout de la chaîne. Une amie à moi bosse comme assistante réalisation, et je n’ose plus lui demander si untel ou unetelle est quelqu’un de bien. Finalement, elle s’est reconverti dans l’animation. « On est vachement moins en contact avec les cons », me dit-elle. Moi par contre… « Et il est bien, La guerre des bouffons ? Moi j’aime bien les films de Mathilde Seigner! Et pis Guillaume Canet, il est bien aussi. Ah, Les petits mouchoirs, c’est drôlement bien fichu! Vous avez aimé ? ». On s’entend répondre machinalement « Les gens avaient l’air content en sortant du film ». Ne jamais mordre la main qui vous nourrit, c’est la règle. Vive le travail, il fait la fortune des psychiatres ! Non docteur, inutile d’insister, vous n’aurez pas mon argent. Moi, pour ne pas imploser, je regarde des DVD toute la nuit et j’écris dans un blog.
L’autre jour j’ai reçu mes impôts locaux. J’ai toujours autant de mal avec la redevance, ça fait bien dix ans que mon téléviseur n’est plus relié à l’antenne. Mais j’ai découvert cette année qu’elle finançait également Radio France, et ça, j’écoute. L’idée que mon chèque puisse se retrouver dans l’escarcelle de Mermet ou d’Angelier, ça ferait presque passer la pilule.
En parlant de Mauvais Genres, je suis tombé il y a quelques jours sur une émission consacrée à Samuel Fuller. Philippe Rouyer et Jean-Baptiste Thoret revenaient sur l’auto-biographie de cet immense réalisateur, enfin disponible chez-nous, et je me suis rendu compte que j’ignore presque tout de ses films. Sauf un, The Big Red One (affreusement traduit par Au-delà de la gloire), dont je ne connais pour l’instant que la version charcutée par les studios. Mais quel putain de film. A tous les marioles qui encensent la carrière d’Harrison Ford en la comparant à celles des autres acteurs de Star Wars, je répond que Mark Hamill a joué dans The Big Red One, et que ça enfonce toute la filmographie de l’autre charpentier. Dans ce long-métrage un peu oublié de 1980, Fuller répondait à une question essentielle : comment montrer l’impensable à ceux qui n’y étaient pas1 ? Tout simplement en cadrant les soldats du point de vue de l’horreur qu’ils découvrent dans les camps. En laissant autant que possible l’inimaginable hors champ, à la place même des spectateurs qui regardent le film. Magistral. De nos jours, on a Spielberg et son manteau rouge ou Spielberg et son débarquement « comme si vous y étiez ». Ça aura au moins eu le mérite de sortir Terrence Malick de sa retraite…
Ce matin, lorsque j’ai vu le temps pluvieux, je me suis dit qu’elle allait être sacrément longue, cette journée. Mais dans la boîte aux lettres il y avait un paquet. Et dans ce paquet, un double DVD et un livre. The Big Red One en version longue, et Un troisième visage, l’auto-biographie de Fuller. Le bouquin m’a aidé à tenir le coup pendant ces dix heures interminables, et là il va falloir que je vous laisse. J’ai un chef-d’œuvre à re-découvrir.

1 Samuel Fuller a servi dans la première compagnie d’infanterie américaine, la célèbre Big Red One, qui fut de toutes les grandes batailles européennes entre 1942 et 1945. Il était présent à la libération du camp de Falkenau (Tchécoslovaquie), et en ramena des images en 16 mm qui furent utilisées plus tard dans un documentaire.

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