On achève bien les bœufs
On est au début intrigué par cette histoire de maffieux qui trafiquent des hormones pour les bovins se passant dans la campagne flamande, ces gangsters qui se retrouvent au milieu des fermes, des vaches donnent une image inédite de l’agriculture. Assez vite cette histoire manque d’intensité mais, alors qu’on commence à s’ennuyer, le récit bifurque brusquement et de façon surprenante, le film isole un des personnages et devient alors le portrait d’un homme mêlé à ces trafics qui se shoote à la testostérone suite à un littéral cassage de couilles lorsqu’il était enfant.
En ce centrant sur le corps musclé de cet homme perdu au regard vide, le cinéaste emporte le morceau, grâce surtout au jeu de l’acteur Matthias Schoenaerts tout en nervosité, en tension retenue qui donne l’impression d’un homme pouvant exploser à tout moment.
On imagine que Michael R.Roskam semble vouloir dire quelque chose sur le côté animal de l’homme, le rapport entre la masculinité et la violence mais on ne peut pas dire que le cinéaste en fasse vraiment quelque chose à part une comparaison qui ne va pas très loin entre le personnage et les animaux dont il s’occupe, une sorte d’anthropomorphisme à l’envers.
La mise en scène est sans véritable personnalité avec quelques effets trop appuyés, comme cette musique envahissante qui surligne les moments de tension, quelques plans sont trop signifiants, se complaisent parfois dans la trivialité, des acteurs (hormis les trois principaux, Matthias Schoenaerts, Jeroen Perceval, troublant et Jeanne Dandoy, qui incarne avec subtilité l’ambiguïté de son personnage) qui ne sont pas tous au niveau, quelques uns surjouant, mais aussi quelques plans assez beaux, surtout ceux qui s’attachent au personnage principal, à son corps qui semble en trop, qui ne semble pas trouver un espace à sa mesure comme sans cesse empêché, les plans de Jack Vanmarsenille dans son appartement, replié dans sa baignoire sont les plus touchants, et la scène finale dans un ascenseur est assez impressionnante.
Bullhead (Rundskop) de Michael R.Roskam, Belgique, 2012, avec Matthias Schoenaerts, Jeroen Perceval, Jeanne Dandoy…
Excellent film belge aux multiples facettes : trafic, mafia des hormones, déchéance, amour impossible …