Regarde-moi !
Ce film vu au festival de cinéma documentaire en mai 2011 au 102 (102 rue d’Alembert) à Grenoble bénéficie d’une sortie en salle classique. Quelques mois après il ne m’en reste pas grand chose. Marie Losier suit Genesis P-Orridge, une artiste transgenre et son histoire d’amour avec Lady Jaye. L’univers déglingué et tendre de cette artiste est au départ surprenant et touchant mais devient très vite irritant.
Entre scènes kitch, instants volés, voix-off et images d’archives, ce documentaire ne cesse de mettre en avant son étrangeté. On ne sent pas de volonté de creuser le portrait de cette Génésis mais plutôt d’affirmer son aspect underground comme un étendard, les quelques moments sur son enfance, quelques scènes provocs, la vision du quotidien de Genesis pourraient construire un portrait émouvant, dérangeant, remettant en question les notions de genre, d’identité sexuelle alors que le patchwork d’images, au lieu d’approfondir le personnage et la vie qui l’entoure, applatit tout. L’histoire d’amour entre Lady Jaye et Génésis qui use de la chirurgie esthétique pour ressembler à son amour paraît niaise au lieu d’être bouleversante, et le concept de pandrogynie qui accompagne la transformation semble fumeux parce que seulement effleuré, comme une des nombreuses pistes qui n’est pas suivi dans ce film. Difficile de savoir si cela vient de la cinéaste ou de Genesis qui semble petit à petit dévorer le film par son narcissisme.
Un film débordé par son sujet, ça pourrait être un angle d’approche intéressant si le film ne devenait pas au fur et à mesure qu’une auto-hagiographie avec scènes de préparation de concert pas plus intéressantes qu’un reportage de Tracks, name-dropping de l’héroïne qui connait tant de stars undergrounds, mise en scène de soi, etc. On finit par s’ennuyer grandement, ce qui est un comble tant l’histoire de cette Genesis devrait avoir de quoi nous passionner.
The ballad of Genesis & Lady Jaye de Marie Losier, EU, 2010 avec Genesis P-Orridge…